59. Linge sale

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Vendredi 23 novembre 2013

Chell a viré son narguilé prohibé, et je me suis assise sur son trône d’ébène et d’ivoire. J’ai revêtu ma robe de dentelle noire et légère, noirci mon regard, mis du charbon sur mes lèvres et emprunté quelques bagues sombres à ma meilleure amie.

Les quatre courtisanes de Chell ouvrent la porte à Sten et il s’avance jusqu’au rideau avant de se figer.

— Léna ?

— Surpris ?

— Mon Grand Intendant m’avait dit que je devais voir Léa, pas Léna. Serait-ce possible qu’il ait oublié un N ? Serait-ce possible qu’hier, je me sois trompé de chambre et que tu ne m’aies rien dit ?

— Hier, tu es venue voir l’élue du Duché Cœur-Empire. Aujourd’hui, tu es venu voir l’élue du Duché Noir.

— Les scribes ne m’ont pas averti de cette double-élection.

— Léa est ma sœur, et elle me doit une faveur. Donc, en échange, j’ai négocié ces quelques heures en ta compagnie ! Mais ce n’est pas ma cuisinière qui préparer le déjeuner. Et tu vois, ce sont ses courtisanes.

Il observe les fillettes à demi-nues. Je me lève puis lui tourne le dos pour gagner la table ou repose une carafe de vin.

— Le vin est moins sucré et liquoreux que celui que je t’ai servi.

— Où est Léa ?

— En face.

Je reviens vers lui et il me dit :

— Demain matin, lorsque j’irai rendre visite à l’élue du Duché Fort-Littoral, aurais-je le plaisir de te revoir une troisième fois ?

— Gaëlle ne me doit rien.

— Non, mais elle s’est retirée ce matin. Et je crois savoir que par tes exploits guerriers, tu fais une remplaçante à presque l’unanimité.

— Ah ? Et bien si ton créneau est libéré, je peux t’accueillir dans ma suite… ou dans la sienne, comme tu préfères. Et tu l’as laissée partir sans la baiser ?

Mon sourire provocateur dessine le sien.

— Les rumeurs disent qu’ils l’ont vue quitter ton aile de château hier, tard dans la soirée.

Sans lâcher ses yeux du regard, je lui souris :

— Les rumeurs, c’est vite répandu. Gaëlle elle-même le disait : ce n’est pas parce qu’on a vu une fille avec un dragon mort que c’est elle qui l’a tué.

Il balaie la pièce du regard.

— Il n’y a pas un damier ?

— Pourquoi, tu veux rejouer à action ou vérité ?

— Etant donné que tu es celle que je vais vraissemblablement épouser, j’aimerais davantage te connaître.

— Peut-être que j’ai séduit le duc de Fort-Littoral par ma hardiesse, mais peut-être Pauline a-telle retourné le pourpoing du duc et de la duchesse de Cœur-Empire en sa faveur.

— Tu gardes le soutien du Duché Noir, à ce que je comprends.

— J’ai tué leur mage, ça m’étonnerait qu’ils me soutiennent, mens-je.

— Tu es la sœur par hasard de leur élue. C’était le souhait du seigneur Njall d’unifier le nom des Exilés à celui de Varrok, peut-être pas le souhait de Léa. Maintenant qu’il est mort, elle s’éclipse, te laisse la place.

— J’aime bien ta théorie. On passe à table ?

Il opine du menton, et alors que nous nous asseyons, un peu éloignés l’un de l’autre, je lui demande :

— Si tu ne rencontres pas Gaëlle demain, peux-tu me rendre une faveur ?

— Deux visites au lieu d’une devraient te contenter.

— Pas pour moi. C’est pour que tu accordes un instant privilégié aux aspirantes déchues des Hauts-Ligneux qui ont rejoint mes rangs. J’ai une promesse à tenir, et si j’y parviens avant l’élection, cela renforcera leur loyauté à mon égard.

— Cela me surprend, toi qui veux me tenir à l’écart de la tentation de toute aspirante déchue.

— C’est une confiance aveugle que je serai bien obligée d’avoir quand nous serons mariés. Et une fois unis, chaque fois que j’apprendrais une infidélité, je coucherai avec un soldat. Ça ne te fera pas plaisir.

— Certes non.

