08. Danse fatale

16 minutes de lecture

Lundi 9 septembre 2013

Affublée d’un vieux jogging qui a surpris mes parents, j’arpente à grands pas la rue qui monte au lycée. C’est vrai que je ne ressemble à rien, mais je ne m’en soucie pas. Mon cerveau est occupé 2 % à marcher, 98 % à élaborer la danse que je vais donner.

Victor n’a pas encore eu le temps de rejoindre l’infirmerie. Assis, sur un banc, il fume, avant de sourire en me voyant. Je n’ai jamais dû être aussi mal fringuée depuis le CP.

— Bonjour Hélène.

— T’as vraiment pas de cerveau.

— T’as vendu ta robe ?

— Très drôle.

— T’as combien ?

— Vingt euros.

— Vingt euros, deux pilules.

— Avec la quantité que je te prends, tu pourrais m’en donner plus.

— C’est déjà un tarif d’ami. Si tu veux qu’on s’arrange en nature, je peux être très généreux.

— Même pas en rêve.

Il me tend la boîte et prends les billets de l’autre. Sans le saluer, je tourne les talons pour redescendre vers la maison. Sa proposition salace me serre les tripes. À moins de trouver de l’argent, il va falloir que je me vende. Je ne peux pas coucher avec lui, sinon je perdrai ma virginité, trop précieuse pour arriver à mes fins. Le sucer ? J’ai la nausée rien que d’y penser. Il y a deux pilules restées dans l’autre monde, deux dans ma poche. Je ne dois pas me louper, le temps de trouver un autre financement.

Sans solution future trouvée, j’arrive chez-moi. Mes parents sont partis. Il est temps d’en finir avec Irène. Je file au grenier, dont la porte se trouver dans les escaliers. Dans l’obscurité, je fouille les vieux cartons, de ce qui n’a pas été vendu. Je trouve une petite robe noire que je portais jusqu’à mes douze ans. Au moins, lorsque nous quitterons le manoir, Fantou ne ressemblera plus à une souillon. Je dévale les escaliers pour gagner l’atelier de mon père, puis regagne ma chambre, une fois le large scotch noir de chantier en main.

J’ôte mon t-shirt tout en montant l’escalier, le lance vers ma chambre, puis gagne la salle de bain. Après un brossage de dents que je n’ai pas pris le temps de faire, j’applique du crayon noir sur mes paupière, de manière à dessiner trois branches d’étoile, dont une descend comme une larme. C’est une fantaisie discrète, mais qui met bien en valeur le regard.

Avec le ciseau à ongle, je découpe quatre grands morceaux de scotch noir. Délicatement, j’applique un morceau de gaze sur mes mamelons pour les protéger, puis colle ensuite les pièces de Chatterton pour former deux X aux branches épaisses qui me prennent tout le sein. Ça va sûrement être dur à enlever, mais ça va censurer ce que la maîtresse es manière mate déjà trop souvent.

Je remonte ma chevelure en prenant un air langoureux. Il ne faut pas que je regarde mon public, ça fait trop actrice pornographique. Il faut que je fasse comme si j’étais seule, ensorcelée par des rêves érotiques. Il faut que mon public se sente comme des voyeurs dans mon intimité, et non pas comme des clients à qui on exhibe un produit.

Je retourne à ma chambre, envoie mon short valser sur mon bureau, noue ma robe d’enfance autour de la taille, passe la dragonne de mon téléphone autour du poignet, puis gobe une pilule.

— Vieille peau, à nous deux.

Le plancher tangue dans la même seconde. Les lames s’écartent, laissant apparaître les cascades lumineuses de champagne qui s’enfoncent dans un abîme infini. J’essaie de rester en équilibre, puis je chute. Je hurle, dépassant des lapins qui tombent moins vite que moi.

Je me réveille en sursaut.

Fantou a les joues griffées de larmes.

— Pourquoi vous n’êtes pas revenue avant !

— Je ne pouvais pas.

