Chapitre II

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 Quelques mois plus tard, le soleil illumine le monde des morts, un homme, la trentaine ronde, s’amuse avec un dodo, il lui court après. L’énorme poulet sautille en sprintant, il bat des ailes pour tricher, mais il est trop lourd. L’âme l’attrape, riant aux éclats. Il recule, le dodo se tourne. Les deux se font face, puis échangent leurs rôles, le gros poulet poursuit le garçon qui franchit les bancs pour ralentir l’animal. Un vieillard avec sa moustache de conquistador ricane sur son banc. Au centre du parc, un ancien groupe inconnu joue du bluegrass avec leurs instruments de prédilection. Si l’on s’attache suffisamment à son instrument préféré, il y a possibilité d’emporter cette extension d’âme dans l’outre-monde. D’une fraction de seconde, un puma saute d’une branche, il se met à chasser l’oiseau à la chair pas si savoureuse qu’on pourrait le penser. Le grand grisonnant à la peau matée, à force de brûler sur une caravelle de son vivant, rigole à s’en craquer les côtes, cette scène lui tire les zygomatiques, il n’y a qu’ici, dans les Limbes que l’on peut voir ce genre de choses.

 Ils jouent, tout simplement, il n’y a aucune menace ici, aucune animosité, juste de la bienveillance et de l’amusement. Pourquoi se crêper le chignon alors qu’ils sont morts ? En réalité, si tout est rose, ce n’est pas parce que les âmes humaines ont été modifiées, enfin presque, elles ont changé, mais à cause de ce qui fait face à la frontière : le pénitencier. Et personne, mais vraiment personne n’a envie d’y aller, surtout ceux qui ont déjà pris un congé là-bas en arrivant.

 C’est éprouvant, et surtout, marquant, seul l’ennui vous accompagnera durant votre séjour, mais à un niveau abyssal, et vous ne possédez aucun repère de chronologique. La nuit n’existe pas, le sommeil non plus, la faim et la soif ne semblent qu’un ancien souvenir. La seule chose qui compte ici n’est que la lassitude pour vous forcer à pousser la réflexion sur votre vie, sur vous. Personne ne veut y aller, mais la sortie ne reste pas non plus plaisante. Quand vous passez la porte du pénitencier, tous vos besoins se réactivent, donc, autant vous dire que trouver un coin tranquille va devenir une priorité pour vous dans les heures qui suivent. La faim qui apparaît, certes, c’est désagréable, mais vous allez manger sans crainte, même mieux, vous allez savourer votre repas. Si vous avez sommeil, les pins de la frontière feront un beau plafond pour dormir sans vous préoccuper de petits soucis comme le mal de dos ou encore les morsures d’insecte au réveil. Mais en revanche, quand votre centre de tri intestinal se remet en route, là, c’est une autre paire de manches. Comme articulerait un important philosophe qui se fait poursuivre par un dodo : « Merde… ». Vous vider intégralement dans des toilettes portatives lors d’un grand barbecue, ce n’est pas le plus confortable, pourrait-on dire. Mais les âmes autour de vous ne vous jugent aucunement, ils comprennent, la plupart sont passés par cette désagréable étape.

 Le dodo est assis sur le banc, à côté du conquistador, le trentenaire caresse le gros félin qui est aux anges.

  • Je vais rentrer chez moi, dit-il.
  • Pareil, salut Nick.
  • À la prochaine Boucher.

 Les deux hommes se séparent avec le sourire. Le puma grimpe dans son arbre, se reposant sur sa branche. Le dodo, et bien, il se dirige vers les joueurs de bluegrass. Une journée banale dans les Limbes.


 Nick rentre paisiblement chez lui, toujours autant admiratif de la décoration, il adore sa ville. Elle ressemble beaucoup à La Nouvelle-Orléans figée dans les années 20. Même le tramway et les voitures le sont. Seule la mode vestimentaire varie. Beaucoup de cités à thème existent ici, ce ne sont pas réellement des villes à « thèmes », mais tout simplement des communes bâties par ceux qui ont résidé durant ces années-là. Villes forgées avec les voisins ainsi que la technologie dernière crie. L’authenticité est plus que parfaite, encore mieux qu’une reconstruction. Partout ailleurs, on retrouve des villes aux chronologies et ambiances plus vieilles et variées. Vous voulez vivre dans un château ? Et bien vous le pouvez, on en rencontre plein, vous désirez habiter dans un village viking ? Sentir la forge chaude et son crépitement au réveil ? Et bien, foncez-y ! Avec de la chance, vous allez croiser Thor, ou même Odin dans leur palais.

 Les anciennes religions ont souffert, mais il reste tout de même les livres d’histoires pour ne pas les oublier et ainsi éviter le néant.

 La neige n’est pas votre fort ? Votre cœur balance pour les déserts brûlants, vivre comme un cowboy dans les westerns ? Sautez dans le prochain train, et au troisième sifflement, vos pieds fouleront la terre battue pour aller déguster un bon vieux tord-boyaux du saloon. Ou sinon préférez-vous les villes contemporaines ? La capitale est présente, toutes les cultures y sont réunies, pratiquement toutes les ambiances demeurent à portée de quartier sur des dizaines et des dizaines de kilomètres.

