les Ruines

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Ju ne savait pas exactement depuis combien de temps elle courait. Plusieurs heures peut-être. Elle ne pouvais même pas savoir où était Panaam, le complexe invisible. Les larmes coulaient le long de ses joues rougies par l'effort. Elle était fatiguée, aussi bien physiquement que mentalement. Mais elle savait qu'elle ne pouvait s'arrêter dans un endroit si exposé. Elle décida d'essayer de retrouver les Ruines. Après tout, c'était sa seule option. Elle y arriva pendant la nuit et s'arrêta dans une maison pas trop détruite, qui ne risquait pas trop de s'effondrer sur elle.

Elle s'assit contre un mur et leva la tête. À travers le plafond en partie détruit, elle vit la lune, pleine et scintillante. Tout ici était si silencieux, si pur. Ça changeait vraiment de Panaam. Elle explosa en sanglots. Mais qu'avait-elle fait ? Pourquoi le sort s'acharnait-il contre elle, encore et encore ? Elle laissa jaillir sa tristesse des abîmes les plus profondes de son cœur, et se laissa pleurer jusqu'à l'épuisement, avant de s'endormir dans le froid de la nuit de dehors.

Quand elle se réveilla, elle sentit ses yeux encore gonflés par les pleurs incessants. Elle entendit son ventre gargouiller. Elle n'avait rien pris à manger en partant. Elle ne savait même pas où aller. Elle savait pertinemment s'être condamner à mort en s'enfuyant de la sorte. Mais elle reprit espoir. Elle s'en était déjà sortie il y a onze ans. Pourquoi serait-ce différent à présent ?

Elle allait sortir lorsqu'elle entendit du bruit dehors. Son instinct lui souffla de rester cachée. Cette fois-ci, elle décida de l'écouter. Elle reconnut sur les murs l'ombre surnaturelle de ceux qu'elle avait côtoyés pendant plusieurs années. Des Créatures. Elles étaient à seulement quelques mètres d'elle. Automatiquement, elle bloqua sa pensée et sa respiration, le tout sans bouger. Elle vit les ombres s'éloigner. Elle devait absolument partir des Ruines !

Tout en restant sur ses gardes, elle s'approcha de ce qui avait un jour été la porte d'entrée de la maison. Elle passa furtivement la tête dehors, vérifiant que les ombres étaient bien parties. Elle sortie en toute discrétion et commença à remonter la rue, frôlant les murs. Soudain, un grand fracas retentit derrière elle. Elles l'avaient vue ! Elle se cacha en vitesse dans une rue secondaire et posa la main sur le poignard qu'elle portait toujours caché à sa ceinture depuis qu'elle était enfant. Elle recula prudemment, scrutant l'entrée vers la rue principale. Une forme noire apparut et entoura la tête de la jeune fille. Elle se débattit et, poignard en main, frappa le point faible de son adversaire : le cou. La bête se retira en émettant de puissants hurlements. Ce n'était pas bon du tout ! Il prévenait ses camarades. Elle courut en sens inverse de la veille dans la ville, et dans le désert. Des rayons bleus et verts la frôlaient sans arrêt. Tout ressemblait tellement à son aventure d'il y a onze ans.

Mais cette fois, elle était prête à se battre. Elle avait grandi. Elle courut de plus en plus vite, en direction de Panaam, suivant les traces de pas qu'elle avait laissées dans le sable. Quelle idiote ! Bien sûr qu'ils avaient su que quelqu'un était là !

Elle se rapprochait dangereusement de Panaam, exténuée, mais les Créatures continuaient de la courser sans paraître le moins du monde fatiguées. L'une d'elle se rapprocha de Ju. Les rayons lumineux avaient cessés, comme pour éviter de toucher l'un des leur. Elle s'arrêta soudain, soulevant un gros nuage de poussière, très vite imitée par son poursuivant à quelques mètres d'elle. Elle avait, semblait-il, distancé les autres. Son poignard toujours bien en main, elle se mit en position de combat, attendant l'arrivée de son adversaire. Celui-ci utilisa la poussière à son avantage et se dissimula dans le nuage, avant de surgir derrière la jeune fille. Mais cette-dernière avait anticipé le coup et s'écarta à temps. Puis elle frappa le corps massif avant qu'il ait eu le temps de se retourner vers elle. L'arme resta un moment coincée dans la nuque de la Créature, qui s'effondra au sol.

