Chapitre 7 : Le sommeil ? Je l’ai connu avant les hommes… Maintenant c’est devenue une légende urbaine pour moi… Le sommeil, pas les hommes…
À mon réveil, le samedi matin, ce furent des cris qui m’accueillirent. Les cheveux en l’air, cherchant ma robe de chambre, je débarquai dans mon salon.
Vincent et Greg se disputaient avec Calvin.
— C’est une blague, là ???
Vincent, voyant ma tête :
— Oh, copine ! Tu as le sommeil lourd ! J’ai entendu du bruit en continu sur ta porte. Ton pote a essayé d’entrer, mais le beau gosse ici présent a fait barrage ! Ça doit faire quinze minutes que le tatoué répète, et je cite : « Nous niquer nos mères les putes. »
Greg, torse nu, bloquait Calvin qui tentait de s’approcher de moi. Je me plaçai à ses côtés.
— Calvin, je te l’ai dit : tu n’as pas envie de connaître mon côté méchant.
— Romy, tu m’as remplacé par ce pseudo beau gosse ? Tu es sérieuse ? En fait, le premier fils de pute qui passe te baise !
— Tu es bien placé pour le savoir…
Touché. La fureur jaillit de ses yeux. Il saisit ma gorge et serra, fort. Je lui souris dans un souffle :
— Tu ferais mieux de terminer le travail. Parce que, dans tous les cas… tu viens de signer ton arrêt de mort.
Pour la première fois, je vis la peur traverser son regard. Greg lui envoya une droite. Pas assez pour le mettre K.-O., mais suffisant pour le faire lâcher prise.
Ça tambourinait à ma porte. Vincent se précipita et ouvrit : quatre flics. Tout alla très vite.
Je refusai de suivre au commissariat. J’assurai que je passerais dans l’après-midi. Greg, lui, n’eut pas le choix : il avait frappé Calvin.
En s’habillant, il me lança :
— Pourquoi tu portes pas plainte ?
— Vu ce qui va lui arriver… La prison sera une délivrance.
— Romy… Tu es en sécurité ?
— Oui. Je vais appeler un serrurier, changer la serrure et poser une alarme.
J’observai Greg. Mon cœur battait trop vite. J’ai un faible pour les bagarreurs… et un plus gros encore pour ceux qui me protègent. Il venait de me montrer une facette de lui que je ne connaissais pas.
Quand on s’était rencontrés au travail, c’était sa beauté qui m’avait attirée. Puis sa voix. Son sourire. Son humour. On s’était toujours entendus. Sexfriends, oui, mais parce qu’on savait qu’on n’était pas faits pour plus. On tenait à l’amitié. Mais là… je venais de le voir autrement.
— Romy ?
Je clignai des yeux. Mon Dieu. J’étais quand même pas en train de m’imaginer en couple avec Greg ? Je ne pouvais pas détacher mon regard de lui. Il m’attira contre lui.
— Tu t’inquiètes de quoi ? J’ai pas de casier. Et c’était pour te défendre.
Ses mains frôlèrent ma gorge. Calvin avait laissé de vilaines traces. Je retirai doucement ses doigts.
— Normalement, ils vont pas te garder. Et puis… je sais que tu as un rencard.
Je sursautai.
— Putain ! Norma !
Norma. Encore une pouffe qui allait profiter de mon jouet. Je secouai la tête. Non, ça ne va pas, non.
— Je t’envoie un message quand je sors, d’accord ?
Je posai ma main sur son ventre.
— Dommage que tu reviennes pas… J’aurais remercié mon héros.
Il me fit ce sourire. Celui qui me refroidissait toujours d’un coup. Celui qui me remettait à ma place en quelques secondes.
— Ça va aller. De toute façon, on se voit lundi.
Vexée. Oui, comme un pou. Il avança ses lèvres. Je lui tendis ma joue. La dernière fois, les rôles avaient été inversés. Au début de ma relation avec Calvin, il voulait qu’on parte un week-end à Rome. Je l’avais recadré, exactement comme aujourd’hui.
Greg déposa un baiser sur ma joue et sortit sans un mot. La porte claqua. J’étais allongée, fixant mon plafond. Quarante ans. Je me sentais perdue. Glauque.
— Romy ?
Je sursautai. Vincent. J’avais oublié qu’il était là.
— Ça va, copine ?
— Ouais…
— C’est ton nouveau mec ?
— Greg ? Non. C’est mon ami.
— Ah ouais… Y a moyen qu’on soit amis comme ça, toi et moi ?
Je lui lançai mon oreiller à la gueule, éclatant de rire.
— Vous avez assuré, en tout cas. Tu veux un café ?
— T’as du calva ?
— Tu en as, des questions, toi…
Je serrai mon peignoir. Nue en dessous. Et connaissant mon voisin, il risquait de mal interpréter.
Je préparai la cafetière. La sonnette retentit.
— Vincent, tu peux ouvrir ?
Je sortis de la cuisine avec un plateau café et gâteaux… pour me retrouver face à Dante Gallo.
— Romy. Vous allez bien ?
— Oui…
On se dévisageait comme si on était seuls au monde. Vincent toussota.
— En ouvrant, je me suis dit : cool, café de l’amitié entre voisins. Mais là, j’ai l’impression d’être la cinquième roue du carrosse. Donc je vais… je vais aller voir chez moi si j’y suis !
Sans attendre, il fila.
Je m’approchai de Dante.
