Chapitre deux

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Repues, nos deux convives se pressent avec engouement dans la cave aux trésors.

« c’est parti, en tenue de combat »
« haha ouaiiiiiis »

Les combattantes se jettent dans un coin de la pièce où, un porte manteaux brandit diverses salopettes, tabliers et bleus de travail.

Victorine arrache sans ménagement son débardeur beige découvrant son dos, son torse, entièrement nus, ni soutien ni brassière ne protègent sa menue poitrine toute blanche.

Oriane, quant à elle, se dévêt précautionneusement de son t-shirt.

Pudiquement, elle tourne le dos à sa copine, pose le vêtement sur le porte manteaux et s’empresse vivement de saisir une chemise en jean, hyper large et tachée de part en part.

Victorine, d’un bon, revient faire face à son amie, elle se sert d’un grand tablier en lorgnant la poitrine serrée dans le soutien trop étroit d’Oriane.

« hé bé, mais tu fais du combien maintenant »
« moi ?, je,… de quoi ? »

« ton soutif »
« ché plus, 100 F je crois »

« putaiiiiiiin la meuuuf, moi je galère toujours avec mon 85 B que je remplis à peine quand je me cambre et que je suis excitée »
« mh ben on échange hein si tu veux, parceque moi, franchement ça me soule »

Oriane, l’air blasée, soulève un sein de chaque main mimant un effort athlétique.

« oui oui oui j’en veux carrément des comme toi, miss sexy »

La blondinette gonfle fièrement le buste en empoignant ses petits seins pointus pour tenter de les faire gonfler.

« haha t’es bête, ils sont trop mignons tes seins à côté de mes pastèques »
« méééééé noooon, t’es hyper sensuelle, aller enfile ta robe de princesse là »

« elle est magnifique, mais toi je te dis pas le look, genre à moitié à poil avec un tablier étrange ça fait genre film de cul pourri »
« quoiiiiii tu critiques mon tablier de ouf ? »

« ha non, juste que tu sois à poil dedans »
« chuis pas à poil c’est juste en haut quoi, désolée j’ai rien d’autre »

« oué mais c’est drôle quand même, allez, on s’y met ? »

Les deux jeunes ingénieuses ingénues se retrouvent mains dans le cambouis, clés et tournevis en plein ballet,

Une enceinte posée sur l’établi, crie un son électro presque saturé,

Sur le billard, le grille-pain est désossé,

Les demoiselles sont sérieuses, concentrées, au taquet.

« regarde là y a un truc qui a dû cramer »
« ah ouais un genre de condensateur non ? »

« oué c’est ça, peut être qu’on en a dans la grosse boite à composants »
« y faut dessouder et ressouder, cool j’aime bien »

« tu crois que Maria couche avec Gabriel ? »
« j’imagine hein, elle couche direct d’après ce qu’elle dit »

« hé bé, celle la quoi, genre »
« haha tu es jalouse ? »

« ou la non, mais je me demande comment elle fait, comment ça se passe, t’as jamais couché toi hein ? »
« mpfff, bheuuu, oh non loin de là »

« et embrasser un mec au moins ? »
« hé bé, je…, en fait… non… jamais »

« ben moi non plus »
« ha bon ? tu te moques ? t’aurais pu le faire plein de fois »

« bah non jamais eu envie, mais je me demande comment ça fait hahaha »
« moi aussi, c’est sur »

« genre tu vois j’aurais peur d’être trop conne, de faire n’importe quoi, ou je sais pas moi »
« c’est ça, puisque t’as pas fait tu sais pas, normal quoi »

« t’es conne, je veux dire, genre est ce qu’il y a des trucs à faire, à apprendre, à savoir avant »
« alors là, je me suis jamais vraiment posé la question, genre tu fais comme un bisou, mais sur la bouche, en plus longtemps hhihiii »

« mh j’aimerais trop essayer pour voir quoi, genre pour se rendre compte, pour ajuster, pour pas faire de connerie »
« ouais y a pas des cours là-dessus, ni des exos à faire »

« après on peut en inventer hein »
« hein ? genre comment ? »

« chais pas moi, si on essaye de s’embrasser toutes les deux par exemple on serait fixées »
« ha… heu… tu… je… nous deux, comment ça nous deux ? »

Oriane, rabatant ses épais cheveux marrons, observe Victorine de ses grands yeux noisettes, écarquillés, la bouche pendante.

