Kael referma doucement la porte derrière eux, laissant l’obscurité et le silence envelopper la bibliothèque. L’air était chargé d’un parfum ancien, un mélange de papier jauni et de secrets oubliés. Lys sentit ses doigts effleurer les reliures des livres, chacune semblant vibrer d’une énergie douce, presque vivante.

« Ces livres sont des fragments de vérité, » expliqua Kael, sa voix à peine un souffle. « Ici, on consigne ce que les lumières ne peuvent pas montrer. »

Lys plissa les yeux, intriguée. « Tu parles de la vérité derrière la lumière ? »

Il hocha la tête. « Oui. La société célèbre la tristesse parce qu’elle est visible, tangible. Mais il y a des émotions que la lumière ne révèle pas. Le silence, la peur, l’espoir… Ces nuances se perdent. »

Une inquiétude nouvelle s’insinua en Lys. Tout ce qu’elle avait toujours ressenti, cette absence de couleurs sur sa peau, n’était pas une malédiction, mais un message. Un appel à voir au-delà des éclats.

Soudain, un bruit sourd retentit derrière eux. Lys sursauta. Kael fronça les sourcils.

« On n’est pas seuls, » murmura-t-il.

Une silhouette apparut dans l’ombre, une femme à la peau éclatante de bleu profond, les yeux ardents comme des flammes. Son regard traversa Lys avec une intensité glaciale.

« Voilà la défectueuse, » lança-t-elle, sa voix tranchante comme un éclat de verre.

Lys sentit un frisson. Elle connaissait cette accusation, ce rejet. Mais aujourd’hui, elle n’était plus seule.

Kael se plaça devant elle, défiant la femme du regard.

« Elle est plus que ce que vous pensez. Et ce que vous refusez de voir pourrait bien changer tout Chromalys. »

Un silence pesant s’installa, chargé d’une promesse et d’une menace.