Chapitre VIII

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 Le son d’une truffe humide passe sur l’oreille du corps vêtue d’un poncho. La proie n’est pas morte, mais, elle est également différente, reconnaît l’animal.

 Nick ouvre un œil, sa pupille complètement dilatée se rétracte. Le flou du réveil disparaît lentement, laissant dessiner une petite silhouette bien dodue blanche à quatre pattes. Les contours se précisent, le renard polaire, incline la tête rondelette d’un air pensif, « Que fait ce terrien ici ? ». En reniflant avec plus d’attention, le renard sent autre chose, ce n’est pas un humain lambda, celui-ci a croisé Dame Nature, une personne familière. Heureux à en pleurer, le renard bleu lèche Nick qui se réveille avec grand mal. Son bras engourdi cherche le paquet de cigarettes que Lucifer lui a tendu. Le bâton entre les lèvres, il l’allume avec le briquet inséré dans ce paquet en carton. Les bienfaits de cette plante s’immiscent en lui, son bassin se soude correctement, sa trachée revient comme à sa naissance, ses douleurs disparaissent, le roi avait raison, ces roulées font des miracles.

 En une cigarette infernale, Nick peut se relever, il s’adosse au mur de gravats. Ses yeux balayent le décor… Une grande salle délabrée avec des gaines de câble électrique qui pendouille, un trou dans le plafond, le sol jonché de débris plus ou moins gros, comme sur l’étage effondré où le postérieur du fumeur repose.

 Son regard se porte sur l’animal assis devant lui, un renard polaire, voire bleu, son pelage blanc est si pur qu’il reflète une légère bleuté. La petite tête aux oreilles rondelettes fixe, de ses yeux perçants cyan, l’humain, elle lit en lui une chose : l’espoir.

  • Comment tu fais pour avoir des reflets bleus alors que l’ambiance est plutôt au vomi acide ? demande Nick.

 Le renard sourit.

  • Tu comprends ce que je dis ?

 La bouille d’ange répond affirmativement de la tête.

  • Eh bah, le don de Lucifer marche encore mieux que ce qu’il pensait.

 Le renard glapit, il reconnaît ce nom.

  • Quoi ? Tu le connais ?

 Il lui répond oui de la tête.

  • Mais tu viens d’où pour le connaître ? Tu viens de la Terre ?

 C’est avec de grands coups de réponse par la tête que Nick comprend, lui aussi s’est retrouvé entraîné ici puis capturé avant qu’il ne s’échappe.

  • Tu as une idée pour sortir d’ici ?

 De joie, le renard tournoie et saute, il n’attend que ça de sortir, mais d’une seconde à l’autre ses deux oreilles s’inclinent vers l’arrière. En bondissant, il se retourne, prêt à charger. Nick se lève, avec une légère douleur lancinante qui stagne, mais il se tient sur ses deux jambes.

 Un groupe de trois monstruosités s’apparentant à des hyènes pointe le bout de leur museau. Elles marchent sur leurs six pattes, de longs piques pointus sur les dos, un peu comme un hérisson, le pelage brun et jaunâtre est clairsemé, laissant la peau pleine de cloques et croûtes à l’air libre. Leur visage ressemble à celui d’une hyène, mais avec la gueule cassée.

 Un dégoût transpire de ces canidés assoiffés de chair fraîche quand on les aperçoit. Nick attrape une barre métallique au sol.

 La première monstruosité, qui se nomme une muava, attaque, elle saute sur le renard tandis que lui se tourne pour parer la charge avec ses pattes arrière. La deuxième bondit en synchro, mais sur Nick, qui lui, l’arrête dans son élan avec sa barre, tel un home run au baseball, lui décrochant la mâchoire au passage, comme si cette bestiole n’était pas assez déformée. La troisième prend elle aussi dans son viseur la proie plus faible, le renard, mais le gibier au poncho l’en empêche. Pendant son saut, Nick lui assène un méchant coup derrière la nuque alors qu’elle à la gueule grande ouverte. Sa vie d’épouvante prend fin pour elle. La première revient à la charge après s’être fait repousser par le renard, mais on lui bondit dessus. L’animal au pelage neigeux sort ses pleins crocs et s’accroche à la gorge de la hyène horrifique, il s’agrippe tellement que plus elle se débat, plus elle ouvre elle-même la plaie qui l’achèvera. Sensible à ce carnage, Nick y met fin avec un coup bien placé de sa barre en métal.

