Chapitre 12

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Thomas fixait l'écran, pensif. 58%. Il devait y avoir un moyen. Il regarda sur la table la photo de Clara, puis celle de Pablo, montrant Dolorès, la jeune femme disparue depuis si longtemps maintenant.

Il releva la tête vers Pablo.

— Au restaurant. Quand Valdur a pris ta photo. Tu as dit qu'il mangeait des fruits de mer ?

— Oui. Un plateau. Pourquoi ?

— Du citron. Il devait avoir les doigts pleins de jus de citron.

Pablo ne comprenait pas où il voulait en venir. Clara non plus.

Thomas sortit un briquet de sa poche.

— L'acide du citron reste invisible sur le papier. Mais si on chauffe la photo, l'acide brunit. Les empreintes qu'il a laissées devraient apparaître.

Pablo blêmit.

— Attends. Tu veux cramer ma photo ? Mais je n’en ai pas d’autre !

Clara intervint :

— Il y a la mienne. Celle avec Pépé. Si ça tourne mal, je te la donne.

Pablo la regarda, touché.

— Tu es sûre ?

— Oui. Je sais maintenant que cette histoire d’amour ancienne ne me concerne pas.

Thomas attendit. Pablo fixa la photo découpée sur la table. Dolorès Pérez souriait, figée dans l'été 1948.

— D'accord, finit-il par dire. Fais-le.

Thomas prit la photo avec précaution. Il saisit la bougie qui se trouvait sur la table et approcha la flamme du dos de la photo, sans toucher le papier. Juste assez près pour que la chaleur agisse.

Pablo et Clara retenaient leur souffle.

Lentement, des traces brunâtres commencèrent à apparaître. D'abord floues. Puis de plus en plus nettes. Des empreintes digitales. Thomas continua méthodiquement, chauffant chaque zone. Au centre du dos de la photo, une empreinte de pouce se dessina avec une clarté remarquable.

Il éteignit le briquet et posa délicatement la photo sur la table.

— Voilà.

Pablo examina la photo anxieusement. Le papier avait jauni aux bords, mais l'image de Dolorès était préservée. Thomas sortit son téléphone et photographia l'image sous tous les angles. Puis il transféra les fichiers sur son ordinateur.

— Maintenant on compare.

Il ouvrit le fichier de l'empreinte du Vase en forme de femme. Puis il chargea les photos de l'empreinte révélée. Il lança la comparaison. Le programme tourna. Les trois observaient l'écran en silence.

BIP.

Correspondance : 94%

Pablo resta bouche bée. Clara l’observait.

— Cette fois, c'est lui. C'est vraiment lui.

— Oui, confirma Thomas, ému. Valdur Saks a créé le Vase en forme de femme. Pas Picasso.

Pablo se leva brusquement, passa ses mains dans ses cheveux.

— Tu te rends compte de ce que ça veut dire ? Un vase attribué à Picasso depuis soixante ans. Exposé. Documenté. Analysé. Et c'est un faux !

— Pas un faux, rectifia Thomas. Juste... mal attribuée.

Pablo se rassit, le regard dans le vide.

— C'est dingue. Complètement dingue.

Un silence s'installa. Clara rompit la tension et proposa :

— On commande ?

Thomas regarda sa montre et grimaça.

— Sans moi. Mon train est dans moins d'une heure.

Il referma précipitamment son ordinateur et rassembla ses affaires.

— Désolé. On se reparle très vite. Il faut qu'on réfléchisse à tout ça.

Pablo se leva et lui serra la main, encore sous le choc.

— Oui. On en discute cette semaine. C'est... c'est énorme.

Thomas sortit du bar en courant et héla un taxi.

— Gare Saint-Charles. Vite.

Dans le taxi, il regardait défiler Marseille par la fenêtre, l'esprit en ébullition. Ils venaient de prouver qu'un vase de Picasso n'était pas de Picasso.

Mais ce n'était pas tout. Le vase phénicien. 1973. Pourquoi ?

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