41 - Le fossé

2 minutes de lecture

Tient-le-monde bascula dans le fossé que Nénette avait creusé en une fraction de seconde. Laurent, Nénette, Alain, Élodie (qui les avait rejoints) et Opale demeurèrent un instant silencieux, les yeux dans le vague. Ils fixaient le fossé où Tient-le-monde avait disparu.

Alain sourit à son tour.

– C'est peut-être la seule chose que nous ayons de commune, ajouta-t-il.

Puis il ajouta, pour rassurer Nénette :

– Je n'ai pas le monopole de cette sensation.

– Moi non plus, dit Élodie.

– La même chose, en effet, concéda Nénette.

– Et moi, ajouta Opale.

– Et moi, ajouta Alain.

– Et moi, ajouta Laurent.

– Et moi, ajouta Élodie.

– Et nous, ajouta Nénette.

– Et nous, ajouta Opale.

Et ils tournèrent leurs regards vers le fleuve.

– C'est vrai, dit Nénette, que nous avons tous cette impression. C'est peut-être le début d'un drôle d'amour.

La claque du train se fit entendre au loin.

– Allez, ajouta Nénette, quelqu'un s'en va.

Laurent se leva, ouvrit la porte de sa chambre.

– Va te changer, je t'attendrai à la gare, lui dit Nénette.

– Je serai là en dix minutes, promit Laurent.


Lilas, effondrée, contemplait le fossé où venait de sombrer Tient-le-monde, son trou préféré. Quand ils sont là, les fossés sont très grands, très profonds, très ouverts et grands, et je vais quand même me cacher derrière les roches.

– Je vais aussi, dit Tient-le-monde.

Mais il se sentait seul et il ne voulait pas se cacher derrière des roches. Il marcha vers l'endroit où le trou s'ouvrait, puis le trou était bien trop grand pour lui. Il s'écarta, regarda autour de lui, se méfia, se demandant s'il n'y avait pas quelque chose de sournois. Mais il ne voyait rien, ni personne, ni rien de sournois.

Alors il se cacha dans le fossé, il y passa une bonne heure à essayer de trouver un endroit sûr.

Tient-le-monde s'assit et observa le fossé. Il y avait des abeilles qui venaient par ici, des abeilles vives et rapides qui s'emballaient dans un nid d'argent et des papillons qui s'écrasaient dans des pattes roses.

Il y avait aussi des oiseaux qui s'envolèrent et des insectes qui se planchaient sur le roc. Tout était parfait, et parfaitement bon.

Lilas fut rassurée, en constatant que Tient-le-Monde avait trouvé un havre de paix dans le fossé de Nénette. Mais Eléonore restait introuvable. Il avait une nouvelle fois pris la fuite.

– Il est encore à Châteauneuf, à cinq cents mètres de là, dit Tient-le-Monde.

– Si je le rejoins, il va me tuer, ou m'égorger, dit Lilas, d'une voix basse et rauque.

– Qu'est-ce que tu veux?

– Que tu m'aides.

Annotations

Vous aimez lire Opale Encaust ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0