Chapitre 19
***Point de vue de Kirk.
Quelques semaines plus tard… je suis sur la passerelle.
« Capitaine, Capitaine Kirk, répondez »
Je me retourne, surpris par la voix, le visage du lieutenant Uhura apparaît, elle semble bouleversée, le ton de sa voix est teinté d’inquiétude.
« Lieutenant ? Que se passe-t-il ? »
Elle prend une profonde inspiration, se calme et commence à s’expliquer :
« En ce moment, Scotty ramène Tchekov avec les quatre petits. Tommy est porté disparu depuis presque deux heures ! Juste après le déjeuner. »
L’enseigne Tchekov et Uhura avaient été téléportés à la station Betazoid, avec les enfants, afin qu’ils puissent se détendre et jouer en plein air.
« Tommy s’est éloigné du groupe, personne n’a rien vu. Les enfants n’ont aucune idée, il n’a rien dit à personne! »
« Je rassemble immédiatement une équipe de recherche. »
Je change de canal et j’ai communiqué avec Scotty :
« Salle de téléportation, Scotty. Quand vous avez les enfants, gardez-les. J’envoie quelqu’un pour s’occuper d’eux. »
La communication suivante est pour Bones. Je l’informe de ce qui se passe. Je lui dis que je veux qu’il fasse partie de l’équipe de recherche.
« On se retrouve dans la salle de téléportation ».
Je l’entends râler dans le communicateur.
***Point de vue de Tommy
Il fait nuit ! Je continue à marcher, je regarde partout, fasciné par l’endroit. Je sais qu’avec un feu je pourrai continuer. Je sais même comment en allumer un. Je suis sûr que je trouverai un abri pour passer la nuit. Soudain, une grande ombre apparaît devant moi. Je me retourne pour voir d’où ça venait. Un homme gigantesque se tient derrière moi.
« Un Bétazoïde ! Ce n’est pas très commun d’en voir un ! »
Je me rappelle les leçons de Mr Spock.
« D’où viens-tu ? » L’homme me demande brusquement.
« Eh bien, de l’Enterprise ! » Je réponds, sûr de moi.
« Tu sais que beaucoup de gens te recherchent? »
« Ils... ils sont dans la forêt ? »
Je m’efforce de donner à ma voix toute l’assurance dont je suis capable.
« Ils ont dit que tu étais porté disparu depuis plus de deux heures. Je vais te ramener. Tu appartiens à Star Fleet ? Quel âge tu as ? Tu es sous la responsabilité du capitaine Kirk ? »
Je ne réponds pas, il me bombarde avec ses questions, l’autre. Il est grand, il essaie de m’impressionner, il braille un peu.
« J’ai plus important à faire que de m’occuper d’un gamin de Starfleet ! Et le capitaine aussi. Si tu l’ignores, il est responsable de 420 personnes. Les hommes et les femmes à bord de l’Enterprise ont un travail à faire et te chercher n’est pas sur leur liste ! »
« Pff, je ne leur ai pas demandé de venir ! »
Je réplique, fier de moi. Je suis en train de tester ma logique et je suis particulièrement fier de celle-ci.
« Tu ne leur as pas demandé de venir ? »
La voix, comme une claque, résonne dans la nuit.
« Bon sang, toi, t’as perdu une occasion de te taire ! »
Le Dr Mccoy, le tricordeur médical à la main, s’est approché de moi et le capitaine a saisi le communicateur attaché à sa ceinture et se met à parler. Je ne baisse la tête, je garde les pieds fermement sur le sol, les mains derrière le dos.
« Dieu merci, Tommy ! » s’écrie le lieutenant Uhura.
« Merci Numaga ! » dit simplement le capitaine Kirk. « Merci, mon ami ! »
Le gars hoche la tête.
« Je ne dirai pas, à charge de revanche, James Tiberius Kirk. J’espère que je n’aurai jamais à faire face à quelque chose comme ça. Au revoir, mon ami ! » dit-il avant de disparaître.
Le docteur Mccoy me regarde, le capitaine me regarde, ils me regardent tous. Quelque chose me pousse à m’ancrer dans le sol. Je lève la tête et je leur lance :
« Alors, c’est qui le premier ? C’est qui qui va exploser ? »
Pas d’explosion, maintenant je suis surpris. J’aurais parié sur le docteur, mais il n’a rien dit, toujours en train de me dévisager. Et le capitaine est comme un bloc de glace, immobile.
