Chapitre 8 - Malala - Fables de la Fontaine

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version 3

Les fourmis ont éteint la télévision. Je voulais être gentille avec elles, leur donner un peu à manger. La fausse Barbie s’est assise sur la table et m’a regardée avec les yeux revolver de Terence Hill. Elle m’énervait avec ses cuisses et sa tête vides. Elle s’est moquée de moi :

— C’est de ta faute tout ça. C’est à cause de toi qu’elles sont mortes, parce que tu ne fais que des bêtises. C’est tout ce que tu sais faire, des bêtises, tu ne sais rien faire d’autre. Puis elle a rigolé comme un diable, celui qui habite en Enfer, pas celui qui sert à porter les colis.

Je l’ai prise à main le corps et je lui parlé tout doucement dans l'oreille : « Je vais te tuer ! Rigole encore, tu vas voir, Cochon va ! », et comme elle s’arrêtait pas, je lui ai coupé la tête. Puis les jambes et aussi les bras. Ça a rien changé du tout. Sa petite tête décapitée continuait à se moquer de moi. Elle voulait pas se taire alors que je l'écrabouillais avec ma main. Ryan a pris une des cuisses dans sa bouche, et la mâchait comme il faisait avec les pailles, en la mordant. Maman a secoué la tête en disant que ça allait pas dans la mienne, ni dans celle de Ryan.

— Pourquoi tu casses un jouet tout neuf ? Je vais arrêter de t'acheter des jouets si la seule chose qui t'amuse c'est de les détruire à chaque fois.

Elle a retiré la jambe de la fausse Barbie de la bouche de mon vrai frère, et il s’est mis à pleurer.

— Tu vas pas t'y mettre toi aussi hein ! Vous m'énervez tous à la fin ! Moi je me démène tous les jours et personne n'est là pour m'aider.

Maman a recollé tous les morceaux, puis elle m’a rendu Fausse Barbie, qui m’a fait un clin d'oeil.

— Va ranger ça dans ta chambre !

J’ai continué à me disputer avec Fausse Barbie sur le chemin de ma chambre et je l’ai cachée sous tous les jouets pour plus l’entendre rire. Quand je suis revenue dans le salon, Papa et Maman fumaient en parlant malgache. Je comprenais pas tout ce qu'ils disaient, mais comme ils mélangent le français et le malgache quand ils parlent, j’ai compris qu'ils parlaient d’« aeroplany »

— On part en vacances ? J’ai demandé. On n’est jamais partis en vacances avant, ni en voiture, ni en train, et encore moins en avion.

— De quoi tu parles ? On est en plein milieu de l'année scolaire et on n'a pas d'argent pour partir en vacances, a répondu Maman.

— Alors pourquoi vous parlez d’avion ?

— Ah... Papa va chercher quelqu'un cette semaine. Elle va habiter chez nous un petit moment.

— C'est qui ? Pourquoi quelqu'un va habiter chez nous, et elle va habiter où ? Dans le salon ou dans ma chambre ?

— Arrête avec tes questions, tu verras quand elle sera là. Et va te coucher, tu as école demain.

Le lendemain à l’école, je jouais à Dragon Ball Z pendant la récréation, avec Julien et Yu Jin. J’étais San Goku, Yu Jin était Piccolo et Julien était Freezer. Freezer devait nous courir après pour nous toucher et commencer le combat en lançant des Kamehameha. À ce moment, et seulement à ce moment là, je pouvais me transformer, mais Piccolo devait me protéger parce que ça prend du temps de devenir Super Saïan, et Freezer pouvait nous tuer pendant ce temps. Heureusement, quand on meurt dans Dragon Ball Z, on meurt pas pour de vrai. On peut ressusciter comme Jésus avec les boules de cristal. Peut-être que San Goku c'est le Jésus des Japonais.

Piccolo et moi on a lancé un Kamehameha sur Freezer, et Julie a couru vers moi :

— Tu viens jouer avec moi ?

— Mais Julie, ça va pas la tête ! Tu vois bien qu’on est occupés là !

— Ah pardon je savais pas.

— Maintenant on doit tout recommencer à cause de toi ! Tu nous casses les pieds à la fin !

Je me suis concentrée pour redevenir Super Saïan, et Julie est partie s'asseoir derrière un arbre.

Après la récréation, on est rentrés en classe. Madame Gérard a fait l'appel et Julie était pas là. Elle a froncé le front : « Quelqu'un a vu Julie ? Personne ? Bon, je vais demander à Christophe de la chercher, vous ne bougez pas. »

Christophe c'est le gardien. Il est vieux mais il parle un peu comme Ryan. Pas beaucoup et mal. Papa dit qu'il est handicapé de six boulots, alors qu'il en a qu'un, à ce qui paraît.

