Chapitre 18

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Azuria s'était lentement rétablie et avait décidé de récupérer son trône. Lorsqu'elle monta sur les marches du château, certains anges morts l'applaudissaient alors que d'autres hurlaient à la honte, leur prêtresse n'avait plus qu'une aile et sur ce point-là, elle s'exprima :

—Certes, je n'ai plus qu'une seule aile mais les cicatrices sur mon dos sont la preuve de ma volonté et de mon courage. J'ai renié nos lois car elles ne sont qu'injustices et en aucun cas pour le bien-être de notre peuple, déclara-t-elle d'une voix assurée. Cependant, vous fûtes beaucoup à les suivre par le passé.

Par la suite, elle annonça officiellement qu'elle prenait un époux, Xyféris pour qu'il règne à ses côtés et l'aide à avoir un jugement plus équitable. Il monta les marches et attrapa la main de la prêtresse, il déposa un tendre baiser dessus. Un filament en or les entoura en reliant leurs cœurs l'un à l'autre pour qu'ils ne puissent que battre à l'unisson.

Chad et Ash restèrent en retrait à observer le couple entrer dans le château. Ils se retournèrent après avoir pris la décision qu'ils souhaitaient partir à Mikanos pour se rapprocher d'Oxyris. Une longue traversée les attendait, ils devraient d'abord passer à Vénusis, puis par la terre désertique de Pénisia et ensuite ils arriveraient à Mikanos.

Chad prépara ses affaires et récupéra quelques remèdes au médecin, il déposa le tout dans un sac plutôt chargé. Ash prit une épée particulièrement aiguisée et une dague qu'il accrocha à sa ceinture. Il attrapa son sac qui contenait le strict nécessaire à leurs survies.

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Les rayons du Soleil traversaient la fenêtre d'une chambre luxueuse comme le royaume d'Elfagos pour aller éclairer un doux visage angélique, le jour mais bien plus obscur la nuit. Elle s'étira doucement avant de hurler en visualisant le sang sur ses draps et sa nuisette, d'où provenait-il ? Qu'est-ce qu'il s'était passé ? Elle pensa aussitôt au soldat qui gardait la porte de sa chambre depuis plusieurs jours, elle fut étonnée qu'il ne rentre pas suite à son cri, où était-il ?

Elle se leva lentement et ouvrit son armoire pour enlever cette tenue ensanglantée. Elle prit une longue robe bleue ciel au sublime bustier qui faisait ressortir sa fine poitrine, la longueur du vêtement laissait apercevoir une légère fente pour voir les fines jambes de la phoenix. Elle attrapa une paire de chaussures avec de légers talons d'une couleur orange avant de remarquer des traces de sang sur le sol de sa chambre. Un frisson de peur la traversa dans le dos mais elle décida de prendre son courage à deux mains et de suivre les marques jusqu'à la salle de bain, lorsqu'elle ouvrit la porte, un hurlement lui échappa, son garde reposait dans sa baignoire.Sa tête était tournait vers elle, les yeux grands ouverts où on pouvait voir de la terreur. Son sang se glaça face à cette vision.

Cette fois-ci, des chevaliers faisaient une ronde et ils entendirent le cri de Sakina. Ils rentrèrent dans la chambre où la Phoenix s'était assise sur le lit en se tenant la tête, elle murmurait des mots incompréhensibles. L'un d'eux s'approcha d'elle pour savoir comment elle allait, ce qu'il s'était passé pour qu'elle crie pendant qu'un autre découvrait la scène.

—C'est le même tueur que les nuits précédentes, constata le chevalier.

—Il faut qu'on prévienne le roi, déclara celui qui était auprès de la Phoenix.

L'autre chevalier hocha la tête et ils guidèrent doucement Sakina entre les mûrs du château vers la chambre du roi. Lorsqu'ils arrivèrent, ils frappèrent à la porte et attendirent quelques minutes avant que Miodisos ouvre la porte dans une tenue des plus légère, un simple caleçon qui ne cachait en aucun cas son érection du matin. Il s'appuya contre sa porte en se frottant les yeux avant de prendre la parole.