 Il regarde son camarade de bataille, le sang ne colore pas son pelage, au contraire, il perle pour tomber au sol, quoi qu’il arrive, le manteau aux reflets bleutés reste intact. Nick comprend rapidement que ce renard est différent des autres, lui seul va pouvoir expliquer quel est cet univers, et comment s’en extirper. Bien que sa mission soit de combattre les ténèbres, pour lui, son but premier c’est déjà de les bannir de la Terre. Mais comment faire s’ils peuvent passer à volonté par des portails ? Avant même qu’il ne trouve sa réponse, le renard ouvre un chemin, Nick suit son nouveau compagnon, avec une certaine méfiance, dans le monde des ténèbres on ne sait jamais qui demeure bienveillant ou l’inverse.


 Après quelques kilomètres dans un décor citadin désertique, et de longues conversations à demi-sens unique. Nick apprend, ou plutôt comprend avec un jeu de questions-réponses vraies ou fausses, que ce renard vient à la base de la Terre, mais il s’est fait emporter par un Kraagnav, pour son lien avec Dame Nature et sa beauté. Plus les deux compagnons avancent, plus ils entendent de l’animation, les immeubles de béton et de verre semblent maintenant s’éloigner pour laisser place à des bâtiments plus décorés. Mais cette décoration peuplée reste très localisée dans quelques carrefours agglutinés.

 Enfin Nick aperçoit un humain… Du moins ce qui s’en rapproche le plus. Cet humanoïde patibulaire d’un petit mètre cinquante aussi large qu’un tonneau avec ses vêtements cousus de poches bouclés. Avec son lourd sac plein de babioles sur le dos, il découpe une viande plus que goûteuse en passant sa langue sur ses lèvres grassouillettes. Le renard tire le poncho, il vaut mieux qu’il ne se fasse pas remarquer, à chaque fois, les habitants de cette région lui courent après pour le transformer en totem de réussite. Nick encapuchonne sa tête, son visage disparaît derrière l’ombre de celle-ci. Il attrape le renard, qu’il passe sous son poncho. L’animal se retrouve sur le dos de Nick, il regarde depuis le fond de la capuche pour pouvoir guider son camarade qui le porte.

 En dépit du don que Lucifer a offert pour son envoyé, Nick a l’impression de comprendre le renard comme si tous les deux lisent dans les pensées de l’autre.

 La boule de poil dodue montre la route à emprunter, tous deux passent entre les humains morbides de cette dimension qui se volent les uns les autres. La plupart sont habillés avec de beaux vêtements tapissés de poches ainsi qu’un sac, mais leur visage demeure couvert par moment de cloques ou d’eczémas à cause de l’environnement aride. Les canicules de cet endroit peuvent être dévastatrices. En dehors de la peau de cratères et de ces élégants vêtements. Ils achètent à des prix exorbitants leur nourriture, ou le dérobent, pour ensuite se faire voler leur bourse derrière, qui eux-mêmes ont leur argent subtilisé, provoquant ainsi une boucle infinie à s’arracher les cheveux.

 Au coin de la rue, après un carrefour aux allures de marché, une sorte de prison y siège, le renard descend et indique qu’il doit y entrer.

  • Pourquoi je dois aller dedans ? On doit libérer quelqu’un d’autre ?

 Le renard glapit sur un ton affirmatif.

  • Bon… Et je vais y trouver quoi dedans ? D’autres comme toi ?

 En jouant au vrai ou faux, Nick apprend qu’il doit chercher des humains, trois femmes terriennes. Le galopin soyeux file devant les gardes, qui, avare de cette beauté qui pourrait leur rapporter gros, lui courent après. On peut dire ce qu’on veut, mais ce renard n’a pas froid aux yeux.

 Sans entrave, Nick pénètre dans la prison, ce qui demeure étrange d’ailleurs. La geôle est une passoire en termes de sécurité. Il n’y a que les gardiens à l’entrée pour empêcher toute intrusion, mais les habitants de cette dimension s’en cognent complètement des détenus. D’autant plus que ces personnes ont un destin nécessaire pour l’avenir, alors, les Ijikas (habitants d'Ijikota) n’ont aucunement envie de les libérer.