*** Spock POV.
Je m’approche du capitaine et je lui dis :
« L’enseigne Chekov, le lieutenant Uhura et moi allons le remonter à bord de l’Enterprise avec…
« SÛREMENT PAS ! JE NE BOUGE PAS DE... »
C’est le garçon qui continue de déverser son émotionnel sur nous. Il se précipite vers moi, le poing levé. Je fais quelques pas de côté, je le laisse passer à côté de moi et je l’immobilise dans un grand calme et un grand silence. Il a juste le temps de me lancer un regard écarquillé, en un sursaut qui lui fait tourner la tête et il s’affaisse lentement sur le sol. Je l’accompagne et je le laisse recroquevillé par terre avant de me redresser et de fixer le capitaine :
« Une réponse négative n’était point acceptable. Maintenant, je vais pouvoir finir ma phrase :
« Exaspéré, Spock ? »
« Si je réponds, docteur, je ne pourrai pas finir ma phrase. Alors... »
« Capitaine, vous restez ici et décidez quoi faire. C’est la décision la plus logique, je vous laisse gérer toutes les émotions humaines qui se déchaînent dans votre boîte crânienne. »
Le capitaine Kirk acquiesce mais ne dit pas un mot. Le docteur Mccoy se baisse pour soulever le garçon. Il me lance un regard mauvais et se met à protester :
« Spock, vous avez pensé aux conséquences ? Non. Je vous préviens, si je me fais un lumbago, je vous en tiendrai responsable ! »
« Somme toute logique. Mais complètement redondant étant donné que tous ici peuvent attester que JE suis le seul à pouvoir réduire quelqu’un à la plus complète immobilisation ! »
Le docteur Mccoy ajoute quelque chose concernant le garçon qui mérite qu’on lui remonte les bretelles et comme il faut. Je n’ai pas envie de faire le moindre commentaire au sujet de ces fameuses bretelles dont j’ignore tout et dont le garçon est dépourvu. Je n’ai aucune idée de ce que M. Mccoy préconise. Le capitaine Kirk m’aurait dit de prendre un dictionnaire terrestre poussiéreux.
« Eh bien, Spock, j’espère que vous n’avez injecté que la moitié de votre «médecine», ainsi que les serpents le font avec le venin ! J’aimerais savoir quand l’effet se terminera ! »
Je n’ai pas le temps, sinon, je pense que le Docteur aurait pu directement ressentir et expérimenter lui-même la dite médecine. Je me contente d’ignorer le commentaire sarcastique.
« Capitaine, permettez-moi de vous rappeler ce que la logique commande de faire, et cela vous permettra d’y voir plus clair, si vous me permettez une de vos expressions ! »
Puis je rejoins Nyota, la cristallisation lumineuse se produit sur nos corps et nous sommes téléportés.
***Kirk POV.
La lumière de téléportation disparaît dans la nuit, ils sont partis. Je suis seul. Je donne un coup de pied dans un petit caillou.
« Bon sang, Tommy ! »
Qu’est-ce qui se passe ? J’ai l’impression de me revoir à son âge. Un truc qui vous passe par la tête, cette envie plus forte que tout d’aller là où on a envie, en se foutant des conséquences. Sauf que là, j’suis de l’autre côté de la barrière. Je suis capitaine de vaisseau, j’ai 420 hommes et femmes sous mon commandement et j’ai pour devoir de maintenir la discipline. Tommy mérite d’être sanctionné, c’est à moi d’intervenir. Pourtant je sens que quelque chose sonne faux, à cet instant. En moi se répand un relent de mon passé et je sais que cela va obscurcir mon jugement, à un moment ou à un autre. Je ne suis pas super serein, ni vraiment ancré dans mes bottes, ainsi que je devrais l’être au moment de mener un entretien disciplinaire. Et pourquoi ? Parce que Tommy est un gosse, et parce que je me reconnais tellement en lui. Moi aussi, j’ai pas mal dévié, je me suis souvent retrouvé du mauvais côté des règles, à force de piétiner et d’enfreindre les limites. Parce que ma mère me laissait la plupart du temps, pour ne pas dire tout le temps, à la maison. Parce qu’il y avait dans cette maison ce sale type, ce bâtard qui prenait un malin plaisir à retirer sa ceinture pour me mettre une rouste. Parce que je les avais encore en travers de la gorge, ces raclées. Je me dis que sûrement les choses auraient été différentes si mon père avait vécu. Ou pas. Peut-être que j’aurais fait autant de conneries, peut-être que j’aurais tout autant tâté de sa ceinture. Peut-être pas, peut-être qu’une ou deux sessions en travers de ses genoux m’auraient montré les limites à ne pas dépasser. Au moins, je me dis qu’il l’aurait fait comme un père, pas comme un salopard. Je me dis qu’il m’aurait sûrement filé une correction et puis qu’il m’aurait serré fort contre lui pour me dire que tout était réglé, que c’était pardonné. L’autre connard ne l’avait jamais fait. Une chose était sûre, je me sentais parfaitement incapable de corriger physiquement Tommy. Même si tous les indicateurs étaient au rouge : son attitude, le ton de sa voix, son manque de regrets. Il fallait marquer le coup, mais j’étais déterminé à trouver autre chose.