 Ici, le mot « impossible » ne reste qu’un rêve, un cauchemar, dont on oublie expressément tout souvenir quand la délicate chaleur du soleil matinal nous caresse.

 Un ours attend assis sur le trottoir, le poissonnier, amusé, lui jette un saumon frais de ce matin. L’ours ouvre grand la gueule et l’attrape en plein vol. Nick se décale à côté de lui, un ursidé, ça prend de la place, bien que le passage soit conçu pour laisser vagabonder un éléphant sans problème. Les routes et trottoirs sont très larges, du moins pour les voies principales, plus de cent milliards d’âmes, ça en fait de la circulation.

 Un bluesman afro joue avec sa guitare acoustique. Il est commun de croiser des gens comme lui, et les âmes qui marchent ne pestifèrent pas, voire, elles s’arrêtent pour écouter ou danser. Une blonde s’assied qui passe par-là avec son harmonica pour. Tous les deux s’amusent en rythme. Ils se regardent avec la même passion musicale dans les yeux. Le bluesman, d’environ la bonne quarantaine engagée, se met à chanter les paupières fermées, comme pris d’un soudain entrain pour ce titre des Beatles.

“[...]How does it feel to be

One of the beautiful people?

How often have you been there?

Often enough to know

What did you see when you were there?

Nothing that doesn't show


Baby you're a rich man

Baby you're a rich man

Baby you're a rich man too


You keep all your money in a big brown bag inside a zoo

What a thing to do[...]”

  • Salut Nick, dit le concierge.

 L’éternel trentenaire prend la pose avec ses doigts en cliquetant de la bouche.

  • Alors ? Quoi d’beau sous ce soleil ?
  • Rien d’extraordinaire. J’ai retrouvé mon pote conquistador, on s’est invité à un barbecue au parc puis j’ai coursé un dodo, qui lui-même s’est fait pourchassé par un puma.
  • Une journée banale, hausse des épaules le concierge en riant.
  • C’est exactement ça. s’exclame Nick en ouvrant sa boîte aux lettres.

 Le numérique existe peut-être bien, et est même actuel à travers le monde, mais pour les documents importants, Lucifer a décidé de subsister sur le bon vieux papier. Ça a un certain charme selon lui. Et puis il ne faut pas oublier les aînés qui ne connaissent pas le smartphone. Les âmes qui sont expérimentées avec cette invention ne demeurent qu’un faible pourcentage parmi la population, alors le papier reste très présent.

  • Il la caresse plutôt bien sa guitare, admet le concierge.
  • C’est vrai. Si ça se trouve, c’est Lucifer qui lui a appris à jouer, émet comme possibilité Nick, saisissant une enveloppe sans la regarder.

 C’est une possibilité, uniquement si cet homme est resté inconnu. Lucifer accepte, ou du moins acceptait il y a encore quelques années, de transmettre son savoir du langage musical. Mais en échange, vous deviez respecter une parole, ne jamais jouer pour devenir populaire ou riche. Tentez le diable et des cauchemars vous tourmenteront jusqu’à la fin de carrière prolifique. Puis quand vous allez mourir, la première chose que vous verrez au réveil sur les bancs du Tribunal, c’est le sourire carnassier du diable. Ce sourire iconique qui exhibe votre péché, celui d’avoir trompé l’archange au cœur offrant. Ce rictus qui veut très clairement dire : « Maintenant, tu es chez moi, et un pacte, ça ne se trahit pas. »

 S’il y a bien une chose qu’il ne faut pas faire avec Lucifer, c’est plaisanter sur la musique, c’est l’un de ses sujets favoris, normal pour un mélomane. Ni même ne détruisez jamais un instrument. Ça a le don de le mettre en rogne. C’est très simple, maintenant, il existe une nouvelle règle, tout instrument démolit une année aux enfers. Lucifer compte bien faire intégrer aux humains que saccager un instrument est comme sacrifier une partie de son âme pour rien, torturer son âme juste pour quelques billets lors d’un show.

  • Au putain… s’exclame Nick.
  • Qui a-t-il ? se tourne le concierge.

 Nick, paralysé du visage par la peur, tourne l’enveloppe, elle est gravée d’un certain écusson, celui d’El Capitole, le bureau de Lucifer.

  • C’est… Ça vient du Capitole ? demande niaisement le concierge en apercevant l’écusson infernal.
  • Oui… Qu’ai-je fait ? se demande Nick.
  • Ouvre-la, vite, tu sauras pourquoi cette lettre, rétorque le concierge, très curieux.

 Le concierge attrape un couteau pour proprement décapiter l’enveloppe. Nick en tremble des mains.

  • Passe-la-moi je vais te l’ouvrir, presse le concierge.

