Souvenirs de toi
Parfois, j’ai l’impression que tu n’as jamais existé. Que je t’ai rêvé de toutes pièces, façonné avec mes besoins, mes manques, mes fissures. Comme si tu avais été une réponse temporaire à quelque chose d’immense que je ne comprenais pas encore.
Mais les souvenirs sont là, ils tiennent bon. Ils ne veulent pas disparaître.
Ton odeur sur certains vêtements.
Ta voix dans un vieux vocal que je n’ose plus écouter.
Ton prénom dans ma gorge quand je me retiens de parler de toi.
Tu es devenu une présence absente, un poids que je porte même quand je fais semblant d’avoir tourné la page.
Mais la page, je la relis en boucle.
Je souligne les silences, les gestes ambigus, les regards que j’ai trop analysés.
Et je m’accroche à cette version de toi qui n’existe peut-être plus.
Ou qui n’a jamais existé sûrement que dans mes yeux.
Tu sais ce qui est fou ?
Je ne t’en veux même plus de ne pas être celui que j’ai cru voir. Je m’en veux juste, à moi, de t’avoir tant laissé entrer.
Sans clés.
Sans conditions.
Sans garde-fou.
Et me voilà, 60 jours plus tard, en train de t’écrire comme on écrit à un fantôme. Peut-être parce que quelque part, c’est ce que tu es devenu.
Un fantôme qui me connait trop bien pour que je l’oublie.
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