— Nous avons tous deux des gens qui nous adulent. Je ne comprends pas pourquoi toi tu peux forniquer à tout va, et que moi je dois garder mon hymen intact…

— L’hymen n’a pas d’importance, certains alchimistes savent le recomposer. Les scribes utilisent un sérum qui se colore lorsqu’il détecte les sécrétions d’un homme mêlés à vos sucs. Ce sont des traces qui restent très longtemps.

Je reste sciée. Ça veut dire que Gaëlle est encore qualifiable, mais qu’elle l’ignore.

— Je pense que personne ne le sait.

— Non.

— Et qu’il faut que cela reste secret.

— Pourquoi ?

— Et bien… Je ne sais pas. Pauline ou Kalia pourraient trouver d’autres hommes, leur mettre une capote et…

— Une capote ?

— Un truc de mon monde. En tout cas, merci de ta sincérité.

— Je doute que tu aies envie d’aller voir un autre homme, même avec ta capote.

— Parce que ?

Il sourit simplement. Il n’a pas besoin de répondre, je suis mordue de lui, exclusivement de lui. Je respire pour lui, je tue des dragons pour lui. Il faut que j’interromps ce jeu d’opposition qui me déplaît. Je fais défiler des vieux articles d’atualité bloqués sur mon téléphone et lui explique le jeu du jour :

— J’ai écrit des situations, je te les lis et tu me dis comment tu réagis. D’abord ce que tu penses, et ensuite ce que tu fais.

— Allons-y pour ce nouveau jeu.

En lisant, je transforme les articles pour que ça colle à l’univers qu’il connaît, et j’écoute ses réactions. Mon but aujourd’hui, n’est plus de savoir si lui et moi nous nous plaisons, c’est de savoir si nous sommes sur la même longueur d’onde. Avec joie, je constate que nous sommes à quatre-vingt pour cent d’accord. Et dans les vingt pour cent restant, nous sommes à l’écoute l’un comme l’autre de nos arguments. Il me confie même que c’était rare de rencontrer une femme qui savait disserter et qu’il trouvait ça charmeur.

Loin de la chaleur de notre dernière rencontre, nous échangeons de manière enjouée. Finalement, il n’y a bien que son appétit pour les chattes qui nous oppose. La discussion est si fluide que c’est comme si nous étions en couple depuis des années. Je me sens comme destinée à lui.

Je me lève de table pour empoigner une bouteille de liqueur et me place derrière-lui pour le servir. Mes lèvres fredonnent près de son oreille :

— Je trouve que nous nous entendons bien, si j’échoue, ça va me manquer.

— Une femme, avec une renommée comme la tienne ne reste jamais loin de monde impérial. Il y aura toujours une aile qui te sera réservée.

Ses mots me blessent profondément. Plus je le côtoie, plus je suis amoureuse de lui. Ce n’est plus une simple attirance physique, ni l’attraction naturelle du mâle alpha. Mes yeux s’humidifient, alors je me tourne vers ma place en lui répondant :

— Je ne pourrai me contenter d’être une simple visiteuse.

Parce qu’il sent ma blessure, il se lève et pose ses mains chaudes sur mes hanches glacées.

— Tu ne seras jamais une simple visiteuse.

— Si j’échoue, je retournerai dans mon monde.

— Tu parles d’échec, mais ce n’est pas toi qui choisis, c’est le peuple. Peut-on parler d’échec quand ça ne dépend pas de soi ?

— Ce n’est pas toi qui a dû développer des techniques de séduction, trouver des robes toujours plus harmonieuses et élégantes, choisir les mots justes avec les bonnes personnes, manger sans recracher les plats les plus dégueux, supporter d’être nue et ausculté par des poissons en blouse blanche. Tu crois que ce n’est pas un échec de ne pas être élue ?

Les larmes roulent sur ma joue. J’ai bu trop de vin.

— Tu as oublié de parler de la mort de deux dragons, un mage et un baron.

— C’était le plus facile.

Ses bras glissent sur ma peau et m’étreignent tendrement. Son visage se pose dans mes cheveux et sa bouche murmure :

— Tu doutes d’être élue ? Les gens de Kitanesbourg brodent ton blason sur des bannières et vendent l’ensemble de leur marchandise à chaque marché. Ce même blason qu’arborent les trois prêtresses les plus influentes du Duché Noir. La discorde divise les Hauts-Ligneux, pendant que l’adulation enflamme Fort-Littoral. Note que leur championne a déclaré forfait. Qui crains-tu ?

