Chapitre 3

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Je ne vais bien sûr pas chez lui, il peut toujours rêver. Je rentre tranquillement chez moi avec Cassie, et on boit des cappuccinos en regardant un K-Drama, nommé True Beauty. Puis, je raccompagne Cassandra chez ses parents et rentre directement à mon appart.

Dans la rue, une librairie attire mon regard. Elle n’était pas là avant. Je regarde l’heure. Il est 17 heures, j’ai le temps de faire un tour. L’intérieur est chaleureux. Les murs sont en bois peint, il n’y a pas de fenêtre, la seule source de lumière est la lampe qui pend au plafond. L’allure est assez scandinave. La caisse est en bois massif, et des plantes vertes pendent au plafond. Les étagères sont environ 10, formant un U. Il y a la catégorie «jeunesse», «collège», «lycée», «jeunes adultes», «adultes», «documentaires», «philosophie», «mangas», «histoire-géographie» et «politique».

- Il y a quelqu’un ?

Un garçon sort d’un placard, un carton Amazon à la main.

- Bonjour madame, je peux vous aider ?

- La librairie est récente ?

Il pose son carton et dégage ses cheveux blonds de son front.

- Oui, oui. Bonjour. Je m’appelle Marius, j’ai 22 ans et je viens d’ouvrir cette librairie.

Il me tend sa main, dont les doigts sont longs et fins.

- Julie, 21 ans, je suis dans ma dernière année d’études pour devenir maquilleuse professionnelle.

Je regarde Marius en détail. Il doit mesurer 1m80, a des cheveux blonds assez courts, des yeux bleus et un corps fin, ni musclé, ni obèse.

Je baisse les yeux vers le sol.

- Je peux t’aider ? Enfin, vous aider ?

- Ah, tutoyez-moi, je m’en fiche.

Marius semble hésiter.

- Ok. Alors tu peux aussi me tutoyer, Julie…

- Comme tu veux.

Je piétine avant de quitter la librairie quand Marius avait le dos tourné. Je rejoins mon appart immédiatement, pour éviter qu’on me suive à nouveau.

Mon téléphone vibre. La police me rappelle.

- Allô ?

- Allô ? Bonjour, vous êtes bien Julie Finn ?

- Oui.

- C’est à propos du suspect de l’autre jour. Il se nomme Jack Hallow, il admet vouloir vous kidnapper et vous torturer puis vous tuer. Nous ne pouvons pas donner plus de détails sur son identité, cela enfreint nos règles.

- Très bien, merci pour les infos. Au revoir.

- Au revoir.

Je raccroche et regagne ma maison presque au pas de course. Une fois à l’appart, je me détends. Pourquoi cet homme voulait me tuer ?

Une fois chez moi, je me pose dans mon canapé avec mon ordinateur portable et étudie un peu. À 19 heures, je décide d’aller au food-truck près de chez moi. J’enfile par-dessus mon t-shirt blanc un gilet orange pastel et sors dans la rue. J’arrive devant la camionnette éclairée et commande une grande frite, un burger et un Coca. Je m’installe sur une petite table en fer que les employés du food-truck disposent devant la camionnette.

- Oh, bonjour.

Je lève les yeux de mon paquet de frites et vois le gars de la librairie.

- Salut, dis-je.

- Tu manges ici, toi aussi ?

- Ouais. Bah, installe-toi, si tu veux.

- Ah merci.

Il prend place en face de moi.

- Tu es étudiante en quoi ?

- En maquillage.

- Ah ouais. Moi, j’ai arrêté les études après le bac, et j’ai ouvert direct une librairie. Sauf qu’avant, mon local était à Seattle.

- Tu viens de loin.

- Assez, ouais.

On continue de discuter, et le malaise est remplacé par des discussions animées et des rires. Il est sympa, Marius. Je tourne la tête vers la gauche pour m’empêcher de repartir dans un fou rire, quand j’aperçois dans la pénombre l’ombre de Nolan. Il me fixe de ses yeux bleus et s’en va.

- Julie ?

- Hein ?

- Ca va ?