***A cet instant, je me penche pour ramasser une pierre et mon reflet apparaît dans l’eau. L’insigne sur mon uniforme capture un rayon de soleil, c’est comme un signe. La solution apparaît dans mon esprit. Il y a quelqu’un qui va pouvoir me guider et me conseiller. Quelqu’un aux antipodes de mon beau-père. Quelqu’un qui pouvait faire taire un cadet d’un seul regard, d’un ton de voix impérieux. C’est l’Amiral Pike. Il a été un mentor pour moi, il a tellement fait pour moi. C’est lui qui a essuyé le sang de mon visage dans ce bar quand j’avais pris une méchante branlée par les cadets. Je m’étais trouvé bon mais lui il avait juste dit que je m’étais bien fait dérouiller, ce qui avait quelque peu écorché mon orgueil de petit coq, même si je devais bien admettre qu’il avait eu raison. A quatre contre un, j’avais pris cher.
Il m’avait pour ainsi dire convoqué à la base de Star Fleet pour me faire intégrer l’académie des Cadets, me balançant au nez que, étant le fils de mon père, il attendait que je fasse autre chose de ma vie que déconner, provoquer, chercher les emmerdes, me bourrer la gueule dans des bars sordides, et me faire passer à tabac. Il avait, en quelques secondes, fait exploser en moi un carcan d’illusions. Tandis que je faisais mes premiers pas de jeune officier, il m’avait, au moyen de quelques interventions bien senties, remis sur le droit chemin. Il m’avait rappelé comment mon père s’était sacrifié pour nous sauver ma mère et moi, et arracher son équipage à une mort certaine.
Oh boy, j’avais encore devant les yeux et dans les oreilles l’engueulade qu’il m’avait passée dans son bureau. Mr Spock et moi en avions pris pour notre grade, mais Mr Spock avait eu, contrairement à moi, le réflexe de faire profil bas quand j’avais osé tenir tête. Mr Spock avait été prié de quitter la pièce et j’avais subi le reste de la charge, tout seul. Et le moins qu’on puisse dire, c’était que l’amiral m’avait passé un savon d’anthologie. J’avais été sanctionné, j’avais perdu le commandement de l’Enterprise et on m’avait rétrogradé sur les bancs de l’Académie, en période probatoire. Mais il était revenu me chercher, dans ce même genre de bar sordide où j’étais venu noyer ma honte et ma rage. Il avait abandonné le vouvoiement pour me remettre, encore une fois, en selle. Il avait connu mon père, avait été son meilleur ami, avait servi sous ses ordres et à deux reprises avait fait pour moi ce que mon père aurait sans doute fait s’il avait vécu. L’amiral Pike m’avait, certes, engueulé, m’avait rabattu mon caquet, mais il m’avait aussi dit que j’avais sa confiance et que je méritais une deuxième chance. Bref, il avait été grand au moment de me discipliner, aux antipodes de mon beau-père. A aucun moment l’amiral Pike ne m’avait humilié, à aucun moment il ne m’avait rejeté, c’est pour cela que j’avais accepté le blâme et les reproches. Et aujourd’hui, c’était à moi de devenir comme l’amiral, de faire comme lui. Je n’avais pas connu mon père, j’avais été maltraité et rabaissé par mon beau-père et j’avais fini par m’élever grâce à l’amiral Pike. Je n’oublierai jamais ce jour où, cloué dans un fauteuil, il m’avait transmis sa charge, en me disant, votre père aurait été fier de vous, avant de me serrer la main. C’est ça qui faisait que j’avais l’intime conviction que mon père m’aurait discipliné avec fermeté et amour. L’amiral Pike m’avait donné une deuxième chance. Aujourd’hui, c’était à moi d’agir comme lui, d’être le digne fils de George Kirk et de faire honneur à Christopher Pike.