Je me tourne pour me blottir contre lui.

— Je crains juste de ne plus te revoir.

Sa main gauche glisse dans le creux de mon dos et sa main droite remonte la dentelle pour envelopper mes fesses. Sa voix a un sourire :

— Si je craignais de ne plus te revoir, je t’aurais déjà couchée sur le sol et je te ferais l’amour chaque jour jusqu’à mon mariage. Et mon désir n’est pas enflammé que par tes courbes.

— C’est gentil.

Je lève le visage vers lui, un peu navrée d’avoir les joues humides. Mais cela l’émeut et ses lèvres s’emparent des miennes. Mes doigts plongent sous sa veste et parcourent les vallons de ses muscles. Nous sommes faits pour nous aimer ! Aucune autre n’a le droit de me le prendre !

On tambourine à la porte :

— Seigneur Varrok !

Je sursaute, mais ne lâche pas mon étreinte. Une des courtisanes de Chell ouvre la porte et un garde aux ailes noires pénètre. Il s’étonne une seconde de me voir, sinon de nous voir blottis l’un à l’autre, puis il dit :

— Votre piège a fonctionné, seigneur Varrok.

Sten a un sourire satisfait, puis me dit avant de me décoller de son uniforme :

— Il n’y a pas de meilleur moment pour me prouver ton amour.

Je fronce les sourcils, puis le suis. Ma sentinelle en poste au bout du couloir m’emboîte le pas. Nous quittons l’aile par un passage secret, puis nous gagnons le cœur du palais. À nouveau, un mur s’ouvre à l’approche de l’Empereur, et nous permet d’accéder à un autre raccourci. Nous grimpons des marches auxquelles je n’ai jamais accédées. L’escalier en colimaçon me semble interminable, jusqu’à ce qu’enfin, nous débouchions sur une salle dans un tour aux larges vitres, baignée de soleil. Chell est debout au milieu de la pièce, devant des étagères recouvertes de bibelots.

— Chell ?

— Léna !

Sten me retient par le poignet :

— Ne t’approche pas d’elle ou tu finiras également piégée. Léa, croyez-vous vraiment que j’aurais laissé une descendante des Exilés entrer dans ce château sans prendre de précaution ? — Chell essaie de se tourner, mais visiblement, ses jambes sont figées. — Prise au piège comme une vulgaire voleuse.

Sten se tourne vers son soldat et sort une dague de son fourreau. Il me la tend et me demande :

— Tu m’aimes ? Si tu l’égorges, j’annule l’élection et j’annonce nos fiancailles.

Je proteste en lui arrachant la dague des mains :

— D’abord, je veux comprendre.

— Comprendre ?

— C’est ma sœur !

— Ta sœur s’est introduite dans une tour qui m’est réservée, en rusant pour voler un objet de ma collection. Et pour être plus précis, il s’agit de la collection débutée par mon père, donc c’est quelque chose qui me touche au plus profond.

— D’accord. Ça c’est ta version. Je veux la version de Chell.

— Une version de sorcière, une version par une langue fourchue.

Chell lui tire la langue.

— C’était une image, dit-il, sorcière.

— Donc, Chell ?

— Je voulais juste récupérer le sceptre du Duché Noir, sceptre que son père a volé à mes parents ! L’Empire et le Duché Noir auraient pu être des alliés puissants si son père, Diphilos Khal n’avait pas eu peur de nous. Nous n’aurions jamais voulu la guerre !

— Nous non-plus, sougline Sten. C’est pour ça qu’elle n’a jamais eu lieu.

— Parce que vous avez rusé ! Parce que vous avez profité de notre bonté pour exiler mes parents ! Donnez-moi juste le sceptre et je repars !

Sten lâche un éclat de rire.

— Te donner le sceptre ?

— Pourquoi ? interviens-je. Ce n’est qu’un symbole. Un symbole de votre bonté.

— Non, ce n’est pas qu’un symbole, répond Chell à la place de Sten. Il renferme l’âme de mes parents. Sans leur âme, ils ne peuvent plus faire de magie, ils ne peuvent plus aller de monde en monde. Et ton boyfriend ne veut pas que je les libère.

— Pourquoi ? demandé-je.

— Les Exilés n’ont pas la même vision de la magie que les Varrok, répond Sten.

