4 - Porquerolles, mouillage

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Pendant que le Serenity se transforme en discothèque à ciel ouvert, j’inspecte l’horizon à la jumelle du haut de mon nid d’aigle. Une multitude de bateaux navigue dans la rade d’Hyères et j’aime les observer. Une grand-voile décorée de pétales de fleurs multicolores m'intéresse tout particulièrement.

J’accentue le zoom, décroche la VHF.

— Ça ne devrait pas être autorisé de ridiculiser son navire avec des voiles pareilles ! lancé-je sans lâcher l’embarcation des yeux.

Julia parcourt l’horizon avant de fixer son attention dans ma direction. Un bateau de 65 mètres avec un hélico sur le pont, ça se remarque de loin.

— C’est gonflé de dire ça quand on navigue à bord d’une énorme verrue qui défigure le paysage ! plaisante-t-elle.

— Un point pour toi ! Tu as l’air de bien avancer.

— Oui, j’ai un bon vent arrière. À ce rythme, j’atteindrai mon point de chute avant la fin d’après-midi !

— Tu t’arrêtes où ?

— Baie de la Ciotat.

— La Ciotat est mon terminus à moi aussi, demain.

— Et ensuite ?

— J’y reste quelques jours pour des travaux avant de repartir sur Monaco.

— D’accord.

Dans la jumelle, je vois Julia porter le micro à sa bouche à plusieurs reprises avant de baisser la main. Enfin, elle se décide à parler.

— Tu sais que ma proposition d’hier soir tient toujours.

— Admirer les étoiles ?

— Entre autres.

— Tu n’as peur d’inviter un parfait inconnu à bord de ton bateau ?

— Un parfait inconnu, oui, mais tu n’en es plus un, on discute depuis plusieurs jours.

— Ça reste peu.

— Je n’ai pas besoin de plus pour être persuadée que tu es quelqu’un de bien. Maintenant, si ça peut te rassurer, je n’hésiterais pas à te balancer par-dessus bord si tu m’échauffes trop les oreilles.

Je souris.

Sur l’immense pont arrière du Serenity, c’est ambiance coupe de champagne, barreaux de chaise, musique à fond et nanas topless. Des envies d’homicides me poussent à grogner.

— Tu es là ?

— Ta proposition me tente.

— Alors accepte. Personne ne t’attend chez toi, non ?

— En effet, mais…

— Mais ?

— C’est compliqué.

— On se dit souvent ça en guise de justification.

Je garde le silence, il vaut mieux au risque de m’enfoncer un peu plus dans la connerie.

— Je dois te laisser, le vent se renforce et j’ai besoin de mes deux mains. J’ai prévu de rester deux jours au mouillage pour me ravitailler avant de filer vers l’Espagne. Tu sais où me trouver ! Bonne journée, Ô Capitaine, mon Capitaine !

— Bonne route, Julia, fais attention à toi.

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