***Les cogitations sont terminées, j’attrape mon communicateur, je soulève le capot de protection et j’appuie sur le bouton d’appel :
« Kirk à l’Enterprise, prêt à être téléporté. »
Je me sens aspiré de l’intérieur et je me matérialise sur le sol de l’Enterprise. Je sens soudain une vive douleur, et mets ma main devant mon visage. Voyant mon problème, Scotty s’approche :
« Est-ce que ça va, capitaine ? » Je hoche la tête avant de descendre de la plate-forme. Je quitte la pièce. Une fois isolé dans le turbo lift, je frotte ma lèvre, il y a du sang. Je me suis mordu la lèvre. Je marche vers mes quartiers et je bois un peu d’eau pour me rincer la bouche. Je prends une grande inspiration, il est temps d’aller parler à Tommy. Je m’approche du mur et j’appuie sur le bouton du communicateur :
« Kirk à la passerelle. Où est le garçon ?
« Capitaine, le jeune garçon est à l’infirmerie avec le Dr Mccoy. »
« Merci. Kirk. Terminé. »
***J’arrive à l’infirmerie, je pose ma main devant le détecteur, la porte s’ouvre.
« Et d’abord, il m’a fait quoi, l’autre ? Hein ? Pourquoi j’me souviens de rien ? Oh, vous pouvez me répondre quand je vous parle ? »
Les effets de la prise neurale ont cessé, et il a l’air d’être en pleine forme. Ça m’étonne que Bones ne lui soit pas encore tombé dessus. Étant donné ce que j’entends. Je m’avance dans la pièce et passe la tête par l’ouverture. Bones est à son bureau. Je m’attends à voir le garçon sur un bio-lit, mais il est assis sur une chaise. Bones me lance un regard dépité et se lève:
« Il est tout à vous, capitaine. Je vous laisse le bureau, pour rester en tête à tête avec ce jeune homme ! »
Je lui fais signe de rester.
« Docteur, restez. J’ai besoin de vous comme témoin et je compte sur votre sens de la psychologie ! »
***Je prends une des chaises bicolores, je la rapproche de la table, je m’appuie contre le dossier en cuir noir. Bones attrape une autre chaise et s’assoit, l’avant-bras gauche posé sur l’accoudoir, avant de croiser une de ses jambes sur genou gauche. Tommy évite de croiser nos regards, je fais claquer mes doigts dans sa direction pour attirer son attention.
« Hep, jeune homme, c’est ici que ça se passe ! »
« Ah ouais, et moi qui croyais que c’était ailleurs. »
Bones a un mouvement brusque, il se crispe sur sa chaise, tend un doigt vers le gamin et rétorque, d’une voix autoritaire :
« Hé, baisse d’un ton et arrête les sarcasmes ! »
« C’est vous aussi. Vous en faites des caisses ! »
A son âge, là, moi, je n’aurais déjà plus eu voix au chapitre. Je me serais fait laminer par l’autre naze. Je le laisse cracher son venin, j’écoute ce qu’il a à dire et je reprends point par point ce qu’il a énoncé.
« Oui, c’est nous. Parce que tu es à bord de l’Enterprise et que nous sommes responsables de toi et des autres. On en fait des caisses. Oui, parce que c’est grave ce que tu as fait. Il y a des règles et un code à bord. »
Je fais une pause pour scruter son visage.
« Oui, j’le sais tout ça. Je vais bien et j’ai rien fait ! »
« Tu vas bien, tant mieux. C’n’est pas le cas du lieutenant Uhura, si tu veux savoir ! »
Cette fois c’est Bones qui vient d’intervenir. Je me redresse dans ma chaise et je me penche vers lui, la main ouverte. Je me mets à compter sur les doigts et fais la liste de ses méfaits :
« Revenons sur le « j’ai rien fait ! », tu as faussé compagnie à Tchekov et aux gardes. Tu as disparu, tu es parti seul sans rien dire à personne. Tu as laissé les petits et les autres sans nouvelles. Tu n’as pensé à personne, sauf à toi. Je n’appelle pas ça « rien faire ». Tu as de la chance que Numaga t’ait trouvé ; d’autres créatures moins sympathiques auraient pu te trouver avant et te mettre en pièce ! » dis-je.
« Illogique, la planète n’a pas ce genre de monstre ! »
« Oh s’il te plaît, gamin, ne commence pas à paraphraser Mr Spock ! »
Je connais Bones. Supporter un Vulcain, c’est déjà presque au-dessus de ses forces, si en plus Tommy se met à l’imiter, ça va mal finir.
