Chapitre 23 : Le yoyo

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Adam se tenait devant moi. Je sentis mes globes oculaires sortir de leur orbite. Malgré ma taille conséquente, il me surplombait de toute sa hauteur. Son regard était dur et froid, comme s’il était contrarié.

Ce qu’il était en réalité.

— Pourquoi tu mets la musique aussi forte ? Tu es sourde ou quoi ?

— Heu... Je... heu... en fait, je ne savais pas que tu étais là.

Je me sentis rougir sous le feu des flammes que ses pupilles noires m’envoyaient. J’étais mouillée de la tête aux pieds, mes cheveux bruns dégoulinant de flotte sur mes épaules nues. Je tenais la serviette autour de mon corps, les bras croisés sur ma poitrine plate.

— Je croyais que j’étais seule dans cette partie de la maison, ajoutai-je, embarrassée.

— Je dois bosser, baisse le son.

Ce que je fis dans la foulée en me penchant vers mon ordinateur portable, avant de lui demander :

— Quand es-tu arrivé ?

Étais-je en train de lui demander des comptes... chez lui ? Mais boucle-là, espèce de folle !

— Cette aprèm’, pendant que tu bronzais au bord de la piscine.

Il m’avait vue ? Oh seigneur ! Il avait vu mon corps blanc et sans aucun attrait ? La barbe !

— Ah ok, tes parents ont dit que tu ne serais pas là pendant les vacances. Je ne savais pas, désolée.

— Changement de programme.

Ses yeux se posèrent sur ma peau humide qui séchait à l’air libre. Il me reluquait sans aucune gêne, ce qui me mit vraiment mal à l’aise, tout en déclenchant chez moi un frisson d’excitation. Néanmoins, sous son regard insistant, je préférai couper court à la conversation. Je saisis le battant de la porte pour la refermer, en promettant de ne pas recommencer à mettre la musique à tue-tête. Il coinça son pied pour la bloquer et m’interrogea :

— Est-ce que tu es entrée dans ma chambre ?

La question me prit de court.

— Non ! m’offusquai-je, outrée.

— Tu es sûre ?

— Bien sûr ! Pourquoi me demandes-tu ça ?

— Parce que la dernière fois que je t’ai vue chez moi, tu étais déjà dans ma chambre en train de fouiller dans mes affaires.

L’enfoiré ! Me jeter ça à la tronche des mois après. Quel culot !

— Je ne fouillais pas et tu le sais très bien, rétorquai-je, à présent de mauvaise humeur.

— Oui, tu lisais.

Son ton se radoucit.

— D’ailleurs, tu as lu le bouquin ?

Si j’avais lu le livre ? Décortiquer sera un terme plus exact. Je le connaissais par cœur, enfin, principalement toutes les annotations qu’il y avait laissées.

— Oui, répondis-je à voix basse, décontenancée par ses variations d’humeur.

— Tu as aimé ?

— Oui.

— Tu en veux en autre du même acabit ?

J’avais déjà apporté mes lectures mais je n’allais pas refuser une offre si alléchante d’avoir accès à nouveau à ses pensées. Et puis, il avait l’air de meilleure composition alors j’en fis autant.

— Oui, avec plaisir.

— Je t’en donnerai un quand j’aurais remis la main sur mes affaires. J’ai l’impression que des choses ont été déplacées dans ma chambre. Je ne retrouve plus le chargeur de mon ordinateur.

Son ton avait à nouveau changé. Adam avait clairement un problème de stabilité émotionnelle. Après m’avoir proposé un nouveau livre, voilà qu’il reprenait ses accusations :

— Tu es sûre que ce n’est pas toi ?

C’est moi ou Adam Bellaji était complètement lunatique et parano ?

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