 Il coupe nettement le haut du courrier et le tend à son voisin. Le concierge est peut-être très curieux, mais ce n’est pas une commère pour autant. Nick déglutit, peut-être est-ce la dernière fois qu’il avale sa salive.

  • Ouf… soupire-t-il si fort à en évacuer une âme.
  • Alors ? Qu’y a-t-il ?
  • Je suis invité au Capitole.
  • Convié ou demandé ?
  • Convié. Si j’étais demandé, je me serais évanouie.
  • Ça va alors, souffle aussi le concierge, soulagé. T’as d’la chance, c’est pas tous les jours qu’on est invité au Capitole.
  • C’est clair. Je crois que j’ai besoin d’un bon repas, elle m’a vidé de l’intérieur cette lettre.
  • Viens à la maison, Minnie fait un ragoût à tomber par terre. Ce n’est pas tous les jours qu’on croise des gens invités au Capitole.
  • Allez, va pour le ragoût, depuis le temps que j’en entends parler ! sourit Nick.

 L’étoile semblable au soleil sert de réveil, l’âme cloîtrée dans son lit ouvre sa paupière pile dans l’espace du rideau, l’astre de feu lui plaque la rétine au fond de l’œil. Pour être tiré du sommeil, c’est parfait. Il s’étire, cette journée est à marquer au fer rouge. Le café fume, son smartphone avec l’horaire du train repose devant lui, Nick est tout émoustillé. Aujourd’hui, il se rend dans la capitale, c’est une première. Tant de personnes, de démesure, d’animation, l’excitent. Il figure comme le petit Günther avec la carte bleue de maman dans une confiserie. La valise du petit Nick est scellée depuis la veille, il saute dans ses haillons bien droits et repassés. Une grande respiration et il pousse la porte de son appartement.

 Le concierge l’attend sur le palier pour lui dire au revoir, le vieil homme est très admiratif, lui aussi aimerait un jour recevoir une lettre calligraphiée venant d’El Capitole. Minnie, avec son sourire sympathique, le salue de la main en ouvrant la fenêtre sur le trottoir.

 Le tramway de métal et de bois à l’allure ancestral stationne au terminus, la gare. Nick pousse les portes en verre. La hauteur du plafond est impressionnante. Si on lève les yeux, une carte de la région avec le réseau ferroviaire est peinte sur le mur. Tandis qu’en plein milieu de la gare, une modélisation de la ville est conçue pour les touristes, ou pour les habitants qui ont le plaisir de redécouvrir à chaque fois leur ville façonnée par un passionné. Un grand-père fou de sa passion qui s’amuse à glisser des clins d’œil ici et là. La mairie lui accorde ce droit, ce pauvre personnage n’a jamais pu faire de réel modélisme durant sa triste vie, trop pauvre pour pouvoir se payer quoi que ce soit ; alors, autant vous dire qu’en ce jour, il est l’un des plus heureux au monde, comme beaucoup. Nick lui a déjà parlé une fois, pendant plusieurs heures, il s’est permis de donner un coup de main. Un joyeux moment de tendresse entre deux générations. Du coup, il a la faveur de jouer son petit rôle sur la maquette, dans un parc, à nourrir des dodos avec des graines.

 Nick observe la gigantesque reproduction animée en attendant son train.

 « Départ pour la capitale dans un quart d’heure. » Énonce la voix dans les haut-parleurs. Le trentenaire bien habillé dans son deux pièces saisit sa valise rectangulaire et se dirige vers la voie correspondante.

 Il s’assied dans une des cabines du vieux train à vapeur. Les habitacles ont un certain charme avec leurs banquettes et leur porte-bagages au-dessus, le tout dans un bois de qualité, il en serait presque heureux d’avoir trépassé pour pouvoir connaître ce monde. Mais certaines peines peuvent être éternelles, il n’a pas vu sa fiancée depuis six ans, comme ses amis. Parfois, la nuit, la peur de les oublier le tire du sommeil, ou certain soir avant de dormir, il tourne de nombreuses heures avec les pensées sur sa mort. Un jour on ferme les yeux dans son lit, collé à l’amour de sa vie, puis au réveil, le brouhaha du Tribunal nous picore le crâne. La vie est ainsi faite, ou plutôt la mort.

 Un homme coulisse la porte, Nick revient à lui, étant perdu dans le décor industriel de la gare.

  • La place est prise ? demande l’homme aux cheveux fins et longs.
  • Non, je n’attends personne, répond Nick avec le sourire.

 L’homme, à la quarantaine entamée, entre dans la cabine avec sa mallette rectangulaire de guitare ainsi que son ampli. Le train démarre, Nick tremble nerveusement de la jambe.

