Chapitre 17 : La saison qui décline

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« Voici que la saison décline :

Voici que la saison décline,

L’ombre grandit, l’azur décroît,

Le vent fraîchit sur la colline,

L’oiseau frissonne, l’herbe a froid.

Août contre septembre lutte ;

L’océan n’a plus d’alcyon ;

Chaque jour perd une minute,

Chaque aurore pleure un rayon.

La mouche, comme prise au piège,

Est immobile à mon plafond ;

Et comme un blanc flocon de neige,

Petit à petit, l’été fond. »

Victor Hugo, Dernière gerbe

Ça y est c’est repartie. Le quotidien de la rentrée reprend. Le vent frais du matin lorsque l’on sort de chez soi de bonheur son sac sur le dos ; le bruit des oiseaux lorsque l’on marche vers l’arrêt de bus. On respire un grand coup et les derniers moments passés avec ses amis au début de l’été nous reviennent et on est impatient de les retrouver pour leur raconter nos vacances. On a cette petite boule au ventre car on est à la fois excité de les retrouver et un peu angoissé à l’idée de ne pas être dans la même classe qu’eux.

Et puis, il y a l’odeur des fauteuils de velours des bus et ce petit attroupement près du panneau d’affichage. Ce fait alors entendre les cris de joie des écoliers, heureux de se trouver dans la même classe pour une nouvelle année tandis que d’autres regrettent déjà la fin de l’été. Le bruit de la sonnerie retentie, les pas dans les couloirs résonnent et les chaises de la classe grincent sur le sol. L’odeur des cahiers neufs et des vieux manuels trainent dans les salles. Pas de doute, c’est la rentrée.

C’est une rengaine que l’on est heureux de quitter au début de l’été et qui commence à nous manquer dès que celui-ci est terminé. Finit les longues soirées au service de l’air doux qui nous caresse le visage, on se remet à travailler. Travailler, mais aussi apprendre, comprendre, partager et s’amuser. C’est seulement une nouvelle forme d’amusement. Les commentaires de certains élèves indifférents aux remarques des professeurs, les anecdotes racontées autour de la table du réfectoire, les jeux organisés entre amis dans une petite cours à l’abris des autres.

Ces autres, que nous apprenons à connaitre grâce à un projet à réaliser. Une parole, un sourire, et parfois, cette personne devient notre meilleur ami. La rentrée c’est aussi un renouveau, un espoir de faire quelque chose de sa vie, une attente d’être mis à l’épreuve.

Ou alors, tout simplement une habitude. Une promenade à pied le matin qui nous y conduit.

Le soir, une fois les devoirs terminés, une ballade dehors alors que le soleil est en train de se coucher, on marche. On marche se remémorant notre journée, se disant qu’elle unique. Unique, comme toute les autres. Et on observe le soleil disparaître dans le ciel orangé. Cette couleur d’or propre à l’automne va à ravir à la « rentrée ». Et oui, les enfants vont à l'école et la saison, elle, décline.

***

- Alexandra ! Dépêches-toi ! cria Marie du bas de l’escalier. Tu ne voudrais pas être en retard dès le premier jour ?!

- J’arrive ! cria l’intéressée en vérifiant un énième fois si elle avait bien toutes ses affaires dans son sac ; des affaires qui se résumaient à un agenda, quelques feuilles, une trousse et sa carte de bus.

- Ne t’inquiète pas Alexandra, je suis certain que tout va très bien se passer.

Alex leva la tête vers Patenchon et la hocha, tentant tant bien que mal de dominer l’angoisse qui lui grignotait l’estomac.

- Et n’oublies pas ce que je t’ai dit, rajouta la petite créature en s’approchant de sa jeune amie. Un mauvais moment n’est qu’un moment qui est mauvais, et donc qui ne dure pas.

Un moment qui ne dure pas… en attendant ce n’est pas lui qui fait sa rentrée dans un nouveau collège !

Elle n’en fit cependant pas la remarque et un petit sourire forcé vint barrer son doux visage.

- Alexandra ! hurla Emma. Si j’arrive en retard je te tiendrai responsable de mon échec social.

Alex leva les yeux au ciel et ferma son sac.

- De toute façon tu es une cause perdue ! rétorqua-t-elle.

Elle s’esclaffa en attendant sa sœur grogner et Marie tentant de la calmer.

- Bonne chance ! fit la petite voix fluette du farfadet au moment où elle franchissait la porte de sa chambre.

- Sérieux Alex, qu’est-ce que tu faisais ? râla de nouveau l’ainée une fois sa sœur en bas des escaliers.

Celle-ci se contenta de souffler agacée.

- Aller les filles on y va ! fit Marie sur un ton joyeux, ne voulant pas s’attarder sur les chicaneries de ses filles.

Et c’est ainsi qu’elles prirent la route pour leur nouvelle école. Le trajet fut beaucoup trop court d’après Alex et le grand portail en fer forgé apparut.