— Irène a dit que vous étiez une mauvaise maîtresse qui n’en faisait qu’à sa tête.

— Et bien non. Si je pouvais ne jamais partir, je ne partirais jamais. Tiens, je t’ai trouvé une robe à ta taille.

— Je n’en veux pas !

Le cri de colère de ma courtisane me fige de glace et d’effroi, surtout après les mots doux qu’elle a eu hier. Alors pour éviter de me mettre en colère, j’inspire profondément et la prends contre moi.

— Fantou, chut. Je suis désolée. Je ne peux pas contrôler quand je pars et quand je reviens.

Je caresse ses cheveux.

— Allez, nous sommes amies.

Elle renifle.

— Où sont les autres ?

— Elles sont au théâtre.

— Parfait.

Je la pousse sur le côté, enfile mon string, ma robe, puis parcours la pièce pour récupérer mes chaussures à talon. Fantou me suit lorsque je quitte la chambre. Mes tripes sont nouées, mes talons claquent sur le granit le long du cloître désert, je vais abattre ma dernière carte. En espérant ne pas faire une erreur de stratégie, je parviens à la grande salle parquée.

Irène est en train de dire à la pétasse blonde :

— Vous êtes trop raide. La danse reflète celle que vous êtes dans l’intimité. L’empereur doit avoir envie de revoir indéfiniment votre danse.

En entendant mes chaussures sur le bois, toutes les autres se retournent. La vieille femme sourit :

— Bien. Léna Hamestia va peut-être nos éblouir de son talent.

— Je vais essayer.

Je passe devant elles et me place sur scène sans m’arrêter.

— Si vous ne voulez pas manger le soir, ça ne regarde que vous, j’économise sur l’intendance. Mais le bain du matin n’est pas une option.

Ma réponse est toute faite depuis hier soir. Je lui balance direct :

— Si je dois me rabaisser une fois de plus aux fantasmes d’une vieille femme lubrique, c’est que je ne suis pas digne d’être impératrice. Personne ne dicte à une impératrice la conduite à tenir.

— Mais vous n’êtes pas encore impératrice. En place !

C’est l’heure de vérité. Même si elle n’approuve pas ma danse, elle sortira tant du lot que, par peur que je devienne impératrice, elle me donnera son sceau. Elle a besoin de reconnaissance, donc de donner son assentiment à un maximum de prétendantes. Le trac m’envahit violemment. Je ferme les yeux et tâche de me détendre. La musique commence, lente, idéale pour la langueur. Les paupières closes, j’imagine que c’est Sten qui m’observe, qu’il se trouve presque collé à moi et que ses mains glissent sur mes jambes. Tout en rêvant, je tangue délicatement, comme une fleur de pavot caressé par la brise. Mes muscles se dénouent tandis que mon menton se baisse pour livrer le côté timide et chaste qui change tout. Mes doigts avides de tendresse effleurent l’extérieur de mes cuisses, puis remontent doucement ma courte robe. Épousant les notes à chacun de mes pas, je laisse mon corps libre de tout contrôle. En me tournant dos à mes spectatrices, je dévoile à peine le galbe de mes fesses nues qui balancent, suggérant une nudité qui n’existe pas. Mon corps ondule un peu plus amplement, souple comme la flamme d’une bougie. Alors qu’elles ont lâché le bas de ma robe, mes mains lascives remontent sur le tissus noir, jusqu’à ma gorge Mon visage se tend vers le ciel, tandis que mes mains descendent sur mon cou vers ma poitrine. Mes lèvres s’entrouvrent dans un soupir simulé, et lorsque je baisse à nouveau le menton, je dégage mes cheveux de ma nuque blanche. Je me baisse sans interrompre le chaloupé de mes hanches. Ne voulant pas croiser le regard intimidant de Dame Irène, j’entrouvre les yeux face à mes concurrentes. Elles sont silencieuses, attentives, et captives. Tout en me relevant lentement, les paupières à demi-ouvertes, mes hanches vibrent sur la musique. Sur le même tempo, mes mains remontent ma robe en entière au-dessus de mon string. Aucune autre, ici, n’a ce morceau de tissu qui suggère tout ce qu’il faut sans le montrer. Je caresse mon ventre, singeant une transe fiévreuse de désir. Délaissant le regard des filles pour m’isoler dans ma bulle, je descends ma paume sur mon entrejambe, suggérant une caresse. Elles sont en émoi, pincent les lèvres ou coincent la langue entre leurs dents. Je regarde la petite brune droit dans les yeux comme si je voulais la baiser. Je lis son trouble. J’ouvre ma robe et vrille dos aux aspirantes, tandis qu’elle tombe, légère comme une corolle. Le triangle de mon string valse au-dessus mes fesses. Elles chaloupent encore tandis que mon ventre entame une reptation érotique verticale. Un bras en travers de la poitrine, je me retourne, sans que mon corps ne cesse d’exprimer une torpeur paroxystique. Tandis que mon nombril les hypnose, je dévoile petit à petit la première croix qui masque mes mamelons, puis l’autre. Ondoyant toujours comme une couleuvre charmée, mes paupières se ferment à nouveau, pour apprécier l’extrémité de mes phalanges sur les contours de ma poitrine. Mes spectatrices se retiennent de respirer. Je referme mes bras en croix devant ma poitrine et referme mes mains autour de mon cou. N’ayant plus la souplesse pour effectuer le grand écart, je conclus en croisant les jambes et en m’inclinant devant elles.

