Chapitre 12 : Une visite inattendue

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« La peur, c'est de la prudence face au dans de honte à l'exprimer. »


Alexandra continua à courir, empruntant le même chemin que le garçon et lorsqu’elle déboucha à son tour sur un autre corridor... rien. Il n’y avait rien. Le garçon avait de nouveau disparu.

Le couloir était désert et il n’y avait que deux issus. La porte par laquelle Alex était entrée, et une autre porte qui était beaucoup trop loin pour que le jeune homme, qui malgré sa vitesse, y parvienne avant qu’elle ne le voit.

Alexandra tenta d’ouvrir les salles de classe qui se trouvaient contre les murs. Elles étaient toutes fermées.

Soudain elle entendit des bruits de pas s’approcher d’elle. Elle se retourna et sursauta en voyant devant elle Miss Davenport.

Celle-ci affichait une mine inquiète.

- Est-ce que tout va bien Alexandra ? demanda-t-elle de sa douce voix en posant sa main sur l’épaule de la jeune fille.

Alex reporta son regard sur le couloir, puis observa la jeune femme.

- J’ai cru voir quelqu’un que je connaissais.

Un tendre sourire se fit sur le visage de miss Davenport.

Elle sentit alors quelqu’un lui tirer brusquement l’épaule et vit que c’était sa mère. Une expression de colère noire s’affichait sur son visage, tout comme celui de ses sœurs. Par chance, la jeune professeure fut de son côté et la défendit. C’était d’ailleurs grâce à son intervention que l’adolescente put terminer la visite du collège. Ensuite, elle fut renvoyée de suite dans la voiture, seule, accompagnée de ses milliers de tourments.

Le lendemain, au grand malheur de la jeune fille, celle-ci dut appliquer sa punition pour avoir désobéi la veille : elle n’avait pas le droit d’aller dehors tant que toutes ses tâches ménagères données par sa mère n’étaient pas accomplies, ce qui risquait d’être long. Chaque fois qu’Alex terminait une tache, sa mère en rajoutait une. Et il y avait de quoi faire dans une vieille maison. Ceci était la pire des punitions pour Alex et sa mère le savait : Mais pas parce qu’elle devait travailler, mais parce qu’elle n’avait pas le droit d’aller dehors.

Elle avait passé la fin de la matinée dans sa chambre à vider les quelques cartons qui attendaient depuis son emménagement. Et tous cela avec l’aide précieuse de Patenchon.

- Alors, il n’est plus question de partir ? le taquina ce dernier.

L’adolescente haussa les épaules. Elle avait beaucoup trop de fierté pour admettre qu’elle commençait à s’habituer à cet endroit. Surtout après tout le cinéma qu’elle avait fait à son arrivée. Cet endroit l’attirait étrangement, elle avait l’impression qu’elle devait rester ici.

- J’ai quelques affaires à régler avant, répondit-elle sans quitter des yeux le pull qu’elle était en train de plier.

- Tu m’en diras tant, chuchota le farfadet en souriant.

Alex fit mine de n’avoir rien entendu et continua son rangement. Elle n’avait pas tout à fait tort, il lui fallait absolument retrouver le garçon du super marché. Une fois cela fait, elle pourrait toujours insister auprès de sa mère afin de repartir vivre dans son ancienne ville. Elle savait que la tâche serait difficile mais elle ne perdait pas espoir.

Les deux amis continuèrent ainsi leur rangement jusqu’à ce qu’Alex propose de faire une pause. Le farfadet ne se fit pas prier et alla s’allonger sur le grand lit de l’adolescente. La créature était épuisée de porter des objets qui pour lui étaient lourds, en raison de sa petite taille.

Il ne restait plus qu’à ranger les affaires scolaires et tout ce que le bureau devait contenir, papier, crayons, carnets... et ils auraient terminés.

Alex ouvrit sa fenêtre, s’appuya contre le rebord et observa les alentours. C’était une belle journée. Malgré les premiers nuages d’automne qui commençaient à parsemer le ciel, un soleil magnifique rayonnait et une légère brise ramener vers la jeune fille les odeurs de la forêt qu’elle aimait tant, comme si celle-ci lui disait « tiens bon ».

