Il y a des jours où je me surprends encore à attendre. A tendre l’oreille comme si son nom allait résonner quelque part, comme si un message aillait surgir de nulle part pour dire « Je suis là, je pense à toi. »

Mais rien. Toujours rien. Juste le vide qu’il a laissé.

Je me demande s’il pense à moi ne serait-ce qu’une seconde. Si dans son isolement, son enfermement, il repense à ce qu’on a vécu. A ce qu’on a partagé. A ce qu’il a brisé. Ou si, comme tout le reste, il m’a effacée aussi. Rayée. Remplacée par autre chose, un autre mensonge, un autre décor.

Je reviens sans cesse sur les mêmes scènes. Comme un film qui repasse encore et encore sans jamais s’arrêter. Cette nuit-là. Ce regard. Cette présence. Et aujourd’hui ? Il n’y a plus que des souvenirs, entassés, confus, qui s’entrechoquent et me bousillent un peu plus à chaque fois.

J’aimerais pouvoir lui hurler tout ce que j’ai sur le cœur. Le confronter. Lui balancer à la gueule tout ce que j’ai retenu.

Mais je suis là, enfermée dans le silence qu’il a laissé. Dans ce flou qu’il a semé. Et je n’ai que mes mots pour panser ce que lui, il ne viendra jamais réparer.

Il m’a laissée avec des fragments de vérité, des morceaux d’une histoire que je n’ai pas choisie. Et même si je déteste ce qu’il a fait, même si je déteste ce qu’il est devenu, je ne peux pas m’empêcher de ressentir quelque chose.

Pas de l’amour.

Pas du pardon.

Mais ce mélange étrange entre colère, tristesse et attachement brisé.

C’est dur à expliquer.

Mais il est encore là.

Sans être là.

Et je continue, chaque jour, à recoller les morceaux qu’il a éclatés sans prévenir.