Chapitre 72 : Le plan

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Comme je m’y attendais, Adam me chercha dans la salle, suivant du regard ma mère ou ma meilleure amie, qu’il devait imaginer à mes côtés. Cela ne m'étonna pas. Au fond de moi, je savais qu’après notre nuit dans la grotte, il ne m’oublierait pas. J’en avais la conviction. Et le mot qu’il m’avait laissé avait été clair et allait dans ce sens : il ne voulait pas que je l’oublie non plus. Néanmoins, je ne comptais pas lui faciliter la tâche pour me retrouver. Éloignée de ma mère et de Mathilde, je me dissimulais derrière les convives, dont Adam n’avait pas vraiment le temps d’inspecter chaque visage. Sollicité par son enthousiaste entourage, heureux de le revoir après un an d'absence, il peinait à se consacrer à sa fouille. Il resta bredouille un moment, durant tout le début de la soirée.

Moi en revanche, vêtue de ma cape d’invisibilité, cachée au milieu de la foule bigarrée en tenue de fête, je le reluquais du coin de l’œil, dardant dans sa direction un regard discret mais inquisiteur. Je pus rapidement m’apercevoir, à mon grand soulagement, qu’il n’était pas accompagné d'une nouvelle conquête exotique. À partir de là, je décidai d’aller au bout de mon idée et de le faire souffrir pour ce qu’il m’avait infligé. Je ne voulais pas le reconquérir, juste lui faire regretter d’être né. Il était hors de question que je me laisse à nouveau charmer par cet Apollon de pacotille. Pourtant, plus je l’observais à la dérobée, plus je doutais du bien-fondé de ma décision. Une décision d’autant plus difficile à tenir qu’il était toujours beau à crever.

Il n’avait pas changé, l’enfoiré. Enfin si, il était encore plus séduisant, si toutefois ce fût possible. Son séjour en Amérique du sud lui avait réussi. Sa peau avait pris trois teintes, lui donnant le hâle tanné des surfeurs californiens. Ses cheveux bruns étaient toujours rasés et ses yeux noirs toujours aussi profonds, ça, ça n’avait pas changé. Son corps en revanche, je ne sais pas ce qu’il lui était arrivé, mais il avait dû s’adonner au sport à outrance car il était devenu carcasse. Ses épaules s’étaient encore élargies et étoffées. Son torse était bombé sous la chemise cintrée qu’il portait. Et son jean moulait des cuisses plus épaisses et musclées. Si j’avais été satisfaite de mon reflet dans ma salle de bain en me préparant pour la soirée, je pus constater avec dépit que cette dernière année lui avait aussi profité à cette espèce d’enflure.

Tant pis, raison de plus pour mettre mon plan à exécution.

Rassénérée par la colère qui chauffait mes veines gonflées, je décidai de passer à l’action. Mon idée était simple mais efficace. Je devais séduire un de ses potes. Et ce n’était pas difficile car au cours de l'année écoulée, au moins trois d’entre eux m'avait reluquée lorsque nous nous croisions dans le quartier. J’avais quitté le monde de l’enfance pour me rapprocher du leur, celui des jeunes adultes. Et ma silhouette gracile ainsi que mes yeux de chat ne les laissaient pas de marbre. Comme je trainais peu mes guêtres dehors, aucun n’avait jamais rien tenté, mais l’occasion était trop belle ce soir de tester mon pouvoir de séduction sur eux. J’avais désigné ma cible en jetant mon dévolu sur Xavier, le meilleur ami d’Adam. Quitte à faire souffrir ce dernier, autant choisir celui dont il était le plus proche. L’objectif était de lui faire mal, et j’avais l’intention d’utiliser un couteau aiguisé et chauffé à blanc.

Tandis qu’Adam se pavanait au milieu de ses invités, comme le roi de la fête qu’il était, inconscient de ce qui se tramait dans ma petite tête, je souriais à Xavier d’une manière que j’imaginais aguicheuse. Il s’étonna d’abord de mon rapprochement à ses côtés, mais me gratifia de toute son attention, ravi d’être ainsi sollicité. Il était célibataire depuis peu, je l’avais appris par Mathilde, qui était friande de ce genre de potins. Alors je n’avais aucun scrupule à passer à l’offensive. Charmant et poli, il alla me chercher un verre, qu’il m’offrit avec un grand sourire. Je le lui rendis aussitôt, enchantée de voir mon plan se dérouler à la perfection. Je jubilais intérieurement.

Ce soir, Adam allait goûter à ma vengeance. Et je m’étais faite la promesse qu’il allait déguster.

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