Chapitre 1 ~ Luka

7 minutes de lecture

Quatorze ans plus tard...

Je regarde le cercueil, entouré de gens que je connais très bien, d'autre moins, impuissant. Je reste loin de cette foule de personne venues lui dire un dernier au revoir. Mes yeux ne le lâchent plus, avant que ma belle-sœur se place devant moi.

— Toutes mes condoléances, Luka chéri, me dit Marie-Anne en me prenant dans ses bras.

— Merci, Marie, à toi aussi, je lui réponds en la serrant plus fort contre moi. Ta sœur va terriblement me manquer, je souffle à son oreille.

— Oh, Luka... Elle t'aimait, tu sais, elle t'a toujours aimé, même lorsque nous étions enfants, mais son combat contre la maladie était perdu d'avance, me dit-elle en sanglotant tout en essuyant une larme solitaire qui coule le long de ma joue râpeuse.

Elle me prend par le bras, nous protégeant du mauvais temps avec son parapluie, afin de me guider vers le reste de la foule, devant son cercueil. Nous nous plaçons à côté de Marc, le grand frère de Marie-Anne et de ma femme, nos regards brillants se croisent avant de nous prendre dans nos bras. Marc pleure en silence pendant notre étreinte rapide avant de me lâcher et de se mettre droit. Nous nous donnons tous les trois la main et regardons une dernière fois cette personne qui nous était chère...

— Nous sommes ici pour dire un dernier au revoir à notre bien-aimée Maryline. Elle était à la fois épouse, sœur ainsi qu'une amie, et aimée de tous. Nous sommes tous attristés par sa disparition, et elle restera à jamais dans nos cœurs. Je vais à présent laisser la parole à son époux qui souhaite lui dire quelques mots, déclare le funéraire.

— Merci..., je murmure faiblement, avant de prendre une grande inspiration de courage. Mary, tu as été et tu seras la seule femme que j'ai aimée de toute ma vie, dis-je en sanglotant un peux. Je ne peux pas imaginer ma vie sans toi, tu vas... tu vas tellement me manquer. Tu n'étais pas seulement ma... ma femme, tu étais aussi ma meilleure amie, ma confidente, tu connaissais tous de moi, comme je connais tous de toi. Je t'aime tellement, finis-je par dire en pleurant toutes les larmes mon corps.

Marie-Anne vient me prendre dans ses bras et murmurer des mots apaisants à l'oreille, pour m'apporter un peu de réconfort.

Je regarde le cercueil de ma femme descendre dans le tombeau, en pleurs, pendant que la musique «Si t'étais là » chantée par Louane, qu'elle aimait tant, comble le silence et cache les bruits de reniflements de nos pleurs.

« Parfois je pense à toi dans les voitures

Le pire, c'est les voyages, c'est d'aventure

Une chanson fait revivre un souvenir

Les questions sans réponse ça c'est le pire. »

Petit à petit, les personnes venues pour son enterrement partent au compte gouttes. Moi... je suis toujours là, malgré la pluie, à regarder le tombeau de ma femme scellé a écouter cette chanson et à me retracer tout ces souvenirs que j'ai d'elle et avec elle.

« Je m'en fous si on a peur que je tienne pas le coup

Je sais que t'es là pas loin, même si c'est fou

Les fous c'est fait pour faire fondre les armures

Pour faire pleurer les gens dans les voitures »


— Comment vais-je faire sans toi ? je murmure à ma femme en pleurant. Je suis perdu, je...

— Luka... m'interromps ma belle-sœur. Vient, tu es déjà trempé. Maryline ne voudrait pas que tu rendes malade, surtout le jour de son enterrement, me dit-elle en m'abritant à nouveau de son parapluie.

— Ok... je répond doucement en me laissant guider.

***

De nos jours...

Je regarde par la fenêtre, par ce temps maussade, et vois un camion de déménagement garé devant la maison d'en face. Plus de dix ans que je ne l'avais pas vu habitée. La famille Rayes y a vécu pendant des années avant de subitement déménager parce que leur fils Andrew venait de faire son coming-out. Malheureusement, ça ne leur a pas plu, car étant une famille catholique, voir leur fils amoureux d'un autre garçon, moi, le voisin d'en face, cela ne plaisait encore moins, et moi, ça m'a brisé le cœur...

Je secoue la tête et commence à me retourner, jusqu'au moment où je vois un homme d'environ le même âge que moi, dans la trentaine, sortir de la maison. Un homme plutôt grand, cheveux bruns presque noirs avec une barbe de trois jours, je pense, très bien taillée. Il est habillé, de ce que je peux apercevoir, d'un jean noir et d'un sweat-shirt à capuche gris. Je le regarde avec insistance, comme hypnotisé par lui, prendre des affaires dans le camion et les rentrer dans la maison avec les deux autres hommes avec lui. Bizarrement, cet individu me rappelle, par les traits de son visage, même vieillis par l'âge, Andrew Rayes. Mais ça ne peut pas être lui, je n'ai plus eu de nouvelle de lui depuis son départ précipité il y a de ça quinze ans...