— Les Exilés ont un nom ! rugit Léa. Ce sont des Varrok ! Et j’ai autant de sang de Varrok que vous ! Vous, vous êtes un Khal ! Pas un Varrok !

La colère de Chell ne fait pas ciller Sten. Je me remémore le cours de Fantou au sujet de Savana Varrok la mère de Sten, tuée par le père de Sten pour avoir eu une liaison avec une courtisane. Le régent répond simplement :

— Ils resteront pour moi les Exilés, et ce jusqu’à la fin des temps. La magie doit être contrôlée, uniquement entre les mains de ceux qui en font bon usage. Les Exilés la laissent libre à tous et leur Duché est infesté par des engences de mages noirs, tueurs d’enfants et profaneurs de sépultures.

— C’est une piètre excuse venant d’un homme qui craint la vengeance. Mais puisque vous venez sur ce terrain, laissez-moi vous dire que ce n’est pas en vous réservant la magie que vous l’empêcherez d’exister, réplique Chell. Les gens la pratiqueront dans l’ombre, et utiliserons une magie toujours plus obscure. Au lieu de laisser des jeunes talents découvrir leurs dons, concevoir des artefacts merveilleux pour le bien à tous, vous fabriquez des mages noirs, égoïstes, qui vous résistent et vous narguent comme Njall.

— Sans lui, tu ne serais pas revenue dans ce monde.

— Ce n’est pas pour ça que je suis comme lui.

J’interviens :

— J’ai rencontré le mage Njall et j’ai rencontré les parents de Chell. Ce sont des gens totalement différents. Je t’ai raconté l’affrontement, tu sais ce que j’ai vécu et à quel point les mages me font peur. Mais il n’y a pas à se méfier des gens comme la famille de Chell.

— On ne connaît jamais les gens comme on le croit, Léna.

— Tu les connais ?

— Je ne connais que leur puissance. Mon père les a exilés, et je ne prendrai pas le risque de les faire revenir.

— Ton père ne s’est-il méfié sans apprendre à les connaître ? Je te jure Sten, je me porte garante d’eux.

— L’expérience m’a appris qu’on ne se méfie jamais assez. Ma mère comme mon père l’ont payé entre ces murs. Maintenant Léna, choisis. Ton amitié ou le trône.

— Attends, attends. D’abord, je ne veux pas du trône. — Je laisse tomber la dague. — Tu n’as pas compris que c’est juste toi que je voulais.

— Si, reconnaît-il.

— Je veux juste recoller les morceaux du puzzle. Vous êtes cousins ?

— Ma mère est la fille de la cousine de la mère de Sten, répond Chell. Le Duché Noir est la dot donnée aux Khal pour le mariage.

— Pourquoi ton père a exilé la famille de ta mère ?

Chell répond à la place de l’Empereur :

— Diphilos Khal a trahi les Varrok parce qu’il a eu peur de la révolte après qu’il ait tué Savana Varrok. Et au final, il aurait mieux fait de se méfier de sa nouvelle femme.

Sten a un rictus qui me fait comprendre que c’est lui qui a tué son père, et non pas sa belle-mère. S’il a eu assez de haine pour le faire, et s’il a donné le nom de sa mère à l’Empire, pourquoi craint-il de briser ce que son père a fait ? Je le questionne :.

— De quoi as-tu peur ? Moi je crois ce que Chell raconte. Ton père les a exilés parce qu’il craignait une vengeance, et si ce sont des mages puissants, j’aurais fait comme lui. Mais aujourd’hui, tu portes le nom des Varrok. Tu as honoré la mémoire de ta mère en donnant son nom à l’Empire. Pourquoi t’en voudraient-ils ?

— Les vengeances ne s’arrêtent pas aux générations, Léna. Quand une armée de morts s’abattra sur l’Empire, qui emmènera les hommes aux combats, toi ?

— Arrête ! m’écrié-je. Tu ne les connais pas ! Moi je les ai fréquentés ! Ils sont la bonté incarnée ! Et si je me trompe, et bien c’est moi qui irai me battre !

— Tes mots dépassent ta pensée. Et tu oublies que tu n’es pas encore ma femme.

— Tu crois que j’ai encore envie de devenir ta femme ? Libère ma sœur, je t’en supplie. Garde le sceptre, mais libère-la.

— Qu’elle se tienne loin de moi.

