Epilogue 1/2

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Julia

J’observe Arthur au milieu des convives, tous réunis en cette occasion particulière dans un corps de ferme magnifique et typique du coin. Les invités semblent s’amuser, les sourires sont de mise tout comme le soleil en ce mois d’Août. Il fait beau, il fait chaud, et c’est l’amour qui prédomine en cette journée, réunissant tous nos proches et nous comblant de leur affection.

Difficile, pourtant, de passer outre le service de sécurité présent aux quatre coins de la propriété. Tel est le destin des proches d’une Présidente. Alors, on fait avec et on essaie de ne pas trop regarder les hommes en costard noir alors que tous nos invités sont vêtus de robes et de costumes colorés, fleuris, typiques de la Silvanie. Il n’y a que les mariés qui sont à peu près softs, au final. Un joli costume en lin clair pour Monsieur, une robe dans la même matière pour Madame, autant dire que les mariés feraient presque tache au milieu de tous ces buissons fleuris vivants. Mais ça ne me dérange pas, au contraire. J’aime le lin, et j’ai presque l’impression d’être nue dans ma robe, elle est légère et virevolte sous la brise chaude de ce mois d’Août.

Je sors de la grange aménagée en salle de réception sans pouvoir masquer mon sourire. Il est dû à tant de choses que même avec la plus grande des volontés, je ne pourrais le masquer. Pour les souvenirs que m’apporte une grange, pour le rire de Lila qui court après mon neveu Sacha entre les convives, pour nos familles réunies et mes frangins qui ne peuvent s’empêcher de faire les andouilles alors qu’ils parlent à la Présidente du pays. Pour Snow, qui fait tournoyer Justine sur l’herbe, pour mes parents, en grande conversation avec un Commandant hilarant dans son costume bleu fleuri. Et pour cet homme, plus que tout, dont le regard croise le mien, dont le sourire répond au mien. J’ai à la fois du mal à m’y faire et l’impression que c’est tellement naturel, que c’en serait presque déstabilisant. Nous voici mariés, alors que j’étais viscéralement indépendante. Nous voilà unis pour la vie, paraît-il, mais je n’ai pas besoin de ce morceau de papier pour savoir que ce Bûcheron est ma moitié la meilleure. Nous sommes à la fois si différents et si semblables. Des âmes sœurs, qu’ils disent dans les livres ? Je commence à y croire, oui.

- Tu m’as l’air partie bien loin, chère belle-sœur.

- Je deviens rêveuse, je suis une Zrinkak maintenant, ris-je en me tournant vers Sylvia qui m’étreint immédiatement.

- Tu restes quand même une Vidal, oh ! s’esclaffe Sarah. J’ai épousé ton frère pour qu’on soit de la même famille, ne m’abandonne pas !

- Je revendique le double nom, pas de souci. Tout se passe bien, vous ne trouvez pas ça ennuyeux à mourir, rassurez-moi ?

- Il n’y a rien d’ennuyeux à célébrer l’amour, Madame Vidal-Zrinkak. Ça sonne vraiment dégueulasse par contre, Ju, pouffe ma meilleure amie.

- On est d’accord, ris-je. Mais il va bien falloir s’y faire, non ?

- Demande-lui de changer son nom et de prendre le tien. Ça facilitera vos voyages en Silvanie, si tu veux mon avis !

- Sans doute, mais sa bouille ne passe pas inaperçue dans tous les cas. Le fils de la Présidente est connu et fait fantasmer les petites Silvaniennes.

- Tu en as de la chance ! Tu étais si belle entre Mister Sexy et l’Apollon blond qui t’a servi de témoin !

Je sens deux bras m’enlacer et le souffle chaud d’Arthur caresser ma nuque alors qu’il y dépose un baiser.

- C’est qui, ce Mister Sexy ? rit-il en me serrant contre lui.

- Le type qui fait mouiller les petites culottes silvaniennes à chaque voyage au pays. Je ne sais pas si tu le connais, mais il est beau, fort, barbu, adorable et viril à souhait. Ma petite culotte n’y survit jamais, dis-je théâtralement.

- Eh bien, n’en mets plus, Madame Zrinkak, et le problème sera résolu ! s’amuse-t-il. Tu m’accordes cette danse ? Je sais que tu l’aimes bien.

- Volontiers, Beau Bûcheron, comment refuser une telle invitation ?

Arthur attrape ma main et m’entraîne sur la piste de danse avant de m’enlacer étroitement, posant ses mains au creux de mes reins. Nous ondulons en rythme, les yeux dans les yeux, le sourire aux lèvres. On peut difficilement faire plus cliché niveau mariés enamourés, je crois.

- Qui te dit que j’ai une culotte, au fait ? murmuré-je finalement en haussant un sourcil.

- Ma petite voix me dit que si tu n’en as pas, il faut vite qu’on trouve un coin tranquille pour que je vérifie, rétorque-t-il en me serrant encore plus fort contre lui.

- Tu comptes sur une partie de jambes en l’air à la va vite le jour de notre mariage ? Tu devrais avoir honte, cher mari !

- Je compte sur une mise en bouche agréable avant le feu d’artifice final, ma chère épouse.

- Une mise en bouche, hein ? ris-je. Tu ne crois pas que l’absence des stars du jour serait vite remarquée ? Et si ce n’est pas le cas, je suis sûre que Mathias se ferait un plaisir de nous afficher dès notre retour.

- Ou de venir nous déranger en plein milieu, comme il sait si bien le faire ! s’exclame mon amoureux alors que la musique s’arrête. Quoiqu’il a Justine pour l’occuper, charge à nous de le déranger la prochaine fois qu’on a l’occasion !

- Oh ce serait tellement drôle, et bien mérité en plus ! Merci pour cette danse, homme de ma vie, dis-je en l’embrassant tendrement.

- Tout le plaisir était pour moi, ma chérie, me répond-il en faisant une révérence puis en venant appuyer ses lèvres doucement sur ma main.

Je fonds littéralement d’amour pour cet homme. Dire qu’on a commencé par s’écharper, lui et moi ! Quand j’y pense, j’ai presque du mal à me souvenir de cette époque, qui ne date pourtant pas tant que cela.

Nous avons réussi à trouver un certain équilibre, tous les deux. J’ai effectué mes deux dernières années de contrat avec l’armée et n’ai finalement pas renouvelé. Mes missions étaient trop compliquées à gérer pour nous, en tant que couple mais aussi en tant que famille. Difficile de partir plusieurs mois, de manquer tant de choses, de retrouver Lila avec plusieurs centimètres de plus, de voir leur complicité et de devoir à nouveau me faire une place dans leur bulle. J’aime mon métier, mais je veux surtout profiter au maximum de ces deux êtres qui ont pris une telle importance dans ma vie que je ne me vois pas passer tant de temps loin d’eux. Bon, cela m’arrive encore assez souvent, pour quelques jours, parfois une semaine ou deux, mais jamais plus longtemps. Heureusement que la Gitane ne fait pas de longs voyages, sinon je crois que j’aurais déjà posé ma démission sur son bureau. Enfin, peut-on démissionner comme ça quand notre patronne n’est autre que la Présidente ?

Bref, je mène à présent une petite vie tranquille et si parfois l’adrénaline me manque, il me suffit de me perdre dans les bras d’Arthur pour oublier que le terrain est une drogue dont il m’est difficile de me passer.

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