Chapitre 8

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***Kirk POV.

Le lendemain. La porte du turbo-lift s’ouvre, j’arrive sur la passerelle avec Bones et son arcade réparée. Nous venons juste de prendre le petit déjeuner. L’équipage est déjà là, en action. Mais surprise, nos jeunes passagers sont là aussi, face au mur, tournés contre le mur.

« Au coin, à cette heure ci ? Qu’est-ce que vous avez fabriqué ? »

Nous avons droit à une réponse pleine d’amertume et de tristesse.

« Rien ! »

Bones, les bras croisés au-dessus de la poitrine, ajoute :

« On ne finit pas au coin pour rien, jeune homme ! »

« Docteur, on n’a rien fait, on n’a pas fait de bruit. Promis ! »

Je me tourne vers mon premier officier.

« Voudriez-vous m’expliquer, Monsieur Spock ? »

« En fait, la déclaration des enfants est exacte. Ils n’ont rien fait et... »

« Et vous les avez punis ? »

Je lui lance un regard perplexe, il ne me répond pas. Du coin de l’œil, je vois Bones qui change de visage, pour passer en mode « j’vais me le faire ! »

« Bon sang, Spock, c’est complètement con….sternant ! » répond Bones.

Et voilà, qu’est-ce que je disais. Les hostilités sont ouvertes entre les deux pulls bleus de la passerelle. Spock se tourne vers nous, se redresse, mains derrière le dos, se racle la gorge et déclare :

« Docteur, Capitaine, le fondement de votre décision est illogique. Se tenir debout dans un coin, ce devrait être un objectif, pas une conséquence. Pour ma part, j’ai atteint cet objectif. Les enfants se tiennent tranquilles. Pas de tempête, pas de crise, présentement LE calme ainsi que LE capitaine sont sur la passerelle. Retournons à notre tâche, messieurs ! »

Il nous tourne le dos à nouveau et se replonge sur son écran. Je me penche vers Bones et j’ajoute, amusé :

« Si ça, ça ne s’appelle pas clouer le bec ! »

« Capitaine, quel hasardeux choix de mot, totalement faux, au demeurant, et offensant. Je n’ai rien cloué ni personne ! »

À ce moment-là, Bones et moi, on laisse tomber. Il me regarde et lâche :

« Les monstres se présentent sous de nombreuses formes. Vous connaissez le plus grand monstre de tous ? »

« Oui, vous me l’avez déjà dit, Dr. C’est la culpabilité. »

« Non, Capitaine. Le plus grand monstre, c’est la logique ! » ajout »-t-il d’un ton sarcastique en marchant vers les enfants. Il soulève Mary et la prend dans ses bras :

« Allez, les enfants, je lève la punition non-méritée ! »

Il marche vers les portes du turbo lift et les déverrouille. À ce moment-là, la voix du lieutenant Uhura se fait entendre :

« Ça, ça m’en bouche un coin ! »

Je pousse Bones dans le turbo-lift. C’est préférable.

*** Scotty POV

« Y a quelque chose qui ne va pas, Scotty ? »

James Kirk est debout contre la porte, les bras croisés.

« Rien que je ne puisse régler, Capitaine ! »

Je farfouille dans le tiroir, à la recherche d’un bout de câble et d’un outil.

« Vous ai-je déjà laissé avec une merdouille, sans pouvoir la régler ? »

« Non, pas que je sache. A part peut-être le télé-transporteur transformé en douche terrienne ? On se demande d’où vient cette réputation de faiseur de miracle ! »

« Eh bien, de l’eau qui sortait du télé-transporteur, c’était un vrai miracle… Je me souviens que nous avions perdu le Dr Mccoy ce jour-là ! Quel fou rire ! J’ai cru qu’il n’allait pas s’en remettre ! »

Je lui donne une tape dans le dos et je continue mon chemin :

« Merci Scotty, c’est exactement ce dont j’avais besoin. Maintenant, je vais pouvoir affronter notre médecin et notre officier scientifique. Excusez-moi, je ferais mieux d’y aller ! »

Il me fait un salut ironique.

« Faudrait pas que notre bon docteur se cogne la tête contre les murs, en vous attendant. Surtout avec cette vilaine coupure sur l’arcade ! »

Il s’éloigne. Je l’interpelle encore une fois :

« Attendez capitaine, j’ai quelque chose pour vous. »

Il s’arrête. Je lui tends un appareil de mesure. Il me regarde, perplexe.