Toujours devant la fenêtre, je regarde encore les trois hommes faire le déménagement, jusqu'à ce que je vois la Ford Fiesta rouge mate de ma belle-sœur arriver devant chez moi. Je souris lorsqu'elle part à la rencontre du nouveau venu, après s'être garé. Je soupire en riant et secouant la tête, Marie-Anne a toujours était très, parfois trop sociable, une vraie tornade. Je les connais, elle et ma défunte femme, depuis le collège. À vrai dire, nous formions une bande d'amis très restreinte, elle se composait de Marie-Anne et Maryline qui sont, enfin étaient, sœurs jumelles, de leur frère plus vieux de deux ans, Marc, puis d'Andrew et bien évidemment de moi.

Je m'éloigne de la fenêtre afin d'empêcher les souvenirs de refaire surfacent. Je me précipite vers la cuisine pour préparer son thé avant qu'elle n'entre comme dans ses habitudes : comme une furie.

— Tu ne devineras jamais qui je viens de croiser, me dit-elle excitée, comme une puce.

— Bonjour à toi aussi Marie, je rétorque en soupirant.

— Oui, oui, bonjour. Bon alors, tu ne devines pas ?

— Comment le pourrais-je ?

— Hum... dit-elle en mettant son index sur sa bouche en levant les yeux au ciel, comme si elle réfléchissait. Pourtant, il me semble bien t'avoir vu l'observer tout à l'heure en me garant devant.

Je fronce les sourcils, inquiet de la réponse qu'elle va me donner. Pitié, faite que ce ne soit pas lui, faite que ce ne soit pas Andrew. Non. Tout mais pas mon Andrew.

Mon Andrew ? Non ce n'est plus le miens depuis quinze ans !

— Il s'agit de notre vieil ami...

Je m'assois sur la chaise pour ne pas tomber, car je sais qu'elle fait durer le suspense, pour que je le comprenne avant qu'elle me le dise. Elle et sa sœur m'ont ramassé à la petite cuillère quand il est parti. Et je sais qu'elle sait, que je l'ai toujours aimé, même si j'aime encore sa sœur. Maryline était et sera toujours la femme de ma vie, mais Andy, lui, était l'homme de ma vie.

— Andrew Rayes ! s'écrit-elle en sautant partout devant moi.

— Super... je marmonne en soupirant.

— Tu ne l'as pas reconnu, c'est ça ? me demande-t-elle en reprenant son sérieux et en s'asseyant à côté de moi.

— Non ! Enfin, si... Disons qu'il me disait quelque chose, mais j'espérais que ce ne soit pas lui, je lui réponds en me prenant la tête dans les mains.

— Luka chéri, essaie de renouer avec lui. Qui sait vous deviendrez peut-être de nouveau amis...

— Je ne sais pas, j'ai tellement souffert de son départ. Je ne pense pas avoir le courage de lui parler à nouveau. Ça me ferait trop mal. Et puis, je suis toujours en deuil, je n'ai pas le moral pour supporter tout ça.

Marie-Anne comprend qu'il ne faut pas continuer à m'en parler alors, elle fait ce qu'elle l'habitude de faire depuis un an : elle me donne un peu de réconfort en me serrant dans ses bras, pendant que moi, je pleure.

— Bon, alors, comme nous sommes samedi, qu'as-tu prévu aujourd'hui ? me demande-t-elle après quelques minutes silencieuses.

— Pas grand-chose, il faut que je termine un projet pour un client.

— Non, ne me dis pas que tu vas bosser un jour de week-end ?

— Marie, je suis à mon compte si je veux continuer à me faire de l'argent, je dois bosser. Je n'ai pas les mêmes horaires que toi !

— Bon, ok ! Mais tu vas en avoir pour combien de temps ? Parce que je nous ai programmé un petit quelque chose pour ce soir.

Je fronce les sourcils, en me demandant ce qu'elle a encore prévu. Voyant que je ne réagis pas, elle poursuit.

— Donc en fait, j'ai une amie qui a son roman en dédicace après une lecture d'un de ses passages dans une librairie pour son vernissage aujourd'hui. Elle m'a proposé de venir avec un ami, du coup...

— Du coup tu as pensé à moi. Ton beau-frère, ami de toujours qui est seul chez lui tous les jours ! je rétorque en lui coupant la parole.

— Hm non ! Je voulais dire : du coup, comme tu es un passionné de livre, vu la super bibliothèque que tu as ici, je te propose de m'accompagner. Mais ton idée n'est pas mauvaise non plus. Cela fait un an que tu es seul, à part quand tu as des rendez-vous avec des clients.

Que dire à ça, elle a entièrement raison sur toute la ligne alors je soupire et abdique. Encore une fois...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Lola MAOB ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0