Chapitre 2

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Pendant les vacances, j’ai décidé de décorer et peindre mon appart. J’ai posé à côté de mon canapé gris une plante verte, retiré les rideaux de la baie vitrée, repeint ma chambre en rose saumon, comme chez le vendeur de boisson, et ajouté un dressing à gauche quand on entre. J’ai aussi rempli ma chambre de choses japonaises et coréennes mignonnes, du genre des peluches. Mon appart est beaucoup plus accueillant et chaleureux.

J’ai discuté avec Cassie, l’ai emmené chez le vendeur de boisson et nous sommes devenues amies. Je ne suis toujours pas remise de la tromperie de Nolan, mais j’ai jeté mes sweats. Ma mère est venue me rendre visite, heureuse de voir mon appart sous un nouveau jour.

La sonnerie de mon réveil retentit. Il est 7 heures et c’est la fin des vacances. Il est temps de retourner à l’université pour la troisième et dernière année. Je prends un œuf et un toast au petit déj, je coiffe mes cheveux châtains clairs, et enfile un top à carreaux bleus et blancs, aux manches courtes bouffants et qui se serre en dessous de la poitrine. Avec ça, un jean slim bleu clair et des baskets blanches. Je mets à mon poignet la montre fine en or que j’ai eu à mes 21 ans, c’est à dire il y a une semaine. Je glisse dans mon sac à main mon téléphone, mon porte-monnaie, un livre, des stylos et deux cahiers et je pars.

- Julie !

Je me retourne gaiement et mon visage se décompose quand je vois Nolan.

- Tu veux quoi ?

- Je suis désolé, Julie, je sais pas pourquoi je t’ai trompé et…

- Tu t’es séparé de Kimberley ?

- De...de quoi ? N...non, pou...pourquoi ?

- Ca va faire quatre mois que tu ne m’as pas adressé la parole. Tu as quoi derrière la tête ?

- Mais rien du tout, Julie. Je voulais juste qu’on soit amis et qu’on oublie le passé.

J’arque un sourcil.

- Non, j’ai tourné la page, je ne veux pas de toi.

Je commence à m’en aller mais sa main agrippe mon poignet. Ça me procure des frissons dans tout mon corps, mais je secoue la tête.

- Lâche-moi, Nolan.

- Julie, j’ai un service à te demander. Tu as vu juste. Kim et moi, on s’est séparé. Elle dit avoir besoin d’une pause. J’ai besoin que tu m’aides à la reconquérir.

- C’est une blague ? Tu demandes ça à la fille que tu as trompé avec ton ex de reconquérir ton ex ? Mais tu as un de ces culots !

- Je t’en prie, Julie.

- Non.

- S’il te plait !

- Je te redis ça par texto. Mais ne te fais pas de faux espoirs.

Je dégage violemment moi poignet et repars.

- Merci, Julie !

Sans me retourner, je brandis mon bras et lui fais un doigt d’honneur.

J’attrape mon téléphone et envoie un message à Nolan.

Moi : 14 heures devant le vendeur de boisson.

Nolan : Oui ! Merci Julie

Je range mon téléphone. En cours, je m’assois à côté de Cassandra.

Il est 14h30, je sirote un bubble tea menthe-citron au vendeur de boisson nommé «Boisson idyllique de Jenn». Nolan apparaît et s’installe en face de moi avec un gobelet de café de chez McDo. Quelque chose que je déteste chez lui. Il a tout le temps du retard au rendez-vous et se pointe avec de la nourriture d’un autre restaurant.

- Salut, désolé de t’avoir fait attendre.

Je lève les yeux au ciel.

- Aide-moi à reconquérir Kim. Lui prouver que je ne suis pas ce qu’elle pense.

- Elle pense quoi, exactement ?

- Que je suis un sal**d, elle a peur que je la trompe.

Elle a pas tort, je pense.

- Moui, bah je penserais la même chose à sa place.

Nolan me dévisage.

- Julie, on en a déjà parlé, je suis désolé, vraiment, mais Kim est la femme de ma vie et…

- Oui, je sais. Mais je sais aussi que je m’en fiche, maintenant. Je suis mieux célibataire. Après tout, vaut mieux être seul que mal accompagné.

- Julie, je…

- Tais-toi, Nolan.

Il fait tourner son fond de café dans son gobelet.

- Julie, tu as dit que tu m’aiderais.

- J’ai rien dit du tout ! j’explose. Arrête d’inventer des choses, Nolan !

Je me lève, claque un billet de 5 dollars pour payer mon bubble tea et je m’en vais.

Les cours de l’après-midi sont annulés, alors je rejoins le parc pour profiter des rayons de soleil de septembre, les derniers avant l’automne et la pluie. Des enfants gambadent dans l’herbe, grimpent aux aires de jeux et glissent au toboggan. Un couple âgé fait un pique-nique sous le grand saule pleureur. Il est à côté du lac, je le sais, j’y allais souvent avec Nolan. En repensant à ma froideur de tout à l’heure, je me demande comment on a pu être en couple un jour.