—Que se passe-t-il ? Marmonna-t-il d'une voix matinale.

—Nous venons de trouver dans la salle de bain de dame Sakina, le cadavre de son garde, répondit le chevalier au garde à vous. C'est la même façon de procéder que les précédents meurtres.

Le roi se frotta sa barbe naissante, en disant :

« Faîtes la entrer. Chercher le moindre indice qui pourrait nous permettre de piéger ce tueur en série. »

Il la fit s'asseoir et se mit à genoux devant-elle, les mains posaient sur les genoux de la Phoenix.

—As-tu vu quoi que ce soit ? La questionna-t-il visiblement inquiet.

—Miodisos...

—Tu peux tout me dire Sakina, murmura-t-il d'une voix rassurante. Je vois ton aura qui s'agite dans tout les sens.

La Phoenix le regarda dans les yeux, elle ouvrit la bouche en voulant lui avouer la vérité puis la referma. Que lui arriverait-il si elle lui révélait ce qu'elle devenait ? Elle réfléchit quelques minutes avant de se décider.

—Je me suis réveillée et j'ai vu du sang partout sur ma nuisette ainsi que mes draps, raconta-t-elle. Par la suite, j'ai remarqué les traces de sang qui menait vers ma salle de bain et c'est là-bas que j'ai découvert le corps, dans ma baignoire.

Sakina éclata en sanglot, Miodisos la prit dans ses bras en essayant de la rassurer que tout irait bien. Malheureusement, la Phoenix savait que cette phrase était fausse que rien de tout ça ne s'arrangerait, elle le sentait au plus profond d'elle.

Après plusieurs heures de recherches, les chevaliers ne trouvèrent rien, la créature ou la personne ne laissait pas la moindre trace, ni indice.

Sakina marcha lentement dans les couloirs, suite au compte rendu des chevaliers, Miodisos lui avait permis de quitter sa chambre mais il la mit quand même en garde. Elle aimait observer les couloirs du château, ils abordaient tous de grandes arches pour rejoindre de nombreuses pièces, des piliers épais en grès maintenaient les mûrs. Des lustres dorés permettaient d'éclairer chaque pièce et recoin du château. Elle observait le reflet que lui renvoyait le parquet lustré, quand elle entendit une voix.

—Bientôt, nous ne ferons qu'un.

Soudainement, Sakina ressentit de fortes migraines jusqu'à que sa vision devienne floue. Le sol tournait autour d'elle, elle tenta de s'appuyer contre un mûr quand elle glissa, sa tête tapa le sol et la voix réapparut :

—Le jour du sacrifice approche.

Elle comprenait maintenant ce que cette voix représentait, ce qui allait arriver au moment où elle perdrait connaissance. Son regard désespéré se voilait, elle se sentait partir sans pouvoir résister à cette chose, ni au choc qu'avait subi sa tête.

Angalion, l'esprit de son mari, vit Sakina muter en un être difforme avec des pattes digne d'un ours, des cornes aussi pointues que celle d'un taureau. Cette chose se releva et grogna brusquement en sentant une odeur de sang à quelques kilomètres hors de ce château. Elle s'élança à grande vitesse pendant que Angalion la suivait en espérant revoir apparaître sa femme.

En cette nuit étoilée avec une sublime pleine lune, elle arriva devant une auberge où la lumière d'une chambre scintillait. Elle grimpa au mûr avant de traverser la fenêtre, des habitants qu'elle croisa hurlèrent à sa vue.

