Chapitre 36 : Première rébellion

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Mes blessures étaient superficielles mais mon corps était endolori. J’avais les deux poignets tordus, un coude démis, et une jambe brûlée par le béton sur lequel j’avais été trainée. La moitié de mon visage avait été labourée contre l’écorce de l’arbre et quand je me découvris dans le miroir de l’hôpital, je me mis à pleurer. Mes parents allaient avoir un choc en me découvrant ainsi. L’idée qu’ils puissent me voir dans cet état me fit paniquer et mes larmes redoublèrent. Contrairement à ce que j’avais imaginé, je ne pouvais pas cacher l’agression. Elle était trop visible. Ma peau, couverte de griffures, coupures et autres égratignures de tailles et de formes variées, me brûlait. Mon dos, qui avait reçu plusieurs coups de genou était couvert d’ecchymoses. Moi qui avais l’habitude de me plaindre de ma blancheur, je ne trouvais pas ces rougeurs et ces bleus plus seyants.

Une fois ma plainte déposée, mes plaies soignées et l’agresseur en garde à vue, prêt à être déféré au parquet, j’étais prête à rentrer chez moi.

Sauf que je ne voulais pas du tout rentrer chez moi.

Je ne voulais pas faire paniquer ma mère en arrivant dans cet état. Il fallait que je trouve une solution pour dormir ailleurs ce soir. Je n’envisageai pas de me réfugier chez une amie, même Mathilde. Je ne voulais pas que ses parents me voient ainsi. Je savais déjà qu’ils contacteraient les miens à peine aurai-je passé le seuil de la porte. J’avais un peu d’argent, je pouvais toujours aller à l’hôtel. J’espérais, au fond de moi, qu’une autre idée traverse l’esprit de mon sauveur... Ne lisant pas dans mes pensées, Adam ne l’entendait pas de cette oreille puisqu’il commanda un Uber et m’annonça qu’il allait me ramener chez mes parents. Quand il parla d’eux comme s’ils étaient toujours ensemble, je sursautai. Il ne savait pas apparemment. Il était vrai que mon père avait quitté le domicile récemment et le plus discrètement possible pour ne pas faire jaser dans le quartier.

Je devais dissuader Adam de me raccompagner à la maison. Pour se faire, je lui inventai un mytho dont j’avais le secret.

— Tu peux me passer ton tel, s’il te plaît, que je puisse les rassurer de mon retard ? demandai-je à brûle-pourpoint. Ils doivent s’inquiéter.

— Tiens. Passe-leur le bonjour de ma part.

J’opinai du chef, me préparant à mentir comme une arracheuse de dents. Je m’éloignai et appelai ma mère. De ma voix la plus calme, je lui mentis effrontément, prétextant une soirée pyjama improvisée. Je lui affirmai que j’allais dormir chez une amie cette nuit, une nouvelle fille de ma classe de seconde avec laquelle j’avais sympathisée. On était vendredi soir et ma mère, qui me trouvait toujours trop sérieuse, acquiesça à cette idée. Elle avait envie que je profite de la vie, comme elle avait coutume de dire. La couleuvre passa crème, même si je la prévenais au dernier moment. Tant que je le faisais, elle n’avait rien à me reprocher.

Adam n’était bien sûr pas au courant de mon changement de programme. À sa grande surprise, à peine étions-nous sortis de l’hôpital pour monter dans le véhicule qu’il avait commandé, que je lui fis faux bond :

— Je ne peux pas rentrer chez mes parents ! hurlais-je pour toute explication, avant de prendre la poudre d’escampette.

— Hein, quoi ? l’entendis-je crier derrière moi. Mais qu’est-ce que tu fous Anna, reviens !

Malgré ses vociférations, moi et ma carcasse toute abîmée nous barrions déjà dans une autre direction.

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