The kids of the Adventure

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— Bon, Ka’llith, qu’en pensez-vous ? demanda Mendoza en se pinçant l’arête du nez.
L’infirmier Klingon jeta un regard à son tricordeur.
— Ils ont tous un refroidissement.
— Comme Jeavons hier, il a dû leur refiler. Un bol de soupe, une bonne sieste et un hypospray, ils seront sur pied en moins de deux !
Aucun des enfants du Strange New Worlds Daycare n’avait été épargné. Kachina se mouchait dans sa manche, Kai et Yüna reniflaient, Finn respirait bruyamment, Alya avait les poches pleines de mouchoirs, Tom et Neveya parlaient du nez.
— Allez, à la file, les moustiques ! ordonna le médecin-chef.
Munie de son hypospray, elle administra à chacun des enfants une dose d’une solution de vitamines et d’anti-inflammatoires.
— Pour vous aussi, Dättwyler ? proposa-t-elle.
Hazel secoua la tête. Elle détestait les hyposprays. La plupart des gens disaient que cela ne faisait pas mal – ils mentaient. Ou peut-être qu’ils ne le sentaient pas ?
— Oh non, merci ! refusa l’éducatrice.
Puis elle se tourna vers les enfants.
— Et maintenant, à la sieste !

Neveya dormit mal, très mal, même. Son nez bouché et la fièvre l’avaient empêchée de trouver le sommeil. Quand le produit avait fait effet, elle avait plongé dans un demi-sommeil désagréable, sans rêves et sans repos. Elle avait le pressentiment que quelque chose n’allait pas.
La petite Andorienne se leva pour réveiller l’un de ses camarades.
— Kachina ? Kachina, j’ai peur !
La Vulcaine dormait profondément. Neveya tenta de la secouer, mais sans résultat. Elle se rabattit sur Yüna. La fillette Ferengi, plus hardie, saurait la rassurer.
— Yüna ? Yüna, réveille-toi !
Un bruit inintelligible sortit de sous les draps.
— Pas besoin de crier, grommela-t-elle, encore à moitié endormie. Qu’est-ce qu’il y a ?
— C’est bizarre, Hazel elle devrait déjà être venue, non ?
Yüna se releva d’un trait.
— C’est pas normal. On va voir ?
Neveya se hissa sur la pointe des pieds pour atteindre la poignée, mais se figea.
— On fait quoi si c’est des méchants ?
— Euh… hésita Yüna. On appelle les grands ?
Peu convaincue, l’Andorienne ouvrit quand même la porte.

Un grand chien aux oreilles tombantes et au pelage doré lui sauta au cou en aboyant bruyamment.
— Pars ! Pars ! Ouste !
L’animal recula, la queue entre les jambes, et fila dans le bureau de Hazel. Il en revint quelques secondes plus tard, un comm-badge entre les dents.
— C’est le badge à Hazel !
Yüna prit le badge plein de bave de chien, l’essuya sur son pull et le porta à sa bouche pour mordiller le métal.
— Tu fais quoi ? s’enquit Neveya.
— J’ai vu mon père faire ça une fois, ça veut dire que c’est le badge à Hazel pour de vrai !
Les deux gamines se regardèrent avec effroi.
— Oh non, le chien a mangé Hazel ! Il faut réveiller les autres !

Une fois tous les enfants levés, un problème se posa.
— Et maintenant, demanda Alya, on fait quoi ?
— Et si le chien il essaye de nous manger aussi ? s’inquiéta Tom.
— Il faut partir, déclara froidement Kachina. On va aller avertir les grands sur la passerelle. Mon sa-mekh saura quoi faire.

Le commandeur Wanda se fraya sans difficulté un chemin à travers les couloirs saccagés. Traces de pattes, murs lacérés de coups de griffes, plumes et urine jonchaient les allées. Ael ne savait pas quoi faire. Ael avait vu le capitaine Tulik se changer en sehlat et le siège des commandes craquer sous son poids, avant qu’il n’arrache la console de pilotage d’un coup de griffe rageur.
Les systèmes de survie n’étaient plus maintenus, le recycleur d’air commençait à tomber en panne et, si personne ne faisait rien, ils seraient tous morts d’ici le lendemain matin. Oh, ils étaient dans la mélasse jusqu’au cou. Wanda ne pouvait effectuer les réparations seul. Ael devait trouver de l’aide.