Les musiciens s’arrêtent.

Un silence kiffant plane sur la salle. Fantou a la bouche grande ouverte. J’ai été sensuelle, je le sais. Ne pouvant me concentrer sur mon reflet, j’ai donné dans la liberté, et livré encore mieux que ce que j’espérais. Irène ne trouvant pas de mot, je demande :

— C’était bien une danse privée pour l’Empereur ?

La blonde laisse échapper un soupire pour faire genre que je n’ai rien compris, mais Irène dit :

— C’est exactement ça. C’est très inattendu, impudique, mais tout à fait ce qui convient. Vous savez écrire, la sensualité n’a pas de secret pour vous, je vais vous faire une lettre de recommandation.

Fantou laisse échapper un cri de souris joyeuse et la blonde se décompose. Nous l’entendons toutes murmurer :

— Mais elle se conduit comme une traînée.

— Demoiselles ! En cours de peinture sur soie.

— Mais Léna n’a jamais fait de peinture sur soie. Si ça se trouve, elle est nulle.

— Vous remettez mon jugement en cause ?

La blonde baisse le menton. Je murmure à Fantou :

— Enfile la robe que je t’ai amenée, et prépare-moi celle que je portais en arrivant ici. Fais un bagage avec mes chaussures.

Fantou se précipite en courant en dehors. Je revêts ma robe courte pendant que mes rivales quittent la pièce. Dame Irène me murmure :

— Je fais cela parce que vous corrompez toutes les autres.

— Ou parce que vous doutez moins de mon ascension au trône. Vous savez ce qui plaît aux hommes.

Ma flatterie la rend muette, et elle préfère répondre par un sourire narquois.

— Retrouvez-moi dans mon bureau dans dix minutes.

Elle sort à son tour, pour prendre la direction de ses appartements. Dans la galerie extérieure, la petite brune vient jusqu’à moi et me vouvoie :

— Je suis sûre que vous ferez une excellente impératrice.

— Merci. Mais peut-être toi aussi. Tu es jeune, très jolie, très différente de moi.

— Votre danse m’a mise dans un tel émoi. Je me rends compte du pouvoir que vous avez et que je n’ai pas. Si je n’ai pas le sceau de Dame Irène, je vous soutiendrai.

— Ne perds pas espoir. Sten choisira. Sois gentille avec ta courtisane. Quelques années plus tôt, ça aurait pu être toi à sa place. Et sois toi-même.

— Oui.

