Chapitre 24
Elle n’avait plus le choix. Taeliya devait se réveiller et affronter ses ravisseurs.
Kingsley avait parlé d’une soirée, elle espérait vraiment que Noah et son père utiliseraient cette information pour mettre leur plan à exécution. Mais quel serait leur plan ? Entrer et tout réduire en pièces ? Hm… C’était typique d’eux. Elle les imaginait bien débarquer comme dans les films, avec le clan tout entier, armés jusqu’aux dents et tout détruire sur leur passage.
Elle entendit des pas se diriger vers elle.
Son message avait été envoyé, elle avait détruit les preuves et n’avait plus aucun moyen de communication, mais elle savait au fond d’elle que Noah l’avait reçu et qu’il l’avait décodé. Alors elle se redressa et s’installa les mains posées sur ses genoux et le dos droit. Elle voulait se donner une chance de survivre les quelques heures qui lui étaient allouées par son corps avant qu’elle ne s’effondre.
— Ah, tu es réveillée, ma petite merveille ! s’exclama le mari Kingsley en entrant dans la chambre. J’espère que tu ne m’en veux pas trop de t’avoir un peu secouée.
Taeliya garda le silence, regardant droit devant elle. La jeune femme voulait s’économiser, mais la colère grimpait en elle tel un serpent s’enroulant lentement autour de sa proie. Quelques peu irrité qu’elle ne lui réponde pas, le maître des lieux se rapprocha de la cage et sourit.
— Ton père est sans doute en train de remuer ciel et terre pour te retrouver, sans savoir que tu es toute proche de lui. Tu sais que tu m’appartiens, maintenant. Du moins… jusqu’à ce que je décide de te vendre à quelqu’un qui sera intéressé par les prestations que tu pourrais lui offrir.
Le dégoût s’ajouta à la colère et une nausée violente lui brûla la gorge, mais elle réussit à la stopper. Son regard vairon brilla d’une lumière froide et meurtrière, ce qui sembla exciter l’homme riche qui prenait un plaisir immense à la voir à sa merci, sans moyens de s’échapper… Du moins, le pensait-il.
Une grande femme blonde entra dans la pièce.
— Natalia va t’aider à te laver et te changer pour venir dîner avec nous. Fais en sorte qu’elle ne s’échappe pas.
— Bien, Monsieur Kingsley.
L’homme adressa un dernier regard obscène à la jeune femme, puis quitta les lieux.
Taeliya n’avait pas bougé. Elle regardait toujours droit devant elle, alors que la dénommée Natalia ouvrait la cage pour entrer et défaire ses chaînes.
— Allez, viens. Monsieur Kingsley veut que tu sois présentable pour le dîner.
Sans douceur, elle la tira à sa suite, ce qui fit trébucher la pauvre fille qui dut s’aider des murs pour conserver son équilibre bancal. Taeliya avança comme elle put, tirée comme un animal tenu en laisse contre son gré, sans aucune tendresse. Elle savait d’office qu’elle n’aurait aucun allié dans cette maison. Elle ne pouvait compter que sur elle-même, le temps que Noah et son père arrivent. D’ici là, elle tiendrait bon et ferait bonne figure, en fille bien élevée et polie qu’elle était. Elle donnerait le change, bien que son corps montrait déjà des signes de faiblesse.
Elle pénétra dans une pièce froide qui ressemblait plus à un garage qu’à une salle de bain. En son centre se trouvait une grande bassine en métal dont l’eau devait être gelée.
Ça n’avait pas loupé ! Natalia l’obligea à se déshabiller entièrement, mettant à nu son corps mince à la peau nacrée et la poussa dans le bac sans ménagement. Taeliya retint un petit cri de surprise quand son pied entra en contact avec l’eau glacée. Natalia l’obligea à s’y asseoir, avant de massacrer son pauvre corps en frottant avec brusquerie, au point que son dos devienne rouge et que sa peau la pique. Elle retint les larmes qui lui montaient aux yeux, se mordant la lèvre jusqu’au sang et serrant les poings en attendant que son calvaire se finisse. Mais elle remarqua assez vite la tenue plus que dégradante qui l’attendait.
Ils ne veulent quand même pas que je porte ça ? s’offusqua-t-elle. Malheureusement, si…
Une fois rigoureusement séchée, Natalia lui fit enfiler une robe courte, fendue sur la cuisse et dont l’encolure se trouvait être assez échancrée, au point que l’on puisse y passer la main, afin d’avoir libre accès à son corps. Natalia ne lui donna qu’une simple culotte. Ou plutôt un morceau de tissu qui cachait à peine son anatomie.