Steve Jeavons n’avait jamais pensé devoir échapper à un ours polaire. Il ne se serait d’ailleurs pas attendu à ce que l’ours en question soit son capitaine. Mais sur un vaisseau de Starfleet, tout pouvait arriver et arrivait d’ailleurs souvent. Pendu à l’envers à un conduit dans le couloir central, il sentait sa fin arriver.

Kachina s’était improvisée cheffe de la petite équipe et marchait en tête. Ils avaient récupéré les fausses épées et les phaseurs en plastique du coffre à jouets. Quelque chose ne tournait pas rond. Ils avaient vu passer un targ, un perroquet, un tigre, deux chats, un pangolin et un élan, mais pas un seul officier de Starfleet.
— Peut-être que les grands ont été transformés en animaux ? supposa Alya.
— Mais comment c’est possible ? s’étonna Kai.
— Une anomalie temporelle, une dimension parallèle, de la magie, un Q ? proposa Kachina.
— C’est quoi un Kiou ? demanda Finn.
— Je sais pas, c’est dans le livre d’histoires ! répondit la Vulcaine. Celui avec les paillettes sur les dessins.
Ils marchaient à petits pas vers la passerelle, évitant au mieux les animaux qui se promenaient dans les couloirs en désordre.
— On va où ? s’agaça Tom.
Comme tous les autres, il était encore en pyjama et, contrairement à eux, il n’avait pas pensé à mettre des chaussures. Marcher pieds nus dans les couloirs sales d’un vaisseau spatial n’avait rien d’une activité agréable.
— Sur la passerelle, grogna Yüna. On va chercher de l’aide.

— Les enfants… Moi aussi, j’ai besoin d’aide ! De l’aide pour descendre ! interpela une petite voix tremblante.
Le petit groupe leva les yeux et aperçut le sous-lieutenant Jeavons pendu à une poutre.
— Je vais tomber… bégaya-t-il. Attention !
Sur ce, il tomba et atterrit dans les bras de Kachina.
— Eh bien, on peut dire que j’ai eu de la chance… tremblota-t-il tandis que la Vulcaine l’aidait à se remettre debout.
— Pourquoi t’es pas un animal ? demanda Neveya.
— Peut-être que c’est un loup-garou et qu’il va tous nous dévorer ! cria Yüna.
Elle fit un geste brusque en direction de Neveya, qui sursauta.
— Bon, les enfants, je vais prendre la tête de l’équipe, déclara Jeavons.
Il fut vite très clair que Jeavons était un très, très mauvais chef. Il paniquait sans arrêt, s’emmêlait les pieds, puis tentait de jouer le héros. Il était lent, inefficace et manquait de force physique — d’après Kachina, Kai, Yüna ou elle-même auraient fait de meilleurs chefs. Mais le sous-lieutenant avait donné son ordre et elle ne voulait pas être privée de dessert.

Wanda avait eu de la chance de parvenir à échapper au subcommandeur T’vai, transformée en le-matya féroce. Ael continuait sa progression dans le couloir principal de l’Adventure. Ael n’avait croisé personne jusque-là, aussi n’en crut-ael pas ses yeux quand ael reconnut les enfants de la garderie et le sous-lieutenant Jeavons au coin d’un couloir, devant le laboratoire de sciences.
— Commandeur, salua Jeavons avec déférence.
Les gamins se contentèrent de lui faire un signe de la main, comme on leur avait appris.
— Je ne sais pas ce qui se passe ici, mais tout le monde semble avoir été changé en animaux. Il va falloir faire des analyses. Comment se fait-il que vous avez été épargnés ? Suivez-moi.
Wanda débloqua la porte du laboratoire et y fit entrer les enfants et Jeavons. Puis ael verrouilla de nouveau la porte pour s’assurer que rien ne pouvait entrer.
— Bon, commençons à travailler sur ce problème. Comment fait Hazel quand vous devez résoudre un problème ?
— On s’assied en rond par terre ! dit Neveya.
— Très bien, faites ça. M. Jeavons, essayez de vous procurer un échantillon de sang d’un membre contaminé de l’équipage.
Jeavons leva des yeux de chiot tremblant vers la cheffe du service technique.
— V… vraiment ? Vous êtes sûr ?
— C’est un ordre, M. Jeavons. Prenez un phaseur et une seringue hypodermique stérile dans le stockage. Et profitez-en pour effectuer un scan des formes de vies à bord du vaisseau.
Puis Wanda revint au groupe d’enfants.