Victorine, de ses petits yeux bleus amandes, rieurs et désinvoltes sonde son amie, elle fait mine d’être totalement détachée, mais, le fait qu’elle se mordille de temps en temps la lèvre inférieure trahi une émotion cachée.

« lol c’est quoi cette tête, bah oué, toi Oriane, et moi quoi, pour expérimenter, comme quand on expérimente de changer une batterie, ou un fusible, ce serait un test quoi tu vois ? »
« mais lol tu veux qu’on s’embrasse vraiment ? sur la bouche ? avec la langue ?»

« je veux essayer un vrai baiser oui, peu importe, essayer de voir ce que ça peut faire en vrai, tester quoi »
« avec moi ? »

« haha mais qui d’autre ?, je ne connais personne aussi bien que toi avec qui j’aurais envie, ça je t’assure »
« mais je suis certainement très mauvaise prof en baisers moi hahahahaha »

Oriane, pas très à l’aise éclate d’un rire nerveux et bruyant.

« hé bé si ça te faire rire c’est déjà pas mal lol, pis comme tu es sensuelle, je pense que si tu pourrais être une bonne prof »
« mais je suis pas sensuelle moi »

« ha si, plus que moi, regardes comment tu aimes cuisiner, tes formes, tes courbes, comment tu es sensible aux odeurs, comment tu bouges, moi je suis fadasse et manche à ballet à côté »
« hahahahahaha, t’es folle tous les mecs te courent après »

« hé calmos, je suis pas Maria »
« Mariaaaa, Mariaaaa, couche toi laaaaaa »

« pff t’es coooone Oriane, j’ai rien à voir »
« ouééé je te taquine, mais bon je sais que genre Léo, Matisse, Côme et Jonas aimeraient bien être tes profs de baisers hahahahahaaa »

« ben moi pas »
« même pas Marin ? »

« ah… mais, je… »
« hihihi tu deviens toute rouge ? »

« hyper pas, bon lui peut être et encore mais il a une meuf, non non toi c’est bien mieux »
« … »

Un silence embarrassant rempli l'atelier, Oriane détourne le regard, mais Victorine ne lâche pas son idée.

Elle reprend le plus naturellement possible avec sa voix de professeur de math.

« alors bon, ce serait une expérience scientifiquement enrichissante pour chacune d’entre nous, dans la mesure ou on pourrait commenter ce qui se passe, ce qui est désagréable, inconfortable. Nous pourrions ajuster, affiner, changer, échanger. »
« mais toi !... t’es tenace hahahahahhaaa, tu veux écrire un livre ? »

« ma chère, alors là, ce serait une excellentissime idée, et ça pourrait aider toutes les connes qui n’y connaissent rien comme nous »
« Je vois le genre, il faut incliner sa tête de dix-sept degrés par rapport à son partenaire et orienter sa bouche à six millimètres et demi de ses lèvres. »

« mais tout à fait, c’est exactement ça, viens on essaie »

« hahahaha sérieuuuux »

Oriane, d’un rire forcé, tente en vain de se débattre, mais Victorine semble déterminée, elle attrape son amie par la main.

« bon, viens, on se rhabille et on va dans ma chambre »

La blondinette, jette son tablier, à nouveau seins nus enfile ses vêtements, par dessus sa chevelure fine et dorée, en quelques secondes.

La brunette, soudain blafarde, se rechange et se laisse tirer pour remonter deux étages au-dessus, jusqu’à la chambre de Victorine.

Elles entrent et Victorine ferme derrière elles, avec le verrou.

La chambre est lumineuse, peinture blanche, fenêtre donnant sur le jardin. Petit bureau joliment installé, parfaitement rangé.

Parquet clair, petite armoire blanche, déco sobre et minutieuse.

Quelques vêtements pliés sur une chaise, un lit 90 sur lequel est jetée une nuisette de dentelle écrue et au pied duquel une petite culotte rouge traine négligemment.

« dis donc miss, d’habitude c’est mieux rangé chez toi »

Reprend nonchalamment Oriane pointant du doigt le sous-vêtement.