 Nick avance dans les couloirs en pierre, d’un coup l’ambiance n’est plus du tout luxuriante. Ses chaussures claquent d’un son lugubre sur les pavés désastreusement encastrés. En pivotant la tête, il aperçoit trois femmes, complètement affaiblies dans leur cellule, il n’y a qu’elles dans cette prison éclairée à la torche, bien que l’électricité fonctionne à l’extérieur. Elles ont l’air normales, comme lui, un humain sans cicatrice de l’aridité, sans somptueux vêtements à poche.

  • Vous venez de la Terre ? demande Nick.

 D’un coup, trois têtes se relèvent avec vivacité.

  • C’est notre mère qui vous envoie ?
  • Je me suis retrouvé entraîné ici, je cherche à retourner sur Terre.
  • Nous aussi.
  • Parfait alors, comment je fais pour vous sortir d’ici ? Où sont les clés ?
  • Vous ne pouvez pas juste arracher la porte ?
  • Elle est bien accrochée quand même…
  • Ce n’est pas ces pittoresques barreaux qui vont vous arrêter, si ? demande l’une des filles, celle qui a plus d’énergie que les autres.
  • Je veux bien essayer.

 Le sauveur au poncho arrache la porte en barreaux avec une facilité dont il se surprend lui-même.

  • Quoi ? Depuis quand j’ai une super force ? Merci Lucifer, sourit Nick en regardant ses mains après avoir posé la porte.
  • C’est Lucifer qui vous envoie ?
  • En quelque sorte… Sauf que je n’étais pas censé me retrouver ici. Et vous ?
  • On est des filles de Dame Nature.
  • … Quoi ? Ça existe ça aussi ?
  • Ça ne fait pas longtemps que vous avez rejoint les coulisses de la Terre vous ?
  • Exact.
  • Sortons d’ici, ça fait trop longtemps qu’on y est.
  • Alors, le problème, c’est que je ne sais pas comment retourner sur Terre.
  • Seules les horreurs de ce monde savent ouvrir des portails, peut-être qu’il y a un autre moyen d’en ouvrir.
  • On va chercher, déjà, sortons d’ici, ce lieu me met mal à l’aise.

 Les trois sœurs se soutiennent les unes aux autres, elles peinent à marcher. Le renard occupe toujours les gardes, volant au passage des saucisses juteuses. Le petit groupe s’évapore dans une ruelle, le renard les attend déjà à côté d’une poubelle explosée, en train de dévorer son butin.

  • Tu es là toi ? Et les gardes ? Ils ne t’ont pas suivi ?

 Le renard glapit d’amusement, il les a semés sans le moindre souci, c’est un vif d’esprit, ce petit.

 Maintenant, comment ouvrir un portail ? Tel est la question que Nick se pose alors que les trois filles de Dame Nature et son compagnon à quatre pattes le regardent plein d’espoir. D’un coup, l’illumination désespérée dans ce monde d’ombres clignote.


  • Hannah ! hurle-t-il en pleine rue, seul au milieu du carrefour du marché, capuche retirée.

 Tout le monde arrête sa petite vie de marchandages et de vols insatiable, le contrevenant sent des centaines d’yeux se braquer sur lui. Mais tout va bien, il se sent confiant, ou du moins, il essaye, l’ambiance est toujours lugubre avec ces nuages présents depuis qu’il est arrivé.

 La nonne avec les dents en or, chef de ce canton, apparaît devant lui dans une fumée d’ombre dorée.

  • Tu n’es pas mort ? demande-t-elle, déroutée.
  • Les morts ne peuvent plus trépasser, lui répond-il avec un sourire narquois.
  • Tu aurais mieux fait de faire profil bas alors…
  • Si tu m’aides à rentrer chez moi, je pourrais faire profil bas…

 Hannah lui saute dessus, Nick l’esquive, mais la bougresse est rapide, elle l’attrape par son poncho.

  • Elle est douce ta serpillère.
  • Merci chérie.
  • Tu ne vas pas le garder longtemps ce sourire, menace-t-elle.

 Coup de boule, Nick est sonné, elle enchaîne avec un uppercut dans le menton, l’ex-fiancé valdingue pour s’écraser sur le sol poussiéreux. Mais il se relève, lui offrant un tacle dans la jambe droite au passage avant d’enquiller sur un coup de coude dans la poitrine puis dans l’arcade avec l’autre bras en tournoyant. Nick se fait rattraper par un choc dans les côtes. Il se tient devant elle, légèrement cambré, alors que les habitants morbides font des paris sur ce combat gagnant pour la nonne à dix mille contre zéro.