« T’es haut comme trois pommes, tu ne sais pas te battre, tu n’as pas d’armes et même si je crois que la logique en est une, laisse-moi te dire un truc : nous avons intercepté des messages. Nous sommes menacés. En alerte jaune, on a autre chose à faire que de te courir après. C’est stupide et dangereux ce que tu as fait. Tu as dépassé les bornes. Tu as fait fi de toutes les règles de prudence et de bon sens. »
« J’étais pas en danger. Faut pas vous biler, comme ça. »
Je bondis de ma chaise et je m’approche de lui, d’un pas déterminé, avant de le dévisager, en croisant mes bras bien haut sur ma poitrine.
« J’suis allé faire un tour, c’est bon. Vous allez pas en faire un fromage. Encore faudrait-il qu’il y en ait à bord ! »
Je me penche vers lui, je pose calmement mes deux mains sur la table :
« A-rrê-te-toi, jeune homme, tu as déjà assez de problèmes comme ça, n'aggrave pas ton cas en étant insolent. Comme tu aimes la logique, je te laisse déduire ce qui va arriver ! »
« Vous allez me donner une arme et m’apprendre à me battre ! »
« Nom d’une pipe, ça commence à bien faire ».
Bones tape du poing sur la table.
« Je m’en vais t’en donner, de la logique ! »
Il se redresse, se met debout, attrape le garçon par le bras, le soulève de sa chaise de manière pas très sympathique.
« Ho c’est bon, j’peux marcher tout seul, pas la peine de... »
Il ne finit pas sa phrase car Bones, d’un mouvement brusque, fait avec sa main, un geste ample vers l’arrière, avant de l’abattre fortement sur le fond du pantalon du gamin. Il répète le traitement trois fois puis le pousse vers la porte :
« Je déteste faire cela, mais maintenant c’est MA logique qui commande. Tu vas laisser les adultes discuter de ton cas. Ne t’avise pas de bouger de là car je te promets que tu ne vas pas aimer la suite ! »
Je ferme la porte de la salle et je retourne voir Jim. Il est toujours dans son fauteuil, penché vers l’avant, les mains derrière la tête.
« C’est ce qu’on appelle mettre les points sur les I ! »
« Jim, y a vraiment un truc que je ne comprends pas, au-delà du fait qu’il a clairement cherché l’affrontement. C’est son changement d’attitude qui m’interpelle. Ça n’est pas lui, ça. Y a un truc qui cloche. Pas d’un seul coup, pas comme ça. »
Je partage complètement l’avis de Bones. Nous décidons de mettre Tommy sous bonne garde. Ses réactions semblent imprévisibles, il n’est clairement pas lui même. Allez savoir ce qu’il est capable de faire.
***Plus tard.
Bones partage un verre avec moi. Évidemment nous reparlons de ce qui s’est passé avec Tommy. Nous l’avions emmené avec nous et nous lui avions demandé de s’excuser auprès des adultes et de ses jeunes amis, qui avaient eu très peur.
« Bones, encore une chose, vous croyez que les garçons déconnent quand ils sont privés d’un père ? »
« Donnez-moi un PADD et quatre heures et je vous ponds une dissert’ ! »
Il répond en tapant sur ses lèvres avec son doigt.
« Jim, vous avez fait ce qu’il fallait, ne vous inquiétez pas, vous avez géré ça de main de maître. Il y avait de l’amiral Pike en vous, mais je reconnais que vous braillez moins fort que lui ! »
J’étouffe un rire nerveux.
« Ah bon, vous avez déjà entendu Pike gueuler, toi ? »
Je me rappelle pas avoir entendu Bones parler d’une entrevue disciplinaire le concernant.
« Vous savez, la fameuse fois où je vous ai inoculé un virus pour vous faire embarquer à bord de l’Enterprise ! Il l’a su. Et j’en ai pris pour mon grade ! C’est pour ça que je dis que y avait du Pike en vous, mais que vous êtes moins sec que lui ! »
« Oh pff, je ne sais pas si j’étais bon; sèchement ou pas ; j’ai fait ce que je pensais être juste, je pense que j’avais raison dans le texte, mais c’est vous qui avez pris la main, et qui avez mis la bonne conclusion ! »
Je lève mon verre dans sa direction, avant d’avaler une gorgée et de picorer quelques grains de maïs au chocolat. Bones passa sa main sur son visage avant de pincer l’arête de son nez.
« Eh bien, disons, que j’ai fait un dépoussiérage en règle, comme disait mon père. Et je pense que de nous deux, j’étais à même de le faire. »
Il avait partagé ma chambre à l’Académie, il savait beaucoup de choses, sinon tout, sur moi, mon passé, mes errances et mes conneries et les abus de mon beau-père.

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