Quand on Ouvre la Porte
Les professeurs demandèrent à tous les élèves de se préparer. On ouvrit la porte au bout du couloir. Chacun se positiona, son arme dans la main, et attendit. Ils étaient dehors. Des centaines de Créatures commencèrent à encercler le complexe. Personne ne bougeait ni ne parlait, la tension était palpable. Puis soudain, la vague de Créature déferla.
Des centaines de corps massifs recouverts d'une carapace formée de plaques noir d'encre et aux deux yeux violets grand ouverts se mirent en mouvement simultanément en direction des novices combattants, crachant leurs rayons multicolores.
Les professeurs et quelques élèves, dont Ju, se placèrent en première ligne. Les Créatures les atteinrent finalement. Ce fut une explosion de rayons lumineux, de corps noirs et d'armes scintillantes. Le soleil levant reflétait chaque partie du corps de leur ennemi. Dans cette mêlée resplendissante, déjà s'effondrent les premiers corps. Des corps massifs avec des balles qui crevaient leur cou. Ça et là, une lame s'abattait et s'enfonçait entre deux plaques pour mettre fin à une vie. Mais les victimes n'étaient pas que d'un seul côté. Quelques élèves étaient déjà tombés sous les coups et leurs corps déchiquetés ne bougerait plus.
Partout, les combats faisait rage. Ju tentait d'attaquer le plus d'assaillants possibles. La première ligne était submergée et une bonne partie des Créatures parvenaient à passer entre les mailles de leur filet. Ju enfonça sa lame sanglante dans le gosier d'une Créature puis se baissa à une vitesse surnaturelle pour éviter un rayon la visant qui alla toucher un autre attaquant. Elle ne réfléchissait plus réellement à ce qu'elle faisait. Son instinct de survie avait reprit le dessus et elle laissait son corps se débrouiller. Elle avait arrêter de compter combien de corps elle avait fait tomber, combien de vie elle avait prises.
Elle regarda un instant autour d'elle. Le sol était recouvert de masse noires et de silhouettes humaines. Même si elles étaient décimées, les Créatures ne fuyaient pas. Bon nombre d'élèves étaient encore debouts. Mais pas tous. Elle se mordit la lèvre. Elle savait qu'elle ne pourrait pas tous les sauver, mais elle aurait espérer... Un rayon passa à quelques centimètres de son visage. Ce n'était pas le moment de penser à ça ou elle ferait partie de ceux qui ne se relèverait pas ! La Créature qui l'avait attaquée chargea et la roua de coups qu'elle para sans trop de difficulté. Soudain, son esprit s'égara. Une vague de souvenir la submergea.
« Non, pas maintenant ! » pensa-t-elle, mais c'était déjà trop tard.
Les images de sa vie à la Ville défilaient dans sa tête. Elle en voyait les couloirs, les gens, les Créatures. Elle revit son frère, et son cœur se tordit de tristesse. Puis elle vit sa mère. Ses lèvres bougeaient. D'abord, elle ne comprit pas ce qu'elle disait. Puis les mots se firent plus clairs dans son esprit. « Julie, Julie », elle l'appelait.
Il avait suffit de ces quelques secondes de distraction à la Créature pour reprendre du poil de la bête. Ju eut à peine le temps de reprendre ses esprits, que l'immense masse noire plongeait déjà sur elle et lui mettait un coup beaucoup plus fort que les précédents dans le ventre, puis dans la tête. Sa vue se troubla, elle vascilla. Dans un minime instant de lucidité, elle eut le temps de prononcer un mot : « Papa ». Elle s'effondra, le noir l'envahit, puis plus rien.
Ju avait mal partout. Elle était allongée, mais sous elle, le sol était dur et glacé. Elle ouvrit difficilement les yeux avant de se relever très lentement. Ses jambes tremblaient. Elle observa autour d'elle. Cet endroit ne lui disait absolument rien. Elle se trouvait dans une salle ronde. Le sol était couvert d'un carrelage de carrés blancs et noirs alternés. Les murs étaient d'un blanc immaculé. Quand elle leva la tête, elle fut surprise de voir que le plafond semblait fait de nuages, blancs eux aussi. Elle observa la pièce plus attentivement à la recherche d'une issue. Elle vit deux portes à l'opposé l'une de l'autre. Elle s'approcha de la première.
Elle était blanche et un panneau accroché dans une symétrie parfaite indiquait « Rédemption ». Elle ouvrit la porte. Une brume blanche entra dans la pièce. Elle distingua un chemin de pierres – blanches – dont les deux côtés étaient garnis de buissons de fleurs. Tout semblait pâle et doux ici. Mais son instinct lui disait que ce n'était pas ce qu'elle souhaitait.
Elle s'approcha de la seconde porte. Celle-ci était noire, rongée par les mites et la poignée semblait cassée. Elle tira sur le battant qui céda et s'ouvrit en un grincement phénoménal. Devant elle, il n'y avait rien. Juste un trou noir, profond, très profond. Avant de pouvoir changer d'avis, elle prit sa décision. Elle sauta dans le gouffre sans fin. Ju se sentit tomber, tomber, pendant des heures, des jours peut-être même. Elle vit venir l'impact et se raidit. Son corps heurta enfin le sol et une douleur indicible se répandit en elle.
Elle ouvrit les yeux. La douleur enflammait chaque partie de son corps. Elle vit une silhouette humaine s'approcher d'elle. Elle plissa les yeux et reconnut l'infirmière qui s'était tant occupé d'elle. Elle semblait soulagée.
- Que s'est-il passé, parvint-elle à articuler alors que la douleur s'estompait
Madame Charings sourit tristement avant de répondre :
- Une Créature t'a ammenée à nous. Elle nous a demandé de te sauver. Juste après cela, elle s'est enfuit en direction de la Ville. Tu as une idée de ce qui l'a poussé à faire ça ?
- Je crois... que c'était mon père.
Elle lui raconta ses souvenirs revenus. Elle lui expliqua également son étrange rêve avant de se réveiller. L'infirmière lui expliqua qu'elle était restée inconsciente pendant près de deux jours et qu'elle commençait à se demander si elle se réveillerait jamais. Lorsque Monsieur Griner vint lui rendre visite, la jambe cassée, elle dût le lui raconter de nouveau.
- Julie, hein ? fit-t-il, c'est joli comme prénom
Elle sourit timidement, avant que l'infirmière ne le mette dehors en lui disant qu'elle avait besoin de repos après de telles blessures.
Elle lui expliqua comment s'était passée la fin des combats, comment les dernières Créatures avaient fuies devant cette défaite sans précédent, comment tous s'étaient effondrés de fatigue et de soulagement. Mais comment il avait fallu transporté les morts également.
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