« Si la tension est trop élevée, prenez ceci ! »

Il me rend mon voltmètre.

« Vous voulez pas plutôt me filer un extincteur ? »

***Spock POV

J’appuie sur le bouton pour connecter l’ordinateur, j’entre les coordonnées de la fréquence ; l’image se stabilise et je vois le visage de la personne avec qui je veux communiquer.

« Longue vie et prospérité, Père ! »

« Paix et longue vie, mon Fils ! »

« Père, puis-je vous entretenir d'un sujet de la plus haute importance ? Je sais que votre temps est précieux, mais il est essentiel que je vous parle. »

Je le vois hocher la tête.

« En tant qu’ambassadeur, vous avez été informé de la situation sur Triacus, du suicide de masse et de la façon dont l’Enterprise a été mise en danger après cela. »

« Exact, mon fils, j’ai demandé à être tenu au courant ! »

« Le capitaine et moi avons été si près de devoir supprimer la menace ! Je reconnais, j’en suis encore à m’interroger.

« Maintenant, Mon fils, je suppose, que ton esprit scientifique essaie de trouver comment la logique a été surpassée.

« Père, j’ai observé comment Gorgan a été vaincu. Les émotions émanant des enfants l’ont fait disparaître et… cela donne un nouvel éclairage que je n’avais pas. De de fait… »

« C’est logique, fils. Même si tu ne le saisis pas vraiment. »

Le silence commence à se répandre lentement. Je repense à ce qui s’est passé sur la passerelle avec les enfants. Je prends la décision de lui en faire part. J’ai besoin d’échanger avec lui.

« Père, la logique n’a que peu d’effets sur les jeunes humains et on ne raisonne pas avec eux. Cela peut mener à des échanges d’argumentation stérile. Obtenir une once de collaboration de la part est hasardeux.

« Spock, te rappelles-tu de certaines argumentations que tu servais à ta mère, lorsque tu étais petit ? »

« Père, tout ce que je faisais répondait à la logique. »

« Certes, utiliser certains mots à son égard répondait peut-être à une certaine logique sémantique ou linguistique, que tu justifiais comme faisant partie d’un processus de test, n’en reste pas moins qu’elle n’y était absolument pas sensible. »

« Oui, correct père. Me reviennent en mémoires un ou deux souvenirs de connexions opérées entre sa main et la base de mon fondement. »

« Fils, tu ne sortais pas vainqueur de ses confrontations, mais ta mère te disciplinait avec amour. Je vois maintenant mes propres erreurs. Je ne l’écoutais pas quand elle me disait de ne pas aller jusqu’à l’ultime châtiment ! »

Ce dont parlait mon père c’était « la rupture du lien parental », qui pouvait aller jusqu’au rejet et au mépris. Entendre son père dire « J’ai honte de toi, je te renie » était la pire chose qu’un enfant Vulcain pouvait subir.

« Les Vulcains abhorrent la violence, ta mère t’a donné quelques fois quelques tapes. MAIS, jamais elle ne t’humiliait ou ne te rabaissait. Je comprends maintenant que la discipline Vulcaine peut s’apparenter à une violence. Je suis fier d’être ton père, et comme je te l’ai dit, épouser ta mère n’était pas seulement la conclusion logique de ma présence sur Terre, c’était un acte d’amour. Il y avait tant d’amour dans sa façon de vivre ! Je me rends compte maintenant, combien toi et moi sommes riches de tout ce qu’elle a offert. Dans chacun de tes pas, tu as ce bagage de deux mondes, restes à l’écoute, laisse cela te guider, non seulement par ce qui te semble juste ou logique, mais aussi par ce en quoi ta mère croyait. Tu ne seras jamais dans les ténèbres, tu as deux mondes pour illuminer ton destin, Fils ! »

Puis je le vois lever la main, il me salue :

« Longue vie et prospérité, fils ! »

Je lui transmets mon respect et nous coupons la communication. Je suis logiquement empli de sérénité, quant à la partie humaine en moi, elle a été touchée par les paroles de mon père.