  • Vous allez où ?
  • À la capitale.
  • C’est votre première fois, non ?
  • Oui.
  • Vous allez voir, c’est fantastique, c’est encore plus vivant qu’ici, dit l’homme complètement habillé de jean.
  • Ah oui ? Vous y allez souvent ?
  • J’y habite.
  • Sérieux ? Vous avez de bonnes adresses à me conseiller ?
  • À vrai dire, chaque adresse est bonne.
  • Oula, je vais y rester longtemps alors, rigole Nick.
  • Vous avez prévu d’y rester combien de temps ?
  • Aucune idée, j’ai rendez-vous ce soir.
  • Je vois, attendez, je connais quelques adresses, vous allez vers où ?
  • Centre capitale, au Capitole.
  • Vous avez rendez-vous au Capitole ? demande le rockeur, inquiet.
  • Oui. Mais rien de grave, je vous rassure.
  • Ouf alors. Sortez votre portable, je vais vous donner les adresses que je connais.

 Les deux hommes échangent durant de longues heures sur la grande capitale. Le train roule à toute allure, les paysages défilent à la vitre comme une télé ouverte sur la beauté de l’écosystème des défunts. De la forêt, des ponts qui enjambent les fleuves, une montagne, mais également quelques villes, les décors s’enchaînent.

  • Et toi Nick, tu es mort comment ? demande le camarade de cabine sans pudeur.
  • Aucune idée, j’aimerai bien le savoir d’ailleurs.
  • Et bien, bon courage, compatit-il. Moi c’est l’alcool qui m’a couché.

 Ici, les gens n’ont aucun souci à parler de leur décès, chaque personne a vécu par cette étape, même les départs les plus brutaux, les âmes osent se confier, ça les libère. D’autant plus qu’ils savent pertinemment que les enfers seront la première route de leur meurtrier. Mais la vengeance dans le monde des morts devient un concept abstrait, comme la rancœur, plus les années passent, et plus on oublie.

  • Cirrhose ?
  • Non, étouffé dans mon vomi.
  • Ah ! lâche Nick dans un rôt incontrôlé.
  • Exactement ça ! ricanent-ils ensemble.
  • Excuse-moi.
  • T’inquiète, dans le groupe ça nous arrive qu’on s’avale un bon litre pour gagner la palme du plus gros rôt.
  • J’adore ce monde, vraiment personne ne se prend au sérieux.
  • C’est ça qui est magique ici. Quand je pense à tous ces gens sur Terre. Tous mes amis, ma famille, mes enfants qui me pleurent, alors que je suis dans un train pour rentrer et retrouver Bon Scott avec mon groupe.
  • Ah ouais ?!
  • Ouais, on s’est croisé dans un festival, il trouvait qu’on se débrouillait plutôt bien alors il nous a proposé un bœuf ensemble.
  • Bienvenu en Enfer, s’amuse Nick. Et du coup tu joues un peu ?
  • Un peu ? C’est peu dire. Ne bouge pas, rétorque-t-il en agrippant sa mallette.

 Le guitariste, avec sa veste en jean sans manches, sort sa firebird six cordes, il branche l’ampli sur l’une des prises électriques de la cabine, et se met à jouer. Blues Rock, Rock, Hard Rock, le guitariste à la poigne souple et assurée monte, les riffs s’enchaînent, les solos également, Nick tombe en admiration devant ces notes, douces pour certains, agressives pour d’autres. À son retour chez lui, il veut se lancer, après tout il a toute l’éternité pour apprendre à en jouer. Le train semble avancer plus vite, à moins que ce ne soit l’ambiance qui accentue cette sensation.

 L’âme admirative aperçoit la capitale en tournant la tête.

  • On arrive, sort-il en se levant.
  • Tu peux te rasseoir. On en a encore pour vingt bonnes minutes avant d’arriver à la gare Centrale.
  • Comment ça ?
  • La gare Centrale est comme son nom l’indique, dans le centre capitale de la ville.
  • Ah.
  • On passe sous la ville pour y arriver, ne t’inquiète pas, c’est pour ça que les lumières se sont allumées.
  • Et pour la fumée du train ?
  • J’ai confiance dans les ingénieurs du réseau, ils y ont pensé. D’ailleurs, si tu veux, je peux te conduire à la sortie de la gare, c’est un vrai labyrinthe avec la taille qu’elle fait.
  • Je t’en serai reconnaissant.

 Ce qu’annonce le guitariste n’est pas exagéré, et ça, Nick le comprend en posant un pied sur la voie. Il faut monter un escalier, puis en prendre un autre, emprunter plusieurs couloirs, lever la tête pour bien suivre l’indication de sortie. Le touriste aurait pu s’en sortir seul, mais avoir un coup de main n’est pas de refus dans cette titanesque station.

 Les deux hommes se retrouvent à la sortie de la gare.

  • Merci mon ami, tu m’as évité de devoir trouver un logement dans la gare à défaut d’en sortir.
  • De rien, c’était un plaisir de te rencontrer et de faire le trajet avec toi.
  • De même.
  • Salut, amuse toi sur la route, et qui sait, peut-être à une prochaine fois.
  • Amuse-toi bien aussi avec ton bœuf, ciao.

 Les deux âmes se saluent, Nick tourne la tête et se met à courir en direction du tram qui arrive.

