Je suis la pluie

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Salut !

Moi je suis la pluie.

Et j'aime quand il pleut.


Oh, pas une pluie banale avec juste de l'eau. Non ! Je suis une pluie d'expérience, sentimentale, une pluie d'amour, une eau de vie, une musicienne. Je viens toujours pour accomplir des choses importantes.

Dans les cimetières, je coule sur les parapluies. Je dégouline sur les toits et j'aime, que dis-je j'adore, faire de la musique sur le zinc des gouttières. Souvent avec des potes de la Bande des gouttes mouillées, on se tape un bœuf en balançant des swings sur la moindre pente, sur des murs, des chemins, dans les parcs et leurs acacias ou sur les carrosseries de voitures. Et j’adore plus encore, les chuintements des pneumatiques qui glissent sur l’asphalte mouillé.


Mais j’aime plus encore la forêt.


J'en ai croisé plusieurs lors de mes nombreux voyages et ma préférée reste celle de Retz, forêt domaniale du Valois et ses belles hêtraies. Mon bonheur devient total lorsque je m'entends descendre sur les futaies, rebondir sur les houpiers, glisser sur les veines d'écorces de chênes centenaires et finir à leur pied.

Alors, il me faut disparaître avec grand bonheur dans l'épaisse couverture de feuilles mortes et d'humus odorant, rejoindre des réseaux insoupçonnés de racines et de galeries. Je sais que tout cela communique par des réseaux mycéliens alors je me fais discrète.


Je suis une fille de l'eau.

Savez-vous que ma vie demeure très simple et cyclique.

Une fois en mer, je transpire et je m'élève. À plusieurs, l'on se regroupe en concentration au nom charmant de cumulus. Puis le vent nous pousse pour un long voyage en nuage, sorte de véhicule très confortable qui nous emmène.

Au fil du temps qui s’étire, notre apparence évolue en cinquante nuances de gris et de blanc aussi. Mais moi, j’apprécie plus encore de revenir survoler cette forêt que j'affectionne. Car j'ai là une bonne raison d'espérer et les courants éoliens m'entrainent avec mes compagnons de gouttes.


Ils me ramènent vers lui.

Sera-t-il là ce soir dans sa maison ?

Oh oui, je le vois !


Je distingue à présent sa silhouette derrière la fenêtre de sa véranda. Je l'observe alors que je descends, libérée de mon transport vaporeux, pour m’offrir en spectacle des grandes eaux.

Son regard semble perdu, comme fasciné devant ce déluge humide et bruyant. Je devine dans ses yeux, des larmes d'amour. Je sens qu'il a vécu une grande douleur passée. Mais moi, j'aimerai tellement qu'il me remarque et qu'il m'aime.

Je sais, je ne suis qu'une simple goutte de pluie mais tellement jolie, enjouée et surtout fidèle. Il me suffit juste de l'attendre. La patience représente l'une de mes nombreuses vertus.


Me verra-t-il ?

Inlassable et amoureuse, je reviendrai.

Moi, je suis la pluie.

Et j'aime quand il pleut !


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