Angalion se rapprocha avant de sursauter lorsque le sang gicla jusqu'à l'extérieur. Stupéfié, il décida de continuer à suivre la créature. Il découvrit avec horreur deux corps déchiquetés avec les intestins répandus sur le sol, leurs visages à moitié inexistants. Le sylphe aperçut la bête dans un coin en train de dévorer quelque chose et quand il vit quoi cela lui retourna l'estomac. Elle mangeait un enfant dont elle venait de lui arracher la jambe, le sang jaillissait par le moignon. Face à cette scène, il préféra se retourner pour tenter d'effacer ses images de sa mémoire.

Lorsque la lune commença à se coucher, la bête se remit en route pour le château en laissant derrière-elle quelques marques de sang. Elle se métamorphosa à nouveau en la Phoenix, du sang dégoulina de ses lèvres charnues, d'un coup de langue elle l'essuya, un sourire sombre étira sa bouche. Elle regarda son visage à travers la glace de la salle de bain, quelques éclaboussures recouvraient ses joues et son front. Ses yeux glaciales s'illuminèrent, Sakina revenait petit à petit. La créature nettoya son visage avant d'aller se coucher, elle réussit à s'endormir profondément. Angalion remarqua une âme noir quittait le corps, cette bête le regarda et l'attrapa par le col, il le tira en dehors de la pièce sans que le Sylphe ne puisse bouger.

—Reste loin d'elle sinon je me ferai un plaisir de dévorer ton âme, ricana la chose, de nombreuses dents pointues apparurent.

Le bras fantomatique traversa la poitrine d'Angalion pour créer une légère pression au niveau du cœur en signe d'avertissement. Toutefois, il le lâcha et laissa l'âme du Sylphe tomber. Sakina avait fait une erreur qui lui coûtait de plus en plus cher, si seulement elle avait conscience de le sang sur ses mains. Il se rendit compte que son ange, la femme qu'il avait tant aimé disparaîtrait bientôt à cause du pacte qu'elle avait passé avec un être présent dans les deux mondes. Angalion se promit de tout pour faire revenir Sakina.

L'esprit marcha en direction de la chambre de Miodisos, il espérait trouvait un moyen pour le contacter ou peut-être se servir de son corps un court instant. Quand il tenta de toucher le corps de l'aveugle endormi, il se heurta à un bouclier électrique. Son handicap lui apportait des facultés particulières comme celle-ci, la capacité de pouvoir se protéger dans n'importe quel circonstance ou peut-être que quelqu'un le protégeait ?

Subitement, il se sentit en danger. Il se retourna et son cœur rata un battement en voyant Sakina debout, dans une simple tunique blanche.

—Ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas, cracha la voix douce de sa femme.

Il n'eut pas le temps de réagir, son corps disparaissait sans qu'il puisse lutter. Il la regarda une dernière fois pour se rappeler de chaque détail de son visage avant de fermer les yeux.

Le lendemain, la Phoenix s'étira dans son lit avant de se lever pour se préparer. Elle enfila une longue robe avec une traîne, elle s'observait dans le miroir d'un air soucieuse, elle ne se souvenait plus de ce nuit à part du mal de tête qu'elle avait eu. Sakina comprenait que le soir, son corps ne lui appartenait plus, qu'à chaque fois que la lune se levait, autre chose prenait sa place. Elle marcha dans le long couleur du château d'un pas déterminé, elle entendit des bruits juste derrière-elle avant d'apercevoir des gardes courir vers la chambre du roi. Que pouvait-il bien se tramer pour qu'ils aillent aussi vite voir Miodisos ?

—Que se passe-t-il, Messieurs ? Demanda la douce voix de Sakina.

L'un des gardes se retourna en laissant ses coéquipiers prendre l'avance.

—Il y a eu un nouveau massacre ce soir, lui annonça-t-il durement. Un couple et un enfant sont morts dans leur chambre à l'auberge juste à côté. Je vous conseille Dame Sakina de rester auprès du roi pour assurer votre sécurité.