Je ne sais pas pourquoi, le soleil est déjà couché et les enfants ne sont plus là. J’ai dû m’endormir. Je regarde mon téléphone. 22h45. Il est temps de rentrer. Je me redresse rapidement et éclaire les rues avec la lampe de mon smartphone. Je frissonne, la brise nocturne est gelée, et je suis en t-shirt. J’entends des pas derrière moi et me retourne discrètement. Il y a une grande ombre noire qui suit le même chemin que moi. J’accélère le pas, soudain stressée. Qui est cet homme qui me suit ? Quelle idée de rester jusqu’à presque 23 heures dehors ? Je vais être crevée, demain. Mon appart est à quelques rues d’ici, il n’y aucune circulation ou magasin ouvert pour entrer et me protéger. J’aperçois mon immeuble. À nouveau, je presse le pas et tape le code pour entrer. J’allume la lumière du hall et grimpe les escaliers. J’arrive devant chez moi et rentre. Je me rue vers la baie vitrée qui donne sur la rue. L’homme attend devant l’immeuble en regardant autour de lui.

Mon premier réflexe est d’appeler la police. Je leur indique qu’il y a un individu suspect devant chez moi, qu’il me suit depuis tout à l’heure et qu’il a cherché à entrer dans l’immeuble. L’opérateur me dit de garder mon calme, que les policiers seront là d’ici 5 minutes, où je ne devrais montrer aucun signe de vie dans l’appartement. Je ne savais pas qu’il y avait un protocole pareil juste pour quelqu’un devant une maison. L’opérateur raccroche, et je jette un regard à travers la baie vitrée. L’homme n’est plus dans la rue, mais en train de grimper les escaliers de secours disponibles en cas d’incendie. Heureusement, j’entends les sirènes. J’entends les voix des policiers.

- Monsieur, je vous prie de descendre de là et de décliner votre identité !

Nouveau regard par la fenêtre. Les voitures de police sont garées devant l’immeuble, le suspect est sur l’escalier à environ trois marches de ma baie vitrée et des policiers le pointent avec des armes.

La police rappelle. Je décroche, ma voix est tremblante.

- Nous avons récupérer le suspect. Nous enregistrons votre numéro pour vous donner les détails dès que nous les aurons.

- Merci infiniment ! dis-je en m’allongeant sur mon lit.

Dès qu’il raccroche, la peur me gagne. Je suis soudain inquiète d’être seule chez moi, alors je fais un room tour pour vérifier que je suis bien seule. Une fois que c’est fait, j’envoie un message à Cassandra pour lui raconter l’histoire et me couche.

Je me réveille avec un goût amer en bouche. Je me remémore les événements d’hier et en frissonne. La police n’a pas rappelé, mais Cassandra si, pour demander si tout allait bien. Elle a prévenu Nolan. Je ne sais pas pourquoi elle a fait ça, mais elle l’a fait.

Je sors de chez moi et sursaute quand je constate que Nolan m’attend.

- Salut, je suis au courant pour hier soir. Mon dieu, ça doit être stressant. Tu vas bien ?

- Oui, je ne suis pas inquiète.

Menteuse, tu es stressée comme pas possible.

- Tu es sûre ? Julie, je suis sérieux. Tu veux venir chez moi ce soir ? Pour être sûre que tout se passe bien…

- Je n’ai pas besoin d’être rassurée, merci ! dis-je d’un ton cinglant.

- C’est moi que je veux rassurer, Julie. Tu as été suivi dans la rue, ce mec a failli s’introduire chez toi et tu ne t’inquiètes pas du tout ! Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ? Il aurait pu te tuer, Julie.

- Qu’est-ce que ça peut te faire ? De toute façon, tu préfères Kimberley.

Des larmes commencent à rouler sur mes joues.

- C’est pas parce que j’ai choisi Kim que je ne t’aime pas, Julie. Je t’ai aimé. Pendant un an. Alors si, je m’inquiètes pour toi. Arrête d’être injuste avec moi et de m’ignorer, Julie.

Je déteste le tic qu’il a de dire souvent mon prénom.

- Nolan, je te dis que je vais bien. Il ne m’a pas tuer, et il est en prison.

- Et qui est-ce qui te dit qu’il n’y en a pas d’autres qui te veulent du mal ?

- A part toi, je ne vois pas qui d’autre veut me faire du mal. C’est quoi ton problème ? Lâche-moi, merde ! Tu as choisi Kim !

Je m’en vais en le laissant seul dans le couloir.

- Julie ! Julie, attends ! Julie !

Je refoule mes larmes et continue mon chemin.

- Julie, viens au moins chez moi ce soir !

Je me retourne.

- Je te hais, Nolan Oyama !

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