Marie, qui avait tenu à accompagner ses filles pour la rentrée, déposa d’abord Emma à l’entrée du lycée Celle-ci rejoignit des amis rencontrés le jour de la visite.

Ce fut ensuite au tour d’Alex d’être déposée devant les grandes grilles, entrée principale du collège. La jeune fille sortie de la voiture et se retourna vers cette dernière qui s’éloignait lentement en direction de la primaire. Puis, elle se tourna vers la gigantesque grille qui lui faisait face.

La journée allait être longue. Très longue…

Cette rentrée n’eut rien d’extraordinaire et ressemblait à la plus commune de toute les rentrée. Le proviseur fit un discours, les élèves furent réparties dans leurs classes et les professeurs passèrent la journée à leur parler du règlement nécessaire au bon déroulement de l’année. Et comme chaque année, Alex resta dans son coin et se refusa d’aller vers les autres élèves. Elle préférait rester seule, ainsi, on lui fichait la paix.

Mais il y avait bien une perspective qui la réjouissait. Son professeur principale n’était autre que la charmante Miss Davenport. Quand Alex était rentrée dans la salle de classe, la jolie jeune femme lui avait adressé un immense sourire.

Finalement, cette année allait peut être bien se passer ?

- Alors, comment s’est passé votre journée ? demanda Marie dans la voiture après avoir récupéré ses filles à l’arrêt de bus.

Alex laissa ses sœurs raconter leur journée. La sienne n’avait pas était si intéressante. Miss Davenport avait passé la journée à parler du règlement intérieur. Bien qu’Alex se contre-fichât de la charte du collège, elle avait éprouvé un réel intérêt à écouter son professeur parler. Celle-ci était tout bonnement fascinante ; sa manière de parler, de bouger et de regarder chaque élève comme une personne à part entière et non comme un simple élève parmi les autres.

Pour la dernière pause, Miss Davenport avait engagé la conversation et elles étaient toute les deux restées dans classe à discuter de tout et de rien. Et cela n’avait absolument pas dérangé la jeune femme, tout au contraire.

Quand ce fut à son tour, Alex résuma sa journée à ses sœurs et sa mère.

- Oh ! Tu as tellement de chance d’avoir Miss Davenport ! déclara Emma. Elle est si gentille !

- Cela ne s’est pas si mal passé alors ! se réjouit Marie.

Cette après-midi-là, pour la plus grande surprise et la plus grande joie de tous, la petite famille se retrouva assise à la table de la cuisine, autour d’un délicieux goûter, à discuter de leur première journée à toutes. Marie avait bien fait rire ses filles en leur présentant un portrait caricaturé de ses collègues de bureaux et Alex en fit de même avec les professeurs qu’elle avait pût croiser, à l’exception de Miss Davenport.

C’est au bout d’une heure, qu’Alex sentit l’énergie de Patenchon dans l’escalier et se souvint qu’elle lui avait promis de lui raconter sa journée.

Après avoir demandé à sa mère si elle pouvait sortir – ce que Marie accepta – la jeune fille monta dans sa chambre, le farfadet sur ces talons.

- Amaron et les laminaks nous attendent à l’endroit habituel ! l’informa-t-il.

La jeune fille hocha la tête et prit sa sacoche

Puis ils rejoignirent le point de rendez-vous qu’offrait le petit pont de bois.

- On veut tous savoir ! clama Amaron le sourire aux lèvres quand la jeune fille lui apparut.

Le premier moi parut très long pour Alexandra. Les semaines, elle était occupée entre les cours et les devoirs. Ses journées étaient rythmées par les longues discutions qu’elle entretenait avec Miss Davenport. Cette dernière, étant directrice adjointe, possédait son bureau personnel. Elle y avait invité Alex durant les pauses récréations pour qu’elles puissent discuter en toute tranquillité. Au fur et à mesure des jours, la sympathie qu’elles éprouvaient l’une envers l’autre s’agrandit et la petite brune finit par passait ses déjeunées auprès de la jeune femme. Miss Davenport était une femme charmante. Elle ne cessé de faire rire Alex tout en lui laissant l’espace dont elle avait besoin.

Elle passa la plupart de ses week-ends avec Amaron, Patenchon et les laminaks. De plus, Marie s’était rendue compte de la supercherie quant aux livres soi-disant écris en russe. Alex prétextait s’être trompée mais malheureusement pour elle, Marie y passa le plus claire de son temps. C’est pour cela que la petite brune passa beaucoup de son temps libre dehors.

Alexandra avait continué ses leçons sur les créatures magiques avec Patenchon et se trouvait de plus en plus attirée par cette forme de magie.

Durant un moi tout entier, elle n’avait parlé de son secret à personne.

Pas une phrase. Pas un mot. A personne. Mais cela allait-il durer ?

Merci d'avoir lu jusqu'ici, j'espère que ce chapitre vous a plu.

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