Dernière Valse
La lumière à travers la fenêtre. Sept paires d'yeux fixées sur elle. Vert, Bleu, Noir, Pers, Brun, Vairon, Violet. Aucun d'eux ne libère son attention. Ils suivent la poussière dansante, patiente, qu'on ne peut chasser, qui revient toujours. Les sept le savent bien. Les farandoles d'étincelles ne disparaissent qu'à la nuit, même la pleine lune ne les révèle pas. Pourtant elles sont toujours là. Cela aussi les sept le savent. Ils toussent.
Un matin après l'autre, la lumière à travers la fenêtre. Celle des yeux s'affadit. Une nuit après l'autre, la lumière disparait. Moins de respiration.
Poussière dans les poumons.
Sèche.
Délétère.
Qui ronge.
Au gré du chagrin.
Au gré de la solitude.
Au gré de la douleur.
Épuisés, Noir et Brun s'éteignent.
La croisée fermée, l'air raréfié. Dehors la clarté, en dedans morose sorgue.
Ils se ferment dans l'obscurité,
Las de tant de larmes versées.
La lumière à travers la fenêtre. Cinq paires d'yeux fixées sur elle. Vairon, Vert, Bleu, Pers, Violet. Intermittente et incertaine clarté. Nuages et soleil se disputent le ciel. L'atmosphère tremble. Gronde. Secoue la Maison.
Les sons dans les oreilles.
Assourdissant.
Blessant.
Interrogeant.
Inquiétant.
Quelque chose approche.
Gouttes de cruor.
Puis plus rien.
L'ouïe s'efface.
Vairon et violet aussi.
Faible lumière ricochant sur la vitre fêlée. Vert. Bleu. Pers. Plus que trois se rapprochant, frissonnant. De froid, d'effroi. Hors de là le feu des astres sur le velours-espace. Pauvre vieille sphère au bout du temps, elle se craquèle.
Si elle se brise, elle emportera avec elle ses derniers enfants.
Plus de colère contre eux.
Les ultimes flammes la souffle,
Aussi l'épuisement.
Vert, Bleu, Pers pleurent.
Vaines ondes à la saveur salée.
Acérées sur la peau flétrie, elles scient les ans.
Si peu de lumière à travers la croisée. Pers se sent seul. Quelques battements résonnent. Ronde Terre résiste encore. Inutile résilience, il reste si peu d'instants.
Sur les épaules du dernier garnement toute la culpabilité de l'humanité. Las les regrets ne servent à rien.
Il n'y a plus de destinée.
Un souffle,
Un regard,
Un son,
Un mot,
Une sensation,
Sans espoir.
Pers se rend.
Point d'aube. Sombre poudre à travers la croisée brisée, poussière d'ange-diable qui virevolte. Sept regards évidés, ouverts sur le néant.
Nul enfer.
Nul paradis.
L'ataraxie.
Entre les murs écroulés la cendre danse. Morceaux de roc exsangue. Cosmos étincelant triomphant. Silencieux.
La paix enfin.
Terre et les siens s'en sont allé.

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