17h43

2 minutes de lecture

Elle marchait d’un pas rapide, pas par détermination, mais parce qu’elle connaissait le chemin par cœur.

Son corps avançait seul pour laisser son esprit vagabonder.

En marchant, elle entendit une bribe de discussion :

— T’as vu le nouveau portrait-robot du vieux à la batte ?

— Tu parles, ça pourrait être n’importe quel vieux.

— N’empêche qu’il fait des ravages chez…

À son rythme, elle les dépassa vite. Elle en avait entendu parler, bien sûr. Cela faisait des semaines qu’ils les bassinaient aux infos. L’homme était voûté, calfeutré dans un gros manteau, portait un béret… Bref, difficilement identifiable.

Puis, soudain, elle ralentit le pas, était presque sur place. Son regard fut happé par quelque chose. Elle ne put s’empêcher de s’arrêter et de regarder. C’était le nouveau portrait, banal comme toujours. Elle resta ainsi un moment à observer, avec un sentiment étrange.

Elle reprit son chemin, emprunté tant de fois, pour rentrer chez elle. Mais quelque chose ralentissait ses pas. Plus elle avançait, plus elle sentait monter en elle une angoisse, un avertissement. Son inconscient, son corps, lui disaient : ne rentre pas. Elle ne comprenait pas ses pensées, voulait se recentrer. Elle s’arrêta un moment, leva les yeux au ciel, se laissant hypnotiser par sa beauté.

Une fois apaisée, elle repartit, toujours à pas légers, rassurée malgré son angoisse inconsciente, toujours palpable.

Elle arriva en bas de son immeuble, prit un temps fou à chercher ses clés, comme si elle ne voulait pas les trouver.

Elle finit par rentrer. La vieille Ambryosis était sur le seuil de sa porte, qu’elle encadrait presque de sa carrure. Elles se saluèrent. Elle attendait le retour du petit chaton qu’elle avait récupéré un mois plus tôt. Elle le lui avait présenté. Elle n’avait jamais entretenu de lien particulier avec elle, juste la politesse entre voisins.

En la voyant en cet instant, dans cette robe de chambre sombre et usée, elle ne put bouger. Ses yeux croisèrent son regard.

— Ça va, mademoiselle ? Vous êtes toute pâle.

Elle fut incapable de répondre. Non, ce n’est pas possible, pensa-t-elle. Ses yeux ne la quittaient pas. Non, se répéta-t-elle.

Pourquoi restait-elle figée ainsi ? Ça n’avait pas de sens. Ambryosis sourit.

Le chaton apparut. Il les regarda toutes deux.

L’une se demandant ce qui allait lui arriver.

L’autre se demandant si le charme de vieille à chaton suffirait, ou si la batte serait nécessaire.

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