Il repartit aussitôt alors que la jeune femme décidait d'aller voir la scène de crime. Ces meurtres étaient-ils de sa faute ? Avait-elle à nouveau du sang sur les mains et surtout celui d'un enfant ? Elle savait que les intentions de cette chose restaient imprévisibles, qu'elle pouvait tuer sans la moindre hésitation. Elle se demanda si elle arriverait à le contrôler ou au moins à l'empêcher d'agir un jour.

Quand elle fut arrivée dans la chambre où l'avait guidé la propriétaire du bâtiment, elle tomba face à trois corps, du sang couvrait une grande partie de la pièce. Sakina s'approcha doucement de l'enfant, elle retenue un cri en découvrant les nombreuses blessures et la plaie béante sur son ventre, elle retenue un haut-le-cœur en voyant qu'il ne restait aucun organe à l'intérieur. Elle se précipita d'un coup vers les toilettes les plus proche pour vomir. Comment pouvait-elle oublier tout ce que cet chose faisait ? Pourquoi ne pouvait-elle pas l'empêcher ?

La Phoenix quitta en toute hâte l'auberge pour regagner le château. Elle s'enferma dans sa chambre, en allant s'asseoir au milieu des draps soyeux posés sur le lit.

—Qu'ai-je fait ? Marmonna-t-elle, tremblante. Angalion si seulement tu pouvais être là mon amour. Guide-moi, je t'en supplie.

Les larmes dévalaient sur ses joues creusées, elle se renfermait sur elle-même en serrant aussi fort que possible ses jambes contre sa poitrine.

—Je ne veux pas devenir cette chose, supplia-t-elle.

La jeune femme pleurait, elle ne remarqua pas la porte s'ouvrir doucement en laissant rentrer Miodisos, il était accompagné de ses gardes à qui il ordonna de rester devant la porte. Il la ferma et s'approcha de Sakina.

—Que t'arrive-t-il, Sakina ? Demanda-t-il d'une voix inquiète.

—Miodisos, je ne t'ai pas tout dit.

Il lui attrapa les mains en s'asseyant à côté d'elle, il croisa son regard et elle y lut toute l'inquiétude qu'il ressentait, elle se sentait toucher pour autant d'attention.

—Tu peux tout me dire.

—Je suis la chose qui à commis chacun de ces meurtres, avoua-t-elle. Je ne sais pas ce qui m'arrive mais la nuit, je perds connaissance et je ne sais pas ce que je deviens, ni ce que je fais.

Elle retira ses mains tremblantes de celles du seigneur des elfes, il restait silencieux. Elle le vit se frotter le visage en grimaçant avant de complet le silence qui s'était mis dans la pièce.

—Pourquoi Sakina ? Je croyais que nous étions amis... et tu me dis avoir tué des miens ? Tu sais très bien ce qui va arriver.

Elle ouvrit grands les yeux, en l'observant comme s'il devenait un inconnu pour elle.

—Miodisos, je ne sais pas ce qui m'arrive, je te le jure ! Quelque chose utilise mon corps chaque nuit...

Il prit quelques minutes à réfléchir avant d'appeler ses gardes.

—Je comprends Sakina et je pense savoir ce qui t'arrive mais je me vois dans l'obligation de t'enfermer dans une cellule, si tu es vraiment celle qui tue mon peuple, déclara-t-il d'une voix autoritaire sans la moindre hésitation.

Elle fut attrapée brusquement et ses mains furent amenées dans son dos puis attachées, ils l'amenèrent dans une tour du château où reposaient quelques cellules vides.

-Tu resteras ici Sakina jusqu'à qu'on trouve une solution pour toi.

La phœnix lui tourna le dos en bouillonnant de colère fasse à un tel manque de compréhension. Sans le vouloir, un rugissement traversa sa bouche faisant frémir les gardes alors que le roi continuait à écouter le moindre mouvement que ferait la jeune femme.

—Je ne veux pas être libéré, l'aveugle. Tu fais une terrible erreur en m'enfermant ici, gronda une voix froide et profonde.