« haha, levée trop tard ce matin, je l’ai jetée quand j’ai changé pis oubliée, mais tu t’intéresses à mes culottes toi ? »
« mh, ah voui, tu dors pas à poil ? »

« ben non, toi oui ? »
« ouais, ça serre les culottes des fois, hahaha pis comme ça, ça aère ma minette loooooool »

« hehe, toute nue ?, rhooo, petite choute, je te croyais bien plus pudique »
« pfff je suis pas à poil, je mets toujours un t-shirt immense, mais bon oui, dans ma chambre blindée, ça va je suis pas hyper pudique, t'as raison »

« ah oui parceque quand tu dors ici tu gardes ta culotte ! »
« bah bien sûr, si je croise ton frère, ton père ou je ne sais qui quand je vais aux toilettes hein, je me balade pas cul nul, quoi »

« hihi, bon ben je saurais, si je blinde ma chambre comme la tienne tu pourras dormir sans et la remettre pour aller pisser si tu veux »
« ouaich, bon alors on bosse quoi du coup aujourd’hui ? »

« mh, méca peut être, mais attends un petit peu toi, on n’avait pas un projet ? »
« oh ouiiii, chimie, haha »

« non non, mais l'autre, il me semblait que t'étais plutôt du genre Einstein que cervelle de moineau, on avait pas dit un truc genre biologie du baiser »
« tsss »

« allez, on le fait, tu verras tu seras contente une fois que t’auras enfin su ce que c’était »
« mh, tu crois, je sais pas, si c’est un faux baiser, ça vaut pas pour un vrai, on aura rien appris »

« qui a dit qu’on ferait de faux baisers, je suis d’accord ça sert à rien si c'est un faux, je veux voir ce que ça fait en vrai moi »

Oriane tremblante ne respire plus trop, Victorine semble toute excitée et gênée à la fois, malgré son détachement, une fébrilité se lit sur son visage comme dans ses gestes.

Les deux demoiselles, toujours debout, se tournent autour, anxieuses, sans oser se lancer, sans savoir comment s'approcher.
Victorine reprend son souffle et fixe son amie avec un petit air espiègle :

« viens, en fait c’est tout simple, on a qu’a faire comme quand on se dis bonjour tous les jours, mais genre on se fait pas de bises sur les joues mais sur la bouche »

« ... »

Pour ne pas perdre courage ou se rétracter, Victorine s’empresse de prendre Oriane dans ses bras.

Elle ferme les yeux, s’arrête de respirer et maladroitement projette son visage vers celui d’Oriane qui reste tétanisé.

Sous la pression de la jolie blonde, les lèvres des deux demoiselles s’entrechoquent, Victorine agrippe doucement la chevelure de sa copine pour ajuster son baiser.

La voici à tenter de s’appliquer à positionner ses lèvres fines contre la bouche charnue d’Oriane, qui s’est à son tour laissée aller à clore ses yeux pour ressentir intensément ce premier baiser.

Il n’y a plus un bruit dans la chambre, comme si les deux amies ne respiraient plus ni l’une ni l’autre, le baiser est doux, timide, laborieux, fugace.

Frôlement de bouches avec finesse, pressions toutes délicates de lèvres.

D’un geste un peu plus assuré, Oriane ouvre sa bouche pour pousser les lèvres closes d’Oriane à s’entrouvrir.

Alors elle glisse doucement, lentement, sa langue dans la bouche de son amie pour chercher le contact de sa langue à elle.

Lorsqu’elle y parvient, Victorine pousse de son petit nez, un soupir de soulagement, elle respire enfin, presse alors son étreinte avec plus de passion, plus de sensualité, et entame un jeu de langue.

Oriane semble reprendre vie, elle enlace cette fois Victorine de ses bras larges et courts, ose poser ses mains à plat dans le dos de son amie et se prend à jouer à son tour avec la langue de la jeune femme.

On perçoit les jeux de succion, de salive, de respirations qui, enfin, reprennent de l’intensité à mesure que le baiser se diversifie.

Oriane au début déboussolée semble apprécier ce qui est en train de se passer, quitte a avoir abdiqué toute résistance, la voici à chercher la bouche, la langue de son amie avec moins de mollesse, plus de vivacité.

Pour se rapprocher, se ressentir, instinctivement les deux filles pressent leurs poitrines l’une contre l’autre, les battements de leurs cœurs s’unifient.

Elles s’embrassent de plus belle, instinctivement, avec envie leurs nez se bousculent,

S’écrasent, passent d’un côté puis de l’autre, les langues se lèchent, les lèvres se sucent.

Elles sont belles, de ce baiser secret, candide, ingénu, mais déjà ingénieux,

Deux fées qui virevoltent sensuellement de tout feux.

On aurait dit que, l’une comme l’autre, une fois la garde baissée, savouraient cet instant, relançant de mille caresses ce baiser devenu interminable pour une expérimentation inédite.