Il pose la main sur un écu couleur cuivre et les jambes de Chell se libèrent. Elle recule vers le mur, alors je lui tends la main. Chell se glisse derrière-moi tandis que Sten traverse la pièce. Il décroche le sceptre du mur puis il dit à son garde du corps ailé :

— Soldat ?

— Oui, mon Seigneur ?

— Faites passer le message que désormais, le chef de vos armées est l’aspirante Léna Hamestia. Ainsi, si un fléau s’abat sur l’Empire, c’est elle qui vous mènera au combat.

— Bien mon seigneur.

Froid, implacable, il me tend le sceptre.

— Placé dans les rayons du soleil, il libère les âmes qu’il renferme. Maintenant, même si vous échouez à m’épouser, vous avez une place à mes côtés.

Je note bien qu’il me vouvoie à nouveau. Je tends les bras et place le scèptre dans les rayons. La pierre précieuse bleue s’illumine puis s’éteint après quelques secondes. Sten articule froidement :

— Léa Varrok, vous quitterez ce château dans la journée et soulignerez la bonté dont j’ai fait preuve à votre famille. Soldat, accompagnez-la.

Il lui fait signe de partir. Chell empoigne le sceptre, m’embrasse sur la joue, puis dévale les escaliers. Je me retrouve seule face à Sten, et ma sentinelle essaie de se faire petite.

— Priez pour être élue Léna Hamestia. Si vous êtes sur le trône, cela tarira peut-être leur soif de vengeance.

— Vous pouvez vous arranger pour que je gagne.

— Je ne sais pas si j’ai envie que vous gagnez. Un homme qui se laisse convaincre par son épouse est-il digne de gouverner ?

— Je vous ai juste aidé à réfléchir.

— J’ai réfléchi à votre requête pour demain, je l’accepte.

Son ton m’indique bien que notre entrevue est terminée. Je n’oublie pas qu’il doit passer la soirée en compagnie de Pauline. Je choisis de me taire, puis de quitter la tour. Tout en descendant les marches, je dis à ma garde :

— Ne racontez pas ce qui s’est passé ici. Laissez les rumeurs se faire. Je ne veux pas qu’on croit que Sten a plié sous mes arguments.

— Oui, Dame Hamestia.

J’espère avoir parlé assez fort pour que Sten ait entendu ce que je viens d’ordonner. Nous sortons du passage secret. Je me sens vidée. J’ai glacé notre relation qui devenait si chaude, il a même proposé de m’épouser sans attendre les votes. Me voilà à nouveau le jouet du hasard, et si je ne parviens pas à me réconcilier avec lui, être mari et femme sera difficile.

Dans la cour des aspirantes, les partisans de Chell sont en pleine animation. Je prends donc la direction de sa suite. La porte est ouverte laissant échapper la voix charmeuse de Siloë. Sitôt que je passe, Chell me saute dessus et me couvre de baisers.

— Je t’aime ma poulette ! Je t’aime trop !

Sa joie réconforte mon cœur refroidit par la distance qu’a pris Sten.

— Je te fais confiance. Je ne veux pas me retrouver à diriger une armée contre celle de tes parents.

— Léna ! Mais t’as cru à sa parano ! Mes parents ? Lever une armée ? Non, mais t’as vu la gueule de mes parents ? Non, mais on va reconstruire un palais en face de celui du duc et de la duchesse de mes deux ! Et puis avant, on va… ah si ! Ah si ! Ah grave que si, on va rassembler une armée ! On va te faire une armée de supporters pour que tu sois élue. Tu auras cent pour cent des voix du Duché Noir ! T’es notre princesse pour l’éternité !

Elle plaque sa bouche sur la mienne puis sautille en hurlant de joie. Elle sort une dragée de sa ceinture d’ébène.

— Je vais chercher papa et maman ! On se retrouve à ton mariage !

Elle gobe la dragée puis disparaît. Siloë me dit :

— Et bien, je ne l’ai jamais connue comme ça.

— Oui, elle est heureuse.

— Toi, ça va ?

— Sten me fait la gueule, mais ça va lui passer. Dommage, on se tutoyait, on était déjà marié dans nos têtes.

— Viens, on va boire un godet avec les soldats, ça va te changer de trâiner un peu avec eux.

Bras dessus-dessous, Siloë m’entraîne dans sa bonne humeur.

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