 En plein milieu de la voie pour les voitures, le touriste découvre la fameuse et tentaculaire capitale, l’architecture reste simple, très contemporaine, et pourtant c’est le centre de la capitale, ce qui est apparu en premier. À croire que les anciens bâtiments ont été remplacés par les derniers pour toujours être à la pointe de la mode. Cette affirmation est quasi exacte. Pour être précis, les vieilles constructions ont été déplacées dans d’autres centres-ville pour perdurer dans un thème uni. Voilà pourquoi le quartier où se trouve le centre de la capitale se nomme le « centre-capitale » et non « centre-ville » comme partout cet endroit serait sur Terre.

 Tous pleins de bars et billards défilent devant les yeux de Nick, tant d’endroits où enchaîner les fêtes. C’est si dommage que l’effet de l’éthanol soit supprimé sur les âmes. Personne ne peut être rond comme une queue de pelle. Par le passé, trop d’abus ont été commis, Lucifer en a eu marre et a répandu une nouvelle modification sur les âmes dans son monde. Se détendre avec l’alcool n’existe plus, seul le goût caresse la langue dorénavant, les âmes n’ont plus la sensibilité de cette molécule.

 L’heure tourne, bien que Nick soit ébahi de figurer dans la capitale, un rendez-vous l’attend, mais avant, hot dog.

 El Capitole se dresse devant lui, d’un blanc pur à vous pulvériser l’iris si le soleil se reflète dessus.

 Un homme qui garde le palais royal depuis sa petite cabine en bois laisse Nick passer sans aucun souci, les gens, très curieux, viennent souvent visiter El Capitole. C’est aussi un excellent musée pour raconter le monde des morts et sa naissance ; l’acceptation de Satan à devenir le nouveau Lucifer, le refaçonnage de l’Enfer, mais cette fois-ci avec beaucoup moins de haine et de flammes.

 L’invité entre dans l’immense hall parfaitement rond pour se diriger vers l’accueil en sortant sa lettre. Nick explique ce pour quoi il se tient devant la femme d’un physique plus qu’attirant, il est difficile pour un homme de résister à ce charme mammaire.

  • Monsieur Young, dit-elle, en lisant la lettre, asseyez-vous sur le banc, je vous prie, la secrétaire de Lucifer va venir vous chercher.
  • Comment ça, la secrétaire de Lucifer ? tourne de l’œil l’invité.
  • Détendez-vous, ce n’est rien de grave, asseyez-vous sur le banc.

 Blanc comme un cadavre dans un beau costard, le fantôme pose son fessier avec lenteur et douceur sur le banc rustique. Pris par quelques spasmes de stress, il tente de se calmer en respirant profondément. Pourquoi la secrétaire de Lucifer vient-elle le chercher ? Il pensait plutôt aller dans une des ailes du capitole pour régler un problème de papier. La secrétaire de Lucifer… Bon sang, ce n’est pas du tout le même niveau. Il se sent fébrile, mais les claquements de sabot contre le sol le réveille. Ça y est, on arrive pour lui, ses poils se hérissent.

 La succube apparaît à la sortie du couloir, un coup d’œil circulaire et elle se dirige vers lui. C’est la toute première fois qu’il en voit une, normalement tous les autres démons résident aux enfers, à torturer les damnés, les pêcheurs des plus odieux crimes.

 L’entité au corps mi-femme, mi-démon, déteste les linguistes qui la catégorisent comme homme et non comme femme, ses sœurs aussi aimeraient bien préparer un ragout avec la langue de ces charlots, implémentant un fond de Californian Reaper pour relever le breuvage. Cette boisson sera déversée dans le gosier de tous ceux qui prétextent que les succubes figurent aux masculins. La femme au regard de braise s’avance vers Nick, il ne peut s’empêcher de faire une fixette sur les sabots qui frappent le sol comme des escarpins infernaux.

— Mes yeux sont plus hauts.

 L’âme relève la tête, les vêtements épousent parfaitement les formes diaboliques des jambes de chèvre. Les yeux passent sur le corps sculpté avec perfection, du moins, il le détermine avec cette chemise prête à éclater si elle bombe le torse. Nick ne peut s’empêcher d’observer la succube comme un chat avec un laser. Les pupilles noisettes de l’âme continuent la contemplation qui découvrent un magnifique visage jovial aux deux cornes enroulées. La chevelure ondulée châtain foncé tombe dans le dos. La succube fixe le trentenaire à travers ses lunettes claires.

  • C’est la première que tu aperçois une succube ? demande-t-elle d’une voix douce.
  • Oui.
  • Ne t’inquiète pas, je suis loin d’être méchante comme écrit dans les récits terriens.

 C’est étrange, mais Nick ressent une confiance avec son visage, peut-être est-ce la tromperie qui émane d’elle ? Avec les démons on ne peut jamais être sûr. Mais si celle-ci est la secrétaire du roi, ce ne doit pas être son genre de berner.