Victorine, la plus impatiente de voir appliquer son challenge, est finalement la première à perdre les pédales de cette fougueuse embrassade dont Oriane ne semble jamais se lasser.

Elle se décroche doucement, Oriane suit, de fait, le mouvement, les voici les yeux dans les yeux, à se sourire béatement.

Assommées d’émotions de sensations, la tête tournoyant.

« hihi »
« hihihi »

« hihihihaha »
« hihihi »

« alors, c’était pas si compliqué hein »
« oui, heu,... non »

« tu embrasses bien je trouve hihihi »
« merci, toi aussi,… »

« mmh, c’est vrai tu trouves ? »
« oui, je…. J’ai… beaucoup aimé »

« ohhh ma choute, j’avais peur que ça ne te plaise pas, moi aussi j’ai trouvé que c’était délicieux »
« je sais pas si c’est juste le baiser ou toi, je m’attendais pas à ça, ça me fait frissonner de partout hihi »

« merciiiiiii, je vais prendre ça comme un compliment caché hein, mais ouiiiii, tu as raison c’est bon, c’est agréable, ça fait des papillons partout dans le ventre, et ailleurs aussi hihi »
« haha, je suis d'accord, oui, ailleurs aussi »

« elle a raison Maria, d’aller embrasser tout le monde finalement hahaha, c'est génial un baiser »
« pffff, je sais pas, franchement j’irais pas embrasser un mec comme Gabriel »

« mmmmouii, t’as raison, pas lui hahaha, d’autres pourquoi pas hein, mais j’aurais eu trop peur, maintenant je suis quand même rassurée »
« ha ba heureuse de t’avoir rassurée pour que tu puisses aller à la chasse aux mecs maintenant !»

« ouloulou susceptible la petite »
« boarf pas du tout, c’est toi qui avais peur d’aller draguer et qui n’a plus peur grâce à moi »

« grâce à toiiiii ? mais mais mais, qui c’est qui faisait tout pour pas expérimenter ce baiser hein »
« mh, c’est pas ça, si on l’apprend, je… je trouvais que c’était bizarre, je veux dire on est des filles quoi »

« et alors, depuis quand les filles ne peuvent pas s’embrasser, y a des mecs qui hésitent absolument pas, genre quasi en public hein, comme Sacha et Gabin par exemple »
« ah mais ouais, eux c’est abusé »

« bah bof, je trouve pas, c’est sexy, hihi et au moins ceux-là y m’emmerdent pas »
« looool ah là c’est sur, ils s’en foutent royal de ton petit cul ma belle »

« bhouuuuuu, mais oui il est trop petit mon cul, il est pas féminin »
« mais qu’est ce que tu racontes, il est tout mignon »

« haha c’est facile pour toi de dire ça qui a des belles formes partout »
« je suis juste trop grosse, c’est nul et moche »

« mh non non je te trouve belle moi »
« hihi, mais t’est trop mignonne, si tu veux je t’embrasse encore »

« oh, mais alors, on devient intrépide ? »
« bah non, maintenant qu’on a essayé, et que c’était bien, pourquoi on se priverait d’expérimenter encore »

« haha pour une fois je trouve que tu as raison »

Et cette fois Oriane enlace tendrement Victorine et lui dépose un doux petit baiser directement sur ses lèvres.
Puis elle se rétracte.

Puis se projette à nouveau sur la bouche de son amie.
Elle se retire à nouveau, tourne la tête, et plonge une nouvelle fois bouche entre ouverte pour lui laper les lèvres.
Au moment où Victorine ouvre la bouche pour sortir sa langue, Oriane recule encore une fois.

Victorine se redresse surprise, bras pendants, et c’est à cette instant qu’Oriane choisi pour venir écraser sa bouche vivement contre celle de son amie.

Elle se met à la serrer, l’embrasser dans tous les sens, lui grignoter les lèvres.

La voici à presser de toutes ses forces ses gros seins contre la menue poitrine de la blondinette; qui bras écartés subit les assauts de sa copine, non sans une certaine excitation.

Alors elles se pressent, s’embrassent, se serrent, rigolent, s’embrassent violement puis tout doucement puis fougueusement puis tendrement.

Jeux de baisers, avec envie, avec douceur, avec passion.

Si l’on avait pu observer la scène, on aurait pu croire qu’elles étaient amantes de longue date, tellement les baisers étaient érotiques.

Or, l’une comme l’autre étaient, encore il y a une heure, totalement vierges de baisers.

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