La maîtresse nous a laissé seuls pendant quelques secondes, et bien entendu qu'on a bougé, mais pas trop parce qu'on avait peur d’elle. On est allés à la fenêtre, et on a vu Christophe marcher dans la cour. Julie avait pas bougé du pied de son arbre. Elle avait l’air malheureux et Christophe lui a donné la main. Quand la maîtresse est revenue, elle nous a dit « Chut ! » et de nous asseoir. Christophe est arrivé avec Julie, et la maîtresse lui a demandé :

— Qu'est-ce qu'il y a Julie, qu'est-ce qui ne va pas ?

Et Julie s’est mise à pleurer sans pouvoir s’arrêter. Elle arrivait pas à parler, jusqu’au moment où elle a réussi : « C'est Ma...la...la, elle veut pas... jouer....avec...moi.... Elle veut pas... être... ma meilleure... amie »

Madame Gérard et toute la classe ont tourné leurs yeux de hiboux vers moi. Elle m’a fait venir à son bureau pour me demander tout bas si c'était vrai que je voulais pas jouer avec Julie.

— Mais on jouait déjà à Dragon Ball Z Madame.

— Ok j'ai compris, elle m’a répondu.

Mais moi j’ai pas compris ce qu'elle a compris, j’ai pas compris grand chose pour tout dire la vérité. J’ai pas compris pourquoi Julie a pleuré. J'ai pas voulu la faire pleurer, mais elle a pleuré quand même à la fin. Alors j'ai eu de la peine. Julie s'est assise à côté de moi et je savais pas quoi lui dire, alors j’ai rien dit, et on est restées muettes comme des images jusqu'à la fin de la journée.

À la sortie de l'école, c'est Sarah, la voisine d'en haut qui est venue me chercher. Sarah c'est une grande, elle est au lycée. Elle fume des cigarettes mais normalement elle a pas le droit, alors parfois on se cache derrière un buisson pour qu'elle finisse de fumer, avant de rentrer.

Normalement, quand j’arrive à la maison, je dois prendre mon goûter et faire mes devoirs avant de regarder la télé. Mais quand il y a personne, je fais comme je veux. Avant, Maman faisait les devoirs avec moi mais elle a arrêté parce qu'elle dit qu'elle a pas le temps. En plus, j'ai que des bonnes notes donc elle a pas besoin de vérifier. Avant de dormir, elle lit le cahier de textes, elle demande si j'ai tout fait et moi je dis oui, et après elle signe. Papa regarde jamais mes devoirs.

J’aime bien le français, les maths et le chinois. Mais j'aime pas du tout apprendre par coeur. « Tu dois apprendre par coeur ta poésie. Tu dois connaître par coeur tes tables de multiplication. » Déjà, c'est pas ma poésie, mais c'est celle de monsieur de La Fontaine et c'est pas mes tables de multiplication non plus, mais je sais pas à qui elles appartiennent. Je comprends pas pourquoi les adultes disent « par coeur » alors qu’en réalité, on apprend « par tête ». Et ma tête a du mal à retenir des choses que je comprends pas. Je devais apprendre les 4 premiers vers du « Lièvre et la tortue », mais les animaux dedans parlent avec des mots d'une autre époque :

« Rien ne sert de courir ; il faut partir à point.
Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point
Si tôt que moi ce but. — Si tôt ? Êtes-vous sage ?
Repartit l'Animal léger.
Ma Commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d'ellébore. »

La maîtresse a expliqué ce que ça voulait dire tout ça, mais j'ai pas écouté parce que c'était ennuyeux. Puis j'ai essayé d'apprendre toute seule, mais j'ai pas réussi après le deuxième vers.

Maman dit que quand on apprend, il faut écrire plusieurs fois et après on connaît par coeur ou par tête, mais c'est beaucoup trop long, on dirait une punition. Il fallait quand même que j'apprenne parce que tous les jours la maîtresse demandait à un élève de réciter et si on connaissait pas, c'était la honte, et elle écrivait un mot, mais en fait c’était plusieurs mots, dans le carnet de correspondance.

