J'aime quand il pleut !

2 minutes de lecture

J’aime quand il pleut !


Je regarde par la fenêtre, l'orage qui s'approche, et ses vagues nuageuses qui déferlent en ondées belliqueuses sur la ligne de crête et sa Route du Faîte, à l'enrobé rouge porphyre. Celle-ci trace une cicatrice vive dans la Forêt de Retz, reliant tour à tour des maisons forestières domaniales, l’Allée royale menant au Château François 1er, et la célèbre Tour du Général Mangin.

Peu à peu des flaques se forment, parfois zébrées de rares éclairs. Elles grossissent à présent pour rejoindre la rue de Selve. Cette pluie importante vient rafraîchir l'ambiance lourde et magnétique qui a perduré toute la journée, avec son lot de maux de tête qui généralement m’assaillent et réduisent ma mobilité.


Mais je me sens mieux à présent ! Comme libéré. Je revis même !


Et surtout, j'aime ce concert de gouttes qui éclatent et rebondissent sur la terrasse carrelée, les tuiles et le zinc des toitures, les haies de tuyas et les espaces fleuries des parterres.

Cette Nature, que j’aime tant, se met à l'écoute de ce merveilleux phénomène bienfaiteur et ruisselant. Un couple de tourterelles s'abrite sous la branche charnue et bienveillante d'un grand sapin. Deux pies inséparables, selon mes observations, ont trouvé refuge tout là-haut, au bout du jardin et ses arbres fruitiers, en bordure du champ voisin. Elles ont, je crois, leur maison au creux d'un tronc. Mais le lieu précis reste secret et je ne l'ai pas encore découvert.

Quelques matous, qui habituellement font leur ronde féline en passant par les clôtures des nombreuses parcelles parallèles, se sont sans doute glissés sous les buissons ou mis en boule sous les voitures sagement garées dans les allées. Je sais qu'ils aiment observer sans être vus.

Mitsy, ma petite chatte de gouttière mais qui n’aime pas l’eau, a rejoint la maison dès les premières chutes. Après quelques croquettes et des commentaires en forme de reproches visant à me réclamer davantage, elle a grimpé l'escalier pour rejoindre sa chambre à l’étage et son arbre préféré.


Chez moi, comme dans les contes, le chat vit perché.


Les nuages maintenant s'éloignent avec pour mission de nourrir d’autres terres picardes. Ils se dirigent plus loin sur le plateau vers Retheuil, Taillefontaine, Vivières, Vic-sur-Aisne, Longpont ou Saint-Pierre-Aigle. Et plus loin encore, l’Aisne et ses rives encaissées attendent ces ondées pour gonfler ses flots.

Les oiseaux jusqu'alors silencieux reprennent leur chant mélodieux. Ils s'interpellent et se donnent des nouvelles. Chacun vérifie la présence de l'autre car les haies contiennent de véritables familles qui se sont formées durant le printemps dernier.

Le ciel s'ouvre et libère des sortes de fenêtres d'un blanc nuageux ou d'un bleu azur dans lesquelles le soleil, qui envisage de se coucher, glisse ses derniers rayons du soir, avant que ne vienne l'astre sélène et son disque argenté.


Tout semble apaisé, tout respire.

J'aime écouter la pluie.

Elle me rend nostalgique.


Elle me parle de toi, du passé, de la première fois où j'ai aimé si fort que plus rien d'autre ne comptait. Je lisais dans tes yeux ce bonheur partagé. Et je revois encore, même plusieurs années plus tard, ces larmes qui coulaient, avant que jamais, je ne puisse te revoir.


Ces larmes, c'est de la pluie. Ces larmes, c'est toi.

Je t'aime toujours. J’aime quand il pleut !


<|>

Annotations

Vous aimez lire Jean-Michel Palacios ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0