« Oui, répond poliment Annah. Je ne suis pas d’ici, je viens de Bellissandre.

- Tu as fait tout ce chemin, seule ? » s’étonne le paysan.

Annah acquiesce une nouvelle fois, en dodelinant la tête.

« Tu connais quelqu’un au village, au moins ? questionne-t-il encore.

- Oui. Je viens voir Séverine Thiseult.

- Ah, d’accord. Je vois… Ses terres sont au sud-est d’Auren. Mon nom est Jean Bercol » dit le paysan en reprenant son chemin.

Les grands yeux d’Annah observent cet homme s’enfoncer dans un bosquet à proximité en suivant un sentier. Il a été courtois lui-aussi, malgré une légère crispation au visage, lorsqu’il a entendu le nom de Séverine.

La sorcière essaye de retenir le prénom et la physionomie de ce Bercol, qu’elle recroisera certainement dans le village. Puis elle poursuit son propre chemin vers le sud, qui passe entre deux champs de céréales. Auren ne comporte qu’une cinquantaine de maisons, qui témoignent soit d’une pauvreté relative, soit d’une installation récente de ses occupants.

De vieilles pierres, comme celles qu’Annah a remarqué précédemment dans le paysage, ont servi à la construction de bâtiments nouveaux. Les surfaces cultivées entourent le village, mais ne paraissent pas assez importantes pour le nourrir.

Ce sont donc les mines d’or, aux alentours, qui font vivre les habitants et attirent les voyageurs ; car, à première vue, il n’y a rien à faire dans cette petite communauté perdue d’Arcendres.