— Je sais pas pourquoi vous êtes là. Mais… souhaitez-vous un café, monsieur Gallo ?
— Tu m’appelles “monsieur Gallo” après ce qui s’est passé hier ? Je comprends, mais…
Il s’approcha. Sourire en coin.
— On n’est pas au travail. Tu peux m’appeler Dante.
Il s’interrompit. Il avait vu les marques sur ma gorge.
— Jeux sexuels trop intenses ?
— Tentative d’étranglement par mon ex. Je suis pas fan, même au lit. Et tu devrais le savoir. Puisque tu connais mon secret.
— Excuse-moi. C’est pour ça qu’il y avait une bagnole de flics en bas. J’avais pas fait le lien.
— Tu avais raison, il n’y avait pas lieu de le faire.
— Si tu le dis, Romy R…
Il prononça mon nom de famille d’une façon étrange.
— Je peux ?
— Tu veux toucher mes marques ?
— Juste voir si cette racaille a fait des dégâts.
— T’embête pas. Ça passera vite.
— S’il te plaît, Romy. Je sais que tu détestes qu’on veuille t’aider.
Il prit ma main et me fit asseoir sur le canapé. S’agenouilla devant moi. Une de mes jambes se dévoila, il la fixa, puis concentra ses yeux sur ma gorge. Son toucher était si doux que des frissons parcoururent tout mon corps.
— Je te fais mal ?
— Hein ?
— Quand j’appuie là, tu as mal ?
— Non…
Sa main glissa de ma gorge à ma poitrine.
— Tu portes pas de soutien-gorge.
— Pas chez moi.
— Je…
Il se rapprocha. Son entrejambe frôlait la mienne. Je passai ma main derrière sa nuque. Nos nez se frôlèrent. Nos souffles se mélangèrent.
— Romy… On ne devrait pas…
— Alors arrêtons…
Mais ses mains remontèrent sous mon peignoir, caressant mes cuisses.
— Tu te contredis, Dante.
— Tu as une bouche qui parle trop.
— Je sais.
— Tu sais ce que j’ai envie de faire à ta bouche ?
— Non… Mais tu peux me le dire.
Il se leva. Son érection à hauteur de mon visage. Il me releva par la main.
— Tu pensais que j’étais du genre à sortir ma queue et à te la mettre dans la bouche sans prévenir ?
— Qui a dit que ça m’aurait déplu…
Du feu. C’était du feu que je voyais dans ses yeux. Il me plaqua contre le mur. Fit glisser le nœud de ma robe. Me contempla nue. Puis s’agenouilla. Ses lèvres embrassèrent ma cuisse, remontant doucement vers mon centre. Il releva la tête.
— Elle dégouline toujours comme ça ?
— Pas devant n’importe qui.
— Donc pour moi.
— Oui.
— Pourquoi ?
— Parce qu’elle sait ce que tu vas lui faire. Et qu’elle sait qu’elle doit patienter.
— Patienter ? Pourquoi ?
Je tirai ses cheveux, soufflai à ses lèvres :
— Parce que ta queue… je la veux dans ma bouche. Et ma chatte sait qu’elle va attendre.
Il murmura mon prénom et s’enfonça entre mes jambes. Sa langue me dévora. Ses mains sur mes fesses me retenaient tandis que je gémissais.
— Dante… J’ai envie de te sucer…
Il se releva, lèvres brillantes, main contre le mur.
— Tu te rends pas compte de ce que tu dis, Romy…
Je lui léchai la bouche. Il m’embrassa, sauvage. Mes doigts défaisaient sa chemise. Il me poussa vers le canapé.
— Penche-toi sur l’accoudoir.
— Pourquoi ?
— Pour que je te dévore entièrement.
J’étais sur le point d’obéir quand la sonnette retentit. On s’immobilisa. Lui referma son pantalon, moi mon peignoir.
— Désolée…
— Pas moi. On va de plus en plus loin.
— Tu regrettes ?
— Non. Au contraire. Mais si je te baise, je vais avoir envie de toi tout le temps. Je serai incapable de me concentrer.
Il m’embrassa encore, brûlant. La sonnette insista.
Je soufflai :
— Je vais ouvrir.
— Et moi, je prends un café.
Quand je déverrouillai la porte, Elena déboula, échevelée, les larmes aux yeux.
— Bonjour Elena ! Ça va ? Moi, très bien ! J’adore quand on entre chez moi comme ça !
Elle se jeta dans mes bras.
— Je suis désolée, Romy… J’aurais pas dû partir hier. Greg m’a dit que l’autre connard t’avait agressée ce matin…
Je caressai ses cheveux. Mon cerveau hurlait : Dante est dans le salon !
— Elena, ma puce, je vais bien. Regarde.
Je tournai sur moi-même pour lui prouver. Elle sourit un peu.
— Oui mais… je m’en veux…
— Ce n’est pas grave.
— Rassure-toi. J’ai pas couché avec Étienne.
Je plissai les yeux.
— Ah oui ? Et alors ?
— Il a passé la soirée à parler de toi. Et… quand il a voulu m’embrasser, il avait un coup dans le nez. Et il a murmuré… ton prénom.
— Pardon ?
— Oui. Il s’est penché. Et au moment de m’embrasser, il a soufflé : “Romy.”
Je restai bouche bée.
— Mais il est vraiment bizarre ce mec…
— Bref ! Tu m’offres un café ?
Avant que je puisse répondre, elle fila droit dans mon salon.
Merde.
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