*** Mccoy POV

Je suis à la bourre, je me carapate de l’infirmerie et je mets le turbo pour rejoindre la salle de debriefing. Nous avions un rapport à envoyer à Starfleet et je ne suis pas sûr qu’on puisse le faire. De un nous avons encore quelques pépins avec le système et de deux, nous n’avons pas franchement de consensus concernant les marmots. Vu ce qui s’est passé sur la passerelle, nous avons un foutu problème concernant l’approche. Va falloir mettre tout ça à plat si on veut être efficace et cohérent. J’avais intégré l’académie de Starfleet en ayant une solide expérience de praticien et j’avais vu déjà pas mal de choses dans ma vie privée. Mon frère et ma sœur avaient des rejetons, j’avais quelques souvenirs de moments un peu tendus, les adultes de la famille ayant des points de vue différents et de forts caractères. Mes neveux et nièces nous avaient donné du fil à retordre, et nous avions eu souvent l’envie de leur tordre le cou. Nous avions essayé de faire front commun, pour éviter de nous discréditer. C’était quelque chose que je voulais partager avec M. Spock et Jim.

*** Quand j’entre dans la pièce, Jim est déjà là, avec un café à la main. Je décline la proposition, je préfère prendre une bière.

« Alors, c’est ça le traitement, Bones ? Que dit l’ordonnance ? »

« Secret médical, Jim, vous n’en saurez pas plus. J’en ai besoin, c’est tout. Bon, j’croyais être à la bourre. Y a pas un Vulcain à bord qui est sensé nous rejoindre ?

« Nous l’attendons, il a demandé un moment, il a dû passer un appel. Le lieutenant Uhura nous rejoindra aussi et Scotty sera là, il va passer une gueulante à un des enseignes, puis il va prendre tout sur lui, et il nous rejoindra. J’ai préparé le scotch ! »

« Lequel, le sparadrap ? »

« Bones ! »

À ce moment-là, nous voyons arriver notre agent des communications. J’utilise les secondes suivantes pour vérifier ses blessures.

« Lieutenant, des problèmes avec vos mains ?

« Non, docteur, tout va bien. Juste la peau qui démange, c’est tout ! »

« En voie de guérison, pas de soucis ! »

« Oui, docteur. Et vous savez quoi ? J’aime cette sensation. Juste un rappel que je suis vivante. Avec ce qui s’est passé dans le hangar, avec la navette. Je n’ai jamais eu aussi peur, Mary aurait pu mourir.

« Nous aurons beau avoir toutes les formations spéciales, nous nous sentirons toujours paumé dans des situations pareilles. Vous avez agi, c’est ce qu’on nous demande : les protéger, d’eux-mêmes, le plus souvent. Le reste c’est de l’humain, de la peur, des coups de gueule et de l’amour ! »

« Que de l’émotionnel, dirait Mr Spock ! » ajouta le lieutenant Uhura, en se servant une citronnade.

Jim repose son café et réagit au commentaire de son officier.

« Vous savez quoi, lieutenant ! Je suis sûr qu’il devient de plus en plus humain et j’ai le sentiment que VOUS n’y êtes pas pour rien. »

« La tarte à la crème du distributeur de nourriture est acceptable, tant que ce n’est pas de la crème à raser! »

C’est ma réponse à Jim, il me taquine, me demandant s’il y a autre chose que je veux.

Quelques secondes plus tard CETTE crème atterrit sur mon polo.

« Oh merde ! »

« Docteur, voilà une façon irrévérente de me saluer. »

« Pardonnez-moi, Spock, mauvais timing et mauvais choix d’interjection. J’ai été surpris par la porte de l’ascenseur turbo et j’ai dégueulassé mon polo ! » Jim me lance une serviette et je commence à nettoyer.

*** KIRK POV.

Bones est revenu. Il était parti dans ses quartiers pour changer de polo. Il s’assoit. Spock se tient dans un coin de la pièce, près de la chaise d’Uhura. Je suis moi aussi debout, appuyé contre le cadre de la porte, les bras croisés devant ma poitrine, mordant mes lèvres en pensant à haute voix :

« Bon, par quoi commençons-nous, qui prend la parole ? Pour l’instant, on s’en tient à ce qu’on a dit. »

Bones se penche en arrière, dans sa chaise et croise les bras.

« Oui, je m’occupe des blessures et Mr Spock leur tire les oreilles ! »

Stoïque, les mains derrière le dos, il me fait face.