 L’invité se lève et suit la démone au son des claquements. Ils s’enfoncent dans le couloir recouvert d’une fresque en cours de réalisation, un vieil homme, presque les quatre-vingt-dix bougies soufflées, réfléchit à sa tâche. Il salue Nick de la main avec son pinceau coincé entre deux doigts.

  • Elle me dit quelque chose cette personne.
  • Normal, c’est Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni.
  • Connais pas.
  • Michel-Ange.
  • Aah, là je vois. Vous auriez dû commencer par ce nom-là, j’aurais compris plus rapidement.
  • Je sais, mais sortir le nom complet m’amuse, les gens ne comprennent rien.

 Avec ce petit trait d’humour, Nick se détend.

  • Et vous ? Comme vous êtes une succube, vous avez un nom tout aussi alambiqué ?
  • Non, Angelina. C’est plus passe-partout.

 L’âme à côté, légèrement en retrait, glousse.

  • Qu’y a-t-il ?
  • Vous remarquerez que votre nom est cocasse pour une succube, se retient de rire Nick.
  • Je sais, c’est pour cette raison que je l’ai choisi.
  • Vous pouvez choisir vos noms ? C’est trop bien, nous les humains on n’a pas cette chance, ou sinon il faut raquer pour le changer.
  • Je suis au courant. Mais avec les bonnes influences, ça devient tout de suite plus simple.
  • Oui bah pardon de ne pas avoir… s’arrête Nick d’un coup pour éviter de ne sortir une bêtise, et surtout par respect, ou peur.
  • Finis ta phrase, « de ne pas avoir »
  • Non non, rien.
  • Finis ta phrase, répète-t-elle en se retournant.
  • Oubliez.
  • Fini ta phrase, tu en as trop dit, quand on commence quelque chose, on le termine.
  • Mort pour mort, se murmure-t-il. … Pardon de ne pas avoir une paire de loches à faire tourner des têtes, lâche Nick dans son élan, comme pour se donner du courage.

 Angelina ne répond pas, elle laisse volontairement un long silence gênant.

  • Et c’est juste pour ça que tu n’as pas osé terminer ta phrase ? demande-t-elle en se rapprochant.

 D’un coup, elle lui claque la fesse droite en lui sortant tout sourire bandé « J’en ai entendu des bien pires, nous sommes en Enfer.

 Nick sursaute par la claque. Il s’attendait plutôt à une pêche entre les deux yeux.

 Les deux résidents du monde des morts continuent leur chemin dans une ambiance plus détendue qu’il y a dix minutes. Ils arrivent devant une grande porte gravée avec une représentation de Lucifer sur son trône.

  • Tu peux entrer, Lucifer t’attend. Sois détendu, c’est peut-être le roi de l’Enfer, mais il reste humain si tu n’es pas irrespectueux avec lui. Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer.

 Angelina laisse l’âme seule devant la porte, elle s’assied derrière son bureau tout juste à côté, enfilant un casque pour reprendre sa partie en ligne. À ce qu’on peut voir, ça travaille dur au Capitole.

 Nick inspire profondément, il pose ses mains sur les portes gravées. C’est parti, il entre, complètement vidé, détendu comme Angelina lui a conseillé.

 Les portes se referment d’elles-mêmes. La pièce ressemble à celle d’un grand manitou d’entreprise, c’est un cabinet de chef, de roi, plutôt carrée que ronde. Des ornements décorent les murs, une cheminée est présente avec des cadres photos dessus. Plusieurs tableaux sont accrochés, des événements importants pour ce monde, pour le roi. Sur la gauche un bar assez conséquent défend sa position. Lucifer se tient à la fenêtre, verre en main, on dirait qu’il n’est pas sorti depuis un moment. L’archange infernal regarde la vie extérieure comme un chien qui voudrait partir au parc. Nick s’avance lentement jusqu’au bureau en bois massif, l’atmosphère pesante ne le rassure guère, si les rideaux se poussaient pour faire entrer la lumière, ce serait plus sympathique.

  • Scott, Nick, Young ? épèle le Seigneur de l’Enfer.
  • Oui, c’est moi.
  • Parfait, murmure-t-il en vidant son verre rouge au fond de son gosier.

 La beauté infernale qui remettrait en question toute orientation sexuelle par sa prestance et son charisme se tourne. Cheveux en bataille, barbe non taillée, cernes, et pourtant, n’importe qui le trouverait encore sexy dans cet état. C’est l’une des rares fois où le roi se laisse aller à cette déchéance minable, et ça fait peur à voir pour quelqu’un qui représente l’amusement éternel.

  • Je te sers un verre ? bafouille-t-il en se dirigeant vers le bar, ne tournant pas un œil envers le convive.

 Si l’on a bien appris une chose à Nick, c’est qu’il ne faut jamais refuser un cadeau, surtout quand c’est le Diable en personne qui vous le propose.

  • Si vous avez du Blanc de l’Enfer (autre nom pour l’Infernal Blanc), je veux bien.
  • Merci, comme ça je ne serai pas seul à boire.

