Un champ de fleurs roses s’étendait devant nous. Les parfums, portés par le vent, venaient chatouiller nos narines.
Marie se baissa pour cueillir une fleur dans le champ. Elle était si belle.
Je levai les yeux vers l’horizon : le soleil caressait mon visage, mais mon esprit restait tourmenté. Tourmenté par des sentiments contradictoires, par des questions sans réponses. Que faire ?
Marie me regarda et proposa de rentrer au camping. Je n’en avais pas envie, mais je me forçai à la suivre.
Une fois arrivé, je prétextai une envie pressante pour m’éclipser aux toilettes. Dans le miroir, je vis mon propre reflet : des yeux rongés par le doute et l’incompréhension. Je me tapotai les joues et ressortis. Marie m’attendait, assise devant le feu, de dos. Je m’assis à mon tour, hypnotisé par les flammes.
Soudain, elle se retourna : dans ses mains, un gâteau avec un « 5 » planté dessus.
- Ce soir, c’est la fête de nos 5 ans d’amitié ! Tu n’avais pas oublié ?
Mon corps resta figé. Les émotions contraires se bousculaient, m’empêchant de parler. Marie fronça les sourcils :
- Pourquoi tu réagis comme ça ? Ça ne te fait pas plaisir ? De toute façon, je ne sais plus quoi faire pour toi…
Et là, ce fut l’étincelle. Les larmes jaillirent.
- J’en ai marre ! Marre de la situation, marre de ce qu’on devient !
Marie resta interdite.
- Mais pourquoi tu ne m’en parles jamais ? Tu attends d’exploser pour le dire ?
- Tu ne comprends rien, répondis-je. Tu ne me comprends pas.
- Alors explique-moi ! cria-t-elle.
Je me redressai, plongeant mon regard dans le sien.
- Je t’aime. Cela fait longtemps que je suis perdu dans mes sentiments, mais maintenant j’en suis sûr
je t’aime. Je t’ai toujours aimé. Chaque mot, chaque geste, chaque odeur venant de toi me fait vibrer. Je ne suis rien sans toi.
Je t’aime.
Marie resta muette. Sa bouche entrouverte, aucun son ne sortait. Que dire ? Que faire ?
De longues minutes passèrent, le silence retomba. Enfin, elle souffla :
- Merci de me l’avoir dit. Mais… je ne sais pas si je veux briser 5 ans d’amitié. Les couples se font et se défont. Une amitié, elle, peut être infinie.
Ces mots alourdirent mon cœur, mais je répondis doucement :
- Je comprends. Notre relation ne sera pas comme les autres, elle évoluera simplement. Je te promets que quoi qu’il arrive, je serai là. Je ne t’abandonnerai jamais. Peut-être que je ne serai pas parfait, mais je ferai tout pour l’être.
J’avais l’impression que mon cœur allait éclater, mais au moins, je l’avais dit. Mon premier réflexe fut de la prendre dans mes bras. Puis je reculai pour plonger dans ses yeux… et je lus que je pouvais enfin faire ce dont j’avais toujours rêvé : l’embrasser, elle, et son cœur.