« Docteur, vos références constantes à mes oreilles ne sont pas à mon goût, juste pour que vous le sachiez. »

Je me penche alors vers lui et je lui glisse à l’oreille :

« Bones, vous êtes sous la menace de vous les faire tirer les oreilles ! »

« Loin de moi cette idée, capitaine, je ne suis pas familier avec le fait de menacer ! »

L’hôpital qui se fout de la charité. Mon premier officier semble souffrir d’un brin d’amnésie. Je m’étais fait expulser du vaisseau, je m’étais retrouvé à Pétaouchnok, en pleine tempête de neige et j’avais été à deux doigts de me faire bouffer. Et plus tard, Scotty et moi, on avait quand même failli passer en court martiale, pour nous être téléportés à bord du vaisseau, en pleine distorsion.

« C’est la raison pour laquelle vous n’aimez pas l’idée de les mettre au coin, c’est ça ? »

« Bien sûr, Docteur ! C’est illogique ».

Encore une fois, mes yeux vont de l’un à l’autre. Le consensus va-t-il être trouvé ?

« Bah disons que… Allez, je vous l’accorde. Le coin, ce n’était pas une bonne idée. J’ai entendu ce que vous avez dit, que ce devait être un objectif, non une conséquence. »

Je vois que le lieutenant Uhura est sur le point d’intervenir, je lui fais signe de prendre la parole. Tenant son verre entre ses mains, elle le fait tourner doucement.

« Ils sont intelligents et sensibles, mais impulsifs et téméraires ! Il faut trouver la bonne réponse, parfois c’est la fermeté, parfois c’est un sourire ! »

« L’humour, ça marche aussi, disons, un brin de légèreté et... »

A ce moment-là, je ne peux m’en empêcher, je pose mes deux mains sur le dossier de la chaise de Bones et je tire brusquement vers l’arrière. Bones bascule. Ses pieds ne touchent plus par terre.

« JIIIIIM, BORDEL, MA CHAISE ! »

Hilare, je rétablis son équilibre, j’ai les oreilles vrillées par les décibels qu’il vient de cracher sur moi. Bon, en même temps, je l’ai bien cherché.

« Bones, toi tu sais faire. Et y a les gros yeux qui vont avec ! »

« Je pense que nous devrions pouvoir trouver un équilibre... » Le lieutenant Uhura s’arrête de parler, réprime un ricanement en mettant la main devant sa bouche, avant d’ajouter :

« Excusez-moi, Docteur, oui, je disais, trouver un juste milieu. Ils sont assez grands pour comprendre que nous avons un travail à faire à bord du navire et qu’il y a une certaine marche à suivre, ça passe par des ordres et un peu de fermeté. En ce qui me concerne, je serai en mesure de les discipliner, si nécessaire. »

Je rebondis sur ce qu’elle dit car moi, je suis un peu mal à l’aise avec la discipline et les punitions, ce qui fait réagir mon premier officier :

« Capitaine, cela n’a rien de surprenant, étant donné qu’il est de notoriété publique que vous n’hésitez pas à prendre de grandes libertés avec les règlements, sans compter que vous êtes particulièrement obstiné et... »

Je me racle la gorge, en guise de protestation.

« Merci Spock, merci pour ce brillant réquisitoire. »

Je tiens à préciser ceci, oui, je peux enfreindre la réglementation de la flotte sans trop de scrupules. Mais ce n’est pas tout à fait vrai. Je désobéis aux instructions de Starfleet quand celles ci me paraissent insensées. La plupart du temps, je suis les règles et les ordres et j’ai un sens élevé de la discipline et des valeurs morales concernant l’attention que j’aie pour mon équipage.

« Avant de venir ici, j’ai eu une conversation fort édifiante avec l’ambassadeur Sarek, mon père. Je pense que je vais partager avec vous ce qu’il m’a dit. Il m’a reconnecté avec la touche humaine de mon éducation. Je comprends, que j’ai été injuste avec les enfants. »

Et à ce moment-là, nous le voyons s’approcher du lieutenant, il lui murmure quelque chose à l’oreille, c’est totalement inaudible pour Mccoy et moi. Je leur demande, sur un ton moqueur :

« Est-ce qu’on doit vous laisser ? »

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