Je regagne mon appartement avec un sourire impossible à effacer. Fantou a délaissé les bijoux pour enfiler la robe noire à bretelles. Elle fait bien plus féminine qu’en guenilles. Je me débarrasse de la mienne. J’enlève très délicatement les bandes de scotch en travers de ma poitrine.

— Ça fait mal ?

— Oui. Mais faut souffrir pour être belle.

J’arrache le premier d’un coup sec en râlant entre mes dents.

— Attendez, je vais vous aider.

— Non ! Non, je préfère le faire seule.

J’arrache le second puis reprend ma respiration. Un grand X rouge me balafre le sein. Je maintiens l’autre pour tendre la peau puis dis à Fantou qui a l’air impressionnée :

— Vas-y.

Elle décolle l’angle puis tire trop doucement.

— Stop ! Laisse tomber, je le fais. Putain, elle était trop conne cette idée.

J’arrache les deux en même temps en haletant. Fantou ramasse les scotchs et regarde avec curiosité la colle. J’enfile ma robe bustier. Puis, jetant un dernier regard sur la chambre, je suis vraiment heureuse de me barrer. Nous sortons dans la galerie du cloître.

— Va préparer nos montures.

— Je peux aller voir les autres courtisanes avant pour leur montrer ma robe ?

— Bien sûr.

Elle s’enfuit en courant, ses pieds nus martelant la pierre. Je me demande du combien elle chausse. Je pars à la recherche des appartements de Dame Irène. Ils sont assez faciles à trouver, en bout du cloître et accessibles par un court escalier. Je pousse la porte entrouverte puis m’aventure dans l’obscurité.

C’est peut-être la pièce la plus agréable du manoir, chargée d’étagères en bois de vieux livres, des parchemins encombrant son bureau, ainsi qu’une bouteille de liqueur. La seule fenêtre est placée au-dessus du bureau auquel elle est assise.

Elle me tend un petit sachet de cuir.

— Hier, je vous ai promis de la sanguis stimula.

— Oui.

Je saisis délicatement la petite bourse au pouvoir précieux.

— Evidemment, n’en prenez pas si vous êtes blessée, vous ne voulez pas vous vider de votre sang.

— Bien entendu.

— Une pincée suffit, en infusion.

— Merci beaucoup.

Après un sourire en coin, elle plie une lettre et la range dans une enveloppe.

— C’est la lettre que vous destiniez à l’Empereur.

— Ah.

— Et voici la mienne. Si elle vous convient.

Je lis le papier, orné d’une écriture liée irréprochable. « Léna Hamestia est l’une des aspirantes les plus surprenantes à qui il m’a été donné d’enseigner. Elle sait faire preuve de compassion pour ses courtisanes tout en ayant l’autorité qui sied à une impératrice. Son sens des réalités démontre un raisonnement par elle-même et sa détermination est inébranlable. Au-delà d’avoir les qualités d’une souveraine, elle sait faire preuve d’une sensualité qui détonne avec son manque d’élégance, et qui fera d’elle la meilleure des amantes. »

Je me sens touché, qu’après ces échanges froids entre nous, elle pense réellement ça. J’imagine combien être la formatrice de l’Impératrice doit lui importer, mais ça me fait tant chaud au cœur que je lui dis :

— Merci. Merci beaucoup. Et je travaillerai l’élégance.

Elle a un rictus affable. Je quitte la pièce en tenant précieusement contre moi ces fameux courriers, puis retrouve Fantou dont j’entends la voix du côté des écuries. Elle prépare les véloces, entourées des autres fillettes. Elle a le droit à sa monture, alors que les autres repartiront sans doute à pied. Je vais renverser la considération que les aspirantes ont pour les courtisanes. Je vais casser les codes et devenir la rivale différente de toutes les autres. Lorsque je m’approche, les petites esclaves s’écartent en s’inclinant. Elles s’imaginent toutes que je suis la future impératrice. Si elles ont cette idée en tête, elle s’imprègnera dans l’esprit de mes rivales.