  • Tu es faible… Tu l’as toujours été.

 Hannah lui coince la tête entre ses mains et le frappe avec son front, imprimant la couronne d’or et de saphir jaunes sur Nick. Le trentenaire s’extirpe de la prise en forçant avec ses jambes puis il rebondit, assénant un violent coup dans la gorge, coupant le souffle de la Kraagnav.

  • Faible ? Ou c’est plutôt toi qui voulais une vie de bourge avec cet argent que je détournais à cause de toi ?

 Nick enchaîne, crochet du droit, revers du gauche, la nonne n’esquive pas les coups. Mais elle finit par attraper ses deux poings.

  • Ton problème, c’est que tu n’as jamais vu grand, tu préférais toujours ta petite vie misérable.

 D’un coup, Nick se fait projeter à l’autre bout du carrefour, traversant plusieurs étables. Sa colonne vertébrale se fracasse dans le coin acéré du bâtiment. Il ne bouge plus, il est flasque, collé au rebord.

  • Les morts ne périssent peut-être pas, mais je peux les paralyser.

 Les parieurs retournent vaquer à leurs occupations. « C’était une sacrée idée, de merde, mais une sacrée idée. » se dit le tétraplégique.

 Hannah tend sa main vers le col de Nick, mais le renard protecteur l’agrippe de toutes ses forces. La nonne agite son bras dans tous les sens pour le faire lâcher, mais il tient. Elle finit par le dégager… Sa main ensanglantée va rester marquée pour toujours. Hannah attrape la boule de poil vengeresse qui montre ses plus gros crocs pour le fracasser sur le sol, telle la peluche d’un enfant capricieux. Nick, qui loge paralysé dans le coin devant cette scène, perle une larme, c’est la dernière action qu’il peut encore commettre. Les filles de Dame Nature, toujours cachées dans la ruelle, se terrifient, leur maigre espoir semble retomber en poussière. L’une d’elles implore pour un miracle, cette fille, qu’un Kraagnav a kidnappée il y a quelques mois, prie pour elle-même, bien que personne ne puisse l’entendre, hormis l’entité céleste au poncho.

 Elle prie pour que ses forêts survivent à l’invasion qui se prépare dans les années, elle crie grâce pour que Lucifer ainsi que tous ses autres frères archanges avec Dame Nature et Scynthia repoussent l’assaut qui sera terrible. Elle passe en revue tous les bois qu’elle chérit tant, comme un dernier adieu qu’elle a déjà livré.

 Un souvenir de Nick surgit des profondeurs, cette contrée qu’il a arpentée pendant des vacances, une splendide forêt où il a campé avec ses parents quand il était enfant. Cette nuit étoilée, ce feu crépitant avec les guimauves, tout était parfait, même cette petite fraîcheur nocturne, mais rapidement oubliée par la flamme.

 Tout ça, tous ces décors magnifiques vont finir en poussière à cause de Jacko, d’Hannah et de tous les autres Kraagnav. Son père, sa mère, l’Enfer, toutes ces choses vont disparaître par l’appétit de la conquête, tout va devenir d’une couleur jaune-vert, bancal, avec des arbres sans feuilles, du moins pour ceux qui résisteront.

 Cette douleur que les humains vont subir par sa faute, parce qu’il n’a pas pu lutter, Nick la ressent, elle lui traverse le corps. Son cœur bat, il pompe le sang à une vitesse impossible, la haine irrigue ses veines. Son compagnon à quatre pattes est maintenant couché au sol, il ne respire plus que faiblement. La rage que Nick éprouve lui monte au crâne, une souffrance plus que fatale pour les hommes lui perce le front, comme sa mâchoire dont un goût de sang stagne depuis une minute. Sa colonne vertébrale craque, chaque disque claque, son coccyx lui perfore l’interfessier avec une inflammation à déclencher un infarctus, l’impression que quelqu’un vous extirpe la colonne par le rectum. Ses mains, il a la sensation qu’on lui arrache les ongles, voilà le tourment qu’il ressent, la douleur que l’extinction de l’humanité provoque en lui.