Ael s’assit en tailleur dans le cercle et réfléchit un instant.
— Bon, est-ce que vous avez une idée de ce qui aurait pu provoquer cet accident ?
— Kachina elle a dit que c’était un cul !
— Un quoi ?
— Un cul, dans le livre d’histoire avec les paillettes !
Il fallut quelques secondes au commandeur pour comprendre et s’étouffer de rire.
— Un Q, pas un cul ! toussota-t-ael. Mais je ne crois avoir vu ni l’un ni l’autre. Est-ce que les adultes ont fait quelque chose que vous n’avez pas fait ?
— Boire de l’alcool ? proposa Kai.
— Mon sa-mekh ne boit pas d’alcool alors il ne doit pas être transformé, déclara Kachina.
Wanda pesa ses mots pour ne pas inquiéter les enfants.
— Tous vos parents ont été transformés. C’est pour ça que j’ai besoin de votre aide.
Apparemment, ael n’était pas doué pour ça.
— Je veux mon papaaaaaa ! pleurnicha Neveya.
— Et moi je veux ma mamaaaaaan ! chouina Tom.
— Et on va les sauver, mais pour ça, il va falloir faire des tests et des scans. J’espère que Jeavons sera bientôt de retour.
Comme invoqué à la mention de son nom, le sous-lieutenant de communication entra dans la pièce, couvert de griffures et brandissant un hypospray.
— Je l’ai eu ! J’ai réussi à coincer un chat dans le bureau des objets perdus et je l’ai eu !
Il semblait sortir du broyeur à ordures tant il était amoché.

— Très bien, dit Wanda. Vous pouvez m’analyser ça ?
— Je m’en occupe.
Jeavons prépara l’échantillon, alluma un microscope et s’assit pour effectuer les tests.
— Ça ressemble à de l’ADN Vulcain, observa-t-il. Mais pas tout à fait. Il y a aussi des gènes humains. Et félins, bien entendu. Il y a tout un tas de composés bizarres qui tourniquent.
— Kachina, je vais devoir te faire une piqûre, prévint Wanda, en se saisissant d’un hypospray qui reposait sur la table.
La petite Vulcaine tendit le bras et le chef de l’équipe technique effectua le prélèvement. Kachina gémit. Elle piquait mal.
— Très bien, Jeavons, analysez-moi ça. Les enfants, vous avez une idée d’un jeu que vous pourriez faire pour vous occuper ?
— On n’a qu’à chanter une chanson !

Une voix robotique retentit dans les haut-parleurs.
— Systèmes de sécurité désactivés, recycleur d’air en panne, systèmes atmosphériques à 50 %. Le vaisseau sera vide d’air dans deux heures et dix-huit minutes.
— Ça veut dire quoi ? demanda Yüna.
— Ça veut dire qu’on a intérêt à trouver rapidement la solution du problème. Alors, cette chanson, ça vient ?
— J’AI TROUVÉ !!! s’écria Jeavons.
— Montrez voir.
Le chef du service technique s’approcha pour regarder dans le microscope.
— C’est un genre de composé mutagène, l’équipe des opérations a dû le ramener d’une planète hostile ou quelque chose comme ça. Mais j’ai fait des tests avec mon ADN. Cette molécule, là, on dirait qu’elle le bloque.
— Vous savez ce que c’est ?
— Un composé de vitamines, on dirait.
— Le médicament ! s’exclama Kachina.
L’ingénieur haussa un sourcil.
— Quel médicament ? demanda-t-ael.
— Le médicament contre le rhume du docteur Mendoza !
— Mais c’est vrai ! s’exclama Jeavons. J’en ai reçu hier et je ne me suis pas transformé !
— Dans ce cas, nous n’avons pas de temps à perdre, vite, à l’infirmerie ! ordonna Wanda. Je passe devant et vous, Jeavons, vous fermerez la marche.

