Vendredi 29 mars /1

3 minutes de lecture

Charlotte

Peu après les fêtes de fin d’année, Manu a signé son contrat dans cette boîte à Yverdon et notre nouvelle vie est sur le point de commencer. Deux mois de préavis pour son ancien patron, la recherche d’une maison, en location pour l’instant et le voilà prêt pour de nouveaux projets dès le 1er avril et non, ce n’est pas un gag. Les discussions ont été nombreuses, parfois même houleuses. Marion n’étant pas du tout convaincue de pouvoir retrouver des amis ailleurs. Maxime avait cédé plus rapidement. L’argument piscine, sans doute. Mais si ça suffiait pour un garçon de 8 ans, c’était une autre histoire avec une ado. Sans connaître la région, elle la critiquait, cherchant des informations négatives sur le net. Heureusement, à part la réputation de la gare et ses alentours, le centre semble plutôt calme, a une belle zone piétonne avec plusieurs commerces identiques à Nyon. Manu avait trouvé un argument pour me faire plier : c’était de nous installer dans un petit village proche d’Yverdon, mais pas au centre-ville. Même si ça offre un certain anonymat, il sait que j’ai toujours voulu vivre près de la nature.

— Je vais mourir d’ennui à la cambrouse, avait ronchonné notre fille. Jamais, tu entends ! Je préfère encore rester chez Mamie.

Ma belle-mère habite seule à deux rues de chez nous et même si je l’aime beaucoup, le fait de mettre quelques kilomètres entre elle et moi ne me dérange pas, je dois bien l’avouer.

Un soir, Manu était arrivé avec un prospectus et l’avait donné à Marion.

— Dis-moi dans quelle maison tu veux vivre ?

— J’aime bien cet appart, avait-elle grogné.

Mais sous mon regard insistant, elle avait fini par ouvrir le magazine. Les projets et l’enthousiasme de son père réussirent à l’amadouer. Ce soir-là, nous nous sommes tous mis à rêver. Je m’imaginais cultiver des fleurs comestibles et des plantes aromatiques dans le jardin, Maxime faire du foot avec ses amis, Manu rentrer tous les jours pour manger avec nous à midi et lorsque Marion nous avoua qu’elle se voyait bronzer au bord de la piscine, on a tous compris que c’était gagné. Heureusement, parce que Manu avait déjà signé.

Notre appartement de Nyon est un petit bijou, très bien placé et nous n’aurons aucun mal à le vendre. Plusieurs agences s’y intéressent déjà, puisque Manu l’a fait estimer pour connaître sa valeur face au marché. Mais il m’a promis d’attendre avant de le vendre, qu’on soit sûr de rester à l’autre bout du canton de Vaud.

Je suis ravie de mon nouveau thérapeute. Il semble bien connaître mon trouble. Même si certains prétendent avoir un diplôme de sexologue, ce n’est pas toujours le cas, ou alors ils ont des idées bien arrêtées sur le sujet. Lui a dédramatisé mes pulsions et le besoin d’assouvir mes envies que ce soit avec mon mari, mes jouets, ou des inconnus. S’il avait eu des regards déplacés ou des gestes ambigus, j’aurais pu croire qu’il me proposait son corps comme alternative, mais ce n’était pas le cas. Heureusement que physiquement il ne m’attire pas et c’est sans doute l’une de ces principales qualités. Pour l’instant, je parviens à baiser qu’avec des hommes qui me plaisent. Ça me donne l’illusion d’un certain contrôle sur mon corps.

Il m’a surtout rassurée en me disant que je n’étais pas sa première nympho.

Je sors de son cabinet, souriante de ces conseils et rejoins la voiture en vérifiant l’adresse du rendez-vous fixé par Manu pour visiter la future école de Maxime. Les vacances de printemps tombent à merveille. Les enfants passeront les deux semaines suivantes au chalet chez mes parents en montagne, pendant qu’on finira de déballer les cartons dans notre nouvelle maison. Nous avions pu négocier une location-vente pour la première année.

Et bientôt un nouveau quotidien, de nouveaux copains pour les enfants, de nouveaux collègues pour Manu, de nouveaux voisins pour nous et de nouvelles habitudes à prendre. Deux semaines sans nos loulous. Ne vous trompez pas, je les adore mes gosses… mais passer dix jours seule avec mon petit mari, autant disponible que possible… Sans rien pouvoir contrôler, je me sens devenir moite. Je nous imagine dans notre lit dans notre nouvelle chambre, mais aussi sur le plan de travail de la cuisine, dans la douche, ou même… sur la machine à laver.

Je presse le pas, la voiture est au bout de la rue, je respire fortement, j’accélère encore. Vite… me retrouver seule pour… je ne pense qu’à me toucher, me caresser, sentir ma mouille, frotter mon clito. Je sors les clés de ma poche, déverrouille alors que je suis encore à dix mètres de ma portière. Un coup d’œil aux alentours et je prends conscience que mon calvaire ne sera pas fini une fois assise. Il me faut trouver un coin tranquille ! Et vite !

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