Annie Bartley était passée quelques heures plus tôt afin de faire la rencontre de ses sœurs et avait discuté avec Marie. Elles semblaient bien s’entendre toute les deux. Annie s’était une fois de plus montré très gentil envers Alex mais cette dernière fut vite renvoyé dans sa chambre par Marie.

Quelques coups furent frappés contre la porte coupant court aux réflexions d’Alex qui ne répondit pas.

- Alexandra ? fit la voix de Marie qui entrait.

Alex lui jeta un bref coup d’œil et vérifia que Patenchon s’était bien rendu invisible puis reporta son attention sur le jardin. Elle sentait le regard de Marie dans son dos.

- Tes cartons sont-ils vides ?

- Presque tous, répondit Alex sans se retourner.

- L’étage est-il nettoyé, ainsi que le salon de musique au rez-de-chaussée ?

- Oui.

- Bon… tu pourrais peut-être aller jouer dehors avant le déjeuner ?

Alex se tourna vers sa mère.

- Vraiment ?

Et un grand sourire se dessina sur son visage quand sa mère hocha la tête.

- Merci !

Cette fois-ci, Alexandra était seule : pas de farfadets et pas de laminaks. Elle aimait beaucoup leur compagnie à tous, mais elle appréciait être seule de temps à autre.

Elle suivit un petit sentier en terre battue qui ondulait généreusement entre les arbres. Elle ne savait pas où elle allait et elle s’en contrefichait. Elle se laisser simplement guider par le petit chemin, profitant de ce que la nature lui offrait.

Les arbres filtraient de leurs feuillages, les rayons du soleil ce qui donnait à toute la forêt une ambiance particulière et agréable. On s’y sentait en sécurité et apaisé. Plus de problèmes, plus de stresse. Seulement le bruit des oiseaux qui chantent dans les arbres, le vent dans les branches, le clapotis de l’eau dévalant un ruisseau et les buissons qui bougent. Les buissons qui bougent ?!

Alex se retourna vivement en provenance des bruits. Son cœur s’accéléra. Elle se sentait épiée, il y avait quelqu’un, elle en était persuadée.

- Il y a quelqu’un ? demanda-t-elle.

Sa voix frêle et tremblante trahissait son inquiétude et sa peur. Elle attendit une réponse, mais rien ne vint.

Pourtant il y avait quelqu’un. Elle ramassa une longue et épaisse branche à côté d’elle et se mit en position de défense.

- Je sais que vous êtes là, alors montrez-vous... ou sinon...

Elle ne prit pas la peine de terminer sa phrase. Proférer des menaces avec une voix qui trahissait de telles émotions de peur ne pourrait jamais impressionner quiconque.

Le buisson se mit à bouger pendant une fraction de seconde et Alex poussa un crie. Calme toi Alexandra c’est juste un oiseau. Elle tenta du mieux qu’elle put de s’en convaincre mais elle savait au fond d’elle, que ce n’était pas vrai.

Elle rassembla le peu de courage qui lui restait. Les sourcils froncés, elle agrippa fermement son bâton, s’avança lentement du buisson et de l’extrémité de la branche y donna deux petits coups.

- Aïe !

Alex voulu crier mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle écarquilla les yeux et lâcha le bâton. Les buissons ne parlent pas, ce qui voulait dire qu’il avait effectivement quelqu’un. Mais qui ?!

La peur au ventre, elle recula lentement sans quitter des yeux le fouillis de feuilles devant elle. Lorsque celui-ci se remit à bouger, elle se retourna et se mit à courir.

Elle filait à toute vitesse à travers la forêt. Elle voulait fuir. Où, elle ne le savait pas. Mais peu importait tant qu’elle était en sécurité.

C’est alors que l’adolescente entendit des bruits de pas derrière elle. Ne te retourne pas Alex, s’ordonna-t-elle.

Elle courait si vite qu’elle eut rapidement un point de côté. Elle serra les points et tenta de faire abstraction de la douleur. Elle se rendit alors compte qu’elle suivait toujours un petit sentier. Si elle voulait semer son adversaire, elle devait le ralentir.

Alex changea brusquement de direction et s’engagea dans la végétation, délaissant le petit chemin. Elle était à l’aise lorsqu’il s’agissait de sauter ou de courir au milieu des buissons. Cela lui permettrait de prendre de l’avance sur son adversaire qui lui, aurait peut-être plus de mal qu’elle à se frayer un chemin.