Un jour, Maman m'a dit qu'il fallait que je travaille encore plus dur que tous les élèves de ma classe de maintenant et d’après. « Tu dois être meilleure que les hommes blancs parce que tu es une fille presque noire, pas vraiment noire comme la nuit, mais suffisamment noire pour les Français. Plus tu es noire, plus ils seront racistes et moins tu auras le droit à l'erreur ». J'ai dit « d'accord ». Et j'ai pensé à Julien et Timothée, qui sont mes seuls copains blancs, sauf Timothée qui est juif, et je me suis dit « fastoche » parce que j'étais déjà meilleure qu'eux. Mais Maman a aussi dit : « Tu dois travailler comme les Chinois, parce que les Chinois travaillent très dur. Ils se sont réveillés, et c’est pas trop tôt ! Et c'est pour ça qu'ils font trembler le monde des Blancs. » J'ai dit « d'accord », parce que, moi non plus, j’aime pas me réveiller trop tôt. Mais j'ai pensé à Julie qui était la meilleure de la classe et à Marjorie qui était la deuxième. Elles sont toutes les deux Chinoises, sauf Marjorie qui est Vietnamienne. La troisième de la classe c’est Justyna et elle est blanche de Pologne. Je me suis dit que ça allait être plus dur d'être meilleure qu'elles, parce qu’elles sont très intelligentes, sauf Marjorie. Elle est bête, et en plus elle triche. Je l'aime pas Marjorie.

J'avais pas fini d'apprendre « Le lièvre et la tortue », mais j’étais fatiguée alors j’ai arrêté d’essayer et je regardais la télé. Dans la publicité, un petit garçon et une petite fille en blouse blanche et lunettes comme à la piscine, faisaient des expériences. Ils mélangeaient de la poudre dans un bocal scientifique et ça faisait de la mousse. À partir de ce moment, j’ai su ce que je voulais faire plus tard dans la vie et aussi pour mon anniversaire : des expériences ! Il fallait que Maman m’achète le kit du petit chimiste.

Maman a déjà une blouse et un stéthoscope, et aussi un thermomètre pour mettre dans les fesses. Ils sont rangés dans son sac de docteur dans le buffet du salon et quand elle est pas là, je joue avec. Une fois elle m'a surprise et j'ai cru qu'elle allait se fâcher mais elle a dit :
— Ah on aura un autre médecin dans la famille ! Elle avait l'air contente.
— Qui ?
— Eh bien toi, tu ne veux pas devenir médecin comme Maman ?
— Non.
Elle avait l'air moins contente, et elle a rien dit après ça.

J'ai pas envie de devenir médecin comme Maman parce qu'elle travaille tout le temps. À chaque fois qu'elle rentre à la maison, elle dit qu'elle peut rien faire avec moi parce qu'elle est trop fatiguée à cause de l'hôpital qui a pas assez de médecins, ni d'infirmières, ni d'aides-soignants, ni d'argent, ni de matériel, ni de lits, ni de place, ni de moyens, ni de blouses, ni de gants, ni de médicaments, ni de piqûres, ni de draps, ni de serpillères, ni d’imprimantes, ni d’encre pour l’imprimante, ni de papier pour l’imprimante, ni de radio, ni de téléphone, ni de femmes de ménage, ni d’hommes de ménage, ni de seaux, ni de serpillères, ni de secrétaires, ni de stylos, ni d’hôpitaux. Et c’est pour ça que tout le monde à l'hôpital doit travailler deux fois plus que tout le monde dans la vie. J’aime bien travailler à l'école, mais je préfère la récréation. Et j’ai pas l’impression que ça existe à l’hôpital.

Toute la soirée, j’ai pensé au kit du petit chimiste, j’ai demandé à Maman si je pouvais l’avoir pour mon anniversaire, ou même pour Noël, parce que c’est le lendemain, ou deux jours après, je sais jamais si Noël c’est le 24 ou le 25.

J'étais contente jusqu'au moment de dormir, où je me suis rappelée que j'ai pas appris ma poésie-fable. C’était trop tard, Maman avait déjà éteint la lumière et que je pouvais pas lui dire que j'avais pas appris « Le lièvre et la tortue », alors qu'elle avait déjà signé le cahier de textes, donc elle aurait su que j'avais menti. J'ai essayé de me souvenir :

« Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
Le lièvre et la tortue en sont un témoignage »

Rien à faire, j'arrivais pas à me rappeler la suite.

Il me restait qu'une chose à faire : prier. Pasteur Judith dit que quand on prie, Dieu nous entend et il peut réaliser nos souhaits. Mais pas tous, parce que Dieu c'est pas une lampe magique non plus ! Donc on peut pas lui demander de l'argent ou des jouets par exemple. Mais je pouvais lui demander de dire à la maîtresse d'interroger quelqu'un d'autre que moi demain. Je crois. J’ai prié très fort en croisant les doigts et je me suis endormie en jurant que la prochaine fois j'apprendrai toutes mes poésies, puis je me suis excusée parce que c’est pas bien de jurer.