— Allez ! On retourne au village, leur montrer qu’ils n’ont pas eu tort.

Tout en tenant la bride d’Anaëlle, je gagne la porte que la domestique d’Irène a ouverte. Ma servante attend que nous soyons seules et dehors pour se confondre :

— Je m’excuse pour tout ce que j’ai dit.

— Ne t’en fais pas, Fantou. Je sais pourquoi tu avais peur. Allez tu vas me prendre en photo. Je te montre comment ça marche. On va s’éloigner un peu pour avoir le manoir derrière.

Nous nous plaçons à bonne distance, puis une fois Fantou face à moi, je déplie le courrier marqué du sceau.

— Je crois que ça ne marche pas.

— Mais si. Prends-moi sur mon véloce.

Je range le courrier dans la sacoche, puis remonte ma robe pour me hisser en selle. Fantou me mitraille, puis me rend mon téléphone. Lorsqu’elle se hisse, je la prends également en photo. J’envoie trois photos au groupe Rainbow Sorority. La première s’intitule « Épreuve de danse réussie. Diplôme de séductrice décroché. » Les autres sont une de moi et une de Fantou à dos de véloce. Je l’intitule sobrement « En route pour le village. » Siloë et Chell ne recevront rien tant que je n’ai pas de réseau, mais ça n’a rien d’urgent. Les photos avec les véloces devrait leur permettre de me croire et amorcer la discussion sur l’existence de ce monde.

— Fantou, il faut que j’économise ma magie. Si jamais je redeviens légère et transparente, tu penses que tu pourras rentrer au village sans moi ?

— Oui. Je vous promets.

— Garde le couteau avec toi.

Le soir vient et je n’ai toujours pas disparu. Je serre en permanence mon téléphone ainsi que la boîte contenant les deux Smarties et qui est restée dans ce monde à chaque fois. J’aurais dû garder du scotch pour les garder sur moi. Fantou a préparé un feu et elle a grignoté les quelques vivres qui nous restaient. Je n’ai rien mangé, car je compte faire une descente dans le réfrigérateur de mes parents dès mon retour dans mon monde.

J’ai fait un paquet avec ma robe courte et mes chaussures à talon. J’ai renfilé mon pantalon sous ma robe longue, plus chaud, et mes rangers avec mes chaussettes.

— Vous ne vous couchez pas ?

— Non. Je ne sais pas quand je vais disparaître. Dors Fantou, je veille sur toi tant que je suis là.

— Le village va vous offrir votre deuxième courtisane.

— Tu me suffis, je n’ai pas besoin de deux courtisanes.

— Mais c’est important. Car plus vous avez de courtisanes, plus vous avez de succès. Et les nombre de courtisanes, ça se voit tout de suite. Il y a peut-être des villages, quand vous passerez, vu que vous aurez déjà deux courtisanes, ils auront plus envie de voter pour vous et vous en donneront une troisième.

— J’y réfléchirai.

Fantou ferme les yeux, transie dans son duvet. J’observe les flammes du feu qui dansent, l’agression des deux hommes me revient, comme leur mort, le sang sur mes bras… Je ne suis pas rassurée pour Fantou, mais le prix des pilules m’oblige à l’abandonner. Après tout, c’était moi qui étais visée. Essayant d’échapper à ce souvenir anxiogène, je me force à penser à Sten. Une étape est franchie vers lui, et je remémore notre baiser torride, ses mains sur mes cuisses, mon corps écrasé entre son armure et le mur. Quel kif c’était !

Les murs de ma chambre apparaissent brutalement.

Pourvu qu’il n’arrive rien à Fantou. Je range les pilules, me déchausse puis descends les marches à pas de velours pour rejoindre la cuisine. Mon téléphone me siffle pour me dire que j’ai des réponses.

Je trouve un reste de taboulé dans le réfrigérateur. Une cuillère à soupe pour manger directement dans le Tupperware, une chaise pour m’asseoir. Le téléphone posé sur la table, je parcours la discussion des filles sur leur vie loin de moi. Ensuite, mes photos sont arrivées, et les filles ne dormant pas, ça répond :

Siloë : Trop fort tes photos !

