Avec ou sans toi
Ce n’était pas un hasard, je le sais.
Il n’y a jamais eu de hasard dans notre histoire.
C’était écrit quelque part, loin, très loin d’ici.
Avant même qu’on mettre un pied sur cette terre, avant même qu’on prenne forme.
Nos âmes s’étaient déjà trouvées.
Peut-être dans une autre vie.
Peut-être dans un autre corps.
Mais elles se reconnaissaient, c’est sûr.
Quand je repense à ce moment-là, à cette première nuit…
Je comprends que quelque chose s’est aligné, comme un point de rendez-vous qu’on n’a pas vu venir, mais qu’on n’aurait pas pu manquer.
On s’est assises à côté de lui comme si c’était naturel.
Et lui, il était là.
Comme s’il nous attendait.
Comme s’il me reconnaissait aussi.
Je l’ai senti en moi.
Pas son corps. Son âme.
Je l’ai senti dans mes tripes, dans ma poitrine, dans cet endroit que personne n’avait touché avant lui.
Et ce lien… il ne s’est pas noué dans le visible.
Il s’est tissé ailleurs.
Dans l’invisible.
Dans l’étrange.
Dans ce qu’on appelle les « liens d’âmes » parce que c’est la seule chose qui pourrait expliquer une attache aussi puissante et aussi destructrice à la fois.
Mais aujourd’hui… ce lien, je le ressens encore, différemment.
Il ne m’attire plus.
Il me tire.
Il me brûle, parfois.
Il me dérange.
Il me parle.
Comme un fil qu’on ne peut pas couper, même quand on veut.
Même quand on sait que c’est toxique.
Même quand on hurle qu’on en a marre.
J’ai beau me débattre, fuir, oublier, détester…
Il y a une partie de moi qui ne cesse de tendre la main vers ce lien, comme si je devais encore y apprendre quelque chose. Comme si mon âme n’avait pas fini de comprendre. Comme si c’était une étape, un passage, une épreuve spirituelle aussi forte que douloureuse.
Et je me demande parfois… est-ce qu’on était censés se guérir ? Ou juste se briser pour renaître autrement ? Est-ce que nos âmes s’aimaient, là-haut, pendant que nos corps se déchiraient ici ?
Ou est-ce que c’était juste moi ? Juste moi, qui ai tout ressenti ? Et lui… juste une coquille vide ?
Un canal pour faire remonter toutes mes blessures que je cachais trop bien.
Aujourd’hui je suis en miettes, mais des miettes qui veulent recoller autre chose.
Pas lui.
Pas nous.
Moi.
Mon âme à moi.
Celle qui a aimé trop fort.
Celle qui s’est brûlée.
Celle qui a cru.
Celle qui croit encore, mais différemment.
Je ne veux plus te retrouver, toi.
Je veux me retrouver, moi.
Et si ce lien ne se coupe pas, alors qu’il me serve.
Qu’il me guide.
Qu’il me libère.
Qu’il me transforme.
Parce que j’en ai assez de survivre à ce qu’on aurait pu être.
Je veux vivre.
Pour de vrai.
Même sans toi.
Surtout sans toi.
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