L’humiliation avait commencé et elle ne s’arrêterait pas à cette tenue de prostituée. On la farda, coiffa ses cheveux et les attacha en un chignon strict qui lui fit mal au crâne. Elle se regarda dans le miroir et ne reconnut pas le reflet que lui renvoyait ce dernier. Elle ne ressemblait à rien, hormis un humain qui ne s’appartenait plus et qui allait bientôt devoir offrir son corps à son maître. Elle enfila des petits talons noirs et fut à nouveau traînée derrière Natalia pour grimper un escalier qui déboulait sur le grand salon qu’elle reconnut. Mais alors qu’elle pénétrait dans la salle, tout le monde la regarda, allant de son petit commentaire déplacé, ne s’interdisant pas de la scruter avec plus d’insistance aux endroits que la tenue laissait voir. Elle se sentait de plus en plus honteuse, au point qu’elle espérait que quelqu’un mette fin à sa vie dans l’instant. Penser à son clan lui donnait clairement la force d’avancer le dos droit et la tête haute. Elle marchait dignement, telle la princesse qu’elle était, non sans ressentir le poids de la honte sur ses épaules. Natalia la fit asseoir à une table et se posta derrière elle, en bon gardien de prison, s’assurant qu’elle ne prenne pas la fuite.
Mais elle ne partirait pas. Taeliya s’était promis de subir jusqu’à ce qu’ils viennent la chercher. Elle attendit alors que ses hôtes se pointent pour se redresser et les saluer en s’inclinant légèrement, puis elle s’installa à nouveau sur son siège.
— Que c’est plaisant de la voir aussi obéissante. N’est-ce pas, ma chère ?
— Tout à fait ! gloussa cette dernière, jetant à la pauvresse un regard luisant. Est-ce l’une de vos lubies de l’avoir ainsi apprêtée ?
— Effectivement ! Je me suis dit que tout le monde pourrait profiter des charmes que possède cette jeune et douce chose, avant qu’elle ne soit offerte.
— Lui apprendre l’humilité, en voilà un bien bel objectif, mon cher ! J’approuve grandement votre décision.
— M’en voilà ravi ! S’exclama-t-il, fier de lui. Apportez le dîner ! J’espère que vous avez faim, ma douce. J’ai fait préparer des plats très spéciaux qui, j’en suis sûr, vous plairont.
Bah voyons, il pense que je mange quoi au manoir ? Des graines ? gronda la jeune femme en son for intérieur.
Elle hocha la tête pour le remercier poliment, mais quand elle vit une ribambelle de servants arriver avec divers plats, son cœur se serra dans sa poitrine. Rien de ce qui avait été préparé ne pouvait être pour elle. De la viande rouge, des sauces qui empestaient l’alcool et des plats beaucoup trop chargés dont l’odeur des épices lui prenait la gorge. Elle ne survivrait pas à un repas pareil !
— Vous ne mangez pas ? s’étonna la femme Kingsley en la regardant picorer dans ce qu’elle pouvait.
Son mari releva la tête et adressa à la jeune femme un regard intrigué.
— Ce n’est pas à votre goût, ma douce ?
— Je… Je m’excuse, Monsieur, fit la jeune femme. Je n’ai pas beaucoup d’appétit.
— N’allez pas gâcher les efforts du cuisinier, insista la femme qui prenait un malin plaisir à l’humilier, alors qu’elle risquait sa vie sans que personne ne le sache.
— Je suis sincèrement désolée, s’excusa Taeliya qui tentait tant bien que mal de retenir ses larmes.
L’homme se renfonça dans son siège, sourcils froncés. Il n’aimait pas qu’on lui refuse le moindre plaisir et voir celle-ci résister, bien que poliment, l’énervait déjà beaucoup.
Il se leva et vint gifler fortement son visage, la propulsant hors de sa chaise. Une main posée sur sa joue rougie par l’impact de la main baguée de l’homme, Taeliya n’en revenait pas, mais resta coite.
— J’ai été plus que gentil ! S’écria-t-il, furieux. Je vous ai demandé de manger, alors vous allez manger !
Il retourna s’asseoir. Natalia aida la jeune femme à se relever et la réinstalla sur son siège, lui servant copieusement une assiette qui lui serait mortelle.
Taeliya était malade depuis sa naissance et sa vie avec sa pseudo-famille ne l’avait pas aidée à guérir. Mais au plus elle évoluait dans la vie, au plus elle découvrait que certains aliments et mélanges pouvaient la mener droit en réanimation. Notamment ce qui était épicé ou alcoolisé. Stein en avait pris connaissance et avait réussi à composer des repas pour elle, avec les recommandations de Joe et d’un ami diététicien d’un clan allié.
