Chapitre 9 : Une question d'énergie.

6 minutes de lecture

« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage »

« Le Lion et le Rat », Jean de La Fontaine

- Est-ce que, s’il te plaît, pour une fois tu voudrais bien répondre à mes questions !? hurla Alex une fois enfermée dans la bibliothèque.

Dans les bois, la jeune fille avait hurlé cette même phrase des dizaines de fois avant que Patenchon ne décide de continuer cette conversation dans un autre endroit. Alex avait trouvé son ami quelque peu inquiet, sans doute voulait-il éviter d’alerter les alentours.

Patenchon sauta sur la table et fit face à la jeune fille qui la regardait avec insistance.

- Que s’est-il passé dans la forêt, tout à l’heure ? De quoi parlais-tu avec les laminaks ? Et contre qui criais-tu ?

Patenchon arqua un sourcil. La jeune fille se doutait de sa réponse « Je ne vois pas de quoi tu parles » Mais il était hors de question pour elle d’entendre cette phrase parce qu’elle était certaine d’avoir entendu son ami crier.

- Je sais ce que j’ai entendu, insista-elle, tu as crié et mon mal de tête s’est arrêté.

Le farfadet poussa un soupir comme si soudainement, un évènement qui lui avait échappé avait ressurgi. Il parut presque amusé de la situation.

- Tu devrais prendre ton journal.

- Chaque être vivant, dégage une énergie, expliqua Patenchon tandis que la jeune fille prenait des notes, que ce soit un adulte, un enfant, un animal ou même un arbre.

Le farfadet semblait s’arrêter sur chacun de ses mots comme s’il hésitait presque à les prononcer. Mais Alex était tellement concentrée qu’elle le remarqua à peine. Elle ne cessait de se poser des questions sur les énergies, cela lui semblait pourtant scientifiquement impossible. Mais une part d’elle ne cessait de croire aux paroles de son ami. Celui-ci continua :

- La magie n’est qu’une question d’énergie. Il se trouve que les créatures dites « surnaturelles » dégagent une énergie particulière, contrairement aux humains qui eux, dégagent une énergie très faible.

- Mais comment sais-tu tout ça ? demanda Alex ? Il faut avouer que c’est plutôt... elle s’arrêta.

Comment dire à son ami que ce qu’il racontait était complètement dingue sans le vexer ?

- Je le sais c’est tout, répondit simplement Patenchon. Bien continuons : chaque chose vivante dégage une énergie. Et chaque être vivant perçoit cette énergie.

- Moi aussi ?

-Oui toi aussi. Seulement, depuis ta naissance, tu es habituée à ressentir l’énergie des humains qui est très faible. Tu la perçois sans t’en rendre compte et c’est la même chose pour tous les humains. Les créatures invisibles, quant-à-elle, dégagent une énergie beaucoup plus forte que les humains. C’est pour cela que tu te sentais très perturbée tout à l’heure. Tu es une humaine habituée à ressentir l’énergie très faible des humains, alors évidement, lorsque tu t’es retrouvée en présence de plusieurs créatures, ton organisme n’a pas su réagir à ce trop plein d’énergie. Tu vois ce que je veux dire ?

-Oui, répondit Alex, c’était comme si j’entrais en contact avec un aimant d’une force, comme deux aimants qui se repoussent. J’avais l’impression que toute ma tête essayait de rejeter cette puissance. Est-ce que tous les humains peuvent ressentir l’énergie...

- L’énergie verte, continua le farfadet. On l’appelle « énergie verte », l’énergie des créatures surnaturelles. Pour répondre à ta question, non, tous les humains ne perçoivent pas cette énergie. Seul ceux qui y croient, peuvent la percevoir.

Alex lui demanda pourquoi elle n’avait rien ressentit de tel, quand elle avait trouvé son ami dans la bibliothèque.

- C’est parce que j’étais seul, répondit-il. Il te faut beaucoup de concentration pour que tu ressentes mon énergie. Et avec la présence des laminaks...

- Mais la première fois que j’ai vu les laminaks, je n’ai pas ressenti ça ! le coupa-t-elle.

Alex commençait à s’énerver. Elle avait le pressentiment que son ami lui cachait quelque chose.

- Tu as raison… Dans les bois nous n’étions pas que cinq.

- Quoi ?

- Comme je te l’ai dit, cela fait des années que le monde invisible n’a pas eu de contacts avec les humains. Le fait que tu sois avec nous en a intrigué plus d’un. Ils se sont rendus invisibles et se sont approchés. Ton organisme ne l’a pas supporté. C’est pour cela que j’ai crié, pour qu’ils nous laissent.

