Chapitre 11

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La voiture filait vers Marseille. Clara conduisait en silence, les yeux fixés sur la route. Thomas observait le paysage par la fenêtre.

— Ton ami, demanda Clara au bout d'un moment, il s'intéresse à Picasso ?

— Oui. Il prépare une thèse sur les influences méditerranéennes dans son œuvre.

— Et il pense que Pépé a joué un rôle ?

Thomas hésita.

— Peut-être. On essaie juste de comprendre ce qui s'est passé en 1948 à l'atelier Madoura.

Clara acquiesça sans rien ajouter. Ils traversèrent Aubagne puis s'engagèrent sur l'autoroute. Le soleil déclinait sur la Méditerranée.

— Tu savais que ton grand-père modelait ? demanda Thomas.

— Oui. Des petites choses. Des formes abstraites. Il ne voulait jamais me les montrer. Il les écrasait dès que j'arrivais.

— Pourquoi, tu crois ?

Clara réfléchit.

— Je pense qu'il avait peur. Peur de montrer quelque chose de lui. Ou peur de se souvenir.

Thomas acquiesça. Valdur Saks avait passé sa vie à fuir. L'Estonie. La France. Son propre talent.

Ils arrivèrent à Marseille en fin d'après-midi. Clara se gara près du MuCEM. Le musée se dressait face à la mer, sa structure moderne contrastant avec le fort Saint-Jean.

— C'est là que travaille ton ami ?

— Oui. Il a accès aux sous-sols pour ses recherches.

Ils descendirent et entrèrent en face, au bar de la Marine. Thomas envoya un message à Pablo : « A la Marine. J'ai quelqu'un à te présenter. »

Quelques minutes plus tard, Pablo apparut, essoufflé. Il s'arrêta net en voyant Clara.

— Pablo, je te présente Clara Saks. La petite-fille de Valdur.

Pablo resta bouche bée.

— Sa petite-fille ?

— Oui, répondit Clara. Et vous êtes ?

— Pablo Pérez. Je... je travaille sur Picasso.

Thomas sortit son téléphone et montra les photos qu'il avait prises un peu plus tôt.

— Regarde. La photo que Clara avait dans les affaires de son grand-père.

Pablo se pencha sur l'écran. Il écarquilla les yeux.

— C'est... c'est ma grand-mère !

— Ta grand-mère ? répéta Clara, surprise.

Pablo sortit de sa poche le cliché découpé qu'il portait toujours sur lui. Il le plaça à côté du téléphone de Thomas.

— Dolorès Pérez. Ma grand-mère. Regardez.

La jeune femme sur les deux photos était la même. Exactement la même pose, le même décor.

Clara fixait les deux images, incrédule.

— Pépé gardait une photo de ta grand-mère ?

Pablo acquiesça lentement, ému.

— Ils se connaissaient. À l'atelier Madoura, en 1948.

Thomas s'installa à une table et sortit son ordinateur portable de son sac. Il transféra rapidement les photos de l'empreinte et lança son logiciel de comparaison.

— Qu'est-ce que tu fais ? demanda Pablo.

— Je vérifie quelque chose.

Thomas ouvrit le fichier de l'empreinte du Vase en forme de femme et lança la comparaison.

Le programme tourna. Pablo et Clara observaient l'écran par-dessus son épaule.

BIP.

Correspondance possible : 58% - Qualité insuffisante pour confirmation

Thomas fronça les sourcils. L'empreinte de la photo était partielle. Le résultat était suggestif mais pas concluant.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Clara.

— Que c'est peut-être la même personne. Mais la qualité de l'empreinte sur la photo n'est pas suffisante pour en être certain.

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