Chapitre Vingt-Cinq - Celui qui voyait un fantôme partout

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Ce matin-là, j’ai décidé de parler à Liv de mes découvertes. Je ne l’avais pas fait la veille car lorsque je suis revenu à l’hôtel, elle était montée dans sa chambre. Elle devait être épuisée par les événements. Mais je ne pouvais pas garder tout ça pour moi plus longtemps. Nous étions en train de prendre le petit-déjeuner au bar de l’hôtel. Enfin, nous avons juste pris un café, car ni elle, ni moi n’avions d’appétit. Jane était repartie à Scarborough car ses affaires l’attendaient. Et puis, maintenant, j’étais là, auprès de Liv, et j’avais décidé de rester jusqu’à ce que cette affaire soit résolue.

Je ne savais pas trop par quoi commencer. Liv me regardait, avec cet air inquiet que j’ai trop vu sur son visage depuis la disparition de nos parents.

— Alors ? trancha-t-elle. Tu as pu découvrir quelque chose ? Tu sais qui s’est introduit chez moi ?

— Non… Mais… Il y avait ça dans ta boîte aux lettres.

J’ai fait glisser l’enveloppe sur la table. Elle l’a prise en me jetant un regard interrogateur. Elle a saisi l’anneau et l’a examiné en fronçant les sourcils, puis elle a lu le message.

— Mais qu’est ce que…? a-t-elle bafouillé. je ne comprends pas… Ne faire confiance à personne ? Protéger la montre ? Quelle montre ?

— Aucune idée. Je ne comprends rien à cette histoire. Ça ne te dit rien ?

— Mais non, s’énerva-t-elle. Soit c’est une blague de mauvais goût, soit on nage en plein mystère !

J’ai réfléchi. Quelque chose que Jane m’avait dit lorsqu’elle m’avait appelé m’est revenu à l’esprit.

— Jane m’a dit que la personne qui s’est introduite chez toi n’avait rien pris. Elle m’a dit que même la montre de papa était toujours là.

— La montre à gousset ? Normal, elle n’a pas de valeur marchande. Pour nous, c’est un souvenir précieux, mais on n'arriverait pas à en tirer grand chose en la revendant. Tu crois que c’est de cette montre qu’il s’agit ?

Je n’ai pas répondu. J’étais perdu, et mes pensées me ramenaient toujours à la même personne. Impossible.

— Qu’est-ce qui te tracasse, Jake, demanda-t-elle. Dis-moi.

Je l’ai regardée. Je n’osais pas exprimer le fond de ma pensée. Mais il le fallait.

— Ta voisine a vu la personne qui a mis cette enveloppe chez toi. Un mec grand, avec des lunettes…

Liv me regarda sans expression.

— Oui, répondit-elle. Génial, cette description correspond à la plupart des hommes qui vivent près de chez moi. Et…?

— Elle correspond surtout à l’homme qui m’a aidé à l'aéroport. Et… cette voix… Il avait cette voix que je n’arrive pas à me sortir de la tête.

Liv attendit que je continue. Elle me regardait, ne comprenant pas où je voulais en venir.

— Alors ? s’impatienta-t-elle. Tu as reconnu cette voix ?

— C’était… Il avait la même voix que… Papa.

Liv continuait à me regarder. Elle ne bougea pas d’un cil, à l’exception de ses sourcils qui formèrent un arc de cercle. Puis elle sembla se détendre et appuya son dos sur le dossier de sa chaise.

— Jake… Tu sais que c’est impossible… Je comprends ce qui se passe…

— Ah bon ?

— Oui… Dans trois jours, on sera le quinze juillet.

Ça a été comme un choc pour moi. Le quinze juillet 1996. Le pire jour de notre vie. Le jour où notre cauchemar a commencé. Chaque année, j’essaye de ne pas me focaliser sur cette date. Et à chaque fois, elle se ramène, me nargue. Je ne peux pas lui échapper.

— Merde.

— Déjà vingt-neuf ans qu’ils sont partis, déclara-t-elle pensivement.

— On est vraiment vieux, Liv.

— Parle pour toi, répondit-elle. Moi, je suis en pleine forme.

Elle se rapprocha de moi et me prit la main.

— C’est pour ça que tu crois avoir entendu papa. Que tu le vois à la place de parfaits inconnus. Inconsciemment, tu sais que cette date approche, et tu cherches à l’éviter à tout prix.

Je n’ai rien dit. Mais je savais qu’elle avait raison. Ce n’est pas la première fois que je crois le revoir dans une foule, ou que j’entends quelqu’un qui a la même voix que lui. Je me suis soudain senti comme engourdi. J’avais juste envie de m’enfoncer dans un canapé bien confortable et me perdre dans le souvenir de mes parents. Mais ce n’était pas le moment. Qui était venu chez Liv ? Qui avait déposé ce message ? Et que signifiait cet anneau ?

— Bon, ai-je repris. Tout ça ne nous a pas fait avancer…

— Je crois que le mieux, répondit-elle pensivement, serait que je rentre chez moi. Il est temps que j’affronte la situation et que je reprenne possession de ma demeure. Tu viens avec moi ?

J’ai regardé ma sœur. Elle avait besoin de moi.

— Bien sûr, voyons. Je reste avec toi. On va découvrir ce qui s’est passé.

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