Mais voilà, sa condition de santé était un sujet sensible que son père souhaitait garder secret pour éviter que la jeune femme ne se sente prise en pitié et malheureusement… aujourd’hui, ce secret lui portait préjudice. Ses ravisseurs étaient bien partis pour mettre fin à ses jours sans le savoir. Pour ne pas recevoir une seconde punition du genre, elle picora dans une salade et un peu de poulet dont elle dut trier les morceaux pour ne pas tomber sur les parties qui pouvaient la tuer.
Content de la voir manger, Kingsley continua son repas sous le regard courroucé de sa femme qui s’était attendue à une rebuffade pour pouvoir, elle aussi, lui donner ce qu’elle méritait. Mais elle dut se contenir, car il était mauvais de se donner en spectacle devant tous les employés présents. Elle termina son repas en silence, jetant des coups d’œil à Taeliya, guettant ses moindres faits et gestes, attendant qu’elle faute à nouveau, mais la trouva très calme. Hormis la marque rouge sur sa joue, qui devait lui lancer tant elle était écarlate, elle ne semblait pas réagir, ou très peu, prenant visiblement grand soin de contenter son grassouillet mari. Dieu que l’envie de la marquer la démangeait… mais pas tout de suite.
Durant tout le repas, Taeliya prit sur elle et fit attention à ne pas faire la moindre faute, mais elle sentait déjà son corps la lâcher. Quand Kingsley se leva pour annoncer qu’il voulait prendre un dernier verre dans la grande bibliothèque, Taeliya comprit très vite que son calvaire n’était pas fini. Elle l’accompagna, précédée de la femme aigrie qui la poussa pour se placer auprès de son mari. Taeliya tituba, mais se rattrapa très vite pour ne montrer aucun moment de faiblesse. S’ils apprenaient pour son état, ce serait la porte ouverte aux salaceries qu’elle devinait être l’une des seules choses qui tournaient dans leurs esprits malsains.
Pitié, pleura-t-elle intérieurement. Noah ! Papa ! Dépêchez-vous de venir me tirer de là !! Je sais pas combien de temps je vais pouvoir tenir… Noah… mon démon adoré… BOUGE TON CUL !
Finalement, elle sait être vulgaire quand elle le voulait.
— Installez-vous près de moi, ma douce, l’invita l’homme opulent, lui indiquant un siège bas à sa droite.
Docilement, elle s’agenouilla sur le petit siège, garda le dos droit et le port de tête digne d’une princesse bien éduquée. Mains posées sur ses cuisses, elle serra les jambes pour cacher ce que pouvait révéler sa tenue indécente.
Et Dieu que ce fut compliqué pour elle de ne pas s’évanouir. La fatigue, le manque de compléments pour son organisme, ainsi que l’absence du traitement, le fait qu’elle avait subi un accident de voiture quelques heures plus tôt, la douleur encore présente de la gifle et l’humiliation se combinaient pour la faire sombrer, mais elle se devait de combattre pour rester éveillée. Elle savait qu’une fois seule dans sa cage, elle ne pourrait plus empêcher son corps de lâcher et malgré sa vigilance, elle se savait déjà dans l’incapacité de se défendre une fois couchée. Une vive inquiétude la fit s’interroger. Arriverait-elle à se réveiller, demain ?
[…]
1 h du matin…
On la fit enfin redescendre dans sa cage. Menottée au mur comme à son arrivée, elle fut débarbouillée et on lui attribua un pyjama tout aussi indécent que sa tenue pour la soirée.
— Monsieur aime se promener la nuit et il veut que tu sois bien habillée quand il viendra te voir. Il ne te touchera pas, il te réserve pour de grandes occasions.
Taeliya ne dit rien, elle venait d’entamer ses dernières réserves de forces et sans son traitement, elle risquait gros.
— Tu dois te reposer, la journée de demain sera… Natalia eut un petit ricanement qui n’annonçait rien de bon. Chargée !
Elle ferma la cage à clé et quitta la chambre.
Épuisée, Taeliya n’arrivait pas à rester debout et s’endormit instantanément, tout en souhaitant que son démon se dépêche de venir la chercher pour la sortir de cet enfer.
[…]
Cette nuit-là, Noah ne dormit pas. Stein et lui avaient du mal à fermer l’œil, sachant que Taeliya était enfermée et probablement maltraitée dans cette maison des horreurs.
