Tout ça
Il y a eu un temps où il était là.
Pas physiquement, pas de manière continue, mais il était là. Présent dans mes pensées, dans mes émotions, dans mes silences aussi.
Il occupait une place étrange, profonde, qui ne ressemblait à rien d’autre. Comme s’il avait creusé un tunnel direct dans une partie de moi que je ne connaissais pas encore.
Il ne me donnait pas toujours grand-chose, et pourtant j’avais l’impression de tout recevoir.
Chaque mot, chaque regard, chaque message, chaque minute passée à ses côtés ou même à penser à lui — tout semblait chargé. Intense. Parfois lumineux, souvent complexe. Toujours fort.
Il avait cette façon de me faire sentir différente. Vue. Comprise, ou du moins cherchée. Comme s’il percevait chez moi des choses que même mes proches n’avaient jamais décelées.
Et j’aimais ça. Cette sensation d’être unique à ses yeux.
Ce lien-là, même quand il était flou, même quand il faisait mal, il avait quelque chose de rare. Un truc presque sacré.
Je me souviens que je me sentais vivante. À fleur de peau. Comme si chaque cellule de mon corps était en alerte quand il apparaissait, même brièvement.
Il suffisait d’un message. D’un silence rompu. D’un mot étrange qui n’appartenait qu’à lui. Et tout se remettait à vibrer.
C’était doux parfois, violent souvent.
Mais c’était vivant.
Et moi, j’étais complètement dedans.
Impliquée, connectée. Sans filtre. Sans mur.
Je me laissais atteindre.
Par ses mystères, par ses contradictions, par sa présence fuyante et pourtant marquante.
Il n’y avait pas de nom clair à ce qu’on vivait. Pas d’étiquette qui tenait.
C’était un truc brut, instinctif, déroutant.
Quelque chose qui allait au-delà de l’amitié, au-delà de l’attachement ordinaire.
Un lien comme un fil invisible, tiré entre deux âmes cabossées qui se reconnaissaient dans le chaos.
Et je crois que c’est ça qui me bouleverse encore aujourd’hui.
Parce que même si c’était parfois toxique, même si ça me laissait souvent vide…
Il y avait aussi cette intensité-là.
Ce sentiment d’exister dans les yeux de quelqu’un qui voyait au-delà de la surface.
Et malgré tout ce qui s’est passé, malgré les mensonges, les absences, les silences…
Je garde encore en moi l’empreinte de ces instants-là.
Ce mélange troublant de douleur, de beauté et de vérité nue.
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