Les Monts de Cuivre - 4 -

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Soudain, Jolo sortit de sa rêverie...

— Pourquoi n'as-tu pas achevé le dragon ?

Elle s'attendait si peu à cette interrogation, de la part de Jolo, à ce moment-là, qu'elle ne répondit pas tout de suite...

— C'est ce qu'il fallait faire, dit-elle finalement.

— Vraiment ? Pourquoi ?

— Je l'ignore, sur le moment cela m'a paru... judicieux.

— Après tout, quelle importance, il doit être mort à présent.

— Je crois qu'il survivra.

— Par tous les dieux, j'espère que non ! S'il retrouve sa force, il se lancera sur nos traces et va savoir ce qu'il se passera.

Elle sourit, lui jeta un regard fugitif et répliqua :

— Je crois qu'il ne nous fera aucun mal.

— Qu'est-ce que tu en sais ?

— Je ne suis sûre de rien, mais je crois qu'il pourrait nous être utile.

— Hum... Je me demande bien comment...

— Tu sais ce que veut dire "Kurior" en langage ancien ?

— Je n'en ai aucune idée...

— Cela veut dire, chercheur d'eau. Autrement dit, il a le don d'en trouver dans les endroits les plus improbables...

Elle fixa la source tarie.

— Peut-être que lui sentirait où l'eau s'est enfuie, et la ferait rejaillir.

Jolo se renfrogna.

— Mais tout ça, ce sont des fables ! Ce qui est sûr, c'est que s'il nous retrouve, il nous hachera menu !

Elle haussa les épaules, mais ne répondit pas. Jolo n'insista plus sur le sujet. Il se contenta de boire un peu d'eau de sa gourde. Alors, Ovaïa se concentra sur les soins de son enfant.

Ils ne s'attardèrent pas plus de quelques minutes sur le petit plateau rocheux. Ensuite, Jolo entraîna la jeune femme en direction d'un sentier étroit qui montait et serpentait à flanc de montagne, une voie nettement plus ardue que la précédente. D'après le jeune homme, elle était la seule à conduire sur le territoire de l'ami de son père. Alors qu'ils commençaient à grimper, Ovaïa demanda :

— Il faudra combien de temps pour arriver jusqu'au clan d'Abeth ?

— Plusieurs heures, nous n'aurons pas la possibilité de faire de pause. Alors, je te conseille de t'économiser au mieux.

La jeune femme comprit ce qu'il entendait par là. Elle ne devait plus lui parle, elle se tut donc... De ce fait, ils ne devaient plus s'adresser la parole durant un long moment...

À l'instant où le couple quittait la plate-forme rocheuse, le Kurior se lançait sur leurs traces. Finalement remis de sa blessure, il s'attaqua au raidillon menant à l'esplanade rocheuse. Sans difficultés, et en longues foulées souples, il avala les kilomètres.

La créature, qu'on aurait pu croire uniquement lacustre, s'accommodait sans mal de l'environnement pesant et chaud où elle évoluait à présent. Elle était rapide et prudente, et mit moins de temps que l'homme et la femme pour arriver au belvédère.

Une fois-là, elle s'avança vers la source asséchée. Le dragon flaira la roche et le bassin de pierre. Il sentait que l'eau n'était pas loin, mais elle demeurait cachée. Sa langue fourchue se détendit rapidement et lécha, juste à la jointure des deux roches accolées, c'est de là que l'eau coulait auparavant.

Il flaira encore, ses yeux de sang se fermèrent, sa gueule hérissée de dents s'ouvrit à demi. Brusquement, le sol sous ses pattes trembla, ainsi que la vasque.

L'eau fusa du rocher, en un long jet rafraîchissant, l'onde bienfaisante frappa la cuvette et éclaboussa le Kurior.

Celui-ci dansa

Il sautait et s'ébrouait, cette créature terrifiante se comportait comme un jeune chien. Il émettait des sortes de grognements de satisfaction.

Puis il plongea sa tête dans la vasque qui se remplissait rapidement. Elle ne tarda pas d'ailleurs à déborder. Le dragon se roula dans l'eau ainsi déversée, en y prenant plaisir. Brutalement, il cessa cette manifestation de contentement, plongea encore son museau écailleux dans le flot débordant de l'auge minérale, but durant de longues minutes et s'écarta.

Là, il éternua et émit une sorte de soupir. La bête quitta enfin les abords de la source et s'engagea sur le chemin étroit, précédemment emprunté par Jolo et Ovaïa.

Au fur et à mesure qu'il s'éloignait de la plate-forme rocheuse, le débit de la source diminua.

Bientôt, ce ne fut plus qu'un mince filet d'eau qui s'écoulait de la fissure entre les deux roches. Puis, à peine quelques gouttes... et enfin la source se tarit.

Seules quelques flaques demeuraient sur le sol aride, elles s'évaporèrent bien vite...

Bientôt, l'endroit retrouva son état antérieur. Rien n'aurait pu faire douter, que durant quelques instants, il avait été le théâtre d'un épisode rafraîchissant...

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