Pendant un instant, le silence se fit dans la grande bibliothèque. Alexandra pensait aux paroles de son ami.

- Alexandra ! appela une voix en provenance du rez-de-chaussée. A table !

La jeune fille souffla et regarda le farfadet qui hocha la tête et lui promettant de jouer à un petit jeu avec elle une fois le déjeuner finit.

- Alors, c’est quoi ce jeu ? demanda Alexandra une fois de retour.

- C’est un jeu de concentration. Je vais t’apprendre à détecter ma présence invisible. Cela va te demander beaucoup de temps et d’énergie. Tu vas donc, dans un premier temps, apprendre à détecter ma présence visible. Tu n’auras qu’à fermer les yeux et te concentrer. Je me rendrai visible sans te le dire, à toi de me dire quand tu ressens ma présence.

Ce jeu avait l’air amusant et Alex s’ennuyait à mourir ici, cela lui ferait une occupation. Mais elle ne comprenait pas l’objectif de ce jeu. Il était clair que Patenchon ne lui proposait pas de faire cela sans raison. Elle en fit la remarque.

- Tout d’abord, cela te permettra de savoir si une créature est dans les parages, et en t’entrainant, tu pourras aussi apprendre à te maîtriser quand tu es avec plusieurs créatures en même temps.

Elle comprenait tout à fait ce qu’il cherchait. Le farfadet se sentait coupable de ce qui s’était passé dans les bois avec les laminaks. Et apparemment il ne souhaitait pas qu’un incident de ce genre se produise de nouveau. La jeune fille décida donc de se prêter au jeu.

- On commence quand ? demanda-t-elle en souriant.

- Tout de suite, répondit-il. Mets-toi au centre de la pièce et ferme les yeux.

La jeune fille s’exécuta.

- Je vais disparaitre dans quelques secondes. Dès que tu sens ma présence, dis un mot.

La jeune fille hocha la tête et ferma les yeux. Le farfadet disparut et le silence se fit dans la spacieuse bibliothèque.

Un silence un peu trop long pour Alex qui commençait à s’impatienter. Elle ignorait depuis quand elle avait fermé les yeux, ni même si son ami avait réapparu. Elle se hasarda à dire :

- Visible ?

- Alexandra !

La voix de Patenchon venait de quelques centimètres à côté d’elle ce qui lui fit pousser un petit cri de surprise. Elle ouvrit les yeux et vit que le farfadet était debout, devant elle et l’observait, les bras croisés et les sourcils froncés.

- Ça fait longtemps que tu es là ? le questionna-t-elle.

- Un peu trop longtemps à mon goût.

Une petite colère perçait dans la voix de la créature. Mais était-ce réellement la faute la jeune fille ? Après tout elle n’avait rien demandé ! Mais elle n’avait rien refusé pour autant. Le problème était qu’Alex se sentait incapable de faire ce que lui demandait son ami. Elle n’était pas magicienne. Le farfadet avait dû lire le manque de confiance dans le regard d’Alex car il lui dit :

- Je ne te le demanderais pas cela si tu n’en étais pas capable.

La jeune fille poussa un petit soupir.

- Alexandra, reprit-il, concentre-toi.

Mais c’est ce qu’elle faisait ! Même pour ses contrôles en classe elle n’avait jamais été aussi concentrée ! Et pourquoi ne lui disait-il pas comment faire pour se concentrer comme lui le voyait ? Mais là était peut-être la question. Peut-être qu’elle ne devait pas se concentrer comme elle avait l’habitude de le faire ?

Elle demanda à Patenchon de disparaitre puis referma les yeux. Elle s’efforça de faire le vide dans son esprit ; de sorte à ne rien entendre et de ne rien penser. D’après Patenchon, lorsque celui-ci était visible, elle devait ressentir l’énergie verte, c’est dire ce qu’elle avait ressenti avec les laminaks. Et cela avait provoqué une douleur à l’intérieur d’elle-même.

Et cette fois-ci, au lieu de se concentrer sur son cerveau, elle se concentra sur une partie dont elle ignorait l’existence auparavant. Une partie qui se trouvait au fond d’elle-même.

D’abord, cette partie cachait un vide intense et peu à peu, il se combla d’une chaleur à peine perceptible. Une petite braise qui malgré sa faiblesse, crépitait en elle. Était-ce ce qui annonçait la présence visible de Patenchon ? Elle devait essayer …

- Visible !


Merci d'avoir lu jusqu'ici, j'espère que ce chapitre vous a plu.

N'hésitez pas à partager votre avis en commentaire !

Annotations

Vous aimez lire Quit Leblanc ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0