Un peu plus tôt, ils avaient reçu une carte d’invitation pour la soirée qu’organisait Kingsley. C’était sans aucun doute pour pouvoir s’exposer avec la jeune femme à son bras, tout en cachant le fait qu’il avait orchestré son enlèvement, afin de faire d’elle son nouveau jouet.
Noah avait dû sortir, s’enfonçant dans la forêt qui bordait le manoir pour y trouver la paix. Il lui fallait le plus de silence possible, afin de se calmer. Ce besoin de massacre avait fini par prendre le dessus et dans son dernier sursaut d’humanité, il s’était enfui pour ne pas faire un geste qu’il regretterait.
— Laissez-le ! avait ordonné Stein. Il a besoin d’espace. Si vous ne voulez pas en subir les conséquences, restez hors de son chemin.
Ils avaient tous dû se rendre dans leurs chambres pour ne pas le croiser. Et ils avaient eu raison, car une fois de retour dans le manoir, son aura s’écrasa contre les parois de l’habitation, telle une vague menaçante et annonciatrice d’un tsunami mortel. Il avait hésité à entrer dans sa chambre. Une fois à l’intérieur, Kaelis s’était mis à se morfondre. Le démon aimait la belle jeune femme au regard étrange et rempli d’intelligence. Il s’assit sur le lit qu’il n’osa regarder.
Je vais la récupérer… promit le mafieux.
ON va la récupérer, le rectifia son démon intérieur. Laisse-moi participer, cette fois.
Taeliya nous a dit qu’on avait le droit, tu auras donc ta part, lui répondit Noah.
Ils méritent plus que la mort ! gronda Kaelis.
Même elle serait trop douce avec ce couple de déglingués. Je ferai tout pour leur donner un accès VIP aux Enfers, se promit le mafieux.
Il se doucha et alla s’allonger dans ce grand lit vide. Il attrapa le coussin sur lequel la jeune femme dormait chaque soir et le serra contre lui. Son cœur battait si fort qu’il aurait aisément pu quitter sa poitrine pour s’étaler sur le tissu.
Princesse… J’espère que tu tiens le coup. J’arrive…
Il sombra. Des larmes baignaient son visage meurtri par le manque de sa moitié et blessé par son démon intérieur qui pleurait avec lui. Cette nuit-là fut compliquée pour lui et il se doutait que la pauvre était dans un état pire que le sien. Pourtant, il gardait espoir de la retrouver en vie.
Il se fit une promesse, cette nuit-là. Il ne la laisserait plus jamais. Si un jour elle lui donnait des enfants, il ferait tout pour les garder en sécurité et veillerait à ce qu’il ne leur arrive jamais rien. Il se battrait pour elle, pour lui offrir une vie avec tout l’amour dont il était capable. Il lui donnerait une famille, afin de la rendre encore plus heureuse.
Si tu as une fille, j’espère qu’elle lui ressemblera, hasarda Kaelis, imaginant à son tour ce que donnerait la future progéniture du mafieux.
Si j’ai un garçon, il sera comme moi.
Des jumeaux ? tenta le démon, amusé par ce petit jeu.
Un garçon et une fille, tu veux dire ? se lança Noah en souriant.
Pourquoi pas ?
Alors le garçon devra naître en premier, pour défendre sa petite sœur, déclara le mafieux avec force.
Ils seront beaux, je n’en doute pas, souffla Kaelis.
Ils seront d’elle. Impossible que nos enfants ne le soient pas ! s’exclama Noah.
Les deux démons pouffèrent ensemble, tandis qu’ils rejoignirent un endroit inconnu.
Noah ?
Cette voix… Cette voix qui lui manquait, celle que son cœur, son corps et son âme appelaient avec force.
Princesse ?
Noah ! Kaelis !
Ils se retournèrent pour voir la jeune femme non loin d’eux, attablée avec sa mère à la terrasse d’un petit café à la française. Elle agita les bras en leur direction, se leva et tituba jusqu’à eux. Noah la rattrapa avant qu’elle ne s’écroule par terre.
Taeliya !
Noah !
Il la serra contre lui. Il avait tant besoin d’elle que leurs esprits s’étaient de nouveau retrouvés dans un rêve.
Comment tu te sens ? demanda-t-il, bien qu’il connaissait déjà la réponse.
Il lui prit le visage entre ses mains, tentant de trouver la moindre trace, mais savait qu’il ne verrait que sa fatigue.
Tu me manques, je suis désolée… Je n’ai pas été assez vigilante, dit-elle, comme si tout était de sa faute.
Ne t’excuse jamais ! grondèrent les deux démons.
