Chapitre 21 : Le camp

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« Les rêves sont vrais tant qu’ils durent,

Et ne vivons-nous pas dans les rêves ? »

Lord Alfred Tennyson, « La plus grande panthéisme ».

Une douce chaleur lui caressa la peau et une sensation de légèreté l’envahit. Elle sentait un légé souffle lui effleurer le visage et quelques picotements là ou sa peau rentrait en contact avec celle d’Amaron. C’est alors qu’un paysage se dessina devant elle, laissant peu à peu la lumière bleue s’évaporer.

Alex observa la pièce dans laquelle elle avait atterrit. Les murs, le plafond d’une hauteur vertigineuse et le sol était de bois et après meilleure réflexion, la petite brune en déduit qu’elle se trouvait dans un gigantesque tronc d’arbre. De larges fenêtres en ogives laissaient entrer les doux rayons de lune et des centaines de bougie offraient une chaude luminosité réconfortante. Cette pièce ne comportait que trois portes et une immense table sculptée à même le bois, entourée de sept chaises.

Près de l’une d’elle, deux hommes étaient plongés dans une conversation animée : ils ne semblaient pas s’être aperçut de la présence des adolescents. L’un, bien que son visage fût immaculé de la moindre trace de vieillesse avait les cheveux blancs qui lui arrivant au niveau des épaules tandis que le second avait les cheveux noir corbeau de la même longueur.

- Nous n’en sommes pas certain, fit l’homme aux cheveux noir.

- Peut-être, mais es-tu prêt à prendre le risque ? Il nous faut une preuve avant d’agir. Les conséquences pourraient être désastreuses !

- J’en conviens mais si nous avons tort, la situation sera bien pire et je ne…

Amaron se raca la gorge pour signaler sa présence et attira l’attention des deux hommes. Tandis que celui aux cheveux noirs semblait énervé et se mit de dos à eux, le premier semblait surprit et en alerte mais reprit très vite contenance. Se tournant vers eux, il leur demanda :

- Amaron ! Tout va bien ?

Bien qu’un pli soucieux lui barré le front, il affichait un sourire accueillant. Il s’avança vers les deux arrivants faisant bruisser la lourde et soyeuse étoffe bleue que constituait sa longue tunique sophistiquée.

- Maintenant ça va. Heureusement, Alixe est arrivé à temps.

L’homme hocha la tête satisfait et posa son regard sur la petite brune.

- Tu dois être Alexandra ? dit-il avec douceur.

La bouche d’Alex devint soudain trop sèche pour qu’elle puisse parler. Elle acceptait les évènements étranges qui la rencontrait. Cependant, elle n’en était pas moins complètement perdue, désorientée, désemparée.

Aller, courage Alex, tu sais parler tout de même ! Tu as juste à dire « oui ».

Au lieu de quoi elle ne put s’empêcher de dire d’une petite voix :

- Qu’est-ce que je fais là… Monsieur.

Mais tu es stupide ? Tu avais juste à dire « oui » ! « Qu’es- ce que je fais là » ? Et bien je ne sais pas, c’est vrai que j’aurais pu rester avec mon nouvel ami, l’ombre-qui-tue !

Bien qu’elle ne serait pas contre l’idée qu’on lui donne quelques explications…

- Ne t’inquiète pas, tu es en sécurité ici.

- Que s’est-il passé exactement ? intervint pour la première fois l’homme brun qui jusque-là, était resté dans l’ombre.

- Vérondile.

L’homme aux cheveux blancs lui lança un regard qu’Alex ne put déchiffrer. Puis, se retournant vers elle il continua d’une voix douce.

- Je m’appelle Eldaron. Nous savons ce qui t’es arrivés au collège et nous sommes là pour t’aider. Si ça ne te dérange pas, j’aimerais que tu nous explique exactement ce qu’il s’est passé. Après quoi, nous t’expliquerons ta présence ici.

Il parlait lentement et des gestes de ses mains, calmes et posées, accompagnaient son discours. On voyait qu'il tentait de rassurer Alex.

Cette dernière hocha la tête en signe de compréhension. C'est à ce moment-là qu'une autre personne entra dans la pièce par l'une des portes situées derrière elle. Alex se retourna et vit un adolescent qui semblait être à peine plus âgé qu’Amaron. Il avait les cheveux noir charbon en pagaille et était vêtu d'une sorte de tunique qui ressemblait à une chemise blanche, et d'un pantalon noir.

Il traversa la vaste pièce avec une très grande assurance et observa un à un chaque convive. En réalité, il ne les regardait pas, il les toisait de ses yeux gris.

- Oscar ? dit Eldaron.

Le présumé Oscar leva un sourcil.

- Oscar est le fils d'Eldaron, chuchota Amaron à la petite brune.

Celle-ci hocha la tête et Eldaron fit les présentations.

- Je te présente Alexandra, Alexandra, voici mon fils, Oscar.

La jeune fille esquissa un sourire à peine perceptible car elle n'osait parler. Oscar, lui, se contenta de lui lancer un regard noir.

Lorsque ces yeux rencontrèrent ceux d'Alex, celle-ci en fut presque intimidée. Mais elle ne flancha pas. Puis, le garçon reprit sa route, la tête haute et alla dans une autre pièce. Quelle amabilité…

- Nous allons aller dans la salle privée, les informa Eldaron.

Tout aussitôt, Oscar revint avec un parchemin roulé entre les mains. Puis, se dirigeant vers la porte de sortie :

- Pas la peine, je vous laisse.

Ce garçon n’avait pas l’air d’une très bonne humeur et semblait avoir des relations plutôt compliquées avec Eldaron. Il était claire qu’il savait que sa présence ici en cet instant n’était pas désirée.

Puis Eldaron conduisit tout le monde vers une des portes.

