Chapitre 2 : Dans les bois

7 minutes de lecture

“Les forêts le soir font du bruit en mangeant.”

Eugène Guillevic.

- Aglaé, c’est toi ? demanda Alexandra d’une voix remplie d’inquiétude.

Pas de réponse. Apparemment, tout ceci n’était pas l’œuvre de sa petite sœur. Qu’est-ce que cela pouvait-il être ? C’était seulement pour rire qu’elle avait dit, tout à l’heure, que la maison était hantée. Elle ne pouvait pas l’être réellement… Si ? Peut-être que cela n’était qu’un rêve ? Mais quoiqu’il en soit, il avait l’air bien réel.

Elle tenta d’allumer la lumière de sa lampe de chevet. Mais en vain. Elle décida donc d’attraper sa lampe de poche qui se trouvait dans son sac-à-dos, sous sa table de nuit. Elle était tellement paniquée qu’il lui fallut quelques bonnes minutes pour la trouver. Quand elle l’eut en main, elle faillit la lâcher mais réussit à la rattraper au dernier moment.

Elle éclaira le mur qui se trouvait en face d’elle.

Une grosse masse noire recouvrait le mur au-dessus de la cheminée et bougeait comme si elle s’approchait. Alex était sur le point de hurler quand elle vit que la masse noire n’était qu’une ombre : celle de ses pieds éclairés par sa lampe. Elle leva sa lampe plus haut.

Il n’y avait rien. Elle attendit quelques secondes. Les bruits avaient stoppé. Elle se cacha sous les draps, gardant sa petite lampe à la main. « N’aie pas peur Alexandra, endors-toi » ne cessait-elle de se répéter. Au bout d’un moment, la jeune fille se rendormit.

Lorsqu’elle se réveilla, elle vit paraitre à travers les volets de bois quelques rayons de soleil qui venaient se poser doucement sur son lit. Elle s’assit sur ce dernier, s’étira de tout son long et observa sa chambre. Elle avait presque oublié qu’elle venait de déménager.

Elle se leva et enfila en vitesse un jean, un sweet rose délavé à capuche, de vieilles baskets et détacha ses cheveux avant de les brosser très rapidement.

L’adolescente allait sortir de sa chambre quand elle vit par terre en plein milieu de la pièce l’ampoule de sa lampe de chevet.

Soudain les évènements de la nuit lui revinrent en mémoire. Elle reposa l’ampoule sur son bureau s’efforçant de tout oublier. Qui sait, tout ceci n’était peut-être que le fruit de son imagination ? Du-moins l’espérait-elle.

Alex descendit les escaliers, regagna la cuisine et vit Emma qui prenait son petit déjeuner tandis que sa mère rangeait de la vaisselle.

- Tu as bien dormi ? lui demanda Marie en lui donnant un bol de céréales.

- Oui, répondit-elle, mais qu’est-ce qu’il fait froid !

Elle attrapa le bol et s’assit en face d’Emma.

-Oui je sais, je vais appeler un chauffagiste pour qu’il répare la chaudière, répondit Marie.

Alex acquiesça. Non seulement elle devait vivre dans une maison perdue au milieu de nulle part, si en plus celle-ci tombait en ruine ! Soudain une petite voix s’éleva de l’entrée de la cuisine.

- Maman ?

C’était Aglaé. Elle portait une longue chemise de nuit blanche à des petites fleurs roses. La fillette se frottait les yeux tout en baillant et tenant dans sa main Isabella, son petit ours en peluche. Les deux ainées sourirent à de cette image.

Après avoir préparé le petit déjeuner de la dernière, Marie s’isola dans l’arrière-cuisine afin de téléphoner à un chauffagiste. C’est à ce moment-là que la jeune fille remarqua que cette pièce était remplie de bocaux de champignons séchés.

- Pourquoi y a-t-il autant champignons ? demanda-t-elle.

- Aucune idée, avoua Emma. Mais dans le salon j’ai trouvé plusieurs livres qui cataloguaient les différents types de champignons.

- Ah oui ? s’étonna Alex.

Emma hocha la tête.

- Pourquoi ?

- Aucune idée.

Alex avala une cuillerée de céréales au chocolat et reporta son attention sur les champignons : il y en avait de toutes sortes, de toutes formes de toutes les couleurs. Elle aurait même juré que certains étaient venimeux à en voir les couleurs vives qui les coloraient.

- Vous n’avez pas entendu quelque chose de... bizarre cette nuit ? demanda-t-elle anxieuse.

Emma secoua négativement la tête et Aglaé s’exclama.

- Moi, si !

Alex écarquilla les yeux.

- Mais oui, continua la fillette, c’était Elizabeth, ma poupée qui a une robe rose. Elle est jalouse de Clara, celle qui a la robe verte. Elles veulent toute les deux le diadème, et Ken est arrivé et...

- Ok, c’est bon ! la coupa Alex, j’ai surement rêvé.

- C’était peut-être un oiseau, proposa Emma.

Alex acquiesça. Elle se levait de table quand Marie entra dans la cuisine.