 Lucifer coule la bouteille dans les verres, puis il s’assied derrière son bureau, au plus profond de son confortable fauteuil. Il dépose le verre magnifiquement gravé devant lui. Doucement, mais sûrement, Nick se cale dans un des deux sièges. Les paroles d’Angelina lui reviennent, il doit se détendre, la personne en face de lui possède tout de même un côté humain à force d’être au contact des âmes.

  • Donc… Scott, Nick, Young, répète Lucifer en ouvrant le dossier devant lui, bien qu’il le connaisse par cœur.
  • Je préfère Nick.
  • Pourquoi ? Scott ne te plaît pas ?
  • Si, mais je n’ai rien d’Écossais, si ce n’est le sang de mon père.
  • Comme tu veux. Je reprends. Nick, Scott, Young. Ancien banquier, avec un côté rebelle.
  • C’est mon père qui m’a transmis ses gènes.
  • Ton père, parlons-en si tu veux, actuellement aux enfers.
  • S’il vous plait, je ne veux pas y repenser. Trop de mauvais souvenirs vont remonter.
  • Il faut vivre avec, tu n’es pas responsable de lui.
  • Si, j’aurais pu l’empêcher de prendre son fusil à pompe et donc ce quadruple homicide…
  • Oui, mais tu n’as pas agi. Ne t’en fais pas, je connais aussi cette haine, cette vengeance. Après tout, ils ont bien tué ta mère en volant votre famille non ? Chacun récupère les fruits de ses semences.
  • Pourquoi parle-t-on de ça ? Quel rapport a la mort de mes parents et ce rendez-vous ?
  • Aucun, je me contente de lire ton dossier. Suite à ça, tu t’es perdu, tu as erré jusqu’au jour où ton mentor t’a récupéré, et c’est ainsi que tu as repris ta vie en main en devenant banquier… Faisant exprès faire fuir les clients qui s’apprêtaient à signer des contrats plus que douteux.
  • Mon côté rebelle, hausse des épaules Nick.
  • Puis tu as écouté ta copine, aider les gens c’est bien, mais détourner l’argent d’un voleur, c’est encore mieux.
  • J’ai déjà été condamné pour ça, un an au purgatoire, ça grave la mémoire pour l’éternité.
  • C’est le but de mon pénitencier. Et encore, tu as su te défendre, le juge s’est montré clément.
  • Oui, et j’en suis encore reconnaissant aujourd’hui.
  • Cela fait maintenant six années que tu es présent parmi les morts. Tu te plais ici ?
  • Comment ne pas s’y plaire ? Avoue avec enthousiasme l’âme.
  • C’est exactement la même question que je me pose. Tu aimes ta vie ?
  • Oui, je l’adore.
  • Tant mieux, je suis heureux de savoir ça… Sco… Nick… se redresse Lucifer en vidant son verre. Et si je t’avouais que ce monde pourrait disparaître, que répondrais-tu
  • Ce n’est pas possible… Si ?
  • Oui, notre monde reste stable tant que des gens croient toujours en nous, mon père, ses amis, la Mort, Dame Nature, tout le monde, sans parler des livres.
  • Dame Nature existe ? est surpris Nick.

 Lucifer tire un rictus, il apprécie toujours autant quand les âmes découvrent les coulisses du décor dans lesquelles elles vivent.

  • Oui.

 Nick est étonné, mais pas moins heureux d’apprendre cette existence.

  • Mais vu que vous êtes dans les livres, techniquement ce monde ne peut pas disparaître, la Bible, le Coran ou même tout autre livre religieux existe. Donc c’est bon, soulève-t-il avec des gestes.
  • C’est plus compliqué que ça. S’il n’y a plus personne pour lire ces livres, comment veux-tu qu’on existe ?

 L’âme reste stagne, alors qu’il parlait, accompagné de ses mains, il a comme un bug.