Kaelis… murmura-t-elle.
L’ombre se pencha pour la laisser lui caresser le visage. Elle cherchait à se rassurer et il le savait, mais sentir sa douce caresse calmait son besoin de massacre. Au moins le temps que son esprit reste avec eux.
Princesse…
Vous avez intérêt à vous dépêcher, tous les trois… je… je…
Ils la virent craquer. Ses larmes étaient comme des dagues en cristal, plus tranchantes et mortelles encore que de simples couteaux. Elle leur livra ce qui lui était arrivé. Elle savait de toute façon que ça ne servait à rien de le leur cacher, car ils le découvriraient assez vite tout seuls.
Mais plus elle leur exposait ce qu’elle avait vécu, plus elle se retrouvait entourée d’une carapace noire et aussi dure que de l’acier.
Ils vont mourir ! Lui autant qu’elle !
Noah était à bout et n’avait qu’une envie, débarquer en pleine nuit pour tout détruire et la ramener chez eux.
Tu as un plan, pas vrai ? demanda la jeune femme, l’espoir brillant dans son regard.
Oui, j’en ai un et il va être sanglant… murmura son compagnon.
Alya veut en être aussi, lui apprit Kaelis.
Quoi ? Non ! C’est…
Trop dangereux ? sourit l’ombre. Elle le sait et ton père a tenté de l’en dissuader, tout comme les autres, mais elle a marqué un point. Sonia ne peut pas venir à cause de Stan'. Et tu as besoin d’une présence féminine rassurante le temps que Joe t’administre tes soins, avant que vous n’alliez à l’hôpital, pendant que l’on réduira les lieux, comme ces gens, en miettes…
Ce dont j’ai besoin, c’est de mon démon ! cria-t-elle.
Je serai là. Une fois que je serai sûr et certain que tu es entre les mains de Joe, deux démons t’accompagneront jusqu’à l’hôpital. Je viendrai te récupérer une fois que j’en aurai fini avec ces enfoirés. Ils ne méritent même pas que l’on se souvienne d’eux… lui promis Noah.
Taeliya se blottit contre l’esprit de son compagnon, tenant la main de Kaelis qui lui caressa les cheveux.
J’en peux plus, je suis épuisée, mais je le sens tout proche de moi. Noah, j’ai envie de vomir. S’il me touche, je… Je ne sais pas comment je pourrai te faire face. Je me sentirai trop sale.
Je te laverai. Je ferai en sorte que tu ne le sentes plus sur toi, gronda le mafieux. Crois-moi, ma belle, une fois à la maison, je compte bien te faire l’amour au point que tu oublieras tout.
Ils l’entendirent pouffer. Dieu que c’était bon, mais le plan astral avait une limite et malheureusement, celle-ci arriva bien trop vite pour eux. Le réveil allait les séparer le temps d’une journée, avant de vraies retrouvailles, mais il fallait qu’elle subisse cette unique journée avant de pouvoir retrouver les siens.
Je t’aime, Noah, dit-elle.
Moi aussi, je t’aime, Taeliya, murmura Noah, conscient qu’elle tentait de se raccrocher à ce qu’elle pouvait pour ne pas sombrer. Aie confiance en nous. On arrive.
Kaelis…appela-t-elle avec douceur.
Oui ? répondit l’entité.
Elle lui entoura les épaules et embrassa l’ombre qui se figea, surprise.
Je t’aime aussi, lui dit-elle.
Je… euh…
Veille sur lui, demanda la jeune femme au démon intérieur de Noah. J’espère que tu pourras te laisser aller une fois que vous m’aurez trouvée.
Compte sur nous, répondit Kaelis.
L’ombre savait. Oh oui, il savait qu’elle ne voulait pas être là quand il entrerait en action, mais qu’elle voulait aussi le voir. Voir qui était le vrai Noah.
Alors il captura ses lèvres, lui laissant un goût exquis de meurtres sanglants et de danger qui entourait son compagnon quand il était en colère.
Alya sera avec toi, ton père restera avec nous. Tu nous as donné carte blanche, on te fera honneur, Princesse, lui dit Noah.
Elle les serra contre elle, avant que son corps ne soit bousculé sur le lit, l’arrachant à ses songes pour la réveiller avec violence.
— Debout ! entendit-elle crier. Debout, sale garce ! Lève-toi !
Un coup lui brisa une côte. La douleur fut si intense qu’elle faillit s’évanouir.
— Debout, j’ai dit ! Tu vas voir ce qu’il en coûte quand on ne m’obéit pas !
***

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