Chapitre 7 : La maladie (Kendrys)

8 minutes de lecture

Kendrys remarqua des traces de sabots dans la terre. Celle-ci était encore fraîche. Ils étaient ici, il n'y a pas si longtemps. Ils allaient attaquer de nouveau. En début d’après-midi, Marte la rejoignit.

Elle lui montra les traces. Il posa sa main sur la terre, des feuilles poussèrent sur le sol, elles remuaient dans tous les sens. Il fronça les sourcils.

  • Je ne vois rien, dit-il
  • Rien de rien? demanda Kendrys.

Il hocha la tête, frustré.

Ils se séparèrent pour fouiller la forêt. Kendrys s'enfonça à l'intérieur. Les traces s'arrêtèrent au bord d'un ruisseau. Elle alla de l'autre côté de la rive et ne remarqua aucune empreinte. La végétation était dense, elle ne pouvait voir qu'à quelques mètres devant elle. Elle se fraya un chemin à coups d'épée. Son esprit était troublé, l'envie de tout brûler la taraudait.

  • Kendrys ! Hurla Marte.

Elle coura vers la voix. Six hommes étaient encerclés par des lianes, ils gigotaient dans tous les sens.

  • Je les ai trouvé, rétorqua-t-il.
  • Je vois ça.

Ils attendirent les gardes qui prirent en charge les prisonniers.

Kendrys devait rentrer au château, mais elle ne voulait pas. Elle avait peur et elle était en colère. Elle ne voulait pas se marier.

Ils firent le trajet de retour dans le calme. Kendrys sentait que Marte voulait lui parler mais n’osait pas. Quant à elle, Elle désirait le silence.

À son retour, Kendrys fit son rapport à Soren.


Elle se rendit à la caserne pour l'assignation de la mission. Les gardes trouvèrent des excuses pour ne pas le faire. Elle était fatiguée et désireuse de se défouler.

Elle se rendit alors à la prison du château, les sentinelles la laissèrent passer sans encombre. Tous la connaissaient et craignaient son tempérament explosif. Descendant jusqu'au 6ème étage, celui des criminels les plus dangereux, elle s'arrêta devant des larges grilles en métal.

  • Fulger !

Elle entendit des pas, puis elle vit son visage squelettique et ses yeux tristes.

  • Je suis content que tu me rendes visite Kendrys, cela faisait longtemps que je n'avais pas vu quelqu'un hormis les gardiens. Deux ans, peut-être même plus.

Ses yeux étincelèrent. Il lui faisait peur, tant il était puissant et instable. Kendrys était médusée par ses prunelles jaunes.

  • Qu’est-ce qui me vaut ta visite ?
  • Je vais bientôt me marier.
  • Et tu ne veux pas, je suppose, rétorqua-t-il en souriant.

Elle acquiesca. Il s’avança jusqu’au barreau.

  • Nous sommes tous enfermés, dit-il avec amertume en se mettant à rire.

Elle regretta d’être venu le voir.

  • Tu sais avec qui ?
  • Avec le comte Hanté.

Son visage changea, il réfléchissait.

  • Intéressant...

Il partit au fond de de sa cellule.

  • Tu pourrais me dire ce que tu sais sur lui ?

La masse se coucha sur le sol, il ne répondait pas. Kendrys remonta et fit apporter un lit et de la nourriture à Fulger.

Kendrys se faufila dans les rues de la ville,, ses pas résonnant contre la pierre alors qu'elle cherchait désespérément une étincelle dans l'obscurité monotone de la nuit. Son regard errant, à la fois perdu et avide, scruta chaque recoin, cherchant frénétiquement une distraction, un frisson. Elle décida d’aller dans la première taverne qu'elle vit.

  • Que veut mademoiselle ?
  • Une bière.
  • Tu t’es perdu, ma belle ?

Kendrys s'assit, sans répondre..

  • Je t'ai demandé si tu t'étais perdue.

Il s'installa à la table.

  • Non.
  • Il est tard. Il est dangereux d’être seule en ville.

Elle tira de sa poche l'insigne royal et le déposa sur la table. Le visage de l’homme vira au rouge.

  • Je m'excuse, Madame, bredouilla l'homme rouge.

