Chapitre 4 : Le monastère (Vaunn)

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Un homme chancelant se tenait au milieu de la vaste rue, désertée par le froid glacial de l'hiver. De minces volutes de fumée s'échappaient des chaumières. Vaunn avança d'un pas vacillant, la respiration haletante. Il s'arrêta devant la majestueuse porte du temple et la frappa avec force à trois reprises. Quelques instants plus tard, un moine, vêtu d'une tenue austère, lui ouvrit, visiblement contrarié.

— Puis-je vous être utile, voyageur ? demanda le moine d'une voix peu amène.

Le jeune homme exhiba ses mains endolories d'engelures.

— Pourriez-vous me donner un abri ? Je pourrai vous aider en retour.

Le moine grogna et ouvrit la porte.

— Laissez vos effets mouillés à l’entrée, ou vous nettoierez le sol, informa-t-il sèchement.

Vaunn acquiesça en déposant son sac, son manteau et il retira ses chaussures. Le moine sembla satisfait.

Un groupe de cinq moines, semblable au premier.

— Qui est cet homme, Silk ?

— Un voyageur qui avait besoin d'un toit, Gale. Tristan, montre-lui les bains et prépare des vêtements propres, ajouta-t-il.

Tristan posa sa main sur l'épaule de Vaunn et il 'emmena.

Les bains étaient petits mais bien aménagés. Deux hommes nus se prélassaient dans une cuve d'eau chaude, la vapeur emplissant toute la pièce. Ils inclinèrent la tête en voyant le moine.

— Tu peux aller dans l'eau, une servante t'apportera une serviette et des vêtements propres. J'espère que cela te conviendra. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tire sur cette corde, indiqua-t-il en désignant une large corde rouge dans un coin de la pièce.

Le jeune homme était d'une pâleur extrême. Vaunn n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi blanc. Ses cheveux gris lui donnaient l'apparence d'un vieillard, mais son visage et sa peau trahissaient sa jeunesse. Il ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans.

— Merci beaucoup pour votre hospitalité.

Tristan hocha la tête, et quitta la pièce.

Vaunn se déshabilla et s'immergea progressivement dans l'eau chaude. Les marches étaient en une belle pierre bleue qu'il n'avait jamais vue auparavant. Les deux hommes présents dans la cuve avaient cessé de parler et le fixaient alors qu'il s'imergeait. Il se positionna dans un coin, tandis que les deux individus le dévisageaient avec mépris. De longues minutes s'écoulèrent, le seul bruit perceptible était celui de l'eau. Un petit grincement de porte attira l'attention de Vaunn. Il se retourna et vit une jeune fille. Elle m'apportait des vêtements.

— Vos affaires sont prêtes. Je les ai posées sur la petite table. Lorsque vous aurez fini de vous préparer, sonnez la clochette. Je vous accompagnerai jusqu'à votre chambre, dit la jeune fille aux longs cheveux noir corbeau, arborant un large sourire.

— Merci beaucoup, répondit Vaunn.

La jeune fille rougit et quitta rapidement la pièce.

Vaunn se débarrassa de la crasse sur sa peau. Ses mains étaient couvertes de terre et de boue, et il lui fallut un certain effort pour retirer la terre accumulée sous ses ongles.

Quelques minutes après avoir tiré sur la corde, elle réapparut.

— C'est étonnant que le moine Gale vous prête ses vêtements personnels, dit-elle en souriant.

— Il n'a pas l'air commode.

— Il peut parfois être dur et sévère, mais c'est une bonne personne, répondit la jeune fille gênée.

La chambre était petite mais confortable. Le lit double occupait presque tout l'espace de la pièce. On y trouvait également un lavabo, un petit miroir et une armoire de belle facture. Le lit était légèrement défait, mais cela ne suffisait pas à ôter l'élégance à la petite pièce.

— On ne se croirait pas dans un monastère, s'exclama Vaunn.

— C'est un monastère très prospère, acquiesça-t-elle.

Elle changea les draps. Des marques étranges parsemaient les poignets de la jeune fille, une expression de détresse déforma de douleur son visage lorsqu'elles entrèrent en contact avec le tissu de sa chemise. Vaunn n'en avait jamais vu de telles. Il l'aida à mettre les draps en place. Il parut etonnée.

— Je vous apporterai le repas ce soir, dit-elle.

— Je ne vais pas manger avec les autres ? demanda Vaunn, étonné.

— Les moines n'aiment pas parler de leurs affaires devant les étrangers. Je pense qu'il vaudrait mieux que vous mangiez ici aujourd'hui.

Vaunn hocha la tête.

— Je n'ai même pas demandé votre nom, dit Vaunn.

— Vous pouvez m'appeler Clea.

— Et moi, je suis Vaunn, ajouta le jeune homme en souriant.

La jeune fille hocha la tête comme si elle gravait les lettres dans sa mémoire, puis elle s'éloigna.

Vaunn fit rapidement le tour de la petite pièce. C'était une chambre classique, malgré la qualité des meubles. Il sortit et se retrouva entouré d'une multitude de moines qui se dirigeaient tous vers une grande salle. Vaunn se faufila parmi eux, mais les moines l'évitaient. Il y avait quelques mètres d'espace entre eux, bien que la pièce soit bondée. Tous les regards étaient tournés vers les immenses portes.

— Retournez dans votre chambre, ordonna sévèrement Gale qui s'étaient fixé devant Vaunn.

— Demandez à Cleaphylis de vous faire visiter les cuisines et les cultures.

La jeune fille attendait Vaunn près de sa chambre.

— Ils ne sont pas très amicaux, fit remarquer Vaunn.

— Ils n'ont pas l'habitude de voir des étrangers et se méfient, répondit Clea avec nervosité.

Les cuisines étaient immenses, une trentaine de servantes préparaient le repas.

— Combien êtes-vous ? demanda Vaunn.

— Il y a plus de mille trois cents moines et environ deux mille sept cents domestiques, répondit Clea.

— Mille trois cents ? Où sont-ils ? s'étonna Vaunn.

— Il y a des salles sous le temple. La plupart d'entre eux dorment et mangent là-bas. On ne les voit pas souvent.

Vaunn rentra dans sa chambre. En fin de soirée, Clea apporta le dîner, composé de pommes de terre, de viande et de vin. Elle lui rendit aussi ses habits propres et son sac. Lorsque la nuit tomba, Vaunn se dirigea vers la porte de sa chambre, passa sa main sur la poignée, mais celle-ci resta bloquée. La porte était fermée à clé. Il tenta vainement de la crocheter. Puis, il fouilla dans son sac et en sortit une fiole d'un vert émeraude qu'il avait dissimulée dans une poche secrète. Il brisa la petite fiole sur le sol, et le liquide bouillonna quelques instants avant de s'évaporer.

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