Elle continua sa course au son de sa respiration qui lui semblait déchainer un boucan d’enfer. C’est alors qu’elle entendit quelqu’un s’écrouler lourdement sur le sol. Son plan avait fonctionné. Sans s’arrêter elle se mit à rigoler. Elle jeta un regard derrière elle : rien. C’était plus facile qu’elle ne l’avait cru. Mais sa joie fut de courte durée : quand elle reporta son attention devant elle, son pied se posa sur branche qui en roulant sur le côté, lui tordit la cheville la faisant basculer en avant.

Alexandra tomba la tête la première, dévala une pente et s’arrêta quelques mètres plus loin. Elle uût alors comme une impression de déjà-vu...

Elle se releva rapidement et observa les alentours. Était-elle encore surveillée ? Apparemment oui car elle entendit de nouveaux des bruits de pas. Elle avait réellement peur cette fois-ci. Et si c’était un vieux fou qui voulait l’enlever et lui faire du mal ?! Elle imaginait déjà le gros titre du journal local : « La petite nouvelle se fait kidnapper par un vieux fou lors d’une balade dans les bois ».

La jeune fille avait l’impression que quelqu’un courait en faisant un cercle autour d’elle. Elle tourna sur elle-même et tenta de voir son poursuivant, mais en vain. Elle entendait ses pas, malgré sa respiration saccadée et les battements de son cœur qui résonnaient dans sa tête. Mais lui, demeurait invisible.

Elle s’immobilisa, ferma les yeux et se concentra sur les bruits pour en savoir la provenance exacte... Derrière elle !

Alex se retourna vivement et poussa un cri de terreur quand elle vit à quelques centimètres d’elle, se tenant bien droit, immobile, le garçon du super marché…

L’adolescente eut tellement peur qu’elle en tomba en arrière. Elle n’en revenait pas, comment avait-il fait pour la trouver ?

Ils restèrent immobiles à s’observer pendant quelques minutes. Aucune expression ne se dessinait sur le visage du garçon. On aurait tout simplement dit qu’il attendait qu’Alex parle. Celle-ci était toujours à terre, les yeux et la bouche grande ouverte de stupeur. Elle l’observa attentivement : il portait des baskets, un jean, un t-shirt rouge bordeaux et une veste bleue foncé.

Lorsque son regard croisa le sien, elle reconnue ce regard envoutant et fut surprise de constater qu’elle en était presque intimidée.

Quand le jeune homme vit qu’Alex avait trop peur pour parler, il décida de briser le silence. Il s’accroupit devant la jeune fille et mis ses coudes sur ses genoux.

- Je t’ai fait peur ? demanda-t-il.

Sa voix était douce, calme et trahissait une petite inquiétude. Alexandra ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortie. Le garçon baissa la tête.

- Je vois… fit-il ennuyé. (Il releva la tête vers Alex). Excuse-moi, ce n’était pas mon attention.

Il lui tendit une main afin de l’aider à se relever. Alex recula toujours assise à terre. Son regard passait de la main tendue au rassurant visage du garçon. Que faire, devait-elle accepter ? Certes il était étrange mais il n’avait pas l’air méchant, bien au contraire.

- Tu n’as rien à craindre de moi Alex, fit-il en se relevant.

Il lui tendit de nouveau sa main. Il avait l’air tellement sincère quand il parlait et Alex avait envie de le croire. Elle devait mais surtout pouvait lui faire confiance, elle le sentait.

Il lui fit un dernier sourire confiant et la jeune fille lui tendit une petite main tremblante et prit celle du garçon. Une fois debout elle frotta ses vêtements tandis que l’inconnu recula d’un pas les mains dans les poches de son jean.

- Merci, bredouilla-t-elle.

Il sourit comme satisfait, fit demi-tour et s’en alla tranquillement sous le regard stupéfait de la petite brune. Quoi ! C’était tout ? Alex ne comprenait pas ce qu’il voulait. Et il était hors de question cette fois-ci de le laisser partir.

- Attends !

Le jeune homme se retourna, étonné de sa demande. Alex s’approcha et une fois à sa hauteur lui demanda :

- Qui es-tu ?


Merci d'avoir lu jusqu'ici, j'espère que ce chapitre vous a plu.

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