Kendrys hocha la tête. Une serveuse lui servit une bière. Elle la sirota. Les gens riaient et buvaient. Elle commanda une deuxième bière, la première était encore à moitié remplie. Il ne se passait rien, elle s’ennuyait. Elle avait besoin d’action. Après avoir bu, elle rentra au château.

À son retour, le château bouillonnait.

Enfin !

  • Vous êtes attendue dans la salle principale, Madame.
  • Qu’est-ce qui se passe ?

Le page avait déjà pris de l'avance, elle le suivit. Les imposantes portes de l'entrée principale s'ouvrirent brusquement, révélant une dizaine de donarques. Une tension palpable emplissait l'air. Marte lui adressa de grands gestes, et elle s'empressa de s'asseoir à ses côtés.

  • Qu’est-ce qui se passe ?
  • Le Sir Jurffe et le comte Fylk sont décédés cette nuit.
  • Comment ?
  • D'une maladie que nous n'avons pas encore identifiée.
  • Ou peut-être d'un don.

Ryrka prit la parole. Le plus jeune à avoir intégré l'ordre royal, il en avait gravi les échelons pour en devenir le chef à seulement vingt-sept ans ; un prodige à n'en point douter.

  • Comme vous l'avez peut-être déjà appris, le Sir Jurffe et le Comte Fylk ont succombé cette nuit. Leurs corps étaient couverts de boutons et d'inflammations. Il est à craindre qu'une épidémie se propage. Je vous recommande la plus grande prudence et vigilance.

Ryrka alertait sur un risque imminent d'une tentative d'assassinat, le message était sans équivoque. Il leur prodigua des instructions concernant les symptômes de la maladie avant de s'éclipser. La réunion prit fin précipitamment,

  • Je vais t’accompagner.
  • Je peux rentrer seule, Marte.
  • C’est un ordre.

Kendrys détestait quand il lui donnait des ordres.

  • Qui aurait bien pu tuer Jerffe et Fylk ? reprit-il.
  • Nombreuses sont les personnes potentielles. Ils sont influents et possèdent des domaines considérables.

Elle n'était pas convaincue par ses propres mots. Tous deux étaient puissants, dotés de dons considérables. Si le meurtrier avait cherché la facilité, il aurait visé d'autres cibles.

  • Tu as des informations concernant le don tu tueur ?
  • Non, aucune. Il doit être étranger.

Il me laissa devant ma porte.

  • Ne fais pas des choses inconsidérées, Kendrys.

Elle rentra dans sa chambre. Enfilant rapidement d'autres vêtements, elle saisit une épée avant de sauter par la fenêtre du huitième étage du château. S'enveloppant de flammes, elle s'envola en direction du domaine du Comte Fylk. À son arrivée, une odeur de fer et de brûlé assaillit ses narines. Ele frappa à la porte. Une femme petite, aux cernes prononcées et à la peau ridée, lui ouvrit. Elle lui présenta son insigne, et elle la laissa entrer.

  • Où est-ce que le Comte Fylk est mort ?

Elle l'emmena dans une vaste chambre.

  • On l'a trouvé mort dans son lit.

Des larmes sillonnaient les joues de la vieille femme.

Kendrys remarqua un portrait du Comte avec une femme, la même dame qui l'avait accueilli, mais trente ans plus jeune.

  • Je suis désolée pour votre mari.
  • Retrouvez l'assassin, je vous en prie.

Elle s'agenouilla en pleurant. Kendrys la releva.

  • Je vous le promets, déclara-t-elle.

Elle examina le lit, ne trouvant rien d’anormal.

  • Avez-vous remarqué des choses étranges ces derniers jours ?

Elle secoua la tête, puis ses yeux semblèrent soudain perdus dans le lointain.

  • Vous souvenez-vous de quelque chose ?
  • Il y a trois semaines, un homme était perdu. Mon mari lui a indiqué son chemin et lui a donné à manger. Il est parti peu après.
  • À quoi ressemblait-il ?
  • Je ne sais pas, je n'étais pas là. Mais je peux trouver quelqu'un qui l'a vu.

La vieille dame partit, et Kendrys continua d'examiner la pièce. Une odeur de soufre empestait. La dame revint accompagnée d'un jeune garçon.