- Ça va ? demanda doucement Amaron tandis qu’ils s’engouffraient dans un escalier en colimaçon. L’adolescente hocha la tête. Une fois en haut, ils pénétrèrent donc un salon qui faisait également bureau et qui ressemblait à un cabinet de curiosité.

Une fois de plus, le sol et le haut plafond étaient en bois foncé. La plupart de ses murs étaient recouverts par de grandes étagères remplis de livres anciens et de parchemins. Une grande table était disponible et un magnifique feu flambait dans l’hâtre d’une cheminée devant laquelle étaient disposés des fauteuils.

Les deux adultes s’assirent sur l’un d’entre eux. Amaron en fit de même et Alex le suivi en s’asseyant à côté de lui.

- Alors Alexandra, dis-nous ce qu’il s’est passé. Ne t’inquiète pas, tu n’as rien à craindre, lui dit gentiment Eldaron.

La jeune fille hésita quelques secondes. C’est un dernier coup d’œil au grand brun qui lui sourit, qui la rassura et elle commença son récit. Elle raconta tout dans les moindres détails – du moins, ce qu’elle parvenait à se souvenir. Il est vrai que lorsqu’un évènement effrayant survient, il est parfois difficile de se souvenir d’absolument tout. Mais elle se souvenait de l’ombre, qui hanterai désormais ces nuit durant une longue période, de la course poursuite, de sa cachette sous l’escalier ou bien sous une table de la permanence ainsi que la salle de laboratoire. Elle raconta également la partie ou Amaron était avec elle. Ce dernier hochait la tête régulièrement comme pour confirmer ses dires. Elle parla même de Maugrine et de sa petite farce. Durant son récit, personne ne l’interrompit.

Lorsqu’elle eut terminé, Vérondile lança un regard inquiet à Eldaron qui paraissait réfléchir, détaillant longuement la jeune fille. Un long silence tomba dans la vaste pièce ou flottaient mille et une questions. Mal à l’aise de ce silence, Alex remuait sur son fauteuil. Puis Eldaron brisa ce silence d’une voix très clame et posée.

- Une idée de cette créature Amaron ?

- Je crois que c’était un Umbra. C’est grâce à l’onyx que nous l’avons eu.

C’est à ce moment- là que la porte s’ouvrit et que Miss Davenport entra.

- Ah ! Vous êtes là ! fit-elle soulagée.

Les deux adultes se levèrent.

- Alors ? demanda Vérondile.

- Tout va bien, j’ai eu l’Umbra et personne ne se rendra compte de rien. Ah ! Alex ! Est-ce que tu vas bien ?!

La jeune femme était inquiète et visiblement essoufflée. L’adolescente hocha la tête.

- Mais je ne comprends pas pourquoi je suis là. Ma famille va s’inquiéter si je ne rentre pas, fit-elle d’une toute petite voix.

- Ne t’inquiètes pas nous allons t’expliquer.

- Alexandra, avant tout, tu dois nous promettre que tout ce que tu vas entendre ici, restera ici. Personne, et en premier lieu ta famille, ne doit savoir un mot de cette histoire.

L’intéressée hocha la tête. Le moment de vérité était arrivé. Des révélations allaient se faire. Mais était-elle seulement prête à les entendre ?

***

- Alors, comme je te l’ai dit tout à l’heure, je m’appelle Eldaron. Eldaron de Mïorhor. Et je suis le représentant de la communauté de Ghior. Il se trouve que cette communauté n’est pas composé d’humain, à quelques exceptions.

De la main, il désigna Alixe qui sourit.

- Nous sommes en réalité des dryamagus.

Alex arqua un sourcil et se tourna vers Amaron, un regard interrogateur.

- Toi aussi tu en es un ?

- Pas exactement, fit-il lançant un regard amusé à Eldaron.

- Non, Amaron n'est pas un Dryamagus. Il est ce que nous appelons, un spéciaux. Je vais à présent te raconter leur l’histoire. A notre connaissance, il n'y a que trois spéciaux et Amaron en fait partie. Nous ne connaissons pas leur origine car tous trois sont nés dans des familles humaines tout à fait ordinaires : aucun de leurs ancêtres ne présentait de quelconque facultés surnaturelles. Contrairement au dryamagus qui n’ont qu’un pouvoir, les spéciaux en ont deux. L’un est relatif à l’esprit, comme le champs de force d’Amaron, et l’autre est relatif aux éléments.

Ce qu’Eldaron lui racontait était à peine croyable. Elle s’interrogea alors sur sa présence ici. Se pouvait-elle qu’elle aussi soit un spéciaux ? Elle n’osa pas poser la question car la réponse lui faisait peur, qu’elle soit positive ou négative. Elle se sentait plus à même d’en parler à Patenchon lorsqu’elle le reverrait.

Elle se tourna vers le grand brun.

- Alors c’est pour ça : l’école spéciale ?

Le grand brun esquissa un petit sourire et hocha la tête.

- Et quel est ton élément ?

- Je ne sais pas, je ne l’ai pas encore manifesté.

- Et l’ombre ? demanda-t-elle se tournant à nouveaux vers le grand chef.

- J’en viens ne t’inquiète pas. Pardonne-moi pour ma franchise mais il faut que tu le saches : l’ombre, ou l’Umbra, est un monstre tueur.

Un frisson lui parcouru le dos et Alex eu du mal à déglutir.

Un monstre tueur ? Comme c’est charmant !

Mais il y avait pire que de savoir qu’un monstre voulait la tuer. Il y avait la question du « pourquoi ». Elle posa alors la question qui ne la quitterait pas de sitôt :

- Mais… qui peut bien avoir un intérêt à me voir morte ?

Merci d'avoir lu jusqu'ici, j'espère que ce chapitre vous a plu.

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