 Hannah se tourne vers lui, victorieuse… Mais… mais ce n’est plus Scott, ni Nick qu’elle a en face d’elle dans le coin, elle a bien pire, quelque chose qui va devenir son cauchemar.

 L’entité infernale se relève sans le moindre défaut, les ongles noircis et pointus, les narines se dilatent dans un souffle très rauque avec un rictus enragé qui laisse entrevoir de belles canines pointues. Hannah fixe les yeux rouges et noirs qu’elle sent à travers les lunettes de soleil, son ex-fiancé n’est plus. Les deux cornes rouge vif recourbées et couvertes de sang affirment ce que veut dire « Pactiser avec le Diable et échouer. », mais pour lui, la marge d’erreur réside à zéro. Un claquement de fouet la terrifie. Ce claquement, c’est celui de la queue fourchue.

  • S… S… Sc… Sc… Sco… Scott… essaye-t-elle de calmer avec ses mains, terrifiée.
  • Scott est mort le jour où tu l’as sacrifié pour devenir cette monstruosité, rétorque la voix rauque.
  • Nick, essaye-t-elle en redevenant humaine.
  • Je ne m’appelle plus comme ça, affirme-t-il avec sa voix diaboliquement terrifiante.
  • Alors comment tu… laisse-t-elle en blanc.

 Le démon réfléchit un instant sans bouger, il repense à cette forêt.

  • Hellwood…
  • Elwood, écoute, on est pas…

 Le démon saute au visage d’Hannah, il la roue de coups. Le démon se défoule si fort, que la route de terre dure en est marquée. La femme, redevenue nonne pour encaisser les coups, réussit à s’échapper de l’emprise. Mais Hellwood bondit avec une vitesse déconcertante, la Kraagnav n’arrive pas à fuir, le démon s’accroche à elle. S’il la lâche, elle peut disparaître, et pour contrer ça, il entoure sa queue fourchue sur la jambe d’Hannah. Son propriétaire comprend qu’elle est extensible, d’un violent choc sur le sol, la nonne mange la poussière. Il ramène la créature horrifique qui s’est envolée sur cinq bons mètres vers lui pendant qu’il se rapproche de la ruelle où sont les filles de Dame Nature. Désespérée, la Kraagnav tente de s’agripper à la terre.

 Hellwood la retourne et se met sur elle, la nonne donne un coup désespéré, l’entité infernale ne bronche pas, comme si ce n’était que du vent. Les griffes, plus acérées que des lames de rasoir, lui lacèrent la figure. Les Ijikas qui peuplent ce carrefour viennent enfin en aide à leur maîtresse. Ils attaquent le démon qui reste concentré sur sa cible, et réussissent à libérer la queue qui enroule la jambe d’Hannah. Elle tente de s’enfuir et commence à disparaître dans sa fumée ocre. Mais la queue fourchue, d’un coup de bassin, trace son chemin, telle une flèche, et cette flèche démonique transperce l’épaule gauche de la nonne. Un hurlement de douleur retentit, les habitants de ce carrefour en sont sonnés, mais pas Hellwood, bien que ses oreilles saignent, la haine le fait résister.

 Un portail s’ouvre derrière lui.

  • Rentre chez toi, vocifère Hannah.

 Son ex-fiancé diabolique ne bouge pas.

  • C’est ta seule porte de sortie pour retourner sur Terre. Soit tu restes ici pour toujours, soit tu rentres chez toi.

 Les trois filles de Dame Nature profitent de cette occasion trop belle pour sauter dedans, le portail étant juste devant leur nez.

 Hannah hurle d’impuissance, elle ressent les filles passer à travers, mais elle ne peut pas le désactiver tant qu’un voyage est en cours, ce dont les anciennes captives savent. Hellwood se tourne vers le renard qui a rampé tant bien que mal vers la ruelle, il l’agrippe, puis saute en arrière dans ce portail double face, maintenue ouvert par l’une des prisonnières. En plongeant à travers, il fusille du regard son ex-fiancée, Hannah, la seule femme qu’il a tant aimée en dehors de l’amour maternel… Et comme tout bon ex-conjoint, il lui laisse un cadeau indélébile, la fourche bien accrochée derrière l’épaule se retire avec violence… Hellwood arrache le bras gauche de la nonne, de cette Kraagnav.

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