Chapitre 3
— Qui a grogné ? demanda Romy, qui revenait avec une grande caisse débordante d’affaires, principalement des robes d’été.
— J’ai dû entendre... Je ne sais pas trop. Il scruta Dix-huit, longuement, perturbé par ce qui était venu d'elle puis, après un temps, choisi de revenir au sujet initial et repris :
— Dix-huit ne peut pas être ton nom, c’est un nombre.
— Dix-huit ? dit la rousse en regardant la jeune femme, tu t'es souvenu de quelque chose ?
L'hybride secoua la tête mais désigna son poignet de son index.
— Ca ne peut pas être ton prénom... Si ? sceptique, Romy passait de la jeune femme à Yato.
L'hybride passait son pouce sur la marque en relief, l'air peinée.
— Ceci dit, en attendant que tu te souviennes de ton vrai prénom, on peut t’appeler ainsi si c’est ce que tu souhaites. obtempéra Romy.
La proposition de la rouquine la rassura, et elle hocha la tête.
— Tu tiens vraiment à ce qu’on t’appelle Dix-huit ? Demanda Yato. Elle haussa les épaules, ça lui était égal, mais c’était toujours mieux que « l’inconnue » ou « la fille de la chambre 7 » comme elle avait souvent entendu dans les couloirs du centre.
— Ce n’est pas vraiment un prénom tu sais ? Tu pourrais choisir quelque chose qui te plairais ? insistait Yato.
— Dix-huit me plait.
— Ça fait un peu… Matricule. grommela-t-il.
— Elle trouvera bien quelque chose plus tard, intervint Romy. Moi ce qui m’inquiète le plus, ce sont ses vêtements. Tu ne peux pas rester comme ça, ironisa-t-elle, montrant la tenue que portait la mutante songeant qu'elle trop grande et trop légère pour le temps actuel.
— Ah non ?
— Vraiment pas. Alors approche, Dix-huit. J’ai beaucoup de robes, mais tu pourras mettre un pull en dessous ou par-dessus selons ce qui te plait le mieux, tu es bien trop jolie pour porter un truc aussi laid. Viens choisir, je te montrerai la salle de bains ensuite.
Elle repris la caisse pour se diriger vers le salon. — Enfin, si tu veux je te force pas, dit-elle en avançant.
Romy était une petite femme pleine de peps, qui respirait la joie de vivre. Sa chevelure bouclée entourait son visage et, par sa couleur faisait ressortir l’éclat d’ambre de ses yeux. Sa voix douce était agréable à entendre, et elle semblait née pour rayonner. Dix-huit avait du mal à l’imaginer autrement qu’avec un joli sourire sur le visage.
Yato finit de débarrasser et de ranger la cuisine, ne pouvant s’empêcher de garder un œil sur Dix-huit, partagé entre distraction et fascination.
— Tiens, tu devrais essayer celle-ci. Avec tes cheveux elle ira parfaitement. J’ai toujours rêvé d’avoir une sœur ! Au lieu de ça, mes parents m’ont offert un frère bagarreur et pas très causant ! Lança-t-elle en élevant la voix pour s’assurer que son frère l’entende depuis la cuisine. Et puis un peu geek par-dessus le marché, alors tu imagines le mélange. Au lycée, personne ne savait dans quelle case le mettre : le type excelle en sport, en art, il est gentil et bon aux jeux pour couronner le tout. Mais ! Il finit toujours par se battre parce que c’est un idiot !
— Idiot ?
— J’entends Romy !
Elle chuchota à l’oreille de Dix-huit.
— Il est un peu trop protecteur.
— Idiot…protecteur. Dix-huit sourit en hochant la tête, comme si elle prenait note.
Yato vint s’appuyer contre le cadre de la porte qui séparait le salon de la cuisine.
Dix-huit n’avait pas tout compris, principalement par ce que rien de tout ça ne lui était familier. Sa mémoire était embrumée, mais cette fois, elle n’arrivait même pas à se faire une vague idée. Elle ne connaissait pas l’art, le lycée ou les jeux, elle en était certaine pourtant la légèreté de la conversation lui tira un sourire.
Dix-Huit prit la robe tendue par Romy et entreprit de retirer le t-shirt des All-Blacks qu'elle portait sans se soucier un instant de la présence de ses hôtes.
— Woh euh je vais… Par là. Dit Yato se retournant pour s’éloigner et retourner dans la cuisine tout en désignant sa direction de son index.
— Dix-huit ! S’exclama Romy, baissant d'un geste vif son t-shirt, qui était presque au-dessus de sa poitrine. Tu ne peux pas te déshabiller ici.
— Non ? elle demanda à mi-voix, ayant l’air d’une enfant qui aurait fait une bêtise.
— Yato… C’est un homme, et euh… enfin je veux dire…
J’ai fait quelque chose de mal ?
Romy s’arma d’un sourire doux.
— Tu ne peux pas enlever tes vêtements n’importe où et devant n’importe qui, certaines personnes sont malintentionnées. Bon, on va sélectionner des affaires et je vais te montrer où tu pourras te changer.
Elle l'accompagna à la salle de bains l'aidant à se changer, son amplitude musculaire n'étant pas encore tout à fait remise. Elle constata avec peine un nombre anormal de marques sur sa peau, des cicatrices profondes dans son dos et sur ses jambes et même, la marque d'un lien ou d'une chaine à sa cheville.
Une fois certaine qu'elle pourrait se débrouiller seule, Romy quitta la pièce et s’éclipsa avec son frère, prétextant devoir sortir les poubelles.
Annotations
Versions