Miodisos sentit un frisson le traverser à ces paroles, il comprit que Sakina avait vendu son âme en se laissant submerger par la haine. Il était le Ramhisa, un être démoniaque censé être enfermé dans les tréfonds des Enfers, pourtant il avait réussi à trouver un habitacle. C'est un être qui avait semé le chaos et la mort partout où il était passé, les habitants hurlaient de terreur à son passage au vue de son physique difforme. C'est à ce moment-là, qu'il comprit qu'il ne pouvait rien faire pour la Phoenix, elle finirait par s'éteindre petit à petit. Il regarda la jeune femme qu'il avait tant aimée entendre parler et rire, son aura si flamboyante s'éteignait depuis un certain temps déjà. Que penserait Shatïs et Angalion s'ils le voyaient actuellement ? Habituellement, elle brûlait comme un feu de cheminée mais aujourd'hui, elle était l'ombre d'elle-même.

~~~~

Moukaï était assise sur un lit dans une petite auberge à l'extérieur du royaume de Mikanos avec la guerrière à la hache, elles avaient toutes les deux trouvés un refuge ici.

—Que vas-tu faire guerrière ? Questionna la kitsune en regardant par la fenêtre.

—Je ne peux pas rentrer dans mon royaume après avoir voulu tuer la prêtresse. Pourrais-je t'accompagner ?

La femme aux cheveux mauves lui jeta un vif coup d'œil avant de murmurer « si tu le souhaites. ».

—Je me nomme Luny. Je suis une guerrière ange morte, se présenta-t-elle.

—Luny, je me fiche de qui tu es. Je souhaite juste retrouver mon ami avant que la guerre éclate.

Dragïos lui avait dit qu'il pressentait une future guerre qui serait terrible et elle le croyait, un dragon avait d'excellents pressentiments.

—Une guerre ? Demanda Luny. Il n'y en a pas eu depuis des siècles.

—Pourtant, elle devrait éclater dans très peu de temps donc je te conseille de te tenir prête. Il va falloir que nos peuples s'unissent.

Luny l'observait en détails, la kitsune ne ressemblait pas aux critères physiques habituels de sa race s'est ce qui justement la rendait si unique.

Leurs chambres étaient des plus simples, un lit dans un style de fermier, un plancher qui craquellait au moindre pas, des rideaux à carreaux blanc et rouge. Un miroir face au lit avec juste en dessous d'une simple commode.

Moukaï portait un voile masquant son visage au peuple des skinwalkers comparé à Luny qui se promenait librement dans les murs du royaume de Mikanos. La kitsune ne devait surtout pas être reconnue par Cendros sinon elle le payerait au prix de sa propre vie.

Les deux guerrières venaient de quitter leurs refuges, en rentrant pour de bon dans Mikanos. Elles se dirigeaient vers le cœur de la vie, il fallait qu'elles trouvent un nouveau refuge et même des alliés entre ces mûrs avant que la guerre n'éclate. Elles avançaient en bousculant par moment des passants, elles s'excusaient brièvement mais les rues se remplissaient de plus en plus, elles devaient passer inaperçues à travers la foule. Les écriteaux défilaient sans qu'elles ne trouvent le moindre magasin d'information ou un nouveau refuge pour la nuit. D'un coup, des cries retentir et ils disaient tous la même chose : « Le prince est rentré ! », « Dieu soi loué, il est vivant ! ».

Moukaï se faufila en tirant Luny derrière-elle jusqu'au rassemblement où elle le vit, Nils, l'héritier légitime de la couronne. Il avança la tête haute en traînant des chaînes derrière-lui, la kitsune remarqua avec horreur le dragon sur lequel reposait un collier.

—Un dragon, hurla la foule en délire.

—Moukaï, ça ne serait pas l'ami dont tu m'avais parlé ? Murmura Luny à son oreille.

La guerrière aux cheveux mauves acquiesça, elle ne savait pas comment réagir, que devait-elle faire ? Elle prit peut-être la décision la plus stupide par rapport aux conséquences qu'elle engendrerait.

—Sky-Fire ! Hurla la jeune femme de toutes ses forces.

Le dragon releva la tête, une étincelle s'alluma dans son regard tandis qu'il cherchait la source de cette voix enchanteresse. En fouillant la foule, il découvrit des cheveux mauves, la kitsune était cachée sous un voile de son peuple. Toutefois, il n'était pas le seul à l'avoir remarqué car le Skinwalkers regarda aussi dans la même direction avec un rictus narquois.

—Tien tiens, qu'avons-nous là ? Ne serait-ce pas la petite...

Il posa sa main sur le bas du tissu de la kitsune mais il n'eut pas le temps de le relever, Luny le poussa au sol. Elle tenait sa hache à la main, prête à abattre le moindre coup sur son adversaire. Pourtant, la kitsune déposa une main rassurante sur son épaule en lui murmurant de baisser son arme, elle s'avança pour tendre sa main à Nils. Il la regarda un instant avant d'accepter son aide pour se relever.

—Que fais-tu ici ? Questionna-t-il en observant Luny avec méfiance.

—Nous avons un problème qui est primordial. Ton frère doit être mis au courant, Nils, répondit calmement Moukaï alors que le peuple hurlait au scandale.

—Je vous y amène de ce pas alors, annonça-t-il avant d'ajouter. Kaï, dit à ton ami de redevenir un humain, s'il te plaît.

Il se mit en route vers un manoir qui surplombait la ville de Mikanos, des tours venaient toucher le ciel de leurs toits pointues. De l'extérieur, les mûrs étaient en formes d'arches avec de nombreuses baies vitrées.

Les guerrières allèrent rejoindre le dragon pour le calmer et lui permettre de redevenir humain, Dragïos semblait perdu mais surtout inquiet face au visage soucieux de son amie. Moukaï lui prit la main, pendant que Luny se plaça devant-eux et ils suivirent ensemble le prince.