  • Ce monde existe parce que les vivants croient en nous, ou du moins un minimum d’une personne, si cette dernière disparaît, c’est fini. Nous deviendrons le Néant.
  • Alors quel est le problème ?
  • Dame Nature et La Mort, la Grande Faucheuse…
  • Elle aussi existe ?! coupe Nick.
  • Oui. La Mort et Dame Nature ont ressenti quelque chose alors que nous étions en réunion avec tout le monde, une âme s’est fait embarquer… Mais nous ne pouvons pas la récupérer.
  • Comment ça ? commence à prendre peur l’âme.
  • Tu sais, j’ai, et je suis toujours sur Terre, la personnification du mal, or, moi je le punis, je ne le suis pas. Certes, je l’avoue, au début j’ai perdu la raison, mais j’étais en colère aussi. Se faire chasser de chez soi, ça fait toujours mal. En revanche, le mal, le vrai, lui, il existe, les ténèbres les plus sombres bordent notre univers et corrompent les âmes humaines malchanceuses pour qu’ils leur servent.
  • Oula, ça commence à être complexe, boit dans son verre l’humble âme.
  • Pour te résumer, une autre dimension parallèle nous colle, et celle-ci est les ténèbres.
  • Quoi !? Les dimensions parallèles existent ?!
  • Oui. C’est amusant à savoir, mais ça peut causer des problèmes. Comme… Comme… Je ne me souviens plus de son nom à rallonge… Comme Jacko le Monstre, sort Lucifer avec des vapeurs d’alcool. Qui veut s’approprier notre dimension. Je l’ai repoussé par le passé avec un Viking et son village, en l’an 1000. Mais je ne l’ai que bouté, moi qui pensais l’avoir banni pour toujours… Le voilà qui revient.
  • Je comprends tout ça, avec un peu de mal, mais je comprends. Alors ma question est : pourquoi vous m’avez demandé ?
  • J’y viens. Avec les autres archanges, nous avons longuement discuté, les anges gardiens ne sont pas capables de ça, ni même les meilleurs combattants. Pour avoir affronté Jacko, il ne faut pas retenir ses coups et le lacérer jusqu’à in aeternum. Pour ça, tout ce qui aura des ailes d’ange dans le dos ne pourra le tuer. Cette tâche demande quelqu’un qui a connu la haine, qui a conscience que son monde peut disparaître. Tous ces anges au Paradis n’arrivent pas à se rendre compte de l’étendue du problème, ils sont dans leur bulle… Alors j’ai réussi à les convaincre, avec l’aide de mes amies, c’est une âme de chez moi qu’il faut.
  • Et pourquoi pas un démon ?
  • Ils sont incontrôlables sur Terre, voilà pourquoi ils ne sortent plus des enfers, que Belzébuth se charge d’eux. À force de punir les damnés, ils sont devenus fous. Je ne peux malheureusement pas leur faire confiance.
  • Alors à quoi vais-je servir ?
  • Voilà pourquoi je t’ai demandé de venir, Nick, tu es choisi pour retourner sur Terre et affronter les ténèbres.
  • Rien qu’ça ! siffle le concerné.
  • Oui, rien que ça.
  • Et pourquoi j’ai été choisi ? Pourquoi moi, alors qu’il y a tant d’autres personnes ?
  • Tu vois ce tas de dossiers ? montre du doigt Lucifer.
  • Oui.
  • On a passé deux mois et demi entiers à les rassembler et les trier. Je n’ai pas fermé l’œil depuis qu’on m’a appris le retour en force des ténèbres, d’où ma dégaine. Avec Angelina, on a tout trifouillé puis on est tombé sur toi. Alors je t’en supplie, ne refuse pas ce pacte.
  • Je pourrais revenir ici ? Chez moi ? Dans le monde des morts ?
  • Autant que tu veux, tant que tu combats les ténèbres.
  • Et j’ai quoi d’autre comme avantages ?
  • Avantages ? Mais tu te moques de moi ? Aller et venir entre les deux mondes ne te suffit pas ?! s’énerve le Diable.
  • Je veux dire, pour combattre les ténèbres, j’aurai quoi à ma disposition ? se rattrape l’âme aux mauvaises habitudes humaines.
  • Tout ce que tu me demanderas, ici nous avons une avancée technologique bien plus grande que sur Terre.
  • C’est pas mal, pense-t-il à voix haute.
  • Alors ?

 Nick tend sa main, Lucifer sort un contrat rédigé sur un parchemin, mais l’âme se retire juste avant de pactiser avec le Diable.

  • Si ! Je veux une chose avant de signer.
  • Quoi ?
  • Je veux que mon père soit libéré des enfers, qu’il puisse vivre ici, et aussi je veux le serrer dans mes bras, comme ma mère que je n’ai toujours pas revue.
  • Sortir un damné n’est pas une mince affaire…
  • Je m’en fiche, si mon père doit encore y rester mille ans, je préfère que notre univers soit détruit.

Bien évidemment, Nick n’en pense aucun mot, mais il impose sa condition, il tente de bluffer avec Lucifer.

  • D’accord… Mais ça va prendre du temps.
  • Non, je veux que ce soit fait maintenant.
  • Oui, je te comprends, mais il y a toute une procédure, les enfers te brisent, te traumatisent, en terminent la peine, personne n’est apte à retrouver une vie normale. Pour ça, il faut qu’on le prenne en charge, qu’un psychiatre le fasse redevenir une âme saine.
  • Alors, enclenchez la procédure.
  • Je tiens à te prévenir, tu ne le reverras pas avant plusieurs années, voire plusieurs décennies si son état mental est plus complexe.
  • Je m’en fiche, tant qu’il commence à sortir, ça me va.

 Lucifer, qui commence à reprendre du poil de la bête, à devenir sobre, donne un coup de genou dans son bureau, ouvrant un des tiroirs. Il rédige sur un parchemin officiel, dans une magnifique écriture, exactement la même que sur la lettre d’invitation à Nick, la libération de Wallace Young.

  • On ira poster ça ensemble, ça te va ?
  • Ça me va.
  • Maintenant, notre véritable pacte. Tu le signes ? pose le roi comme ultime question, retrouvant des couleurs.

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