L'infirmière
Les yeux de Ju s'ouvrirent et elle se releva violemment. Elle était encore à bout de souffle après cette bataille contre elle-même. Elle regarda sa sauveuse. L'infirmière, Madame Charings, était juste à côté d'elle.
- Merci, envoya-t-elle à l'une des seules personnes qui savaient pour son don
- Pas de quoi, répondit la jeune femme qui semblait soulagée de la voir réveillée, tu permet que je te pose quelques questions ?
Elle hocha la tête. Même si elle était fatiguée, elle lui devait des explications.
- Que s'est-il passé ?
- On a dû se battre en sport. J'ai laissé mon cerveau utiliser sa force pendant une seconde, puis je l'ai enfermée. Mais elle est revenue à la charge et elle m'a attaquée.
- Et elle a réussi à prendre le contrôle un court moment, n'est-ce pas ? Demanda l'infirmière avec un regard inquiet
- Oui, j'ai baissé ma garde un instant en voyant monsieur Griner, et elle en a profité.
- Mais pourquoi étais-tu complètement en transe ? Ça n'est jamais arrivé avant !
- Nous nous sommes battues, donc il n'y avait plus personne aux commandes. Du coup, mon corps s'est mis sur pilote automatique. Mais j'ai réussi à la renfermer véritablement dans sa cellule heureusement.
Madame Charings hocha la tête, regardant toujours la jeune fille dans l’œil.
- Tu m'autorises à vérifier ton autre œil, demanda-t-elle pleine d'espoir, pensant que peut-être cette bataille l'aurait faite changer d'avis
- Désolée mais...
- Mais, pourquoi posez-vous toutes ces questions si elle ne vous répond pas, l'interrompit sans le savoir son professeur, qui n'y comprenait certainement rien.
L'infirmière le regarda de travers, puis reporta son attention sur la jeune fille.
- Tu ne lui a pas dit ? Demanda-t-elle
Elle secoua la tête.
- Tu m'autorises à lui expliquer ?
La jeune fille réfléchit. N'était-ce pas se mettre encore plus en danger qu'elle ne l'était déjà ? Elle finit cependant par acquiescer prudemment. L'infirmière porta son regard sur l'homme lui expliqua tout.
- Est-ce que je peux retourner dans ma chambre ? demanda la jeune fille lorsqu'elle eut fini
- C'est hors de question, rétorqua l'infirmière, tu te reposes ici ce soir, et on verra demain matin ! Je ne veux pas que ça recommence alors que tu es encore dans cet état !
Apparemment la discussion était close. Morg vit le jeune fille afficher une expression de résignation et s'allonger dans le lit blanc.
Les deux adultes sortirent et restèrent pendant un certain temps à discuter dans la salle d'attente de l'infirmerie. Morg avait beaucoup de questions en tête, et la jeune femme eut la gentillesse de répondre à la plupart d'entre elle.
- Ça lui arrive souvent ce genre de choses, demanda l'homme
- C'était devenu plus rare, mais il faut croire que votre arrivée a compliqué les choses, fit-t-elle avec un regard réprobateur
- Mais qu'est-ce qui lui est arrivé au juste ?
- Je ne sais pas exactement. C'est Monsieur Fidz qui s'occupait d'elle quand ça arrivait avant. Il m'a expliqué comment la réveiller, mais pas les raisons de ses problèmes...
- J'imagine que ce genre de problèmes est normal ici, fit Morg en hochant la tête
- Pas tant que ça, mais d'où arrivez-vous au juste ?
- J'ai été transféré d'un centre d'Entraînement, au Sud, et je suis arrivé il y a peu. Il leur manquait un professeur après les problèmes qu'a eu Monsieur Fidz.
L'infirmière sembla surprise par cette révélation. Elle n'en avait sûrement pas entendu parler. On ne lui parlait pas souvent de grand chose à vrai dire.
- Mais, c'est normal que son œil change de couleur, s'enquit Morg
- Pas exactement, non. C'est le seul cas que j'ai jamais vu... expliqua la jeune femme
- Et vous avez déjà vu son autre œil, interrogea-t-il avec curiosité
- Jamais. Je crois que le seul qui l'ai jamais fait soit Fidz.
Morg était assez déçu, il pensait qu'elle saurait sûrement...
- Vous n'avez jamais essayer de regarder pendant son sommeil ? demanda-t-il, intéressé
- Mais qu'est-ce qui ne va pas chez vous ? Vous êtes suicidaire ? On ne s'attire pas les foudres des élèves ici, et on ne détruit pas leurs secrets sans leur accord ! Ce n'est pas une dictature, et chacun a le droit de cacher ce qu'il veut !
Morg leva les mains en l'air en signe de résignation. L'infirmière mit fin à la discussion et accompagna Morg jusque dans le couloir, avant de repartir voir Ju, ou du moins le supposa-t-il. Il retourna dans sa chambre et prépara ses cours du lendemain.
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