La porte du Surilor - 4 -

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Porte des Mondes - Pays du Surilor

Ozerel en revenant vers la porte, n'était pas très satisfait de sa chasse. Il n'avait trouvé à se mettre sous la dent que quelques rongeurs. Ceux-ci pullulaient dans les ruines de la cité écroulée. Leur chair était infecte, mais le général n'avait pas le choix, la faim le tenaillait et il devait retrouver des forces afin de survivre jusqu'à l'arrivée de l'héritière.

Ainsi, quand elle serait là, il lui réglerait son compte. Ce serait l'ultime satisfaction pour lui, avant que les deux mondes ne soient détruits par l'expansion du portail. Le malfaisant s'installa commodément contre les restes d'un mur effondré. Puis il mordit à pleines dents la chair écœurante du rat...

Les yeux rivés sur le portail, il était déterminé à se rebeller jusqu'au bout contre le souverain du pays ardent.

Sur le fleuve Ikryl

Aux alentours de midi, la barge se retrouva quasiment à l'arrêt. Elle était prise entre plusieurs plaques de glace.

Munis de longs bâtons, les navigateurs tentaient, sans grands succès, de briser ses névés. Evalane, tout en frappant les surfaces gelées, s'exclamait :

— Comment ont-elles pu se former en aussi peu de temps !

Ovaïa répondit :

— Le Surilor a toujours été la contrée la plus froide de notre monde. À présent que le sortilège est brisé, on peut supposer que la nature reprend ses droits avec plus de force encore...

La Dame d'Ikryl dut admettre :

— Cela se tient !

Au moment où elle disait cela, une onde sismique venant de la porte se propagea sur les steppes, les eaux s'agitèrent, la glace se brisa, libérant du même coup l'embarcation. Jolo n'eut pas le temps d'en reprendre le contrôle, car telle un fétu de paille, la barge fût emportée par le courant !

Mer de Békali - Port d'Aztas

À la mi-journée, les troupes royales arrivèrent au port. Les chevaliers eurent à peine le temps de mettre pied à terre qu'un violent séisme fit trembler les maisons et les différentes structures de la cité portuaire.

De ce fait, l'affolement gagna toute la colonne de cavaliers. Les chevaux se cabrèrent, plusieurs hommes chutèrent lourdement sur le sol.

Des pierres et des gravats tombèrent sur eux. Dokar, qui était encore sur le dos de son cheval, avait du mal à le contrôler. Il alla regarder Obro qui, titubant, tenait sa monture par la bride.

Il désignait un homme grimaçant de douleur, Ulkir, en l'occurrence, qui venait de se blesser gravement. Sa jambe formait un angle peu habituel, du sang, mais aussi un morceau d'os sortait du pantalon déchiré. Il s'agissait d'une fracture ouverte !

Le tremblement de terre cessa, il avait été court mais destructeur. Dokar descendit de sa monture et s'avança vers l'intendant.

Autour d'eux, c'était l'anarchie. Plusieurs maisons effondrées avaient emprisonné des personnes qui se trouvaient à présent, sous les décombres.

Au sein des troupes royales, les conséquences restaient minimes. Peu de blessés graves à part Ulkir. Dokar aboya ses ordres, à l'instar d'autres seigneurs. La colonne de cavaliers, à ce moment-là, longeait le front de mer, et donc les quais. La flotte royale restait intacte, mais les répercussions du séisme étaient encore à venir.

C'est Obro qui aperçut le premier la menace, il regardait la mer. L'homme, cria en la désignant :

— Seigneur Dokar l

Celui-ci tourna la tête vers le danger que le cavalier pointait du doigt : une vague de submersion arrivait sur eux !

La panique suivit... Tous se mirent à courir. Dokar, gardant son sang froid, aida Ulkir à se relever. Obro lui prêta main forte. À eux deux, ils le remontèrent tant bien que mal sur son cheval. Ensuite ce fut leur tour. Enfin, à bride abattue, ils s'éloignèrent aussi rapidement que possible du front de mer.

Ils prirent la direction d'une petite éminence rocheuse. Dokar espérait l'atteindre à temps. Il tenait dans l'un de ses poings la bride du destrier d'Ulkir. Celui-ci, à moitié couché sur l'encolure, luttait contre l'évanouissement. Il avait déjà perdu beaucoup de sang !

Enfin ils arrivèrent à destination. Dokar éperonna son cheval pour le forcer à grimper. Par chance, le courageux animal ne se déroba pas devant l'obstacle.

Ainsi sa monture, mais aussi une vingtaine d'autres, parvinrent à se mettre à l'abri et leurs cavaliers avec elles. C'était extrêmement peu.

Dokar fit volter son cheval. Il pâlit. La vague arrivait, très vite elle submergea le port et le noya...

Sur le fleuve

Le petit groupe était secoué dans tous les sens. Jolo avait beaucoup de mal à garder le cap. L'embarcation allait vite, très vite, trop vite.

À bord, tous étaient terrifiés, même Ovaïa qui avait pourtant traversé de dures épreuves depuis son départ d'Eraland. Cependant, c'était plus les conséquences d'un éventuel accident qui l'effrayait que l'accident lui-même. Car si elle mourait sur ce fleuve, comment pourrait-elle sauver ce monde ?

Le fleuve semblait être pris de folie. Le bateau capté par un tourbillon tournoyait. Jolo cette fois, mesurait son impuissance... L'embarcation était en passe de chavirer.

Puis brusquement tout se calma. Cependant, la barge emportée par son élan, s'approcha dangereusement de la rive. Les jeunes femmes et l'homme écarquillèrent les yeux, le diable quant à lui piailla. L'embarcation frappa violemment la berge et se brisa à moitié sur des rochers...

Ruines de la cité antique de Kixorlig

Ozerel terminait son repas de rat quand le séisme survint. Il fut d'une violence inattendue.

Les quelques démons survivants s'égaillèrent dès les premiers frémissements. Survint la secousse elle-même. La magnitude était deux fois plus élevée que pour le premier tremblement de terre. Le sol se fendilla, puis une faille s'ouvrit sous les pieds d'Ozerel, elle devint gouffre. Il ne dut son salut qu'à ses ailes.

Les autres n'eurent pas cette chance, ils chutèrent dans l'abîme ainsi formé. Peu à peu, les troubles telluriques cessèrent.

La moitié des ruines avait disparu. Le général fixait le portail. Ce dernier palpitait avec plus de force encore. Des vagues d'énergie le parcouraient. Des arcs électriques crépitaient autour de lui.

Ce n'est pas uniquement cela qui se présentait au regard effaré d'Ozerel.

Sous la porte, ne subsistait qu'un trou immense. Le pœcile était maintenant comme suspendu dans les airs...

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