Chell : Font vrai les raptors. C’est où ?

Siloë : Diplôme de séductrice ?

Chell : Il fait encore jour chez toi ?

Ne pouvant pas tout expliquer de brûle-pourpoint, je décide de répondre en laissant soin à leur curiosité de compléter.

Léna : Ça ne capte pas là-bas, c’est pour ça que les photos arrivent maintenant. J’essaie de pécho un mec, mais y a de la concurrence. Je suis allée dans une école es manières. On apprend à bien écrire, se tenir à table, à érotiser un homme. Je leur ai fait une danse hot avec juste du scotch sur les seins. Comme les autres filles font que des trucs de midinettes, ça a scotché la prof. Elle m’a donné le diplôme.

Siloë : J’aurais aimé une photo de toi avec du scotch.

Léna : T’as une photo de moi à poil, ça ne te suffit pas ;)

Chell : Je n’ai rien compris. Tu prends des cours pour chopper un mec ?

Léna : C’est le même système que Bachelor. D’abord t’es sélectionnée sur ton physique, ensuite tu dois réunir des votes de villages. Pour obtenir des votes, faut mieux être diplômée de séduction. Après y a un grand vote cantonal, puis on finit par le vote national.

Chell : Ça passe à la télé ? Sur Internet ?

Siloë : Les raptors ? C’est des maquettes ? C’est une émission ou une série de fantasy ?

Puisqu’elles me donnent leur propre vision, autant m’y tenir et les amener progressivement vers la réalité dans les jours qui viendront.

Léna : C’est un mélange de téléréalité et de fantasy. Ça passera une fois que tout aura été tourné. Je crois que c’est que pour Internet.

Siloë : Et ta best friend ?

Léna : C’est ma servante. Plus tu as de vote, plus tu as le droit à de servantes.

Siloë : T’as connu ça comment ?

Léna : C’est Victor qui m’en a parlé. Comme Geoffrey m’a mis un râteau de malade, je n’ai pas hésité. Et je m’éclate !

Chell : C’est après les cours ?

Léna : Je sèche les cours. Mais je ne regrette pas du tout. Faudra venir pendant vos vacances. C’est dix euros pour participer la première heure, et ensuite c’est dix euros pour une journée d’émission environ.

Siloë : Ça peut être cool. Mais je ne sais pas encore si je remonte.

Chell : Tu vas repiquer ton année ?

Léna : Sans doute, mais ça vaut le coup. Et si je gagne, je me fais dépuceler par le mec le plus viril de tout l’univers.

Siloë : Ça fait un peu superficiel. Faut pas faire une fixation parce que t’es vierge et coucher avec le premier prix d’une série télé.

Léna : Tu ne l’as pas vu, sinon tu ne dirais pas ça.

Chell : Photo !

Léna : On n’a pas le droit de faire de photo de lui. Si je gagne, je vous invite à notre mariage.

Chell : Bon, tout ça c’est cool pour toi, Léna. Je vous dis bonne nuit. Je suis morte.

Léna : Bonne nuit, Chell.

Siloë : Bonne nuit. Léna, ne fais pas de connerie. Tu le connais au moins le mec ?

Léna : Je lui ai roulé une pelle. Franchement, c’était whaoo ! Si t’avais été là, tu me comprendrais.

Siloë : Je m’inquiète pour toi ma poulette. Qui va t’empêcher de faire des conneries, maintenant que je ne suis plus là.

Léna : Reviens pour les vacances, ça va être génial !

Siloë : Je vais voir, je te redis.

Léna : Cool.

Siloë : Bonne nuit ma poulette.

Léna : Bonne nuit ma best number 1.

Siloë : :) :x

Bon, pour le moment elles le prennent bien. Va falloir alimenter en photo pour leur mettre le doute.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire petitglouton ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0