En arrivant à l’infirmerie, le commandeur Wanda ramassa un infirmier changé en souris.
— Advienne que pourra ! s’exclama-t-ael.
Ael se saisit d’un hypospray et d’une ampoule d’anti-refroidissement et en administra une dose au rongeur. La bête se tordit en couinant et tomba sur le dos.
— Bon, eh bien… raté… marmonna Wanda, sous le regard médusé des enfants.
Ael n’avait pas fini sa phrase que l’animal reprit forme humaine, étrangement toujours vêtu de son uniforme.
— Que… que s’est-il passé ? bredouilla l’homme, hagard.
— Longue histoire, dit simplement Jeavons. Tout l’équipage a été transformé en animaux et il faut leur donner un remède contre la grippe.
L’infirmier cligna des yeux, perdu.
— Leur donner un quoi ?
— On va commencer par s’occuper du médecin-chef, elle saura nous aider. Les enfants, aidez-moi à trouver le docteur Mendoza.
Il ne fallut pas longtemps à Kai, Yüna et Neveya pour trouver une chèvre des montagnes à l’air revêche.
— Ici ! appela la Ferengi.
L’ingénieure en chef pouffa en voyant la chèvre.
— Et hop ! dit-ael en lui administrant une dose d’antigrippal.
Le médecin reprit rapidement forme humaine.
— Vous avez intérêt à donner une bonne explication ! grogna le médecin-chef.

Hazel fut bien étonnée de reprendre connaissance sur la table à manger de la garderie, ses vêtements couverts de longs poils de chien, le docteur Mendoza et son fidèle hypospray à son chevet. Sur la passerelle, il fallut faire recracher à Amarok Olsen le pilote changé en lapin qu’elle avait tenté d’avaler avant de les retransformer tous les deux. Le capitaine Tulik, outré de son comportement bestial en tant que sehlat, déclara qu’il passerait les deux prochains jours en méditation dans ses quartiers. La cheffe des cuisines, Sheila Watson, avait pris la forme d’un sanglier et férocement dévoré toutes les réserves — elle s’en tirait avec une bonne grosse indigestion et l’équipage devrait refaire ses stocks à leur prochain arrêt. Najak Davis se réveilla avachie sur son bureau, les griffes pleines du sang du pauvre Jeavons, avec lequel elle avait livré bataille. Il fallut ramper jusque dans les tubes de Jefferies pour retrouver certains membres d’équipage, mais heureusement, on ne déplora que quelques blessés et aucun mort.
Le vaisseau était dans un sale état. Murs saccagés, tapis ruinés, câbles rongés, systèmes de survie en fin de vie. L’équipe technique eut à s’affairer très vite pour effectuer les réparations.

Le capitaine Olsen s’avança fièrement, une grappe de médailles à la main. L’ambiance était solennelle. Finn était un peu nerveux — c’était la première fois qu’il venait sur la passerelle.
— Pour leur courage dans l’incident de cet après-midi, pour leur bravoure et leur esprit d’initiative, pour leur participation au sauvetage de l’Adventure, je décerne aux enfants du Strange New Worlds Daycare le prix du mérite des jeunes prodiges de Starfleet !
Elle passa les médailles au cou des enfants avec l’aide du subcommandeur Maxime Müller.
— Et nous avons parmi nous le plus jeune jamais nominé aux jeunes prodiges, Finn Antonsen, âgé de trois ans, un mois et douze jours, ainsi que Tulik Kachina et Yüna Draxxitha, respectivement la première Vulcaine et la première Ferengi à recevoir ce prix !
Finn bomba le torse, un peu gêné mais fier. Yüna, elle, porta la médaille dorée à sa bouche et la mordilla.
— C’est une vraie ! déclara-t-elle, provoquant l’hilarité de la foule.

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