~~~~

Azuria enfilait une de ses nombreuses tenues de guerrière, un corset en cuir à lacets, un pantalon léger et fluide ainsi qu'une paire de bottes plates. Son épée était toujours dans son ceinturon autour de sa taille, elle s'en séparait jamais.

La prêtresse avait laissé Chad et Ash partir pour Oxyris. Néphélis était retourné à Névésias prévenir les siens de ce qu'il se passait.

Dans tout les royaumes, on entendait les murmures de prophéties, de futures guerres. Elle avait reçu une lettre de Lidéos qui lui expliquait leur situation dans le royaume des elfes de la nuit, il lui racontait que la guerre approchait et que les peuples devaient se préparer, créer des alliances entre eux. Le jeune guerrier logeait chez le roi, il pouvait parfois entendre les échanges entre Kolaris et Zayos. Pheone se trouvait enfermée dans le cachot du palais.

Azuria était assise à son bureau dans une salle qu'elle avait elle-même aménager pour permettre aux citoyens de venir lui parler de leurs idées, de ce qu'ils aimeraient voir changer. Elle relisait encore et encore la lettre de Lidéos en caressant tendrement son ventre. Après son annonce, elle s'était marié à Xyféris en consommant leur amour le soir-même. Au bout de quelques semaines, elle se rendit compte que ça n'allait pas la plupart du temps, elle avait des nausées et se sentait régulièrement fatiguée. Azuria s'était rendu au médecin pour se rassurer, il l'avait alors « félicité ».

Chaque jour, elle regardait et touchait son ventre, la grossesse chez les anges mortes était plutôt rapide comme le vieillissement chez les jeunes. Au lieu de porter son enfant pendant neuf mois comme les humains, elle le garderait seulement deux mois au maximum.