- Le chauffagiste arrive dans dix minutes, leur apprit-elle.

- Ils sont rapides ! remarqua Emma.

- C’est normal, marmonna Alex, ils ne doivent pas avoir beaucoup de clients. En même temps, pas étonnant dans un endroit aussi paumé.

Marie posa ses mains sur ses hanches et regarda sa fille d’un air sévère. Celle-ci baissa la tête et alla ranger son bol.

Le temps de ranger la cuisine, le chauffagiste sonnait à la porte.

Emma et Aglaé montèrent dans leur chambre tandis qu’Alex suivait sa mère qui emmenait le réparateur vers la chaudière. Pendant que la jeune maman expliquait que la maison était vieille et que personne n’y avait habité depuis un moment, la jeune fille ne cessait de gesticuler afin de voir où était le problème et bousculait en même temps le chauffagiste qui ne parvenait pas à travailler.

Sa mère la prit à part pour ne pas qu’il entende mais celui-ci ne perdit pas un mot de ce qui ressemblait à une conversation.

- Bon écoute, maintenant ça suffit ! Tu ne vois pas que ce monsieur essaye de travailler ? Va jouer ailleurs veux-tu ?

Alexandra monta dans sa chambre vexée de s’être fait fâcher devant un inconnu. « Mais qu’est-ce qu’on peut faire dans cette stupide maison ? se demanda-t-elle. Ça sent le vieux et il y a de la poussière partout ! Je n’ai pas le choix je dois aller dehors. ».

L’adolescente prit sa sacoche et y mit un cahier, son téléphone, sa lampe torche, et son porte-clefs qui comportait une photo d’elle et sa famille.

À cette époque-là, Alex était une enfant heureuse. Elle avait 6 ans et son père n’était pas encore parti. Elle tenait à ce porte-clefs qui lui rappelait sa vie d’avant. Une fois son sac prêt, elle mit un petit mot sur la table de la cuisine.

Je suis dehors. Alex.

Lorsqu’elle était arrivée la veille, elle n’avait pas eu le temps d’observer les alentours. La vieille bâtisse avait été construite au milieu d’une petite clairière entourée d’une forêt dense. Un petit chemin de terre débutant à l’orée du bois, zigzaguait tel un serpent entre les arbres et menait au petit et unique village que comportait la vallée de Northwood.

De l’autre côté, d’immenses montagnes pointaient derrière les arbres et déchiraient le ciel dégagé. Il y avait également une petite cabane en bois qui faisait office de remise et contenait des outils de jardinage et les vélos que la petite famille avait apportés. Pour finir, après s’être un peu enfoncé dans cette forêt, on apercevait un petit étang où des pierres émergeaient de l’eau de manière à le traverser sans en faire le tour.

Alex se dirigea vers ce petit point d’eau. Il n’avait pas l’air profond. Elle se mit alors à sauter de pierre en pierre jusqu’à l’autre côté. Elle allait atteindre le dernier rochet lorsqu’elle perdit l’équilibre et manqua de tomber à l’eau. Elle aurait juré avoir senti la pierre bouger…

La petite brune continua sa route et s’enfonça dans la forêt à la recherche d’un arbre où elle pourrait grimper. L’air était chaud et lourd en humidité ce qui annonçait un éventuel orage d’ici peu. Elle devrait faire attention à rentrer avant que l’averse ne lui tombe dessus. L’humidité se faisait aussi sentir dans les feuilles tombées les ans passés qui recouvraient le sol tel un tapis géant.

Il était très agréable de se balader dans ce bois. Il était vivant. On entendait le bruit des oiseaux qui volaient d’arbre en arbre ainsi que le bruit de l’eau. Il y avait sûrement un ruisseau non loin de là. Même les arbres chantaient de leurs branches qui bougeaient et s’entremêlaient au rythme de la lourde brise.

Au bout d’une vingtaine de minutes, Alex s’apprêtait à faire demi-tour quand un arbre attira son attention. Les branches étaient telles, que la jeune fille pourrait y lire ou écrire confortablement installée à une hauteur raisonnable.

Elle s’installa donc entre deux branches, accrocha sa sacoche à côté d’elle et prit son carnet.

Elle y nota :

Choses étranges :

- Bruits la nuit,

- Ampoule dévissée,

-

- Ma mère aime cette endroit

Elle sourit en écrivant la dernière phrase. C’était de loin la chose la plus étrange qu’il soit.

Soudain la jeune fille sentit un gland tomber à côté d’elle. Elle leva la tête mais ne vit rien. Elle n’était pourtant pas dans un chêne. Deux autres glands tombèrent et un troisième rebondit sur son front.

- Aïe, ça fait mal ! pesta-t-elle.

A peine ses mots prononcés qu’elle sentit une douleur aigue lui parcourir le corps, faisant trembler tous ses os. Son cœur manqua un battement quand elle réalisa que s’abattait sur elle, une véritable pluie de glands…

Merci d'avoir lu jusqu'ici, j'espère que ce chapitre vous a plu.

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