Mais déjà les autres poursuivants la rattrapaient. Elle ne pouvait plus compter sur la surprise. Et ils étaient trois cette fois. Elle attrapa le poignard et se remit à courir. Un rayon passa un peu trop près de sa jambe droite, brûlant la peau et laissant la chair à vif. Elle laissa échapper un cri de douleur. Les Créatures se rapprochaient rapidement d'elle maintenant, ça ne servait plus à rien de courir. Elle s'arrêta de nouveau, reprenant une position de combat. Comme si son cas n'était pas assez désespéré, les trois assaillants décidèrent de l'encercler.

Les trois silhouettes massives l'attaquaient toutes en même temps, si bien qu'elle ne pouvait toutes les parer. Elle reçut coup sur coup dans l'abdomen et son souffle était de plus en plus en court. Elle agrippa fermement son arme dans sa main droite. Au moment où une Créature attaqua son cou, elle esquiva et en profita pour planter l'arme tranchante dans le thorax du monstre. Elle retira son unique chance de survie du corps avant qu'il ne tombe à terre et retourna son attention aux deux ennemis qui lui restaient. L'un d'eux pointa un rayon sur elle. Elle se baissa le plus vite qu'elle pu et vit la Créature qui se trouvait dans son dos se désintégrer sous l'impact. Cette arme était meurtrière même pour les Créature elles-même ? Elle l'avait vraiment échappé belle !

Elle se remit sur ses pieds et décida que le meilleur moyen de s'en tirer était à présent d'attaquer. Elle frappa sans répit son adversaire, tantôt avec son poignard, tantôt avec son poing nu. Cependant le corps noir ne resta pas sans bouger en attendant sa défaite et contre-attaqua avec encore plus de puissance que ses camarades tués. Il heurta sa tête dans un bruit mat.

« Ne t'arrête pas », l'encouragea une voix alors que sa tête semblait sur le point d'exploser de douleur, « je suis la seule autorisée à te détruire »

La seule bonne nouvelle était sûrement que son autre elle n'essaierait pas de prendre le contrôle pour le moment.

Elle empoigna le manche de son poignard si fort qu'une marque blanche se forma sur sa paume droite. Puis elle visa le cou de la Créature. Celle-ci anticipa le geste et attrapa son poignet, s'emparant de l'arme. Puis elle frappa, atteignant la jeune fille dans l'abdomen, avant de reculer. Ju tomba à genoux, regarda le sang couler de son propre ventre. Elle retira l'arme sanglante de la plaie, se tenant toujours le ventre. La douleur envahissait les moindres pores de sa peau, et l'adrénaline montait en elle comme si la souffrance représentait pour elle une drogue. Elle allait mourir de toute façon, alors pourquoi ne pas emporter son adversaire avec elle tant qu'elle y était ? Elle se releva avec peine, et de nombreuses grimaces s'enchaînèrent sur son visage. Elle leva des yeux brûlant de haine et de détermination vers la Créature. Celle-ci n'attendit pas plus longtemps et attaqua. Quelle erreur, pensa-t-elle. Usant du même stratagème que pendant son premier combat, elle esquiva l'attaque et enfonça la lame ensanglantée dans le cou du monstre. La Créature expira une dernière fois, avant de s'effondrer à terre, inanimée.

Ju repris en marchant le chemin de Panaam. Elle se demandait elle-même comment elle avait fait pour tenir si longtemps. Elle espéra que la mystérieuse force qui l'habitait subsisterait jusqu'à ce qu'elle atteigne le complexe. Elle marcha longtemps, sans savoir réellement combien de temps. Quand elle aperçut enfin l'enceinte invisible de Panaam, elle poussa un soupir de soulagement. Elle s'approcha de l'endroit où était supposé être la porte en fer et la toucha. Celle-ci devint visible à sa vue. Et comme il y a onze ans, elle frappa sur les lourds battants. Elle sentit que sa vue se brouillait. Elle ne tiendrait plus très longtemps. Elle sourit en voyant ce visage féminin familier lui ouvrir la porte. Mais le visage soulagé qu'elle affichait ne tarda pas à se muer en regard anxieux lorsqu'elle vit l'état de la jeune fille. Sa vue devint complètement noire et elle lâcha enfin l'arme qui lui avait sauvé la vie. Et en tombant, elle se sentit aspirée par l'inconscience. Juste avant qu'elle ne parte totalement, elle entendit crier son nom. Puis plus rien.

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