Elle réfléchit à ce qui allait arriver dans quelques jours, mois peut-être bien. Comment feraient-ils fassent au combat ? S'en sortiraient-ils ? Elle devait réunir son peuple en urgence et les préparer à cette guerre, elle enverrait des lettres à Vénusis, Elfagos, Pénisia et Mikanos pour que chacun puisse prendre une décision et se joindre à eux.

Azuria prit sa plume et commença à écrire une première lettre puis trois autres identiques.

« Mes Chers Amis et ennemis.

Aujourd'hui, une guerre sans pareille approche contre le peuple des Enfers et de Oxyris. Joignez-vous à nous pour les combattre, empêchons les de régner sur nos peuples, de détruire nos royaumes !

Nous devons nous allier, car seul nous ne réussirons pas, il nous sera impossible de résister.

Il nous reste peut-être quelques mois et encore, je pense être optimiste. La grande guerre arrive, le vent et la forêt nous le soufflent, nous prévenant du danger qui pourrait totalement mettre à feu et à sang notre monde sans la moindre pitié.

Contactez-moi dès que vous le pouvez pour avoir votre accord ou désaccord sur nos alliances actuelles et futurs. »

Elle signa la lettre de sa main et apposa son sceau avant qu'une main vienne se poser sur son épaule tandis qu'un léger souffle caressait son cou avant de la faire frissonner.

—Alors, où en es-tu pour la future guerre ? Demanda Xyféris en lui caressant les épaules.

—Je finissais d'écrire les lettres, il ne manque plus qu'à les envoyer en espérant avoir le plus d'alliés possibles.

Elle se retourna sur sa chaise en se mettant face à l'homme pour qui son cœur tressautait à chaque fois que leurs regards se croisaient.

—Xyféris... Je dois t'annoncer que je suis enceinte... murmura la prêtresse d'une voix traînante.

—Un... Un enfant ?

Elle hocha la tête en le regardant, les yeux de l'ange mort étincelaient de mille éclats, un grand sourire se formait sur sa délicieuse bouche alors que sur la joue de Azuria, une larme coulait.

—Pourquoi pleures-tu, mon amour ? Questionna-t-il inquiet en appuyant ses mains sur les jambes de la prêtresse.

—Et si nous mourons, que deviendra-t-il ? Je pense au futur incertain qui nous attends.

—Si nous tombons au combat, nos amis veilleront sur lui. Peut-être même que ma fille prendra le relais. Disait-il bien trop calmement pour tromper sa tristesse face à cette conclusion.

Elle lui serra la main avant de se relever et de déposer un tendre baiser sur ses lèvres.

—Nous devons nous battre jusqu'au bout pour ce bébé.

Les deux époux se serrèrent dans les bras l'un de l'autre en profitant du calme, car bientôt, un nuage de terreur s'abattrait sur eux en détruisant leurs vies pour toujours.

Alors que le peuple de Lunatios écoutait leur prêtresse avec attention puis commencèrent à se préparer à une future guerre mortelle.

Moukaï, Luny , Dragïos et Nils parlaient avec Cendros de ce qui allait arriver, en lui disant que son peuple devait être prêt et se rallier aux autres. Pendant que Sakina perdait totalement le contrôle sur elle-même, que sa mémoire disparaissait petit à petit, elle suppliait Angalion chaque jour de lui venir en aide alors que Miodisos la voyait s'éteindre. Il devait lui aussi prévenir les elfes de l'arrivée d'un grand malheur et rejoindre Lunatios dans cette lutte.

Pheone se réveillait doucement chaque début de journée en ressentant le mage noir bien plus fort qu'avant, elle était maintenant seule avec comme dernier espoir que Moukaï avait pu fuir prévenir les leurs du danger.

Lidéos continuait à se battre dans la salle d'entraînement chaque jour en espérant que Azuria avait reçu sa lettre sauf que quelques jours après il fût attrapé et arrêté.

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