Le lendemain, j’ai continué de prier dans ma tête pour pas être interrogée par la maîtresse. J’ai croisé mes bras sur la table pour cacher que je suçais mon pouce. J'avais pas le droit parce que c'est un truc de bébé comme si je portais encore la couche, mais je pouvais pas m'en empêcher à ce moment là. J’ai vu la sale tête de Marjorie :
— Madame ! Malala elle suce son pouce, j'ai vu !
— Rapporteuse de Paris, mets ta couche et va au lit !
La maîtresse nous a dit de nous taire toutes les deux.
— Mais c'est elle qui a commencé ! J’ai dit à la maîtresse, mais elle voulait rien entendre à part ma fable de la Fontaine.

« C'est pas juste, Dieu il sert à rien ! » Je me suis dit avant de demander pardon dans ma tête parce que j'avais commis un blasphème. Ça veut dire que j'ai dit du mal de Dieu et que s'il m'entend il va me punir. Je crois. Mais j’étais déjà punie vu que je devais réciter une poésie que je connaissais pas.

« Allez Malala, lève toi et récite-nous « Le lièvre et la tortue. ». J’ai bougé mon cartable, ma chaise et mes fesses le plus lentement possible. Mais la maîtresse perdait sa patience : « Malala s'il te plaît ».

« Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.
Gageons... Gageons... Ma commère êtes-vous sage ? »

J’essayais de me souvenir mais j'y arrivais pas. J’ai plus rien dit. J’écoutais le silence et c’était long. Marjorie faisait des pouces sous le menton et Julie disait les mots sans les dire, avec sa bouche, mais j'arrivais pas à les lire. Tout le monde me regardait et je regardais mes chaussures.

— Malala, peux-tu me réciter la suite ? a insisté la maîtresse.

J’ai pas répondu.

— Malala ?

J’ai levé la tête, mais je disais rien. Elle avait les yeux déçus.

— Rassieds toi Malala, tu me donneras ton carnet de correspondance à la fin de la journée. Marjorie à ton tour.

Marjorie s’est levée pendant que je m’asseayais et elle a récité toute sa fable très vite comme un robot. À la fin de la classe, la maîtresse a écrit un avertissement dans mon carnet de correspondance.

J’ai marché le plus lentement possible sur le chemin du retour. J’ai marché sur toutes les feuilles mortes. D'habitude, j'aime sentir le bruit du craquement des feuilles d'érable jaunes, oranges et marron sous mes pieds, surtout qu'on peut pas savoir à l'avance lesquelles vont craquer comme des Cracottes et lesquelles vont faire un petit bruit de fourmi. Quand une feuille est vraiment très belle, je la ramasse pour la mettre dans mon livre et l'applatir. Et quand j'en ai assez, je les jette par la fenêtre pour les voir tomber. Mais aujourd'hui, je traînais les pieds sur les feuilles qui craquaient pas et Sarah m’a tirée par la main jusqu'à la maison.

J'ai ouvert la porte en faisant le moins de bruit possible, mais elle a claqué, comme de par hasard. J’avais trop peur que Maman me gronde et me dise encore « Pourquoi tu travailles pas bien à l'école ? Pourquoi tu fais jamais ce qu'on dit ? Pourquoi t'es pas sage comme tes cousines ou ta copine Julie qui travaille bien à l'école, elle ? »

Alors je me suis laissée tomber par terre, dans le couloir, et j’ai pleuré toutes les larmes de mes yeux jusqu'à ce que Maman arrive.

— Qu'est-ce qui se passe Malala ? Pourquoi tu pleures comme ça ?

J’ai répondu en saccadé comme Julie quand elle croyait que j’étais plus sa meilleure amie :

— J'ai... pas... appris... ma poésie !
— Tu n'as pas appris ta poésie ?
— Oui.
— C'est pour ça que tu pleures ?
— Oui... La maîtresse... a... mis... un... mot !
— Sur le cahier de correspondance ?
— Oui.
— Fait voir le mot.

J’ai donné le carnet à Maman en tremblant. Elle a lu le mot, l’a signé et m’a dit :

— C'est pas grave d'avoir un mot parfois, ça arrive à tout le monde. La prochaine fois tu apprendras mieux, je te ferai réciter.

Puis elle a ouvert grand les bras pour que je lui fasse un câlin et elle m’a caressé les cheveux. C'était une sensation chaude et réconfortante comme on dit, même si je le dis pas souvent, et aussi bizarre parce que c'est le premier câlin que Maman m'a donné depuis que j'ai l'âge d'avoir des souvenirs.

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