  • Pouvez-vous décrire l'homme, Zall ? demanda la maîtresse de maison.
  • Il était grand et mince, avec des cheveux châtains mi-longs et des yeux bruns. Il avait un fort accent.
  • Quel type d'accent ?
  • Il parlait lentement, en traînant sur les mots.
  • C'est tout ?

Il acquiesça.

  • Très bien, mon garçon.

Kendrys lui donna une pièce de bronze et la dame le congédia.

  • D’où vient cette odeur de souffre ?

Elle renifla bruyamment.

  • Je ne sens rien.
  • D'accord.. Et où est le corps ?
  • Il a été brulé.
  • Aussi vite ?
  • On craignait une épidémie.

Kendrys se rendit ensuite chez le Sir Jerffe. Son fils lui ouvrit la porte. Il ressemblait trait pour trait à son père. Son visage était creusé, ses longs cheveux descendaient jusqu'à ses épaules, et ses yeux étaient d'un vert intense. Son cou se contractait de plus en plus.

  • Calme-toi.
  • Comment pourrais-je me calmer alors que mon père a été assassiné ?

Ses yeux étincelaient, sa peau prenait une texture écailleuse.

  • On va retrouver son assassin.
  • Je n'ai pas besoin de vous pour le retrouver.

Kendrys ne répondit pas à sa remarque.

Une odeur de soufre l'accueillit lorsqu'elle entra dans la chambre. Il était lui aussi mort dans son lit.

  • Est-ce que vous sentez une odeur de soufre ?

Il secoua la tête.

  • Est-ce que vous avez vu des gens étranges ces derniers jours ?
  • J’ai vu un homme qui cherchait son chemin. Un serviteur lui a indiqué, mais il voulait voir le maître de la maison. J'y suis allé, mais mon père n'était pas là.
  • Votre père a été en contact avec lui ?
  • Il était occupé, répondit-il avec dédain.
  • Comment était l’homme ?

De corpulence moyenne, avec des cheveux châtains mi-longs et des yeux bruns.Il portait des habits très colorés.

  • C’est noté.
  • Avez-vous d'autres questions ?
  • Non.

Un serviteur l'accompagna jusqu’à l’entrée.

Elle s'enflamma et se dirigea vers l'extrême opposé de la ville. Elle s'arrêta devant un rocher et entama un mouvement circulaire avec son index. Le rocher se fendit en deux, et elle s'y engouffra. Elle descendit des escaliers sinueux. Une porte noire se dressa devant, une substance dense s'écoulait du rampart. Une bouche émergea du liquide, aussi large que son torse

  • Le code, répliqua la voix suave.

Elle récita une incantation.

  • Refusé.

La langue remuait dans tous les sens. Elle refit le mouvement, levant son index et son majeur, les faisant tournoyer dans les airs avec de larges mouvements.

  • REFUSÉ, REFUSÉ. C'est ta dernière chance, Kendrys, hurla-t-il.
  • Ouvre-moi la porte ou je la fais fondre.
  • Ce n'est pas du jeu !

Les mains de Kendrys s’enflammèrent.

  • Je n'ai pas le temps de jouer.

La porte s'ouvrit. Des centaines de personnes se baladaient entre le négoce. La porte se referma violemment, elle l'avait agacée. Elle se dirigea vers un petit commerce.

  • Puis-je vous aider ?
  • Je cherche des informations.

Elle posa trois pièces d'or sur le comptoir.

  • Comment puis-je vous aider ?
  • Je cherche un homme qui sent soufre et amène des maladies.

Les doigts de l'homme s'allongèrent, se divisèrent telles des racines, puis montèrent vers le plafond pour s'y enfoncer. Kendrys resta debout plusieurs minutes.

  • J’ai quelqu'un qui pourrait vous fournir des informations.
  • Qui ?
  • Je ne sais pas si je devrais…

Elle posa trois autres pièces sur le comptoir.

  • Je ne sais pas…

Elle remit cinq pièces d’or.

  • Je vais le faire alors.

Ses doigts descendirent avec un flacon. Il me le tendit, la fiole collait. Elle le glissa dans sa poche et retourna au château.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire AdamRobin ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0