ÉPISODE 12 : EXTASE BIONIQUE (ATHENA)

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L’officier, imperturbable, sut exactement ce qui venait de se passer, sans même regarder. Mais il ne broncha pas.

Il me donna simplement l’ordre, net, précis : — Soldat. Saute au-dessus. Vise le noyau. Transperce.

C’était une manœuvre de haut niveau. À travers le blindage ?

En anticipant la difficulté, je commençais déjà à me figer. Il le remarqua. Alors il s’approcha. Me fixa droit dans les yeux.

— Soldat. Il n’y a que les combattants de votre espèce qui peuvent exécuter une frappe de cette intensité. Vous êtes la seule, dans tout ce bataillon. Allez-y. Moi, je vais tourner autour pour le distraire.

Le temps s’étira. Tout s’effaçait, sauf mon cœur. Ma gorge était sèche. Ma tête vide.

À quoi bon me demander si je peux le faire, puisque je n’ai pas la réponse ? Je dois agir. Pour le meilleur ou pour le pire. Mais je dois agir.

Inconsciemment, je savais que je fuyais la douleur, le choc du déploiement qui déchire la chair. Et ça, c’était une erreur. Une erreur qui finirait par me tuer, dès que j’hésiterais. Je devais plonger plus profond que la peur.

À peine cette pensée atteignit mon cœur — mes tripes — que mes membres télescopiques se déployèrent, sans conscience.

Un mouvement pur. Mécanique.

Je ressentis un sentiment d’extase au fur et à mesure que je m’élevais dans les airs, formant cet arc parfait.

J’exécutai l’hyper-saut. Je traversai le ciel. Mes lames verticales se mirent en place, et je retombai au centre exact de la coupole.

Frappe. Cisaillement. Silence.

La machine fut anéantie d’un seul coup. L’impact avait plié l’alliage comme une canette cabossée.

C’était donc de ça que l’officier Cindy parlait…

Le Serpent me rejoignit pour achever ce qui restait. Il hocha la tête, et dit simplement : — Beau travail, soldat. Vous êtes la preuve vivante qu’on a encore besoin d’Araignées dans nos rangs.

En quittant le simulateur, j’étais ailleurs.

Dans la douche, je regardais mes jambes. Les cicatrices étaient encore fraîches. Les lames, en sortant, avaient déchiré la chair.

Les sillons dans mes cuisses s’étaient refermés, à l’endroit exact où l’os de métal noir s’était ouvert pour se déplier.

La peau gardait des traces sinueuses. Rouges. Pures. Comme si le métal avait laissé sa mémoire.

Je n’avais pas mal. J’étais songeuse.

Il y avait tant de puissance, dans cette technologie. J’avais transpercé une coupole d’alliage renforcé de quinze centimètres. Et ce n’était que le début.

L’excitation me gagnait. Le lino de la caserne ne me paraissait plus froid. Ma couverture rêche semblait douce.

Je m’endormais, le cœur comme une braise ardente.

Et pourtant, dans un repli de mon crâne, une question s’était logée : à quoi allais-je ressembler, si j’y prenais goût ?

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