- Ah oui. Désolée.

- Qu’est-ce qu’il se passe ?

- Rien, je… Je viens de voir mon ex. Il nous observait.

- Ah ouais, pourquoi vous vous êtes quitté ?

Je lui explique toute l’histoire. Je ne sais pas pourquoi j’ai une aussi grande confiance en lui.

Le lendemain, à l’université, Nolan est avec une fille, qui n’est pas Kimberley.

Il passe vite à autre chose, me dis-je intérieurement.

- Hé, Julie !

Je me retourne. Cassandra vient de m’appeler et je jette un dernier regard vers Nolan et sa nouvelle victime.

- Ce soir je pourrais pas te ramener, me dit-elle. Mon frère m’emmène au resto où il bosse.

- Pas de souci, je rentrerais à pied.

Je n’habite qu’à 20 minutes à pied de l’université, ça devrait le faire.

- Et aussi, j’ai bien vu que tu fixais Nolan et la fille. Elle s’appelle Rachel. Elle est sympa.

Je jette à nouveau un regard à Rachel. C’est une fille avec les cheveux au carré bruns, des bracelets en perles à ses poignets et un short et un jean. Elle n’a pas l’air méchante, mais elle n’a pas l’air non plus de la plus grande gentillesse.

À 18 heures, je quitte l’université sous des nuages gris, presque noirs. Quand les premières gouttes commencent à tomber, je presse le pas et regrette de n’avoir mis qu’un t-shirt ce matin. La pluie se met à couler à flots, les rues sont rapidement désertées. Je suis à 10 minutes de chez moi, et je passe en trombe devant la librairie de Marius.

- Julie ?

Je me retourne. Marius est posté derrière moi.

- Ah, salut, bah, c’est à dire qu’il pleut, donc j’ai pas trop le temps de discuter.

En disant cela, la pluie s’intensifie. Marius s’approche de moi et couvre nos deux têtes avec son manteau. On presse le pas à deux.

- Il pleut beaucoup trop, dit-il en réalisant que le bas de mon pantalon est trempé après avoir marcher dans une flaque presque aussi profonde que mon lavabo.

On se retrouve donc sous un kiosque, seuls au milieu du parc désert, en attendant que la pluie s’arrête ou se calme. Marius s’assoit sur le banc et je le rejoins en soupirant.

- Bon, bah c’est pas aujourd’hui que je rentrerais tôt.

Marius esquisse un sourire et je le regarde en coin. Je sens mon coeur tambouriner dans ma poitrine. Son regard croise le mien et je rougis en détournant le regard, gênée. Ses doigts effleurent les miens et je retiens ma respiration. Tout va beaucoup trop vite, je ne le connais que depuis un jour. C’est le moment que choisit mon téléphone pour sonner. Marius recule. Je consulte la notification.

Cassie : Je viens de voir la pluie, ça va ?

Moi : Oui oui. Je suis avec Marius, il m’a protégé avec son manteau.

Cassie : C’est qui, Marius ?

Moi : Le gars qui gère la librairie près de chez moi. Y a rien entre nous.

Cassie : Ouais. On en reparle dans deux mois.

Je lève les yeux au ciel, sachant très bien que j’ai menti en disant qu’il n’y avait rien entre nous. Du moins, de mon côté.

- La pluie se calme, on y va.

- Ouais, dis-je en me relevant.

Il me tend son manteau et je m’emmitoufle dedans. Le trajet du retour se fait en silence. On arrive devant mon immeuble, et je remercie Marius en lui donnant son manteau.

- De rien.

- Bon bah salut.

- Ouais, répond-il.

Il commence à repartir.

- Attends !

Marius se retourne.

- Tiens, voilà mon numéro.

Je lui donne, les deux bras tendus, la tête baissée.

- Je t’enverrai un message.

Et il s’en va. Soulagée, je repars chez moi et m’allonge sur mon canapé. Là, je suis sûre. Il y a quelque chose entre nous. Mais en même temps, je pense à Nolan, et me dis que je ne suis pas sûre de m’être totalement séparée de lui, psychologiquement.

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